Quatrième Jour « Si vous ne devenez semblables à ces enfants… » Comment ne pas reconnaître dans les préférences du Cœur Immaculé de Marie, les préférences de son divin Fils ? Lorsque Jésus parcourait la Judée et la Galilée, Il aimait les enfants et les bénissait. « Laissez-les venir à moi », disait-Il, ne permettant point que l'on écartât leur troupe bruyante et parfois indiscrète. La Vierge témoigne, à son tour, une prédilection marquée pour « ces petits ». Lorsqu'Elle daigne se montrer à la terre, elle choisit même parmi les plus rustiques - parce que mieux préservés des souffles ternissants - ¬ses confidents et messagers. Nommons Mélanie et Maximin de La Salette, Bernadette à Lourdes, les enfants de Pontmain, Estelle Faguette à Pellevoisin, et les chers Voyants de Fatima : Lucie, François, Jacinta. C'est de leur parfaite simplicité et de leur innocence qu'émane la douce attirance exercée par ces jeunes êtres sur le Cœur de l'Immaculée. Sans calculs, sans détours, l'enfant digne encore de ce nom, se montre tel qu'il est ; il va droit à ce qui l'attire. Biaiser n'est pas son fait. Du qu'en dira-t-on, il n'a cure. Il ne soupçonne nullement, d'ailleurs, les malveillances, jalousies, méchancetés humaines. Il ne les connaîtra que trop en grandissant ! Récemment sanctifié par le Baptême, dans sa première beauté, son âme est une fleur, un blanc lys tourné vers le Ciel. Et Marie trouve en elle comme un reflet de sa virginale splendeur. Les charmes de sa petitesse toute simple, toute pure sont conquérants en leur inconscience même. Mais les qualités de l'enfance sont-elles infailliblement destinées à disparaître avec les années, étouffées par l'expérience quotidienne de la vie ? « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des Cieux » (1), disait le divin Maître à ses disciples, à la foule, à tous. Il est donc nécessaire que ces qualités soient voulues et cultivées, conservées ou recouvrées par « les grands ». Elles prennent alors le nom de vertus, et Notre-Dame en apprécie la valeur, car elles ne poussent des racines profondes que par l'effort, la lutte contre l'orgueil et les passions aux productions multiples. La Vierge aima saint Jean, l’Apôtre-Vierge ; elle chérissait également Madeleine, purifiée par les larmes du repentir et de l’amour. L’âme demeurée pure ou redevenue telle est d'une beauté surnaturelle. Dieu en personne rayonne en elle, « Il y éclate comme du centre d'un cristal ». Et le regard lumineux de cette âme, simplifiée par la grâce, peut se fixer sur sa « Maman du Ciel », dans une pieuse application à lui plaire, à l'imiter. Quels suaves rapports s'établissent dès lors, entre Marie et son humble fils de la terre ! Oh ! devenons petits enfants par la simplicité, la pureté ! Que notre devise soit : « Droit au but ! - Plutôt la mort que la souillure ! » « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur parce qu'ils verront Dieu » (2). (1) : St Matthieu XVIII, 3. (2) : St Matthieu V, 8. PRIÈRE Sainte Marie, Mère de Dieu, gardez-moi un cœur d'enfant, pur et transparent comme une source. Obtenez-moi un cœur simple qui ne savoure pas les tristesses, un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion ; un cœur fidèle et généreux qui n'oublie aucun bien et ne tienne rancune d'aucun mal. Faites-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour, joyeux de s'effacer dans un autre cœur devant votre divin Fils, un cœur grand et indomptable qu'aucune ingratitude ne ferme, qu'aucune indifférence ne lasse ; un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ, blessé de son amour et dont la plaie ne guérisse qu'au Ciel. (Père de Grandmaison, s.j.) Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous. (300 j.) |