Défense du Catholicisme

24 mars 2009





Les propos de Benoît XVI défendus par les Africains eux-mêmes.

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso :

Vous présidez personnellement le Comité national de lutte contre le sida. Pourquoi ?

« C'est un engagement moral quand on est responsable d'une communauté de 12 millions de personnes. En Afrique de l'Ouest, le sida menace la vie de millions d'hommes et de femmes. Son impact sur la société est considérable. Le chef de l'Etat doit être à l'avant-garde. Le Burkina a développé un cadre stratégique classique avec les éléments clés de la lutte contre le sida : la prévention, le suivi épidémiologique, et la prise en charge des malades. Nous commençons à enregistrer des résultats - le taux de prévalence est passé de 7% en 1997 à 4% en 2003. [...]

Face aux organismes internationaux, il faut savoir résister. On peut nous conseiller, mais pas faire à notre place. [...] Les Européens n'éprouvent pas le danger du sida de la même manière que nous. Pour les Burkinabés, le danger est immédiat. La pandémie est une réalité visible, elle frappe votre famille, vos amis les plus proches. En Europe, vous avez peut-être le loisir de faire des thèses pour ou contre la morale. Au Burkina, nous n'avons pas le temps. [...]

Il y a souvent un gouffre entre ce que disent les médias et ce qui se passe sur le terrain. En Afrique, nous vivons avec le sida au quotidien. Le débat sur le préservatif, tel que vous le présentez, ne nous concerne pas. Les Français aiment la polémique, c'est leur côté gaulois ! Certains critiquent la position de l'Eglise en prétendant défendre les Africains. Soit. Mais la plupart n'ont jamais mis les pieds chez nous ! Je leur conseille de venir faire un séjour au Burkina. Chez nous, l'imam, le prêtre et le chef coutumier travaillent de concert : tous ont l'ambition d'affronter le même mal. Se focaliser sur le préservatif, c'est passer à côté du problème du sida. [...]

Beaucoup de gens ignorent le travail de l'Eglise en Afrique. En France, l'intelligentsia ne comprend pas cette proximité avec les responsables catholiques. Chez nous, l'Eglise est d'abord synonyme d'écoles et de dispensaires. Le débat sur le sida n'est pas théorique, il est pratique. L'Eglise apporte sa contribution. Si l'abstinence est un moyen de prévention, nous n'allons pas nous en priver ! [...] L'Eglise n'a pas le monopole de l'abstinence ! En tant que chef de l'Etat, j'ai pris des engagements dans ce sens depuis 2002 dans le cadre de la campagne "C'est ma vie". L'objectif était de mettre les gens devant leurs responsabilités. Parmi les engagements proposés, certains faisaient directement appel à l'abstinence : "J'ai décidé de m'abstenir de tout rapport sexuel quand mon mari (ma femme) est absent(e)", et "J'ai décidé de m'abstenir de toute relation sexuelle jusqu'au mariage". »


Mgr Slattery, de Tzaneen en Afrique du Sud :

Il présente le documentaire intitulé "Semer dans les larmes", qu'il vient de réaliser avec le producteur Norman Servais, sur l'épidémie du SIDA dans son pays. Ce documentaire vient de gagner le "Grand Prix" au 22ème festival international multimédia catholique "Niepokalanow 2007".

« En dépit de la promotion qui est faite dans les écoles pour le préservatif, il y a un taux de grossesse élevé parmi les filles en âge scolaire, parfois jusqu'à 20%. »

Mgr Slattery explique que les avantages économiques d'une telle situation sont réels, l'industrie du préservatif étant une industrie multimillionnaire.

« L'Afrique du Sud et les pays voisins du Botswana et du Swaziland ont les taux d'infection les plus élevés au monde et les taux de distribution de préservatifs également les plus élevés. [...] la conclusion est évidente : plus de préservatifs signifient plus de cas de SIDA et plus de morts [...] il est bien sûr "politiquement incorrect" aussi bien ici que dans le monde occidental, d'envisager l'éventualité que le préservatif puisse en réalité alimenter cette maladie mortelle au lieu de la freiner. »

L'objectif de l'Eglise dans le pays est de « lever le voile du secret sur le SIDA et d'inciter les gens à en parler ouvertement ».

« On leur fait croire qu'il n'y a pas de véritable crise. Ils voient que beaucoup de jeunes meurent mais on leur dit qu'ils attrapent le SIDA parce qu'ils n'utilisent pas le préservatif correctement. Derrière tout cela il y a une croyance largement répandue selon laquelle les personnes qui meurent du SIDA ont été ensorcelées. »

« L'Ouganda a été le premier pays à combattre résolument l'épidémie du SIDA au début des années 90. La position forte et claire du président Museveni a constitué l'élément décisif qui a ralenti la diffusion du SIDA, faisant passer le taux de personnes affectées de plus de 25% à 6% en 2002. Il a prêché le bon sens et non le préservatif, encourageant l'abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage, comme des valeurs culturelles. »

Mgr Slattery précise que des rumeurs sur le rôle de l'abstinence et de la fidélité pour combattre le SIDA, circulent au sein du gouvernement d'Afrique du Sud.

Source : zenit.org


Les évêques africains défendent le pape :

Mgr Ntamwana, archevêque de Gitega au Burundi, et le Cardinal Sarr, archevêque de Dakar au Sénégal, réagissent à la polémique occidentale sur la question du préservatif, dans un reportage proposé dans l'émission "L'Eglise en Afrique, Parlons-en" sur Kto (voir la vidéo en ligne)

Le Cardinal Sarr, archevêque de Dakar au Sénégal déclare notamment :

« Je demande aux Occidentaux de ne pas nous imposer leur unique et seule façon de voir. Dans des pays comme les nôtres, l'abstinence et la fidélité sont des valeurs qui sont encore vécues. Avec leur promotion, nous contribuons à la prévention contre le sida [...] Nous ne pouvons pas promouvoir l'utilisation du préservatif, mais avons à prêcher les valeurs morales qui, pour nous, demeurent valables, afin d'aider nos populations à se prémunir du sida : l'abstinence et la fidélité. »

Mgr Simon Ntamwana, archevêque de Gitega au Burundi, y dénonce « le glissement de pensée » de l'Occident et son « hédonisme sexuel devenu comme un chemin incontournable. »

« Ce n'est pas le préservatif qui va diminuer le nombre d'infections du sida, mais certainement une discipline que chacun doit s'imposer pour pouvoir changer d'attitude, une attitude qui va l'aider à échapper à un hédonisme qu'il ne peut plus contrôler. »

Par ailleurs, Mgr Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa (RDC), a expliqué que le préservatif « aggrave le problème car il donne une fausse sécurité, une sécurité qui n'en est pas toujours une. »



DECLARATION DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CAMEROUN
RELATIVE AU MESSAGE DU SAINT-PERE SUR LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
LORS DE SA VISITE APOSTOLIQUE AU CAMEROUN.

Après la visite de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI au Cameroun, une certaine presse s'est fait l'écho d'un malaise qu'auraient suscité les propos du Saint-Père sur l'usage des préservatifs et sur le VIH/SIDA. Cette presse ne cesse de traiter d'irresponsable la position du Pape au sujet de l'usage des préservatifs et donne à croire que ses propos sur ce sujet ont eu un effet négatif et porté un coup de froid sur sa visite au Cameroun.

Consciente des enjeux d'une telle désinformation, la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun, par la voix de son Président, S.E. Mgr. Victor Tonye Bakot, fait la mise au point suivante :

Alors que le Pape se trouvait dans l'avion qui devait l'amener jusqu'au Cameroun, il a accordé une interview à la presse à bord du même avion. Cette interview s'est limitée à six questions dont la cinquième à polémique posée par le journaliste de France2 Philippe Visseyrias :

« Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du Sida. La position de l'Eglise Catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ? ».

Voici in extenso la réponse du Saint-Père :

« Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Saint'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le Sida, aux Camilliens, et tant d'autres, et d'autres, à toutes les sœurs qui sont au service des malades. Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec de l'argent, pourtant nécessaire. Si on n'y met pas de l'âme, si les Africains n'aident pas [en engageant leur responsabilité personnelle], on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution des préservatifs : au contraire, ils augmentent le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un envers l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font. »

Les évêques du Cameroun s'étonnent de ce que les journalistes ne retiennent de cette déclaration du Pape tout à fait complète que l'opposition aux préservatifs, occultant toute l'action de l'Eglise sur la lutte contre le sida et la prise en charge des malades. Ils s'étonnent surtout de ce que la presse veuille faire croire à un malaise de l'opinion camerounaise pendant la visite du Saint-Père, consécutivement à ses déclarations.

L'épiscopat camerounais souligne et de manière très forte, que les Camerounais ont accueilli avec joie et enthousiasme le Pape Benoît XVI, confirmant ainsi leur hospitalité légendaire. Il ne nie pour autant pas la réalité du sida, ni son effet dévastateur dans les familles au Cameroun.

Le Saint-Père met l'homme au centre de ses préoccupations et rappelle l'enseignement du Christ et de l'Eglise. L'engagement de l'Eglise Catholique auprès des personnes vivant avec le virus du Sida, l'accompagnement des personnes infectées et affectées sont des priorités pour l'Eglise Catholique. L'accompagnement des personnes et des familles ainsi que l'enseignement de l'Eglise permettent à chacun de se valoriser dans sa dignité de fils adoptif de Dieu. Cette dignité oblige à porter un regard neuf sur l'autre et sur le monde. Au lieu de chercher des expédients, l'Eglise propose à l'homme des valeurs pérennes.

L'Eglise catholique est partout engagée quotidiennement dans la lutte contre le sida. A cet égard, elle a mis en place des structures adaptées pour l'accueil, le suivi et le traitement des personnes infectées du VIH. Cette assistance est à la fois morale, psychologique, nutritionnelle, médicale et spirituelle. Voilà le premier message du Saint-Père sur le sida.

A côté de cette action multiforme et constante, l'Eglise, force morale, a l'impérieux devoir de rappeler aux chrétiens que toute pratique sexuelle en dehors du mariage et non rangée est dangereuse et propice à la diffusion du sida. C'est pourquoi elle prône l'abstinence pour les célibataires et la fidélité au sein du couple. C'est son devoir. Elle ne saurait s'y soustraire. Voilà le second message du Saint-Père.

Les Evêques du Cameroun regrettent par conséquent que les médias occidentaux notamment aient oublié les autres aspects pourtant essentiels du message africain du Saint Père sur la pauvreté, la réconciliation, la justice et la paix. Ceci est très grave, lorsqu'on sait le nombre de morts que causent d'autres maladies en Afrique et sur lesquelles il n'y a aucune publicité véritable ; lorsqu'on sait le nombre de morts que causent en Afrique les luttes fratricides dues aux injustices et à la pauvreté.

Avec le Pape, les Evêques du Cameroun rappellent à tous les chrétiens et à tous les Camerounais :

1) Que les rapports sexuels ont pour finalité première la procréation voulue par Dieu lui-même au début de la création. Le mariage entre un homme et une femme est le cadre idéal voulu par Dieu pour cette procréation.

2) Que l'Eglise catholique ne méprise pas les malades du Sida et n'encourage nullement la propagation de la maladie ainsi que lui prêtent certains médias. Elle est et restera toujours active dans la lutte multiforme contre la maladie.

Les Evêques du Cameroun



COMMUNIQUÉ DE LA FÉDÉRATION AFRICAINE D'ACTION FAMILIALE

POLÉMIQUE SUR LA DÉCLARATION DU PAPE SUR LE PRÉSERVATIF

A-t-on bien compris ce que voulait dire le Saint Père ?

Les 30 organisations membres de la Fédération Africaine d'Action Familiale en provenance de 20 pays Africains suivants : Burundi, Burkina Faso, Cameroun, Togo, Côte d'Ivoire, Tanzanie, Ouganda, Rwanda, République Démocratique du Congo (RDC), Nigeria, Madagascar, Ile Maurice, Malawi, Afrique du Sud, Sénégal, Soudan, Zimbabwe, Tchad, Kenya, tenons a exprimé notre opinion sur a polémique autour du préservatif.

Ce que nous avons entendu de la déclaration du Saint Père : le sida est un véritable fléau. Il nous invite plus que jamais à humaniser a sexualité et à accompagner les personnes malades et nous dit que ce fléau ne peut être résolu par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème.

Il n'est pas de notre ressort de commenter cette déclaration ni sur le fond ni sur la forme. Nous profitons de la polémique suscitée pour livrer notre point de vue qui s'appuie sur des observations sur le terrain. En effet, nous rencontrons beaucoup d'Africains jeunes et moins jeunes qui sont convaincus que la solution pour combattre le VIH/S IDA ne se trouve pas dans le préservatif mais dans l'éducation à la sexualité. De nombreuses générations ont assimilé le continent africain à un havre de riches cultures traditionnelles et de modèles à l'épreuve du temps en matière de respect des valeurs familiales. Dans bon nombre de nos traditions, il s'agit essentiellement pour cette éducation de faire vivre une sexualité épanouie, et un amour véritable, préparant à un mariage heureux et à une fécondité physique et spirituelle. Cette conception de l'éducation tend à faire de l'homme un adulte libre. Notre entendement de la notion de « sexualité humanisée » dont parle et a encore parlé Benoît XVI s'appuie sur le fait que l'éducation doit tenir compte du fait que la sexualité ne se limite pas à la biologie ou à la génitalité. C'est un apprentissage à la vie ayant donc une dimension à la fois sociale, sacrée et religieuse. Elle vise à présenter l'amour vrai et, elle repose sur une confiance et une acceptation mutuelle.

Il ne s'agit certes pas de refuser le progrès car comme le dit un proverbe Kongo, « si tu changes de pays change aussi de façon de vivre », mais sachons aussi « qu'un arbre ne tient pas sans racine » (proverbe mandingue). Dans sa recherche d'un nouveau mode de vie cohérent et acceptable, l'homme africain aujourd'hui, situé dans la visée d'une combinaison harmonieuse du complexe socio-culturel traditionnel qui continue de structurer sa personnalité, et des apports modernes ne gagne t-il pas à garder les qualités des anciens et y ajouter les valeurs modernes, en rejetant les défauts des deux. Parmi les apports de la modernité figure le préservatif.

Mais tout ce qui est moderne n'est pas forcément le meilleur. C'est là l'opposition entre l'abstinence encore largement pratiquée et la distribution facile, voire agressive des préservatifs. La distribution abusive, incontrôlée, sans discernement des préservatifs déresponsabilise et favorise chez les jeunes une vie sexuelle désordonnée.

Nous souhaiterions que les organisations internationales soient à l'écoute des Africains qui désirent faire appel à un certain sens de la dignité humaine dans la manière de vivre la sexualité. L'éducation à la responsabilité, au sens de sexualité, à vivre l'amour dans toute sa dimension intéressent les jeunes Africains. Les jeunes ont besoin de références et surtout de modèles cohérents et vivants. Nous ne devrons donc pas avoir peur de leur dire ce que nous pensons. Il ne s'agit pas de faire de la démagogie. Ne pas oser demander des efforts aux gens et ne pas s'il le faut proposer un idéal exigeant, ce n'est pas les respecter. Surtout c'est croire les jeunes incapables d'aimer. Les jeunes n'ont pas besoin d'adultes qui leur distribuent des préservatifs et des pilules. Il y en a déjà suffisamment. Ce qu'ils cherchent c'est des adultes heureux dans leur sexualité et qui les aident à vivre des relations vraies.

De fait, dans un pays comme l'Ouganda, c'est grâce à une campagne d'éducation en vue d'une abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage que le taux de propagation de l'épidémie a sensiblement baissé ces dernières années. La revue scientifique américaine Science no 304 a publié le 30 avril 2004 un article de deux chercheurs de l'université de Cambridge, Rand L. Stoneburner et Daniel Low-Beern sur l'efficacité de la lutte anti-SIDA en Ouganda. Selon les deux hommes, la baisse du SIDA dans ce pays s'explique par une campagne unique en son genre. Le message diffusé dans la population insiste sur la morbidité élevée due au SIDA et le mode de transmission du virus responsable, essentiellement sexuel. Mais l'originalité de la démarche, et son succès, vient de la promotion de la fidélité et de l'abstinence, au lieu des traditionnels préservatifs et test de dépistages.

Pour prévenir l'expansion du sida d'une manière durable, il faut croire en la capacité des jeunes de vivre une sexualité épanouie et responsable dans les paramètres de la fidélité et de l'abstinence. Le changement de comporte ment auquel sont conviés les jeunes est un processus à promouvoir et par les adultes et par les jeunes eux-mêmes.

AIDEZ NOUS À GARDER NOS VALEURS.

QUANT A NOUS AFRICAINS NE NOUS TROMPONS PAS DE COMBAT

Danièle Sauvage
Présidente de la FAAF



22 mars 2009

Lettre ouverte au pape Benoît XVI par le Père Alphonse Owoudou, salésien de Don Bosco


“Enough ! No – too much”

Ainsi commençait une intervention d’un « catholique » américain dans une rubrique de WashingtonPost l’autre jour. « Ça suffit, ou plutôt, c’en est trop ! ». Du pape Benoit XVI naturellement, et le titre de son article le disait clair et net : Empeach the Pope ! : Destituons le Pape ! N’oubliez pas qu’il aime son Eglise et démontre qu’un type du genre Ratzinger, qui insulte les musulmans et mène de main de maitre une « institution inventée par des hommes assoiffés de pouvoir temporel », ne saurait évidemment pas parler au nom de Dieu, bien moins encore quand il cache derrière le sceau doctrinal un enseignement non seulement insensé et démodé mais… criminel. Dans son blog, il a eu les réactions qu’il voulait, et quelques observations qu’un « prof » comme lui devrait mémoriser. Enfin…

Oublions la laïcité, insultons l’Eglise

Je voudrais briser le silence apparent qui règne officiellement dans certains milieux catholiques et contribuer, moi aussi à démontrer que ce que Ratzinger enseigne est vraiment absurde et dangereux. Mais je me demande s’il faut dire que c’est Ratzinger ou l’Eglise… c’est-à-dire tout « bon » catholique, tout bon chrétien, tous ceux et toutes celles qui veulent vivre, parler et agir comme Jésus l’aurait fait aujourd’hui. Un peu d’instinct de… conservation : notre bonheur – à vrai dire - notre plaisir, est en danger. En tout cas si l’on le prend d’un certain point de vue évolutif (pensez à Darwin) et, puisqu’une enquête vient de démontrer que 57% des français ont une image négative du pape. Et quand les Français rejettent le pape Benoît XVI, il est dans un mauvais plat, puisque la France est quand même la « fille ainée de l’Eglise ». Oublions la laïcité, cette distinction qui interdit que l’Eglise se mêle de la vie de l’Etat, et qu’en retour celui-ci s’en prenne au chef de l’Eglise pendant qu’il défend les convictions de son institution. Oublions, c’est un peu complexe. J’entre moi aussi dans la foule stupide qui embrasse bêtement les manipulations des médias occidentaux et, ou bien faiblit dans ses convictions chrétiennes, ou alors reste simplement perdue comme pour supplier : « Entendez-vous et dites-nous qui nous devons croire ». Je fais partie d’une société qui a fait son choix entre la valeur de la personne et celle du profit (et du plaisir) qu’on peut en tirer, entre les sapeurs-pompiers qui bandent la blessure et les médecins qu’on dit « cruels » parce qu’ils tiennent à la nettoyer avant, même si cela fait mal. J’exagère ? Alors, franchement je fais partie de ceux qui ne se rendent pas compte que la société a évolué : qu’on a plus à écouter qui que ce soit, que notre propre conscience nous suffit – celle des terroristes et des pédophiles leur suffit-elle ? mais bon… eux, c’est différent – et que le sexe c’est pour s’amuser et avoir du plaisir, en évitant d’autres conséquences néfastes : les maladies, les grossesses, et même le souvenir d’avoir posé un acte interpersonnel. J’accuse donc le saint Père de continuer de répéter tout haut ce que tout chrétien et tout lecteur de la Bible savent trop bien.

Le SIDA, les ONG et les vrais dessous du problème

Saint Père, il y a des vérités qui nous font mal. Avez-vous vraiment besoin de redire que nous avons inventé le SIDA et que par nos désordres sexuels et nos ambitions de réduire la population mondiale, nous continuons de le favoriser ? Ce sont des choses qui choquent, surtout ceux qui ont la conscience bourrée de leurs dettes envers l’humanité, et les ONG occidentales qui s’enrichissent grâce au marché des préservatifs. Le SIDA, quelle aubaine pour certains, un marché qui fonctionne bien, et vous n’avez pas coopéré. Vous leur enlevez la nourriture de la bouche, comme on dit. Pour les plus sincères, vous leur rappelez qu’ils ont échoué dans leur stratégie condomocentrique. Pensiez-vous qu’ils allaient aimer ça ? D’ailleurs, il y avait assez d’espace dans votre avion pour quelques cartons de préservatifs pour ces pauvres africains pleins de VIH. Que les Français adoptent des positions pseudoscientifiques quant il s’agit de la dignité humaine, on connait leurs incohérences. Ils ont d’ailleurs choisi le jour où 3 millions de citoyens protestent dans les rues contre le gouvernement de Sarkozy pour téléphoner à qui ils voulaient et confirmer la haine envers le Pape ; et certains évêques « à la page » se sont faits l’écho de ces protestations anticléricales, ils sont bien fils du laïcisme français. En plus, c’était bien choisi comme tempo ; on voit qu’ils n’ont digéré ni la réhabilitation de la messe en latin, ni la levée de l’excommunication provoquée par l’un de leurs évêques il y a quelques décennies. La colère des ministres belges nous étonne aussi (exemple ICI) : ont-ils dit à leurs enfants ce qu’ils ont fait des vies de nos pères dans la région des Grands Lacs qui, jusqu’à ce jour, n’a pas écrit des mots de paix dans son vocabulaire ? Les allemands aussi sont révoltés, eux qui aiment tant les étrangers ! Voyons !… Un pape qui connait leurs cauchemars et leurs remords ose pardonner à un évêque négationniste, et partir pour l’Afrique sans ces cadeaux flatteurs qui font qu’on oublie les crimes du passé. Le pape Ratzinger dérange, surtout ceux qui ne le connaissent pas, et ne savent même pas lire les documents de l’Eglise – ou ne savent pas lire tout court - puisque les journalistes devraient s’en charger et tirer les conclusions pour eux. Apparemment, selon les bienfaiteurs du continent noir, Benoit XVI aurait dû venir au Cameroun avec, dans son avion, des cartons de préservatifs, puisque le sexe serait le passe-temps des sous-développés. Quelle négligence criminelle et… négationniste !

Quand l’Occident censure et manipule la réalité

Que l’Occident arrête ses projections et son hypocrisie, car ça ne trompe plus ceux qui, en Europe, aux USA et partout ailleurs, ont de la matière grise entre les deux oreilles. C’est avec les « autres » que ça marche ! De nombreuses statistiques, surtout de ceux qui récoltent les fonds en Europe, montrent que le SIDA fait des ravages en Afrique, que le SIDA est LE problème de l’Afrique, donc il faut de l’argent, et des préservatifs. Et il est clair que depuis qu’ils mènent ce combat, la victoire n’est pas loin, demandez aux scientifiques ! Benoit XVI fait partie de ceux qui affirment qu’il y a des problèmes plus urgents : le paludisme, la faim, la désoccupation, la corruption, la passivité des chrétiens, la mauvaise gestion des ressources et même le manque de témoignage de la part des hommes de Dieu. Et, s’il ne nie pas la gravité du problème, il semble douter des énormes succès que l’usage du préservatif a remporté partout… Mais où exactement ? Aux USA ? en Europe ? En Afrique ? Retrouvez mes références sur le Blog (voir fin de l’article).

En tout cas, Saint-Père, tout cela n’est pas important pour l’Occident : la sensibilisation des comportements, la correction des mœurs, la famille, le palu… des histoires ! C’est le Sida qu’on aime (raconter), l’apocalypse des guerres, ces enfants dévisagés par la guerre (laquelle ?), le terrorisme, la violation des droits de la femme… Voilà ce qui tient les gens accrochés aux téléviseurs et aux publicités qui les nourrissent ; c’est cela qui meut encore le cœur et suscite des fonds pour ces ONG charitables, humanitaires et désintéressées ! C’est ce qui fait vivre les médias et leur personnel. N’allez pas comptabiliser les ONG qui creusent des puits dans nos villages, qui combattent le paludisme, qui promeuvent l’agriculture et implantent des dispensaires et des centres d’éducation de base. Elles se comptent sur les doigts de la main, parce que ça ne rapporte pas grand-chose, contrairement à la « maladie du siècle ». Et les tristes résultats des recherches sur l’efficacité, particulièrement les expériences réalisées il y a quelques années à New York, ils refusent de les publier ; heureusement que l’internet existe. C’était un échec dont les conclusions précisaient bien les contours. Par contre le succès obtenu en Ouganda n’a pas reposé avant tout sur le condom. Les ONG n’avaient aucun intérêt à publier que le préservatif venait en 3ème position dans les mesures adoptées pour éduquer la population, réveiller un sursaut de… conservation, et juguler le fléau. Ce sursaut d’orgueil a sauvé un pays qui montait déjà à 40% de séropositivité dans la population générale, à la fin du siècle dernier. Qui veut-on tromper ? Les naïfs et les pauvres, comme toujours, et ceux qui prennent les « nouvelles » des médias occidentaux pour argent comptant. Bref, vous avez prononcé des mots qu’on ne vous pardonnera jamais. Ne voyez-vous pas que ce sont les ONG qui ont le plus crié au scandale, ainsi que les médias qui sont leur haut-parleurs ?

Quand il y a eu le Tsunami en Asie du Sud-Est, les italiens ont apporté de nombreuses contributions pour aider les sinistrés. Quelques mois plus tard, quel n’a pas été le scandale quand ils ont fait trois découvertes aussi dramatiques l’une que l’autre ; certains des biens envoyés en Asie étaient encore sur le sol italien, pourquoi et pour qui ? Dieu seul le sait. Secondo, 85% de l’argent récolté avait servi pour le personnel (les volontaires !) parti pour aider « gratuitement » les sinistrés, et, chose encore plus abominable, certains de ces humanistes n’étaient autres que des trafiquants d’enfants, pour une besogne que je ne nomme plus. Personne ne nie la contribution de certaines ONG au développement de nos populations, mais qu’on ne prenne pas les gens pour des c…. (pardon, votre Sainteté !). L’Arche de Zoé aussi était un projet humanitaire pour sauver les pauvres enfants tchadiens ? L’Occident a la mémoire courte. Mais votre faute est de remuer ces charbons ardents. Laissez-nous continuer de croire qu’il y a des gens qui veulent le bien de l’Afrique et nous envoient ce qu’ils croient meilleur (pour eux ou pour nous ? je ne sais pas). Et il existe réellement de bonnes gens partout dans le monde. Mais, venons-en au chapitre de la sexualité.

A propos du sexe donc…

Chez nos tontons civilisés, la fécondité est désormais détachée de l’acte sexuel, et bientôt on aura des enfants sur commande. Le plaisir sexuel devient donc l’unique finalité du rapport entre deux corps, même quand ce n’est pas de l’amour mais une masturbation à deux - c’est l’instrumentalisation de l’autre, comme il est de coutume sur la planète du consumérisme. D’ailleurs, plusieurs s’en sortent pas mal avec des gadgets que les sex-shops proposent pour des ébats solitaires. D’autres découvrent qu’on peut s’amuser avec des partenaires du même sexe (seulement aujourd’hui ? Sodome n’est pas d’hier !). Et qui donc va leur reprocher quoi que ce soit, puisque cela relève de leur « vie privée » ? Pour plusieurs – pas tous je crois – c’est juste pour le plaisir, et vous vous entêtez à enseigner aux gens qui vous supportent (encore) qu’on encombre ce plaisir avec des responsabilités, des interdits, des possibilités de fécondation et vos discours vides de bon sens. On est au 21ème siècle.. Réveillez-vous ! Le monde a évolué ! On fait ce qu’on veut, la vie est trop courte (à lire).

Pour vous faire comprendre la gravité de votre enseignement, dénigrer la solution indiscutable du préservatif, comme disait un journaliste français, c’est comme dire aux gens que le port de la ceinture de sécurité n’est pas une solution face aux accidents de la route. Coucou… saint Père ! La ceinture de sécurité permet d’éviter les accidents et de sauver des vies ; personne ne vous écoutera sur vos discours de lois, de codes de la route, blablabla de moralisateurs : laissez-nous respirer !

Le préservatif est notre ceinture de sécurité

Sainteté, j’aime bien cette image de la ceinture de sécurité, même s’il y a quelque chose qui me gène là. Je crois même l’avoir lu quelque part… Ah oui, "Condoms and seat belts : the parallels and the lessons" (The Lancet, 29 Janvier 2000). Bref, je m’explique…

Je suis gêné parce que la plupart des gens qui voyagent ne portent pas la ceinture de sécurité, soit parce qu’ils vont à pieds, soit parce qu’ils voyagent en Bus. Heureusement que les chauffeurs de Bus respectent les lois que tout le monde devrait respecter. Le discours de la « ceinture » ne concerne donc pas tout le monde, et j’espère ne jamais voir des piétons se balader avec. Et pourtant… Le code de la route est fondamental, là vous avez un peu raison. Vous avez raison de redire qu’il y en a de ces lois, dans nos sociétés, et grâce auxquelles je suis encore ici, vivant et heureux de l’être. [Et, en passant, moi je suis fruit de l’amour fidèle d’un couple, et non d’un préservatif, enfin, d’une ceinture de sécurité.] Deuxièmement, la ceinture ne dispense justement pas l’usager de l’apprentissage, du respect des règles de la conduite et du respect des autres qu’on rencontre ou qu’on embarque sur sa route. Et puisque la route tue en Occident comme – on dit que – le Sida le fait en Afrique, n’est-il pas vrai que depuis que les boulevards et les véhicules de gros calibre sont une tentation pour les conducteurs sans scrupules, le port de la ceinture et celui du casque n’empêchent pas que les jeunes se tuent par centaines, au point que là vraiment c’est la cause de mortalité N°1 en Italie par exemple ? Vos détracteurs intelligents proposent qu’on dise donc aux jeunes que parce qu’ils ont le casque, il n’y a plus d’autres règles du jeu ; que parce que vous avez enlacé votre ceinture, vous pouvez écraser l’accélérateur et rouler à tombeau ouvert. Finalement, je me demande si celui qui enseigne qu’on mise uniquement sur le casque et la ceinture n’est pas « le » vrai criminel. Vous voyez que cet exemple risque de vous donner raison. Le journaliste français n’y avait pas pensé ! Et pas seulement à cela ; la ceinture ne s’utilise que lorsqu’on « sort » de chez soi. Vous supposez, saint Père, que le préservatif indique qu’il y a, ou qu’il y a eu, trahison, « sortie ». Si l’on avait suivi les normes qui encouragent à apprécier le « chez soi », du couple plus précisément, puisque c’est là seulement que notre Eglise justifie le sexe – et encore faut-il que ce soit « propre », réciproque, agapè, etc. – on n’aurait pas besoin de se préserver, sauf si quelqu’un a triché…. Et beaucoup de personnes sensées, et mariées, n’ont vraiment pas besoin de se protéger du danger qui, à vrai dire, se trouve davantage dans leur cerveau et entre leurs jambes que devant eux dans la rue.

Le Mea culpa qui ne dit pas son nom

Mais, en tant que prêtre et éducateur, vous connaissez votre troupeau ; vous savez bien que nous « sortons » beaucoup. Et je ne parle pas seulement de ceux qui ne s’intéressent à l’Eglise que pour la dénigrer. Même nous, chrétiens, catholiques, nous « sortons » et, la ceinture semblait nous sauver… la vie. Il y a beaucoup d’accidents dehors, surtout dans certains coins sombres de nos villes et de nos quartiers. N’attendez cependant pas que nous comprenions la fermeté de l’Eglise comme un appel à retourner au message du Christ. Nous laissons les mécréants vous critiquer, comme si c’était Ratzinger/Benoît XVI l’Eglise ; nous nous sommes compromis, soit parce que nous sommes du coté de ceux qui, même à la maison, ont besoin de ceinture de sécurité – ils sont en danger ou ils sont un danger ? – car, disons-nous, « on ne sait jamais ! » Vous avez tort de croire, comme Jésus nous l’a enseigné, qu’on peut encore compter sur la raison humaine, sur l’entente dans un couple, et sur les efforts de tenir une promesse qui donne sens à une vie partagée. Nous vous lançons tout de suite qu’il faut ouvrir les yeux, et aboyer avec les chiens. Traduction : parce que le mal est partout, il devient la règle.

Mes frères et sœurs du troisième millénaire sont évolués, saint Père. Ils pensent que la règle ne dicte plus ce qui est bon que les gens fassent ; même certains de vos prêtres, religieux et religieuses, certains de vos catéchistes et de vos enseignants considèrent, dans leur « réalisme », que c’est ce que les gens vivent qui doit déterminer ce que nous enseignons, pour ne pas perdre le peu de fidèles qui nous restent. Bon, quand on dit le « peu de fidèles », je me demande de quelle paroisse on parle. Que les américains ne chantent pas le Requiem de notre Eglise parce qu’ils deviennent tous protestants, musulmans et Born Again. Le monde est un peu plus vaste que les USA. On sait déjà que plusieurs préfèrent les églises qui évite olympiquement de dénoncer le péché et qui font beaucoup d’argent, de « miracles », de promesses et de politique. Saint Père, si nous continuons à ce rythme, tout le monde risque d’aller chez eux, dit-on. Les gens aiment entendre dire qu’ils sont formidables, que Dieu comprend… que Jésus a pardonné à la femme adultère (Enfin… ne leur ajoutez pas qu’il lui a dit : …ne pèche plus !).

Un américain disait, dans le Blog de celui qui nous encourage à vous destituer, qu’en Afrique on est tellement superstitieux et ignorants qu’on applaudit encore pour des gens comme vous. Comme il parlait dans une rubrique intitulée « Sur la Foi », je n’ai pas bien compris ce qu’il venait faire dans ce Blog, mais il n’était pas le seul. Vos propos ont allumé tant de critiques parce qu’en réalité, ils ont une dimension religieuse. Le préservatif devient une religion dans les mœurs de ceux et celles qui utilisent le corps, le leur et celui des autres – maintenant celui des enfants aussi, dans les régions les plus civilisées de la planète ! – comme un instrument de travail et habituellement, de plaisir. Et comme tout cela ne laisse pas la conscience tranquille, vous avez osé redire ce qu’on savait déjà depuis les précisions que l’Eglise a données à ce sujet, depuis la fin des années ’60 jusqu’à ce jour, avec comme évolutions dans le discours les évidences apportées par les scientifiques pro-life et vos enseignements sur une grande délicatesse – sur ces thèmes – dans l’accompagnement pastoral et sacramentel.

Les Africains se sentent une fois de plus trahis, instrumentalisés

Les Africains ne sont pas dupes, pas tous. Je ne parle pas des Sud-Africains qui brillent par leur imitation servile de l’Occident en termes de permissivité ; eux aussi vous ont condamné ; avec toute la prostitution qui leur rapporte des sous – coté féminin comme masculin – comment remettre en discussion le seul espoir qui reste quand on ne sait plus maitriser ses élans sexuels ? Ils ont aussi évolué de la discrimination raciale – ou presque – vers la xénophobie, comme l’Occident ; c’est déjà un pas en avant. Plusieurs Africains ont compris le jeu de l’Occident quand ils ont attendu des réflexions et commentaires sur votre visite au Cameroun et en Angola, et n’ont entendu que des tourbillons verbaux autour de la position de l’Eglise sur l’usage des préservatifs. Etait-ce là le plus important de votre visite en Afrique ? Pourquoi doit-on toujours parler au nom du monde entier et surtout de l’Afrique, comme si on monopolisait le discours rationnel et l’avant-garde du mouvement humaniste ? Et pourquoi, au minimum, n’a-t-on pas situé vos propos dans leur contexte, Saint Père, et souligné que l’Eglise est libre, si les valeurs de la démocratie ont un sens, d’avoir son opinion – lourdement documentée – sur un thème où des milliers de ses pasteurs (au masculin et au féminin) sont impliqués, et qui affecte ses enfants ? La fureur sur cette question ne trahit-elle pas l’évidente incapacité – manque de volonté politique – de la médecine occidentale à vaincre ce fléau (voir notre sitographie) ?

Saint Père, dites-nous tout

Je voudrais poser une question gênante, mais je terminerai peut-être après cela : quand vous disiez que la simple distribution/vente du préservatif comme solution magique contre le SIDA pourrait d’ailleurs aggraver le problème, avez-vous dit tout ce que vous savez sur cette mascarade ? Je parie que non. De vos propos, moi je comprends trois choses, et je vous prie de rectifier si je m’abuse ; d’abord, que l’illusion d’avoir une « solution » peut effectivement encourager la promiscuité. Avant même les recherches qui vous ont donné raison selon l’échantillon de New York, il suffit de raisonner et d’ouvrir les yeux pour constater que c’est vrai. Au Gabon, Mme Edith Bongo – paix à son âme - s’est d’ailleurs révoltée un jour quand des agents anti-Sida se sont mis à distribuer des préservatifs à des enfants du primaire, toutes classes confondues. Certains, trop jeunes (ou trop « petits ») les ont utilisés comme des pompettes à souffler, sauf que la matière leur semblait un peu récalcitrante et peu gonflable. Très éducatifs, ces messieurs de l’OMS. Aux âmes bien nées, diraient-ils, la valeur n’attend point le nombre d’années. De deux, vos mots peuvent indiquer que les bienfaiteurs de l’Afrique envoient surtout des préservatifs, dont la qualité laisse à désirer – c’est pourquoi c’est gratuit – alors que l’urgence est peut-être, pour les malades, la facilitation de l’accès aux antirétroviraux, et pour la prévention primaire, le dépistage, la sensibilisation cognitive et comportementale, et le renforcement du mariage et de la fidélité comme cadres sécurisants d’une vie sexuelle responsable. Enfin, et là je le dis avec tristesse, vous comprenez probablement mieux que nous, que le SIDA n’est pas une invention africaine ; de nombreux hommes de science proches de l’OMS se sont suicidés mystérieusement, il y a une vingtaine d’années, certains non sans avoir laissé des témoignages selon lesquels cette pandémie faisait partie d’une campagne de « planning » visant surtout le continent noir. Quand je vous entends dire que le préservatif n’est pas la solution au problème du Sida, bizarrement j’entends de nouveau l’exclamation de ce jeune portgentillais qui m’a répondu : « Padre, moi, dernièrement quand je l’ai utilisé, ça s’est déchiré ! » Je me demande aussi pourquoi certains Blogs américains vous ont tout de suite accusé de ne pas avoir compris que la solution aux problèmes de cette Afrique que vous visitez c’est la réduction du taux de natalité ? Il faut qu’on nous dise clairement : ou bien on nous cache que le Sida a été inventé pour décimer les pauvres, et alors on envoie des « solutions » qui ne résolvent pas le problème – que je sache les préservatifs ne soignent pas le SIDA – et peuvent seulement freiner son expansion, ou alors vous avez touché à la pierre qui inflige aussi le deuxième coup : la limitation des grossesses.

Quand on affiche son ignorance au grand jour

En Occident on a l’impression que l’Afrique est surpeuplée – c’est ainsi qu’on interprète la poussée migratoire vers l’Occident -, donc il faut supprimer le « risque » de grossesses. Rien de plus stupide ; c’est comme ces jeunes universitaires qui nous informent ici en Europe que le Cameroun a comme voisins le Brésil et le Kenya ! Quelle connaissance de la géographie ! Et comme tout bon article qui doit toucher les femmes (la plus grande population de nos églises), il faut bien que ces « catholiques américains » dans leurs réactions en ligne - heureusement qu’ils ne sont pas les seuls - concluent que vous êtes misogyne puisque le préservatif « préserve » la femme, et lui restitue cette dignité que votre église refuse de lui accorder. De là à mêler la question à « votre » refus d’élever les femmes au rang sacerdotal, il n’y a que quelques lignes. Bientôt ils démontreront que vous détestez tellement les femmes que vous ne parlez jamais de Marie, la mère du Christ. Je vous aurais prévenu, Saint Père. En attendant, on voit bien dans ce mélange d’idées américaines non seulement la confusion d’une conscience d’un environnement pot-pourri qui se défoule, mais aussi la résurgence d’une haine venue de loin. N’oubliez pas que vous êtes coupable d’être catholique, d’être un supérieur hiérarchique dans un monde efféminé et plat, et en plus, vous êtes d’une nationalité qui a perturbé la conscience de l’Europe durant le siècle que vous connaissez mieux que vos détracteurs, fils de la génération Mai ‘68. A la fin, injures et critiques contradictoires, méli-mélo et absurdités vous trouveront, toujours là, dans ce courage dangereux et cette intelligence provocatrice.

En trois ans seulement, Jésus a fait pire que vous

Je termine, saint Père, en vous rassurant que si vous dérangez, si vous êtes la risée de tant de vos fils et filles catholiques et encore plus de ceux qui ne digèrent pas ce que vous représentez, c’est peut-être, puisque vous aimez bien le mot « fidélité », parce que vous osez être en tout vicaire de quelqu’un qui a dérangé encore davantage. Il disait des choses qu’on ne supportait guère, et pourtant, lui aussi, ses détracteurs aimaient bien l’entendre. À la fin ils lui ont fait la peau. Le sort des prophète obéit à une logique qu’on ne change pas. Comme votre Maitre, vous proposez un idéal dont les plus sincères se reconnaissent simplement incapables : « Qui donc, Seigneur, sera sauvé ? », lui demandaient-ils. D’autres encore, fatigués d’attendre qu’il les caressât dans le sens du poil, le quittèrent ; il s’en allèrent ailleurs peut-être chez des rabbis plus « soft », mais dont le nom s’est perdu dans la mémoire des hommes. L’histoire, je le crains fort pour nous, vos fils et filles, efface irréversiblement les traces de ceux qui baissent trop bas la barre, et cessent d’exiger à l’Homme de montrer ce dont il est capable. Même parmi nos parents, nous ne restons vraiment attachés qu’à ceux qui, avec leurs méthodes certes mais toujours avec amour et courage, nous ont poussés plus haut, plus loin, au-delà de nous-mêmes. Quant à ceux qui nous comprennent trop, qui n’ont que des mots de consolation et point de défis, ils s’en vont comme (si) ils n’ont jamais marqué de leur sceau le modelage de notre personnalité, de nos habitudes et de nos convictions, encore moins de notre histoire. Celui-là que vous représentez nous a demandé l’impossible, car il savait que nous en sommes capables. Il a cru en nous. Il nous a mis en garde contre la concupiscence (« si tu regardes une femme et la désires, tu as déjà péché dans ton cœur »). Enfin il parlait à des hommes capables de relever un tel défi. Il ne s’adressait pas à nous, les « modernes ». Yes, il savait pardonner, naturellement. Mais il n’a jamais érigé l’impureté, l’avidité et l’irrévérence en valeurs. Comme il était intelligent, il a su rester cohérent, et très sensible aux problèmes des personnes. Que je sache, par pitié il n’a jamais dit : c’est normal, tout le monde le fait, l’erreur est humaine, et plein d’autres c… que nous utilisons pour (nous) justifier. Non, Il détestait le mal et allait puiser au fond de la personne des raisons de construire, avec courage, un bonheur qui ne soit pas fruit de compromission, ni de prostitution aux idoles de l’époque. Il nous a aussi enseigné non seulement l’amitié, l’accueil des enfants, le respect de toute femme et de tout homme, mais aussi qu’il y a des choses qu’on n’efface pas d’un simple oui, ou d’un simple non, car elles impliquent un ailleurs qui nous dépasse, et qui nous entraine sur les chemins de l’amour et du pardon, de la vraie compassion et de la miséricorde.

Saint Père, apparemment votre tâche est de nous montrer l’idéal, et vous savez que la route est longue. On nous dit que vous êtes seul, peut-être insuffisamment entouré et rarement tenu au courant de certaines choses. Peut-être ; qu’en sais-je ? Mais je voudrais rendre grâce parce qu’au moins ce travail prophétique qui nous incombe, vous le faites encore, quand bien même nous vous faussons compagnie. De nombreuses familles vous respectent, des milliers de couples vous sont reconnaissants de leur dire qu’ils on raison de continuer le combat, ensemble, sans nier les faiblesses de la chair mais sans renoncer non plus à ce qui a de valeur dans le projet de vie du vrai chrétien. Combien de femmes se contenteront de savoir que l’infidélité de leur mari est moins cruelle simplement parce qu’il utilise la « ceinture de sécurité » ? Ne trouvent-elles pas dans les convictions de l’Eglise sur la fidélité un parfum de bonheur quand il existe d’autres objectifs que ceux de choisir le moindre mal ? Ce n’est pas à vous de dire à ceux qui trahissent, qui se prostituent ou qui violent comment le faire, ni comment éviter de laisser des « traces » de leurs actes. Avec l’amour, comment faire « comme si » rien ne s’était passé ? Vous n’êtes pas choisi pour donner des solutions aux pépins où la faiblesse humaine nous conduit. D’autres le font, même de votre Eglise, prenant parfois des décisions à la place de ceux qui n’en ont plus ni la force, ni la volonté. Vous faites votre travail, et je me demande si nous faisons le nôtre, nous les parents, les éducateurs, les amis, les communicateurs, les directeurs spirituels.

Vos pasteurs et vos chrétiens veulent adoucir le ton

Quand vous enseignez qu’il faut établir la justice en Afrique, respecter le bien commun, refuser la corruption… pourquoi ne vous dit-on pas aussi que vous proposez des « solutions angéliques » comme lorsque vous demandez qu’on respecte le lien de la fidélité et de la pureté ? Est-ce à vous de préciser que puisque ce que vous demandez est difficile, que les voleurs soient prudents, que les corrupteurs fassent un effort et ne retirent de l’argent qu’à ceux qui en ont assez, etc. ? C’est ce que certains pasteurs relativistes et sans moelle épinière de votre Eglise – oui, eux qui devraient dire ce que vous dites, et faire face aux injures que vous essuyez à leur place – attendent. Que vous reconnaissiez qu’il y a du sexe partout et qu’il faut dire aux jeunes : Bon, comme vous ne pouvez pas (vous êtes des incapables, je sais), au moins soyez intelligents. Allez-y donc, Saint Père, mais n’oubliez pas de préciser aux voleurs d’être prudents s’ils ne peuvent s’abstenir ; dites aussi aux racistes que ce ne sont quand même pas tous les étrangers qui sont méchants, et qu’il faut savoir qui mérite le respect ; dites aux jeunes que s’ils ne peuvent pas respecter le code de la route et ses signaux routiers, qu’ils serrent bien leur casque et profitent des plaisirs de la vitesse. A nos chefs d’Etats, que devriez-vous dire ? Arrêtez de piller vos pays – mais pour nous, pasteurs, c’est trop radical. Dites-leur de le faire intelligemment, et de partager quand même avec les autres ce qu’ils détournent. Dites à ceux qui torturent de ne pas exagérer, ou en tout cas qu’ils utilisent un peu d’anesthésie quand ils torturent les opposants ou les journalistes. Ne leur dites pas d’arrêter, voyons, réveillez-vous, tous les dictateurs le font. Vous vivez dans votre monde à part, on dirait que vous ne connaissez pas l’être humain. Encore une fois, le monde a évolué, saint Père, certains prêtres et certains évêques pensent que vous devez suivre le monde, si vous voulez qu’on vous écoute. A propos de « vivre avec son époque », j’espère que mes confrères prêtres engagés dans la pédophilie en France, aux USA et en Grande-Bretagne trouveront une meilleure façon d’être à la page et de suivre l’exemple de cette société dévergondée, enfin…évoluée. Et d’ailleurs, si vous dites tout haut ce que tout le monde sait, nous risquons, comme le chante Judas dans JC Superstar, de perdre nos privilèges. Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Je conclus : vous n’êtes pas seul à avoir « tort »

Vous comprenez maintenant pourquoi, Sainteté, j’ai mal à la tête car je sais pourquoi vous avez tort, et pour quel motif vous dérangez. Et, franchement, ayant un peu étudié les lois du comportement humain, comme éducateur de jeunes je pense que je veux avoir tort avec vous. Je choisis de faire partie de ces fous qui demandent trop à l’homme d’aujourd’hui, non pas parce qu’ils le connaissent mal ou lui veulent du mal, mais parce que le véritable ami, frère et père, est celui qui sait rire et se réjouir avec l’autre, et qui sait aussi, quand il le faut et vaille que vaille, lui dire : Ecoute, là tu déconnes ! Au nom de l’amitié…. Je vous rejoins parce que je sais que malgré tous ces défauts et ces erreurs qu’accumule votre casier judiciaire, surtout aux yeux des médias corrompus et télécommandés par leurs sponsors pseudo-philanthropes, ce que vous faites ressemble étrangement à ce que je lis chaque jour dans le casier judiciaire de l’obscur charpentier de Nazareth dont vous êtes le vicaire, n’en déplaise aux sans-foi-ni-lois. Dans quelques jours nous entendrons la Passion ; comment il fut tantôt applaudi, tantôt honni par la foule, et à la fin, condamné par les prêtres et crucifié par des soldats de l’empire « occidental » d’alors. Si l’histoire se répète, je veux être du côté de celui qui a tort parce qu’il voit l’invisible, parce qu’il demande trop à l’être humain, parce qu’il ose prononcer – et vivre - des paroles qui choquent, sans laisser d’être vraies.

Bon Chemin de Croix

Filialement vôtre, en Christ

Père Alphonse Owoudou, le 22 mars

Source : owoudou.over-blog



25 mars 2009

Lettre ouverte à Sa Sainteté le Pape Benoît XVI


Voyage apostolique au Cameroun et en Angola (17-23 mars 2009)

Très Saint Père,

Au cours de votre voyage apostolique au Cameroun et en Angola (17-23 mars 2009), vous avez rejoint par vos paroles les préoccupations profondes des populations africaines, même si cela n’a pas été relevé par les commentateurs et les observateurs. Les préoccupations de ces derniers sont malheureusement souvent lointaines de celles de nos Peuples qui ploient sous un fardeau imposé par de mauvais dirigeants et une communauté internationale qui pratique à notre égard une indifférence sans équivalent dans le monde.

Nous, les Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise en Europe, au nom des citoyens libres du continent noir, tenons particulièrement à vous remercier chaleureusement pour votre discours du 20 mars 2009 devant les autorités politiques et civiles, ainsi que le corps diplomatique, au Palais présidentiel de Luanda.

Vos paroles prophétiques sont sans doute allées au cœur de tous les Africains lorsque vous avez déclaré qu’ « est arrivé pour l’Afrique le temps d’être le continent de l’espérance. Tout comportement humain droit est espérance en action. Nos actions ne sont jamais indifférentes devant Dieu ; et elles ne le sont pas non plus pour le développement de l’histoire. (…) Vous pouvez transformer ce continent, libérant votre peuple du fléau de l’avidité, de la violence et du désordre en le conduisant sur le chemin indiqué par les principes indispensables à toute démocratie civile moderne : le respect et la promotion des droits de l’homme, un gouvernement transparent, une magistrature indépendante, des moyens de communication sociale libres, une administration publique honnête, un réseau d’écoles et d’hôpitaux fonctionnant de façon adéquate, et la ferme détermination, basée sur la conversion des cœurs, d’éradiquer une fois pour toutes la corruption.(… )

En effet, plus que de simples programmes et protocoles, les habitants de ce continent demandent à juste titre une conversion profonde, authentique et durable des cœurs à la fraternité. Leur exigence vis-à-vis de ceux qui œuvrent dans la politique, dans l’administration publique, dans les agences internationales et dans les compagnies multinationales est avant tout celle-ci : soyez à nos côtés de façon vraiment humaine, accompagnez-nous, ainsi que nos familles et nos communautés ».

Très Saint Père,

Vous avez ajouté que « Le développement économique et social en Afrique requiert la coordination des actions gouvernementales nationales avec les initiatives régionales et avec les décisions internationales. Une telle coordination suppose que les nations africaines ne soient pas seulement considérées comme les destinataires des plans et des solutions élaborées par d’autres. Les africains eux-mêmes, œuvrant ensemble pour le bien de leurs communautés, doivent être les premiers acteurs de leur développement. À ce propos, il y a un nombre croissant d’initiatives qui méritent d’être encouragées. Parmi elles, la New Partnership for Africa’s Development (NEPAD), le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région des Grands Lacs, le Kimberley Process, la Publish What You Pay Coalition et l’Extractive Industries Transparency Initiative : leur objectif commun est de promouvoir la transparence, la pratique honnête du commerce et la bonne gouvernance. Quant à la communauté internationale dans son ensemble, la coordination des efforts pour affronter la question du changement climatique est d’une urgence décisive, tout comme l’entière et juste réalisation des engagements pour le développement indiqués par le Doha round, ainsi que la concrétisation de la promesse des Pays développés, faite à plusieurs reprises, de consacrer 0,7% de leur PIB (Produit Intérieur Brut) à l’aide officielle au développement. Cette assistance est encore plus nécessaire aujourd’hui avec la tempête financière mondiale qui sévit. Mon souhait est que cette assistance ne soit pas une autre de ses victimes ».

Dans vos propos se reflète l’humanisme intégral du catholicisme à l’égard des victimes de la corruption et de la mauvaise distribution des richesses du sous-sol africain.

Comme vous l’avez également souligné à l’Aéroport international de Yaoundé au Cameroun, le 17 mars 2009, à propos d’un temps pour l’espérance en Afrique : « ce moment de grâce est un appel pour l’ensemble des Évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles laïcs de ce continent, à se consacrer avec un élan nouveau à la mission de l’Église : apporter l’espérance au cœur des peuples de l’Afrique et des peuples du monde entier ».

Très Saint Père,

Nous vous sommes reconnaissants de l’intérêt que vous avez manifesté envers l’Afrique, notre beau continent crucifié par la rapacité de ceux qui la dirigent ou qui la convoitent.

Le philosophe allemand Hegel, considérait que l’Afrique noire n’avait pas d’Histoire : la conscience y étant à l’état d’inconscience, il n’y avait chez les Africains pas de place pour l’Esprit et donc, pas d’Histoire. Le Pape allemand que vous êtes a au contraire exhorté les Africains chrétiens à relever la tête et l’honneur du continent : « Même au sein de grandes souffrances, le message chrétien est toujours porteur d’espérance.(…). Devant la souffrance ou la violence, devant la pauvreté ou la faim, devant la corruption ou l’abus de pouvoir, un chrétien ne peut jamais garder le silence. Le message de salut de l’Évangile doit être proclamé de manière forte et claire, afin que la lumière du Christ puisse briller dans les ténèbres où les gens sont plongés. Ici, en Afrique, tout comme en de si nombreuses régions du monde, des foules innombrables d’hommes et de femmes attendent de recevoir une parole d’espérance et de réconfort. Des conflits régionaux laissent des milliers d’orphelins et de veuves, de sans abri et de démunis. Sur un continent qui, par le passé, a vu tant de ses enfants cruellement déracinés et vendus par delà les mers pour devenir des esclaves, aujourd’hui le trafic des êtres humains, en particulier de femmes et d’enfants sans défense, est devenu une forme nouvelle d’esclavage. Alors que nous connaissons en ce moment une insuffisance de la production alimentaire, des troubles financiers, et des perturbations liées au changement climatique, l’Afrique souffre de façon disproportionnée : de plus en plus d’habitants s’enfoncent dans la pauvreté, victimes de la faim et des maladies. Ils crient leur besoin de réconciliation, de justice et de paix, et c’est ce que l’Église leur offre. Non pas de nouvelles formes d’oppression économique ou politique, mais la glorieuse liberté des enfants de Dieu (Rm 8, 21) ».

Très Saint Père,

Nous, les Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise en Europe, au nom des Peuples Africains, tenons à vous remercier pour ce que vous avez dit sur le SIDA : « si les Africains n’aident pas [en engageant leur responsabilité personnelle], on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, ils augmentent le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un envers l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent ».

Nous, les Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise, au nom de l’Afrique, contestons la vision « copulative » à laquelle nous réduisent les décideurs africains et les médias, comme si nous étions condamnés à vivre dans le règne animal jusqu’à la fin des temps. Nous refusons les étiquettes et les stéréotypes qui veulent faire de l’être africain uniquement une personnalité destinée à la seule survie quotidienne, préoccupée par la satisfaction de ses instincts primaires.

Très Saint Père,

Le monde ne refuse t-il pas, au fond, de nous reconnaître la pleine dignité du genre humain en ne s’intéressant au sort des Africains que lorsqu’il s’agit des questions sexuelles ? Comme si nous n’étions pas capables de nous élever au dessus des instincts basiques ? Comme si le pouvoir de l’esprit et de la pure abstraction n’étaient pas à notre portée ? Le monde refuse d’entendre nos revendications : liberté, sortie de la misère, fin de la corruption.

Pourquoi ceux qui s’intéressent tant à notre salut lorsqu’il s’agit de préservatifs ne se coalisent-t-ils pas pour nous délivrer plutôt de la dictature et du sous-développement ? Nous connaissons tous les dangers du SIDA mais pourquoi taire le fait qu’il serait jugulé si les systèmes politico-économiques totalitaires n’en encourageait pas la propagation par leurs comportement désordonnés élevés en référence, en incitant les populations, dès leur plus jeune âgé, à adopter des comportements dramatiques. Tout ceci sur lit de misère liée à la mauvaise gestion et au pillage par les « gouvernants » des immenses richesses de nos pays. Les principaux responsables de cet état de fait sont d’abord nos chefs d’état qui, pour un misérable plat de lentilles fait de valises d’argent, choisissent d’organiser le malheur de leurs peuples pour satisfaire leurs propres concupiscences.

Très Saint Père,

Le monde accepte volontiers que les Africains vivent dans des conditions qu’aucun décideur occidental n’accepterait pour ses administrés. Nous ne l’acceptons plus, pour l’honneur et pour la dignité des Peuples Africains. Nous sommes blessés par les agressions dont vous avez été victime, pour une fois que les projecteurs de la communauté internationale étaient, grâce à vous, braqués sur nous.

Où étaient donc les protecteurs quand des milliers de Congolais de Brazzaville furent massacrés par leur Général de Président encore récemment ? Que toutes les bonnes âmes qui aiment tant les Africains quand il s’agit de préservatifs viennent donc vivre avec nous au milieu des immondices et des bidonvilles de Libreville ou de Lomé ! Le pillage éhonté du continent par ses dirigeants, ses élites et leurs complices ne les dérangent pas ? Non, ce qui les dérange, c’est que le Pape nous dise que nous ne sommes pas faits pour vivre éternellement dans le règne animal dans lequel le monde se complaît à nous enfermer.

Très Saint Père,

Au nom de l’Afrique qui est dans les chaînes, nous vous demandons pardon pour les insultes qui vous ont été adressées.

Nous avons compris votre message d’espérance à l’endroit des Peuples Africains, et, nous allons œuvrer, en prenant nos responsabilités personnelles, pour « transformer ce continent, libérant notre peuple du fléau de l’avidité, de la violence et du désordre en le conduisant sur le chemin indiqué par les principes indispensables à toute démocratie civile moderne : le respect et la promotion des droits de l’homme, un gouvernement transparent, une magistrature indépendante, des moyens de communication sociale libres, une administration publique honnête, un réseau d’écoles et d’hôpitaux fonctionnant de façon adéquate, et la ferme détermination, basée sur la conversion des cœurs, d’éradiquer une fois pour toutes la corruption.(… ) ».

Très filialement, le 25 mars 2009

Bruno BEN-MOUBAMBA

Porte-parole des Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise en Europe, Journaliste et doctorant à l’EHESS (acteurslibres@gmail.com)
Organisateur du Forum du 4 avril pour un nouveau partenariat entre l’Europe et l’Afrique : irimep

Source : France Catholique



27 mars 2009

Les évêques africains dénoncent une "manipulation outrageante planifiée"


Nous avons été tous surpris et étonnés de la façon dont une phrase du Saint-Père a été totalement sortie de son contexte proche et lointain pour devenir le motif récurrent de toutes les émissions de RFI et d’autres médias français sur le premier voyage apostolique du Saint-Père, le Pape Benoît XVI, en Afrique. Le comble est cette occultation systématique des autres idées de l’interview et la minimisation de tout ce que le Saint-Père s’est efforcé de communiquer comme espérance à l’Afrique, tant au Cameroun qu’en Angola. A cela précisément ne devrait-on pas reconnaître que c’est à l’Eglise et à sa mission évangélisatrice que les acteurs de l’ombre s’en prennent ?

Nous, évêques de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO), nous avons pris la mesure de l’événement et nous tenons à déclarer à tous ce qui suit :

Démolir la morale est crime contre l’humanité

On n’arrivera pas à bout du Sida, en cassant les ressorts spirituels et moraux des hommes, surtout des adolescents et des jeunes, en les fragilisant et en faisant d’eux des paquets de désirs sexuels sans les régulateurs prévus par le Créateur. C’est un crime contre l’humanité que de priver l’enfant, l’adolescent et le jeune de l’entrainement à la maîtrise de l’esprit sur le corps et ses pulsions qu’on appelle éducation sexuelle. En ce sens, les slogans publicitaires et la distribution de préservatifs pourraient n’être qu’irresponsabilité et crime contre l’humanité.

Des propos irrévérencieux, injurieux et sacrilèges

Pour nous, Africains, le Pape est le père de la Grande Famille qu’est l’Eglise et, à ce titre, nous lui devons respect et affection. Il est sacrilège selon nous, du simple point de vue de notre culture africaine traditionnelle, pour ne pas encore parler de la foi, que des fils et des filles d’Eglise qui se prétendent catholiques s’en prennent au Pape avec vulgarité, arrogance et injures, comme certains journalistes d’organes français et certaines personnalités françaises, espagnoles, européennes, se sont permis de le faire. Nous déplorons et condamnons ces propos irrévérencieux et injurieux.

L’attentat post-moderne contre la vérité et ses conséquences violentes sur les relations humaines

Mais nous ne sommes d’une culture qu’au titre de la vérité plus profonde de notre humanité. Et l’humanité qui est commune à tous, est unique ; elle se concrétise dans un certain nombre de droits et de devoirs, inséparables de la dignité de toute personne humaine. Il est absolument intolérable qu’un petit groupe de communicateurs -parfois hélas des Africains émargeant sans gêne à la richesse « sale » de ceux qui ont dépouillé leurs peuples- s’arroge le droit de déformer la vérité pour se présenter en bienfaiteurs responsables face à la condition dramatique de nos frères et sœurs porteurs du VIH SIDA, et, par contre, transformer le Saint-Père en un personnage « irresponsable » et dépourvu d’humanité, et ainsi pouvoir l’injurier et tenter d’ameuter contre lui une cohue d’individus, qui s’estiment en droit de parler de ce qu’ils n’ont pas pris le soin de connaître avec précision. Ils oublient que, ce faisant, ils se disqualifient professionnellement, puisqu’il existe une différence essentielle entre créer du sensationnel scandaleux et informer. Nous déplorons et condamnons l’attentat contre la vérité qui est le péché de notre monde post-moderne, et dont résultent les graves blessures que subit de plus en plus la Sainte Eglise, Notre Mère. Quel est ce monde où l’on ne prend pas le temps d’écouter l’autre, de l’écouter jusqu’au bout et où on lui fait dire ce qu’on veut qu’il dise ? La sagesse africaine et la Sagesse Biblique toutes axées sur l’Ecoute ont une autre vision du monde à proposer.

Profonde union de pensée et de cœur entre Benoît XVI et l’Afrique

Nous, évêques africains, nous remercions du fond du cœur le Saint-Père, qui a tant d’affinités avec nous, du fait de notre communauté de pensée sur l’Eglise et de notre engagement commun en faveur des pauvres, des blessés de la vie et des petits. Qui ignore que les titres : Eglise, Maison (Famille) et Peuple de Dieu ; Eglise, Fraternité Chrétienne, Eglise-Communion sont de lui ? Il y a cru et y a travaillé depuis longtemps comme jeune théologien et plus récemment comme cardinal préfet de dicastère ; nous y croyons aussi et nous sommes à pied d’œuvre pour édifier en Afrique l’Eglise Communion comme Famille de Dieu et Fraternité du Christ. Il est venu chez nous pour nous confirmer dans cette foi. Nous l’en remercions.

Eglise d’Afrique, une Eglise porteuse d’espérance

Nous lui savons gré aussi pour tout le message d’espérance qu’il est venu nous livrer, au Cameroun et en Angola. Il est venu nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix, pour que l’Eglise d’Afrique soit elle-même une flamme ardente d’espérance pour la vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec nuance, clarté et pénétration, l’enseignement commun de l’Eglise, en matière de pastorale des malades du Sida.

Humanisation de la sexualité et don de soi aux malades du Sida

Il nous encourage tous à vivre et à promouvoir l’humanisation de la sexualité et le don de sa propre humanité pour être avec et secourir en vérité les frères et sœurs malades du Sida, comme l’authentique attitude responsable des catholiques face aux malades du Sida et de tous ceux qui aiment vraiment les Africains atteints de ce mal. Nous accueillons son message qui est aussi notre propre position. Et nous déclarons tous avec lui : « … On ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème ». Telles sont les paroles de Benoît XVI qu’un matraquage médiatique s’est évertué à travestir. En vain.

Responsabilité des media

Dire moins, c’est mépriser l’Africain et témoigner de zèle à tuer ce qu’il y a d’authentiquement humain en l’homme noir dont par exemple toutes les traditions valorisent tant la virginité constatée au mariage. Nous déplorons et nous condamnons cette prétendue responsabilité vis-à-vis de l’homme noir qui n’aurait de solution que mécanique à un problème aussi vital qu’est la sexualité pour tout homme et donc pour l’Africain lui aussi. La responsabilité des media est élevée ; ils ne doivent pas déchoir, sous peine de faire déchoir quelque chose de l’humain fondamental.

Non à la pensée par procuration

Nous disons enfin que les Africains ont la capacité de penser par eux-mêmes, aussi bien les problèmes qui les concernent que ceux de toute humanité. Nous déplorons et dénonçons le crime, venant du fond des âges, où l’on traitait nos frères et nos sœurs en marchandises et en « biens meubles » (Le Code Noir, Art. 44), et qui aujourd’hui consiste à s’acharner à penser pour nous, à parler pour nous, à faire à notre place sans doute parce qu’on ne nous croit pas en mesure de le faire par nous-mêmes. Peut-être dira-t-on que c’est à des Communicateurs Africains qu’habilement on confie la sale besogne de jouer aux pitres pour amuser le monde et rendre l’Afrique doublement pitoyable : non seulement matériellement mais aussi moralement. Mais il n’y a pas que ces Africains ignorants des structures anthropologiques les plus solides et des valeurs morales les plus sûres de l’Afrique qui soient à même de parler au nom du continent.

Nous, évêques de l’Eglise catholique de l’espace CERAO, nous exigeons qu’on cesse de penser pour nous, de pousser l’Afrique de la rue à parler au nom de l’Afrique et amuser la galerie aux dépens de nos peuples. Nous exigeons que pour parler de l’Afrique l’on respecte les valeurs essentielles, sans lesquelles l’homme n’est plus l’homme, et qui sont synthétisées dans la dignité de tout homme, créé à l’image de Dieu. Oui, à la suite du Concile Vatican II, nous réaffirmons que « sans le Créateur, la créature s’évanouit tout simplement ». Nous remercions le Saint-Père d’avoir fait du Dieu d’Amour et de la foi en lui la priorité des priorités pour notre temps. C’est bien l’illusion qu’il puisse y avoir une autre priorité, qui a créé la situation paradoxale et violente, où l’on prétend être responsable de nous, tout en mettant à sac ce que nous avons de plus vital : notre relation de foi, d’espérance et d’amour avec le Dieu vivant, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, et notre vie morale.

Abidjan, le 27 mars 2009

+ Théodore Adrien Cardinal SARR
Président de la CERAO
Abbé Barthélemy ADOUKONOU
Secrétaire Général de la CERAO



30 avril 2009

Lettre ouverte d'étudiants camerounais de Rome


Rome, le 30 Avril 2009

Lettre ouverte d'un Groupe d'étudiants du Cameroun, pour protester contre les polémiques déchaînées par certains gouvernements européens sur la position du Saint-Père au sujet de l'usage du préservatif pour la lutte contre le sida, pendant le vol-aller de sa visite pastorale en Afrique au mois de mars dernier. [etudiantscamerounaisp@yahoo.fr]

Comment peut-on accepter que le Parlement d'un pays de longue tradition comme la Belgique, cœur des institutions de l'Union Européenne, montre sa capacité d'être uni seulement pour s'opposer aux déclarations du saint Père a fin d'obtenir le "nulla osta" pour l'exportation des préservatifs en Afrique ?

Nous disons avec fermeté notre NON à ce modèle culturel tout à fait étranger à nos valeurs et à nos traditions, qu'on veut nous imposer comme facteur déterminant pour l'amélioration de notre qualité de vie.

Le Pape, durant son voyage pastoral, en vue du prochain Synode pour l'Afrique sur le thème : l'Église africaine au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, a lancé avec beaucoup de courage, à la Communauté internationale, un message clair pour l'Afrique. Il a dénoncé les problèmes qui donnent de l'Afrique l'image d'un continent désespéré: l'exploitation de ses ressources naturelles par les grandes multinationales, l'ingérence étrangère dans la Chose publique, les gue rres alimentées en grande partie par des intérêts occidentaux, les situations d'oppression et d'injustice, la corruption. Et il a tracé les lignes d'intervention pour la résolution de ces "urgences". Mais les médias occidentaux ont été manipulés et corrompus par ceux qui spéculent sur le sida, pour que le message du Saint-Père ne soit pas écouté et accueilli. Les journalistes occidentaux ont ainsi manipulé injustement, dans une violente campagne médiatique sagement orchestrée, ses paroles sur l'usage du préservatif, en fourvoyant l'opinion publique et en détournant l'intérêt pour les problèmes réels de l'Afrique.

La réponse du Pape aux journalistes sur l'usage du préservatif n'est pas une nouveauté, c'est pourquoi ses paroles ne devaient pas soulever trop de polémiques. Et il est très clair que les "personnes éclairées" cachent leurs intérêts derrière leurs polémiques, fruit d'une pitié hypocrite envers les Africains. La pluie des accusations furieuses, ridicules et gratuites, nous a fait toucher du doigt leur convoitise et leur avidité, car ils ont identifié le continent africain en tant que l'un des principaux marchés des préservatifs, ce qui doit ainsi favoriser la croissance de leurs économies nationales. Le jeu est clair : les industries des préservatifs sont implantées en Occident, où l'entrepreneur et les ouvriers y gagnent et dans la phase du transport en Afrique, y gagnent aussi les compagnies aériennes et maritimes occidentales.

Le Saint-Père a touché le noyau du problème en alarmant les opérateurs de ce business florissant en Afrique. Le Pape n'a rien ajouté de nouveau, il a juste confirmé la position de l'Église de toujours, celle d'être contraire à l'usage d'autres méthodes contraceptives en dehors des méthodes naturelles. Où est donc le problème ? Pourquoi alors toutes ces polémiques sur ses paroles ? Ils attendaient peut-être que l'Église change de position vis-à-vis des Africains ?

Les politiques de prévention du sida, basées sur la distribution massive des préservatifs, constituent une duperie pour endormir les consciences, car les préservatifs destinés à l'Afrique sont financés par des contributions des pays riches comme des pays pauvres (les souscriptions volontaires de certains pays membres de l'ONU), qui finissent par alimenter et développer le circuit économique national des pays producteurs de préservatifs. Il suffit de penser que dans cette comédie, l'Afrique a seuleme nt le devoir de décharger les navires et recevoir des "bienfaiteurs étrangers" les paquets déjà bien confectionnés.

Nous sommes indignés et attristés par l'agressivité factieuse de cette campagne médiatique, par les attaques, par les accusations et par les critiques féroces et injustes envers le Pape et du mépris de notre dignité humaine. Raison pour laquelle, nous nous adressons :

- au Ministre des Affaires Étrangères de la France ;

- aux Ministres allemands de la Santé et de la Coopération ;

- au Ministre espagnol de la Santé ;

- à la Chambre des Députés du Royaume de Belgique ;

- au Directeur exécutif du Fond mondial pour la lutte contre le sida ;

Pour leur dire que les attaques et les accusations contre le Pape sont inacceptables et injustes. Et qu'elles représentent une ingérence honteuse dans la réalité africaine. C'est inconcevable que, sans aucun scrupule, ils aient considéré prioritaire d'ourdir un procès contre le Saint-Père, "coupable" d'avoir exercé son rôle au « sujet de certains thèmes, desquels l'importance morale est évidente, et d'enseigner la doctrine de l'Église ».

Pour les inviter à présenter publiquement des excuses :

- au Saint-Père, pour l'avoir intentionnellement utilisé comme "bouc émissaire" afin de défendre leurs intérêts économiques cachés derrière l'exportation massive des préservatifs en Afrique et leurs mécanismes d'exportation de leurs pratiques contraceptives dans les pays de forte croissance démographique ;

- à l'élite des Nations africaines, pour l'avoir considérée incapable d'évaluer le message du Pape et de réagir, en agissant en qualité de "responsables des politiques de développement dans le continent africain". Au sujet de cette à ingérence, confirmons qu'ils soutiennent et défendent l'usage du "condom" chez eux, puisque ce choix correspond à leurs conceptions anthropologiques de l'être humain, mais ils n'ont pas le droit d'imposer leur choix aux Africains.

- aux populations africaines, pour les avoir scandalisées avec leur insolence et leur incivilité vis-à-vis du Pape, par contre accueilli avec dévotion, respect et affection au Cameroun et en Angola ; pour avoir publiquement relégué les Africains à une vision de vie bestiale, en les contraignant au libéralisme sexuel et en leur imposant l'usage du préservatif puisque "essentiel et décisif" pour la lutte contre le sida en Afrique; pour s'être moqués des Africains en se présentant comme vrais bienfaiteurs, alors qu'en réalité ils ne le sont pas. Il suffit de penser comment le protectionnisme de l'agriculture européenne, soutenu par l'UE, endommage les pauvres paysans africains, en les mettant hors du marché mondial, en condamnant leurs familles à mourir de faim et de maladies et à l'impossibilité d'améliorer leurs conditions de vie. À quoi sert alors protéger les Africains avec le préservatif si après ils sont tués des mécanismes d'exploitation ou des armes de guerre d'intérêts politiques et économiques de leurs bienfaiteurs ?

Il faut donc dire que les Africains ne meurent pas se ulement de SIDA, et que c'est du mensonge que le préservatif "sauve les vies humaines" en Afrique. La réelle volonté de sauver la vie des Africains interpelle les consciences et exige de se réconcilier avec l'Afrique, en promouvant la justice et la paix dans ce continent, en permettant ainsi aux Africains de vivre tranquillement dans leur belle et riche terre. C'est ce que le Saint-Père a demandé et demande.

Nous concluons, en confirmant notre NON à la diffusion de la culture et de la dépendance du préservatif en Afrique, car non seulement il blesse notre culture pour la vie, mais il pollue aussi notre existence et notre environnement. Nous demandons, donc à tous ces présumés bienfaiteurs de l'Afrique qu'ils cessent une fois pour toute de spéculer sur elle. Il faut inverser la tendance: la pauvreté de l'Afrique ne doit plus faire la richesse des pays déj&a grave; développés !

Voilà pourquoi, nous demandons d'urgence au Professeur Michel Kazatchkine du Fond mondial pour la lutte contre le sida, de destiner ces fonds à l'envoi massif de foreuses pour creuser les puits d'eau et à la construction d'installations photovoltaïques pour la production d'énergie solaire, afin de favoriser une distribution massive d'eau et de lumière, éléments clé dans la lutte contre la pauvreté et dans la promotion du développement économique. Ceux-ci sont alors des biens essentiels et décisifs pour l'Afrique et tous les acteurs de la coopération internationale au développement en sont parfaitement conscients.

Les populations africaines ont besoin d'eau potable et d'hygiène pour préserver leur propre santé et maintenir leur dignité humaine. La distribution d'eau au lieu de la distribution massive de préservatifs en Afrique signifierait réduire la mortalité causée par beaucoup de maladies infectieuses et virales, y compris le sida. En outre, l'eau et l'électricité sont des facteurs catalyseurs du développement humain, agricole, industriel et de tout autre activité économique, un développement qui permettrait aux Africains d'avoir un revenu moyen stable pour accéder aux biens et aux services, et satisfaire ainsi leurs besoins fondamentaux. C'est de ce type d'aide humanitaire dont l'Afrique a besoin pour se développer et pas du préservatif.

Le condom s'est révélé désormais inefficace et sans fiabilité dans la lutte contre le sida en Afrique. Et il y n'a plus de doute que la distribution massive des préservatifs en Afrique est encore soutenue seulement pour créer des gains économiques aux entreprises productrices. Donc, si on veut réellement vaincre la bataille contre le sida en Afrique, il faut accepter et suivre l'alternative au préservatif proposée par le Saint-Père: les soins et l'éducation morale et sexuelle.

Joseph DJONKOU
Armel ASSALA
Jacky Florent NDZANA
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Joël Henri MENYE
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Pierre Claver ONANA
Denis EVOUNA
Bienvenue MAKAMTO
Serge ONDOBO

Source : zenit.org


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