Défense du Catholicisme

18 mars 2009





18 mars 2009

Benoît XVI et le préservatif : pour répondre aux attaques anti-catholiques qui se déchaînent...

La question du journaliste et la réponse de Benoît XVI, dans son contexte.

Question - Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l'Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?

Benoît XVI - Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

A voir : "Ce qu'a vraiment dit le Pape" sur Ktotv



Le père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, explique les paroles de Benoît XVI sur le préservatif.

Le P. Lombardi a répondu, dans un communiqué, aux « échos suscités par certaines paroles » de Benoît XVI « sur le problème du sida » dans l'avion de Rome à Yaoundé, mardi après midi, 17 mars.

Le P. Lombardi précise que « le Saint-Père a rappelé les positions de l'Eglise catholique et les lignes essentielles de son engagement pour combattre le terrible fléau du sida ».

Premier front : « l'éducation à la responsabilité des personnes dans l'usage de la sexualité et la réaffirmation du rôle essentiel du mariage et de la famille ».

Second front : « la recherche et l'application des thérapies efficaces contre le sida, et leur mise à la disposition du plus grand nombre possible de malades grâce aux nopmbreuses initiatives et des institutions sanitaires ». Le pape a cité Sant'Egidio, les Camilliens, et les religieuses : en tout 25 % des structures s'occupant des malades du sida sont catholiques. Il faudrait aussi mentionner toutes les structures s'occupent des enfants nés séropositifs et spécialement des orphelins du sida. Le pape a également demandé aux entreprises pharmaceutiques la gratuité des thérapies.

Troisième front : « l'assitance humaine et spirituelle des malades du sida et de tous les souffrants, qui sont depuis toujours dans le cœur de l'Eglise ».

« Telles sont les directions dans lesquelles l'Eglise concentre son engagement, elle ne considère pas que viser seulement à une large diffusion des préservatifs soit en réalité la voie la meilleure, la plus prévoyante ou la plus efficace pour combattre le fléau du sida et protéger la vie humaine ».

Autrement dit, le pape et le P. Lombardi affirment que la diffusion du préservatif reste inefficace si on ne combat pas aussi sur ces trois fronts. Sans l'éducation à la « responsabilité » - « si on n'aide pas les Africains », dit le pape, cela pourrait même « aggraver le problème ».

Source : zenit.org



19 mars 2009

Giuliano Ferrara, directeur du quotidien Il Foglio, affirme : le Pape Benoît XVI a raison !


Citant l'exemple de la ville de Washington, où le taux de contagion par le VIH est le même (3 % de la population de plus de 12 ans) qu'en Ouganda, il écrit :

"La culture politiquement correcte cache le fait que le VIH n'est que la conséquence de comportements sexuels nouveaux, où une sexualité débridée et aveugle remplace les anciennes règles 'obscurantistes' de la continence et de l'éros comme fondements de l'amour conjugal. Quiconque pense différemment n'est pas seulement mis en question, mais raillé et censuré en tant que rétrograde. A plus forte raison s'il s'agit d'un pape qui croit dans l'éducation et la sobriété des mœurs, dans une sexualité orientée vers la famille et non vers la destruction de l'amour dans la caricature du plaisir. Une position jugée scandaleuse et démente à une époque néopaïenne comme la nôtre."

Source et texte complet de l'intervention de Giuliano Ferrara : Eucharistie Miséricordieuse



19 mars 2009

Préservatif : témoignage d’une Camerounaise sur la « polémique de trop »


Je suis camerounaise et je réside en France tout en travaillant au Cameroun en tant que chef de projets « eau potable ». Je pense que les propos du pape Benoît XVI ont besoin d’un complément d’explication.

Ces propos doivent être compris par rapport au contexte local de grande pauvreté certes, mais aussi d’absence d’intégration de l’horreur du microbe par une partie encore importante des populations, tant dans les villages que dans les villes. Aujourd’hui, la majorité des familles font un repas par jour. Et quel que soit le prix du préservatif, il reste une charge supplémentaire souvent sacrifiée au profit d’une autre urgence vitale : le repas. On préfère acheter un beignet à 25 francs CFA que le préservatif.

Dans ce sens, il existe bel et bien des personnes qui utilisent deux fois le préservatif, après l’avoir lavé à l’eau simple. Une jeune fille me disait un jour toute confuse : « Parfois on ne sait pas si c’est vraiment efficace. » On ne sait pas si le préservatif a déjà été utilisé. Ce sont là des choses trop intimes dont on ne parle pas, tant c’est énorme. Si je n’avais pas entendu moi-même ces propos au village, je ne les aurais pas crus.

Les propos du pape trouvent leur juste compréhension dans ce contexte-là et non dans le contexte général de l’usage ou non d’un préservatif. On ne doit pas se le cacher. Pour une partie encore importante des populations africaines, il est difficile d’honorer les charges économiques liées aux habitus sexuels. Tant pour la pillule que pour le préservatif. C’est vraiment là que le lieu d’une très grande vulnérabilité. Alors faut-il parler d’une polémique de trop ? Cela en a tout l’air.

De peur d’ajouter le drame au drame, tous les partenaires défenseurs de la vie devraient composer avec cela au lieu de chercher un bouc émissaire là où il n’y en a pas.

Joséphine Zibi

Source : liberté politique.com - Le fil international


Témoignages de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, de Mgr Slattery, de Tzaneen en Afrique du Sud, de Mgr Ntamwana, archevêque de Gitega au Burundi, du Cardinal Sarr, archevêque de Dakar au Sénégal, et de Mgr Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa en République Démocratique du Congo, Lettre ouverte au pape Benoît XVI par le Père Alphonse Owoudou, salésien de Don Bosco, Lettre ouverte à Sa Sainteté le Pape Benoît XVI de Bruno Ben-Moubamba, porte-parole des Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise en Europe, Déclaration de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun relative au Message du Saint-Père sur la lutte contre le VIH/SIDA lors de sa visite apostolique au Cameroun, et Communiqué de la Fédération Africaine d’Action Familiale.



20 mars 2009

Benoît XVI serait-il autiste ?


Le déchaînement médiatique contre Benoît XVI a quelque chose d’indécent. Ce n’est pas la première fois et on l’avait déjà vu à propos du discours de Ratisbonne sur l’islam, où le Pape, à partir d’une citation ancienne, posait une vraie question sur le lien entre islam et raison. On vient ces jours-ci de franchir un nouveau palier.

Certes, chacun est libre en matière de croyance et chemine comme il peut vers la vérité. Mais ne pas être d’accord n’autorise pas la désinformation, qui est pourtant la règle vis-à-vis de ce pape. Que les professionnels de la contestation, de Mgr Gaillot au journal Le Monde (qui ose titrer à la une « Préservatif : Benoit XVI plus intégriste que Jean-Paul II ») tirent sur le Pape, on y est habitué : ils sont tous infaillible, seul le Pape ne l’est pas.

Mais voici que la classe politique s’en mêle (y compris certains ministres, qui feraient mieux de s’occuper des affaires de la France). Alain Juppé en est un bon exemple : « Ce pape commence à poser un vrai problème. » Il dénonce une « contre-vérité » venant après la levée d’excommunication d’un évêque « apôtre du négationnisme » et « l’absence de charité extraordinaire » dans l’affaire de l’avortement d’une jeune brésilienne. Bref, M. Juppé a l’impression que le pape « est dans une situation d’autisme total ». Mon point de vue, c’est que c’est M. Juppé et de nombreux hommes politique qui sont autistes et ne savent pas écouter le pape.

Sur la levée de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X, tout a été dit dans la belle lettre du Pape aux évêques. Les quatre évêques avaient été excommuniés non pour leurs idées, mais pour avoir été ordonnés sans l’accord du pape. Leur supérieur a fait un pas vers l’Église et a demandé, pour entamer la discussion sur le fond (les questions de doctrine) que le Vatican fasse un geste en levant les excommunications, ce qu’a fait Benoît XVI. On n’en est qu’au début du processus. Ils n’ont aucune fonction au sein de l’Église pour l’instant. Le pape n’a en rien approuvé certaines de leurs idées en matière de doctrine et encore moins en matière politique ou historique, ce n’est pas le sujet. Il n’a donc pas levé l’excommunication « d’un évêque négationniste », mais de quatre évêques, parce que son rôle est d’éviter un schisme et d’être le gardien de l’unité. Pourquoi cette question des évêques est-elle si importante ? Parce qu’aucun schisme ne peut se développer et survivre durablement s’il n’y a pas d’évêques, puisque eux seuls peuvent ordonner prêtres et évêques. Il était donc essentiel de tout faire pour qu’ils reviennent vers l’Église. Cela n’a aucun rapport avec les propos abominables et surtout inexacts de Mgr Williamson.

Sur la question de la jeune brésilienne, d’abord elle n’a évidemment pas été excommuniée, comme on l’a dit partout, puisqu’elle est la victime innocente. Sa mère et les médecins l’ont été, a dit l’évêque du lieu, parce que l’avortement entraine une excommunication automatique, latae sententiae selon la formule du droit canon. Le pape n’a rien dit lui-même, seul un cardinal a rappelé la règle ; les évêques du Brésil ont désapprouvé. Il faut replacer cela dans le contexte de la pression énorme en faveur de l’avortement dans ce pays. Il n’en reste pas moins que le pape n’est en rien en cause dans cette affaire. On peut soutenir, comme l’a fait le président de l’Académie pontificale pour la vie, que la première chose à faire aurait été de soutenir cette pauvre enfant, innocente en tous points ; de condamner clairement le violeur ; et surtout de se taire : on ne fait pas un exemple, surtout dans une campagne d’opinion délicate en raison du forcing des pro-avortement, sur un cas extrême, qui appelle du silence ou des paroles d’amour et de compassion, plus qu’un rappel froid et sec de la règle, même si la règle doit être rappelée. Cet appel à la compassion a été repris par beaucoup et notamment par de nombreux évêques.

Désinformation

Sur la question du préservatif, la désinformation est à son comble. On croirait que le pape a dit « faites l’amour avec qui vous voulez, comme vous voulez, du moment que c’est sans préservatif, qui est le péché suprême ». Il a d’abord parlé avec amour des malades, soulignant la compassion nécessaire, l’action des organismes catholiques, et il en a d’ailleurs rencontré des responsables pendant son séjour. Il a même réclamé en Afrique la gratuité des soins pour cette maladie. L’Église est très présente dans la lutte contre le Sida. Il a ensuite rappelé quel était l’enseignement de l’Église. Tout le monde n’est pas obligé d’être d’accord, mais c’est la doctrine de l’Église. L’Église condamne le vagabondage sexuel et pense qu’un accent exclusif sur le préservatif favorise ce vagabondage, sans apporter une sécurité absolue. La sécurité absolue et la conception de l’Église de la sexualité passent par la monogamie, la fidélité, et sinon l’abstinence en dehors du mariage. C’est exigeant. Mais que voulez-vous qu’un pape dise d’autre ? Tout le monde n’approche pas cet idéal. Tout le monde ne partage pas la morale catholique. C’est un fait. Et si l’on n‘y est pas fidèle, mieux vaut en outre ne pas risquer ou donner la mort. Mais le discours qui consiste à dire, avec le préservatif tout est permis, est également faux, médicalement faux, car rien n’est sur à 100%, et moralement faux.

Tout ceci est compliqué, nuancé, délicat à expliquer. Cela ne se résume pas en trente secondes à la télévision. La conférence donnée par le pape dans l’avion comportait de très nombreuses questions, y compris sur la crise économique et les réponses de la prochaine encyclique sociale. On a préféré retenir la seule question du Sida et dans cette question la phrase sur le préservatif, écartant tout le reste. Le Pape n’avait pourtant fait que dire que la distribution systématique de préservatifs ne permet pas de dépasser le problème du Sida, mais peut l’aggraver, en donnant le sentiment que tout est possible, tout est permis.

La pensée de l’Église en général et de Benoit XVI en particulier est nuancée, complexe, riche. Elle ne se résume pas en deux ou trois slogans, reprenant des bouts de phrases sorties de leur contexte. Certes, personne n’est obligé d’être catholique ou d’avoir la foi et de partager les idées de l’Église. Mais tout le monde a un devoir d’honnêteté. Transformer le pape en bouc émissaire universel est une malhonnêteté. Prétendre l’opposer à Jean-Paul II est un mensonge. Quant aux catholiques, au lieu de crier avec les loups, ils feraient mieux de serrer les rangs et d’aider à faire connaitre l’extraordinaire richesse de ce grand pape.

Jean-Yves Naudet, président de l’Association des économistes catholiques.
Il ouvrira le colloque du 4 avril « L’Église et la crise : comment moraliser le capitalisme ? » , organisé avec la Fondation de Service politique (renseignements et inscriptions ici).

Source : liberté politique.com - Décryptage



23 mars 2009

A-t-on vraiment écouté ce qu'a dit le pape ?


Tous ceux et celles qui se disent consternés par les propos de Benoît XVI sur le préservatif savent-ils ce qu'il a effectivement dit ?
Ils ne connaissent que ce que les médias ont bien voulu lui faire dire.
Et je trouve que quelquefois nous perdons la raison.
En substance, Benoît XVI a dit qu'il fallait arrêter de considérer le préservatif comme la solution unique au problème du sida.
Faire croire que le préservatif peut tout résoudre est une attitude irresponsable.
Et c'est même encourager les comportements à risque.
Et là, les propos du pape sont très proches du programme commun des Nations Unies, selon lequel il faut conjuguer les méthodes et les approches du problème pour réduire le risque de la contamination.
Il est évident que le pape est d'accord pour que l'on mette en application le commandement « Tu ne tueras point ». Là-dessus, il n'y a aucun problème. Toutefois, si le préservatif est évidemment un moyen pour lutter contre la propagation du sida, il n'éradique pas le mal, il ne guérit pas la maladie.
Alors, qui a entendu dès son arrivée à Yaoundé, la demande du pape aux laboratoires pharmaceutiques et aux pays riches de rendre les traitements sinon gratuits, du moins accessibles pour les malades du sida ?
Et puis le sida est aussi la conséquence de comportements dangereux et graves. La lutte contre le sida ne peut éluder la nécessité d'une véritable réflexion sur les comportements sexuels et la nécessité d'une éducation.
Alors, est-ce que c'est forcément être réac, que d'en appeler à une éthique de la responsabilité ?
Je pense que le plus triste dans cette affaire c'est peut-être que la polémique nous a permis de nous protéger, justement, et de ne rien entendre de ce que l'Afrique a aujourd'hui à nous dire.
Et puis, avec un peu de recul, il nous faudrait avoir le courage d'analyser pourquoi et comment nous aimons nous laisser manipuler.

Mgr Yves Boivineau,
évêque d'Annecy.
Entretien sur RCF, lundi 23 mars 2009.
Diocèse d'Annecy



25 mars 2009

Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière


Un message de Mgr Aillet à la lumière des écritures ; une manière de re-lire le "lynchage médiatique dont l’Eglise et le Saint-Père ont fait l’objet ces dernières semaines".

« Le jugement le voici : la lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19). Ecoute, Israël, combien la Parole de Dieu est actuelle : « Vivante en effet est la Parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants … elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur » (He 4, 12). La lumière est venue dans le monde, « et le monde ne l’a pas reconnu » (Jn 1, 10), et il l’a prise en haine (cf Jn 15, 18) ; « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11), et même, « ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline … pour l’en précipiter. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 29-30).

Le lynchage médiatique dont l’Eglise et le Saint-Père ont fait l’objet ces dernières semaines sont comme une illustration de ces paroles toujours actuelles : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi, ils vous persécuteront » (Jn 15, 20). Les juges ont besoin aujourd’hui comme hier de « faux témoins », comme ceux qui se levèrent devant le Sanhédrin pour condamner Jésus, en déformant ses propos (cf Mc 14, 57-58). Si Jésus, le communiquant par excellence, n’a pas échappé à la mauvaise foi des hommes, pourquoi nous étonner que l’Eglise soit traitée ainsi ? Loin de se soumettre aux lois de la communication humaine que l’on prétend lui imposer, l’Eglise ne peut se soustraire à sa mission prophétique. N’appelons pas « bourde » ou « gaffe », ce qui n’est rien d’autre qu’un témoignage rendu à la Vérité.

Ainsi en est-il des propos, remplis de vérité et de compassion, du Saint-Père sur les moyens de combattre le Sida. Les journalistes, dont certains appartiennent à la presse dite catholique, se sont emparés une fois de plus d’une petite phrase ; des politiques, souvent esclaves de l’opinion, ont renchéri, sans aucun discernement, et dénoncé les « propos irrecevables » du Saint-Père et le « discours irresponsable de l’Eglise ».

Fils et filles de l’Eglise, nous pouvons garder la tête haute, car les propos du Pape ont été confirmés par les évêques d’Afrique et par les chefs d’Etat de ces pays où le Sida fait des ravages, dénonçant le « racisme latent » de ces occidentaux qui voudraient leur imposer leurs schémas mortifères, au nom de la sacro-sainte licence sexuelle ou bien du matérialisme mercantile dont on voit bien à qui il profite. Un discours qui ne résiste pas à l’évidence des faits : selon les statistiques de l’OMS, les pays d’Afrique où le taux de distribution des préservatifs est le plus fort, la progression du SIDA est la plus élevée ; là où les catholiques sont plus nombreux et où l’on prône en priorité l’abstinence et la fidélité - y compris dans les programmes gouvernementaux-, et le préservatif en dernier recours, le SIDA est en très nette baisse, comme au Burundi ou en Angola. Devant la partialité, voire la falsification de certains medias, les catholiques doivent aller à la source de l’information et communiquer autour d’eux par tous les moyens, à commencer par l’Internet.

Mais, en dernière analyse, il faut accepter de souffrir pour le nom du Christ et ne pas s’étonner de ces campagnes de dénigrement : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait » (Jn 15, 19). « Mais gardez courage, nous dit Jésus, j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).

+ Marc Aillet,
évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.

Source : site internet du Diocèse de Bayonne, Lescar et Oléron



Evêques de France : autres (et trop rares...) réactions :

Mgr Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié : « J'aime mon Eglise parce qu'elle porte l'Evangile »

Mgr Jean-Luc Brunin, évêque d'Ajaccio : « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance »

Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême : « Je souffre et j'espère pour l'Eglise »

Source : site internet de l'Eglise catholique en France


Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France :

"Nous avons encore eu un ouragan médiatique avec l'affaire montée à partir des propos du Pape dans l'avion qui le menait au Cameroun. La polarisation exclusive sur la question du préservatif a occulté tout le reste des propos du Pape sur la responsabilité humaine dans les relations sexuelles, sur le sida, ses paroles de compassion, sa demande de la gratuité des thérapies pour l'Afrique etc. Les discours importants prononcés par le Pape quand il a fait appel à des changements réels et profonds dans la vie publique et quand il a dénoncé une violence endémique ont été effacés. Les premiers intéressés, les Africains, évêques, hommes d'état et simples citoyens, ne se sont pas privés de dire ce qu'ils pensaient de cette campagne médiatique venue d'ailleurs. L'accueil réservé au Pape par les Africains suffisait à en témoigner."
Extrait du Discours d'ouverture de l'assemblée plénière des évêques de France, Lourdes, 31 mars 2009.

"La récente épreuve que nous venons de traverser nous a peut-être encouragés à revenir au cœur de la mission qui est la nôtre, sans nous laisser emporter et détourner de cette mission par la violence des polémiques. [...] Le Christ ne s'est pas présenté pour rallier les opinions majoritaires ou se conformer à la pensée correcte de son temps. Il est venu pour dévoiler une ambition plus haute : appeler les pécheurs à la conversion et à la sainteté.
Cet appel scandalisait ceux qui se croyaient justes dans leurs certitudes et qui prétendaient savoir ce qui est bon pour l'homme. Il faisait bondir de joie ceux qui étaient guéris et pardonnés et les entraînaient sur les chemins exigeants de l'amour. Aujourd'hui, nous sommes envoyés pour actualiser cet appel adressé à tout être humain de mener une vie digne de sa grandeur unique et pour susciter chez lui la confiance et l'espérance qu'il en est capable.
C'est ce que nous faisons quand nous invitons nos contemporains, et surtout les plus jeunes, à vivre une sexualité digne de la raison et de la responsabilité humaines en ne cédant pas au mythe de relations irresponsables, supposées sans risque, qui finissent par éteindre la joie de l'amour d'un homme et d'une femme et par le réduire à une conduite mortifère qui suscite l'angoisse.
[...] Dans nos diocèses, beaucoup ont été déstabilisés et troublés par les campagnes récentes. Nous voulons partager avec tous la confiance qui nous habite : notre Église n'est pas un bateau en perdition. Elle est animée et conduite par l'Esprit-Saint. Sa vitalité et son dynamisme dépendent de la communion que nous vivons avec le Christ ressuscité et de la communion que nous vivons avec tous nos frères à travers le monde. Nous, vos évêques, nous sommes en union étroite avec le Pape Benoît XVI à qui nous redisons notre affection et notre soutien sans faille.
Extrait du Discours de clôture de l'assemblée plénière des évêques de France, Lourdes, 3 avril 2009.



La doctrine catholique favorise-t-elle l'épidémie du SIDA ?
Des chiffres éloquents !

Pays
Religion majoritaire
% d'infection en 1991
% d'infection en 2001
Guinée équatoriale
Catholique
0,34
3,40
Gabon
Catholique
1,86
3,63
R.D. Congo
Catholique
4,57
4,90
Ouganda
Catholique
12,87
5,00
Angola
Catholique
1,10
5,50
Tanzanie
Catholique
4,16
7,80
Burundi
Catholique
9,85
8,30
Rwanda
Catholique
7,36
8,90
Cameroun
Animiste
1,34
11,80
Centrafrique
Animiste
6,18
12,90
Mozambique
Animiste
1,00
13,00
Kenya
Protestant
4,49
15,00
Malawi
Protestant
7,74
15,00
Afrique du Sud
Protestant
0,81
20,10
Zambie
Musulman
13,47
21,50
Namibie
Protestant
1,62
22,50
Lesotho
Protestant
0,35
31,00
Swaziland
Animiste
2,13
33,40
Zimbabwe
Animiste
13,25
33,70
Botswana
Animiste
5,13
38,80
       
Source : OMS 2001      


Dans son édition du 22 mars 2009, L'Osservatore Romano, le quotidien officiel du Saint-Siège, publie une étude sur les campagnes « ABC » de lutte contre le SIDA menées en Afrique subsaharienne. L'interview de frère Daniel Giusti, médecin pendant 30 ans en Ouganda, explique pourquoi, dans ce pays, la fréquence d'infection est passée de 15% en 91 à 5% en 2001.

L'OR : C'est donc l'unique stratégie efficace dans la lutte contre le SIDA en Afrique ?

Frère Giusti : Le préservatif a fonctionné dans des épidémies circonscrites et entre groupes particuliers : prostituées, homosexuels et drogués. Mais il n'en est pas de même en d'autres cas.

Dire que le préservatif est la stratégie la meilleure dans des épidémies mûres, c'est-à-dire répandues dans la population en général, c'est se fourvoyer.

Il faut tenir compte de l'expérience particulière faite en Ouganda et citée unanimement comme une des victoires dans la lutte contre le SIDA.

La campagne de conscientisation a été centrée sur le modèle abc. On demande l'abstinence aux personnes encore insuffisamment mûres pour exprimer leur sexualité (adolescents et jeunes), on préconise la fidélité avec le partenaire de préférence à la promiscuité pour les personnes sexuellement actives, et - pour ceux qui n'entrent pas dans ces deux premières catégories - l'utilisation du préservatif en remplacement. Le gouvernement ougandais a soutenu cette campagne en dépit de nombreuses pressions. C'est ce qui a permis de vaincre ce défi. Ceux qui soutiennent qu'on obtient des résultats par l'usage des préservatifs disent une chose fausse.

L'expérience sur le terrain dit le contraire. Le facteur principal de ce succès résulte de l'éducation et du changement de comportement.

L'OR : Quelle a été la réponse de la population ?

Frère Giusti : Nous avons constaté une hausse de l'âge du début d e la sexualité chez la population jeune, et une diminution du nombre de partenaires chez les personnes sexuellement actives. Ceci a causé un abaissement de ce qui prévalait, c'est-à-dire que le virus se transmet moins dans la population. Le préservatif a bien été utilisé, mais de façon dérisoire, et il n'a donc pas influencé de façon significative les résultats obtenus.

L'OR - En substance, l'éducation est-elle la vraie réponse à l'épidémie ?

Frère Giusti : L'éducation transmet une conception de la personne humaine qui aide au changement. On se fonde sur la fidélité et le bon sens de la personne. On explique ce que le risque comporte, ce qui le réduit et ce qui l'élimine. L'abstinence annule le risque dans les cas de transmission par voie sexuelle. C'est la stratégie la plus forte. Si l'on donne aux jeunes un message consistant, ils changent leur comportement sexuel. La fidélité dans le rapport sexuel réduit le risque. Si les deux partenaires sont fidèles, le risque est notablement réduit. L'usage du préservatif réduit le risque mais ne l'élimine pas.

L'OR : Que disent les grandes agences internationales engagées dans la lutte contre le SIDA ?

Frère Giusti : Par le passé, les agences internationales avaient épousé la ligne de l'usage du préservatif. Aujourd'hui, même si c'est en sourdine, la stratégie est en train de changer. L'expérience sur le terrain a démontré que dans les pays où l'on a tout misé sur le préservatif, on n'a pas obtenu - dans la population générale - des résultats aussi satisfaisants que ceux de l'Oug anda. La propagande pour l'usage du préservatif ne tient pas compte de la mentalité de la population ni de la manière dont celle-ci reçoit les messages.

Source : zenit.org



27 mars 2009

La diabolisation de Benoît XVI : la tyrannie médiatique à l'oeuvre


Amalgame, désinformation, insinuations malveillantes, répétition et orchestration des commentaires : la diabolisation du pape au moyen de la sidération médiatique est stupéfiante. Cette « médiabolisation » est d’autant plus forte qu’elle vient de loin.

Explications.

1/ D’abord, le cardinal Ratzinger n’était pas le candidat pape préféré de la classe médiatique. Instinctivement les faiseurs d’opinion se méfiaient de cet intellectuel et théologien brillant, attaché aux traditions. D’ailleurs le cardinal Ratzinger ne devint pape que parce qu’il prit rapidement la ferme décision de fermer aux médias l’accès aux assemblées préconciliaires, pour permettre aux évêques et aux cardinaux de préparer leur choix à l’abri (et à l’insu) du tumulte médiatique.
(voy. « L'Eglise entre immédiateté et éternité »
http://www.polemia.com/article.php?id=1044

2/ Le grand discours de Ratisbonne fut le deuxième point d’ « accrochage » du pape par la classe médiatique. En affirmant le rôle de la raison, le Saint-Père s’inscrivait en rupture avec un magistère purement émotionnel et par là même soumis à l’air du temps. Surtout, à Ratisbonne le pape s’est inscrit clairement dans l’helléno-christianisme en affirmant : « Est-ce seulement grec, de penser qu’agir contre la raison est en contradiction avec la nature de Dieu, ou est-ce une vérité de toujours et en soi ? Je pense qu’en cet endroit devient visible l’accord profond entre ce qui est grec, au meilleur sens du terme, et la foi en Dieu fondée sur la Bible. » En réaffirmant le rôle de la raison, en refusant la « déshellénisation », Benoît XVI s’inscrivait aussi dans la grande tradition européenne qui distingue profondément le christianisme des autres religions du livre.

En septembre 2006, à Ratisbonne, Benoît XVI souligna aussi, et sans concession inutile, l’opposition entre l’Occident et le monde musulman, entre l’islam et le christianisme : un discours qui lui valut l’hostilité de nombreux musulmans, bien sûr, mais aussi des « Turcs de profession » et, plus largement, du lobby « antiraciste » ainsi que des adversaires de l’hellénisme.
http://www.la-croix.com/documents/doc.jsp?docId=2280670&rubId=1306

3/ La levée des excommunications des évêques lefebvristes fut une nouvelle occasion de diaboliser le pape en lui reprochant cette fois les propos de Monseigneur Williamson sur la seconde guerre mondiale, propos qui pourtant ne relevaient pas du magistère de l’Eglise catholique et qui étaient sans rapport avec l’excommunication ou la levée de l’excommunication de cet évêque britannique (voy. « L’étrange affaire Williamson » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1862

En fait, par delà le prétexte choisi, le tollé contre la levée des excommunications s’explique doublement :

– par le rejet par l’hyperclasse mondiale de la tradition européenne et chrétienne ;
– par l’attachement des autorités et des institutions juives à Vatican II, à ses suites et à ses interprétations progressistes, s’agissant notamment du rapprochement des positions de l’Eglise catholique de celles du judaïsme.

4/ Le maintien d’une ligne rigoureuse de respect de la vie contre l’avortement et l’euthanasie suscite aussi des positions hostiles au pape. Car, même si sur ce plan Benoît XVI n’innove pas par rapport à Jean-Paul II, le débat s’est durci. Dans de nombreux pays de nouvelles lois visent à allonger les délais d’avortement et à remettre en cause la cellule familiale (l’union durable d’un homme et d’une femme avec leurs enfants). En s’opposant à ces dérives le pape se heurte aux groupes philosophiques, souvent maçonniques, qui y sont favorables et aux activistes du féminisme et des minorités sexuelles.

5/ Le dernier épisode de diabolisation du pape est lié à ses déclarations sur le sida lors de son voyage en Afrique, déclaration qu’il convient ici de rappeler :
« On ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs ; au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre ; et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent. »

Qu’un pape préconise la chasteté et la fidélité devrait paraître normal : sa mission est de rappeler les règles de la morale naturelle. Mais c’est justement cela qui lui est reproché au nom de la rupture avec les traditions et de la volonté de promouvoir une société purement individualiste reposant sur le principe de la jouissance sans entraves et sans règles.

C’est pour cela qu’avec ses propos le pape s’est aliéné les puissants lobbys –notamment homosexuels – qui militent pour la mise au ban de toutes les visions traditionnelles de la société.

6/ Globalement, de nombreuses forces se sont donc successivement conjuguées pour diaboliser le pape : la classe médiatique, des cercles islamiques, le lobby « antiraciste », les principales institutions juives, de nombreuses sociétés de pensée maçonniques et les groupes de pression homosexuels. Cela fait évidemment beaucoup !

Dans ces conditions il n’est pas surprenant que l’image du pape ait été abîmée. Au motif que Benoît XVI refusait d’inscrire ses actes et ses paroles dans le courant dominant des quarante dernières années certains ont parlé d’ « autisme ». Et beaucoup parmi les plus frileux des catholiques se sont désolidarisés du chef de l’Eglise pour mieux hurler avec les loups. Ceci ne doit pas surprendre, c’est le résultat normal d’une campagne de diabolisation : la tyrannie médiatique est si puissante qu’elle s’impose inévitablement aux esprits les moins formés intellectuellement et moralement (voy. « La tyrannie médiatique » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1729

Sans doute le pape aurait-il pu éviter tous ces soucis en se contentant de se promener en papamobile et de prononcer des discours à l’eau de rose. Mais aurait-il rempli sa mission ?

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, la diabolisation d’un homme ou d’une cause est rarement la conséquence de maladresses ; c’est plutôt le prix à payer pour la clairvoyance ou le courage. Ceux qui se taisent et se soumettent à l’air du temps et à l’opinion des puissants du moment ne risquent pas d’être diabolisés. Ceux qui font face, si ! Mais ce sont les hommes debout qui laissent une trace dans l’histoire.

Source : Polémia
26/03/09



Avril 2009

Irréductible opposition


Il y a d’abord eu la levée des excommunications des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X au moment même où étaient révélés les propos négationnistes de l’un d’eux et, aussitôt, Benoît XVI fut accusé de complaisance envers les « intégristes », voire envers le négationnisme. Puis survint le drame affreux de Recife et le ton est monté d’un cran contre l’Église accusée de pharisaïsme, de manque de compassion et ainsi de trahison du message évangélique. Enfin, l’acharnement a atteint son paroxysme avec les propos du pape sur le sida et le préservatif.

Lorsque nos moutons médiatiques ânonnent que le « pape pose un problème », ils feraient mieux de s’examiner eux-mêmes, car, ou incompétence ou malhonnêteté, ils se sont précipités sur un événement ou un mot sans jamais chercher à comprendre. Il fallait une bonne dose de mauvaise foi ou de bêtise pour croire que Benoît XVI aurait eu une quelconque indulgence à l’égard du négationnisme, qu’il aurait sacrifié les acquis du dialogue judéo-chrétien ou qu’un tel geste signifiât la remise en cause du Concile Vatican II. Il ne fallait rien connaître à l’affaire de Recife et au contexte brésilien pour accuser l’Église de manquer de compassion, quand on sait les efforts et la présence du P. Rodrigues, curé d’Alagoinha, auprès de la famille de la victime. Quant à la phrase de Benoît XVI sur le préservatif et le sida, il ne s’agit nullement d’une « maladresse », comme le répètent à satiété les imbéciles, mais d’une vérité que refusent obstinément d’admettre ceux pour lesquels la sacro-sainte licence sexuelle est un tabou intouchable.

Certes, on peut toujours critiquer des imperfections dans la « communication » de l’Église, certes, dans l’affaire du préservatif, on ne peut nier la manipulation, exercice classique de désinformation, où quelques mots, livrés en pâture au public, sont sortis de leur contexte pour permettre de crier au fou : il n’empêche que cela ne suffit pas à expliquer la hargne du monde intello-médiatique contre un seul homme et toute l’institution qu’il représente. Si les attaques ont atteint une telle violence, c’est parce que l’Église s’oppose, quasiment seule, avec un discours fort et cohérent, à la « culture de mort » qui cherche à étendre partout son hégémonie tyrannique. Ce n’est pas un hasard si l’avortement et le préservatif ont été au départ des dernières campagnes médiatiques. Le discours de l’Église pour la vie, pour la famille, pour l’amour vrai, sa compassion pour les plus faibles et les plus pauvres, chacun sent bien qu’il est exigeant mais accessible à toute âme de bonne volonté et qu’il est seul capable de sauver l’homme de lui-même et de la dérive relativiste mortifère de nos sociétés. La violence du monde politico-médiatique est donc une réaction de peur : peur de voir finir par s’imposer une vérité que l’on refuse et que l’on cache. Même si le pape n’avait pas évoqué le préservatif, le seul fait d’affirmer que la multiplication des « partenaires » – hétéro ou homosexuels – contribue plus que tout à étendre la pandémie du sida est déjà un scandale dans les médias, comme tout propos qui heurte le dogme intangible qui veut qu’on ne remette pas en cause la conception hédoniste – égoïste – et matérialiste de la vie humaine : le « bien » qui prime tout est la « liberté » individuelle de l’adulte de suivre son bon plaisir, le bien d’un tiers – enfant, société et bien commun – ne pouvant l’entraver.

Nos benêts parisiens pensent que le monde entier nous envie cette conception de la vie qu’ils assimilent à la « liberté ». En réalité, s’ils n’étaient pas aveuglés par leur nombrilisme, les deux affaires de Recife et du préservatif en Afrique auraient pu leur ouvrir les yeux et leur montrer combien les Sud-Américains et les Africains rejettent ce modèle « occidental » qui conduit à la mort, au lent suicide d’une civilisation – qui, de ce point de vue-là, n’a plus rien de judéo-chrétien. Une société qui a complètement perdu la tête au point de ne plus reconnaître de nature humaine (et donc de loi naturelle), de ne plus faire de différence entre l’homme et la femme, le père et la mère (cf. le projet de loi sur le statut de « beau-parent »), qui s’acharne à détruire la famille stable, seule cellule où puisse s’épanouir un petit d’homme, qui se méprise soi-même au point de cracher sur son histoire, de renier sa propre identité et d’abandonner sa souveraineté politique, est condamnée à mort. À ce stade de déliquescence intellectuelle, spirituelle et morale, ce n’est plus de réformes dont nous avons besoin, mais d’une profonde révolution mentale – une conversion – qui nous ouvre les yeux sur l’abîme où nous sommes tombés.

La virulence qui se manifeste contre le pape Benoît XVI et l’Église n’est pas prête de s’éteindre, car elle manifeste l’opposition irréductible entre l’anthropologie chrétienne et celle de l’idéologie dominante qui tend de plus en plus à ramener l’homme au rang de l’animal.

Christophe Geffroy, Directeur du mensuel catholique La Nef

Source : La Nef n°203 d'avril 2009 - la nef



02 avril 2009

Polémique, la chasse au pape Benoît XVI est ouverte dans la presse


Albert Londres nous l’avait bien dit, il faut « porter la plume dans la plaie ». Raconter ce que personne ne veut voir, n’ose dire, pour que le plus grand nombre le sache et que ceux qui mentent sans vergogne y réfléchissent à deux fois avant de le faire.
Voilà deux mois que chaque jour qui passe va son torrent de mensonges, de calomnies et d’insultes. Un homme, seul, les reçoit.

Il a 82 ans, il est le chef spirituel d’un milliard d’êtres humains, il s’exprime avec douceur et n’aime rien tant que les nuances du raisonnement. Il est, plus qu’aucun autre, un homme civilisé. Depuis qu’il étudie la théologie, il cherche les chemins qui croisent ceux de ses frères juifs. Son livre sur Jésus est en grande partie une conversation intellectuelle avec son ami, le rabbin Jacob Neusner. Il était enfant sous Hitler et a pris la mesure autrement que dans les livres, du totalitarisme nazi, des persécutions et de la tragédie inouïe de la Shoah. Négationniste, révisionniste, bavarois, allemand… sont les adjectifs qui doivent cependant apparaître dans les deux lignes qui précèdent ou suivent son nom.
Il a pu faire des discours à ce sujet lors des audiences du mercredi, publier des lettres reprises dans le monde entier, accepter avec humilité de s’expliquer: peine perdue, c’est écrit dans le marbre informatique des journaux et des télévisions. Des comiques qui n’ont pas peur de dénoncer l’intolérable le traînent dans la boue, des chroniqueurs l’insultent au petit matin, des hommes politiques autrefois connus se changent en théologiens, des catholiques autoproclamés “refont” le Vatican, des éditorialistes septuagénaires s’emportent et lui conseillent de raccrocher.

Cet homme est la délicatesse même. Tous ceux qui l’ont rencontré en témoignent. Son ouverture d’esprit ne fait pas de doute. Il peut s’entretenir des heures durant avec Jürgen Habermas, un philosophe athée, et, lorsqu’il a pris la parole au Collège des Bernardins au mois de septembre, c’était comme une insurrection de l’intelligence contre la tyrannie des conformismes et des idées reçues. Il n’est pas un homme de slogans, de convenances petites-bourgeoises et d’émotions standardisées. Il est maintenant coupable des malheurs d’une fillette de 9 ans, Cosette brésilienne que de nouveaux Thénardier (l’expression est de Gérard Leclerc) utilisent pour défendre leurs intérêts. La souffrance de cette gamine a été pillée au profit de tous les donneurs de leçons de la planète. Cet homme a préféré le silence plutôt que d’aller prendre un air compatissant au journal de 20 heures avant de se rendre à une première au théâtre. C’est un “ayatollah”, un monstre qui canoniserait des violeurs en série (Stéphane Guillon), un “autiste” et un cœur de pierre.

Comme l’Afrique souffre, cet homme s’y est rendu une semaine durant. Pas dans un palace pour ses vacances, ni dans un safari pour évacuer le stress de la vie citadine, non, il a voulu prendre le continent dans ses bras. Dans l’avion, il a répondu à la question d’un journaliste de France 2 sur le sida, avec intelligence et finesse, comme d’habitude. Ensuite, il a fait des centaines de kilomètres, il a vu des millions de fidèles, il a prononcé de magnifiques discours. Il a apaisé pour une semaine les souffrances des peuples meurtris. Peine perdue: il est contre le préservatif ! Il paraît même qu’il dit que ça donne le sida! C’est un irresponsable, un criminel, un génocidaire.

Il faut qu’il parte, se sont exclamés quelques-uns de mes confrères, bien accrochés à leur fauteuil, et d’ailleurs les sondages le disent. Impossible de dire autre chose, impossible d’entendre autre chose. Cet homme est dangereux, et il faudra qu’il paye. Ils sont rares à la télévision, à la radio, dans les journaux à ne pas avoir repris, hystériques, ces incantations. Il a fallu des blogs et des forums pour comprendre les faits, pour croiser l’information et prendre la mesure d’une gigantesque manipulation de masse qui a consisté à condamner un homme pour des idées qui ne sont pas les siennes, des actes qu’il n’a pas posés, des propos qu’il n’a pas tenus.

Je le regardais lors de la messe à Luanda, dans la chaleur suffocante, dire de sa voix presque timide la peine que lui cause la souffrance de l’Afrique : « Grand continent, si riche d’espérance […]. » Il était doux comme l’agneau et digne comme les princes. Tellement supérieur à cette coulée de boue qui voudrait salir sa soutane blanche. Rien, chez lui, ne correspondait à ce que je lis, ce que je vois et ce que j’entends. Il nous montrait comment se tient un homme face aux loups.
Je dois l’avouer : j’avais honte d’être journaliste.

Vincent Tremolet de Villers, journaliste

Source : Valeurs Actuelles



03 avril 2009

« Les meilleurs données dont nous disposons confirment les propos du pape. »
Edward C. Green
, anthropologue médical, spécialiste des épidémies en Afrique, directeur de recherche sur la prévention du Sida à l’université de Harvard (USA)


Edward C. Green a publié plusieurs enquêtes et méta-études sur le développement de l’épidémie du HIV. L'Association pour la Fondation de Service politique présente son dernier article en date, « A framework sexual partnerships : risks and implications for Hiv prevention in Africa », publié en mars 2009, en collaboration avec trois autres spécialistes de la question (T. L. Mah, A. Ruark et N. Hearst). Cette analyse s’appuie sur plus d’une cinquantaine d’études, dont certaines sont très récentes.

En voici les grands titres :
Pourquoi une telle épidémie en Afrique sub-saharienne ?
Un réseau de relations multiples qui favorise le virus
Les limites de la promotion du préservatif
La fidélité, meilleure arme contre la pandémie
Changer de stratégie globale
Remettre la personne au centre

A lire sur Liberté politique.com, le site internet de la Fondation.



11 avril 2009

« Le discours de Benoît XVI sur le préservatif est tout simplement réaliste »
Tony Anatrella, psychanalyste, Michele Barbato, gynéco-obstétricien de Milan, Jokin de Irala, médecin épidémiologiste, René Ecochard, professeur de médecine, épidémiologiste


Ce « Point de vue » paru dans le journal Le Monde est une réponse à la « Lettre ouverte à Benoît XVI » publiée le 24 mars 2009, au terme du voyage de Benoît XVI au Cameroun et en Angola, et contenant de lourdes accusations.

« Le discours de Benoît XVI sur le préservatif est tout simplement réaliste »

A la lecture de votre lettre adressée à Benoît XVI, dans Le Monde du 25 mars, nous nous demandons s'il est encore possible de réfléchir sur le sens de la sexualité humaine, des comportements et des modèles sexuels qu'une société génère, sans être aussitôt sommé de se taire, au nom d'une vision purement technologique en la matière et qui, au reste, ne prend pas en compte toutes les études épidémiologiques.

Aujourd'hui, un groupe de mots prononcés par Benoît XVI est retenu et discuté dans les médias : "(...) cela risque d'augmenter le problème." Il ne s'agit pas p our le pape d'examiner les éventuelles défaillances de l'objet prophylactique suite à des ruptures ou dérobades, ni d'évoquer sa résistance et l'hypothèse de sa porosité.

Le problème ne porte pas sur cet aspect, que doivent continuer de traiter les laboratoires de fabrication et les médecins. Le préservatif est bien la technologie la plus efficace. Mais il n'est pas la mesure préventive la plus efficace. En effet, dans de nombreux pays d'Afrique, la proportion des personnes porteuses du virus est trop élevée pour que l'épidémie soit freinée par le préservatif seul.

Bien des épidémiologistes travaillant dans le domaine de la lutte contre l'épidémie du VIH en Afrique s'étonnent du manque d'information que révèlent les prises de positions contre la déclaration du pape. Par exemple, Edward Gr een, directeur du Aids Prevention Research Project (APRP) de l'université de Harvard, lors d'une interview dit, en parlant de l'Afrique : "Théoriquement, le préservatif devrait marcher, et théoriquement, une utilisation du préservatif devrait conduire à de meilleurs résultats que pas d'utilisation. Mais cela, c'est théorique... Nous ne trouvons pas d'association entre une utilisation plus fréquente du préservatif et une réduction des taux de contamination par le VIH" ("Harvard Researcher Agrees with Pope on Condoms in Africa", Catholic News Agency, mars 2009).

Il n'y a aucun pays avec une épidémie généralisée qui ait réussi à baisser la proportion de la population infectée par le VIH grâce aux campagnes centrées sur l'utilisation du seul préservatif. Les cas de baisse de la transmission du VIH publi&eac ute;s dans la littérature scientifique sont associés à la mise en oeuvre de "l'abstinence" et de "la fidélité" en plus des préservatifs dans la triade ABC, abstinence (A), fidélité (B, pour Be faithful - sois fidèle) et utilisation de préservatifs (C, pour condom).

En d'autres termes, seuls les programmes qui ont sérieusement recommandé le retard de l'activité sexuelle des jeunes et la monogamie mutuelle (ce que les chrétiens appellent la fidélité) ont été couronnés de succès. C'est ce qu'a illustré la fameuse étude portant sur l'Ouganda ("Population-Level HIV Declines and Behavioral Risk Avoidance in Uganda", Rand L. Stoneburner et Daniel Low-Beer, Science, 30 avril 2004 ; "Reassessing HIV Prevention", M. Potts, D. Halperin et al. Science, 9 mai 2008).

Les seuls pays qui ont réussi à baisser la prévalence sont ceux qui ont introduit A et B dans tous les secteurs de la société, l'école, l'entreprise, l'université, les médias, les églises ("The Time Has Come for Common Ground on Preventing Sexual Transmission of HIV", D. Halperin, M.J. Steiner, M.M. Cassell, E.C. Green, N. Hearst, D. Kirby, H.D. Gayle, W. Cates, Lancet, novembre-décembre 2004).

L'Eglise catholique propose A et B depuis toujours. Les spécialistes de l'épidémiologie soulignent que l'abstinence et la fidélité ont jusqu'à ce jour évité 6 millions de morts en Afrique.

Le pape fait remarquer que "nous risquons d'aggraver le problème" du sida si les programmes de prévention s'appuient seulement sur les préservatifs. Ceci aussi est l'état des connaissances en matière de santé publique et d'épidémiologie. Les programmes de prévention centrés sur le préservatif donnent un message inadapté à la population en général et en particulier aux jeunes. Ils véhiculent le message : "Tout ce que vous faites avec le sexe est en toute sécurité, sans risque, tant que vous utilisez des préservatifs."

Ce qui est faux. En effet, ce type de campagne mène généralement à un phénomène de compensation des risques. Si les gens se sentent en sécurité à 100 % aussi longtemps qu'ils utilisent des préservatifs, ils ont tendance à prendre plus de risques. Par exemple, les jeunes qui ne sont pas encore engagés dans des rapports sexuels commencent à le faire, ou ceux qui ont des rapports sexuels, commencent à avoir plus de partenaires - exactement ce dont le VIH a besoin pour se propager.

Ce phénomène de compensation des risques a été largement décrit dans la littérature scientifique. Des études ont notamment été conduites sur des échantillons représentatifs de la jeunesse aux Philippines, au Salvador, ou encore en Espagne. Dans chacun de ces cas, les jeunes qui croient que les préservatifs sont efficaces à 100 % ont tendance à avoir des rapports sexuels plus tôt, un phénomène de compensation des risques classique.

Le discours du pape est réaliste et juste : il nous interroge sur une vision de la prévention limitée au seul préservatif. Il adopte un point de vue anthropologique et moral, compréhensible par tous, pour critiquer une orientation uniquement technologique qui, à elle seule, n'est pas en mesure de juguler la pandémie, comme l'a noté aussi en son temps l'ONU. En l'espac e de vingt-cinq ans, ces campagnes centrées sur le préservatif n'ont pas réussi à la réduire. Le discours exclusivement technologique se comprend si l'on choisit de refuser l'abstinence et la fidélité.

Cependant, une autre approche doit également être proposée, qui fait davantage appel au sens de la conscience humaine et de la responsabilité ; en réalité il s'agit d'une démarche pédagogique concernant le sens des comportements sexuels. Mais cette perspective, on s'en aperçoit, est difficilement entendue actuellement dans le discours social collé à une pensée pragmatique. Le préservatif est devenu une sorte de tabou incritiquable, un fétiche, qui devrait, curieusement, participer à la définition de la sexualité. N'est-ce pas une façon cynique de masquer des interrogations ? Faut-il en venir à l'idée que le préservatif protège de tout même de la pensée ?

Réfléchir sur les comportements sexuels devient à ce point douloureux que cela provoque l'ire de nombreux militants et idéologues en la matière. En ce sens, les propos du pape ne sont pas "régressifs" ; au contraire ils nous sortent de la régression et nous invitent à nous confronter aux faits et aux enjeux.

Le pape, lui, parle des hommes et de leur vie. Ce que les médias européens taisent, les Africains ont su l'entendre lors de son voyage. Les Africains dénoncent la partialité des médias occidentaux en affirmant qu'une fois de plus on leur vole leur histoire, leurs ressources et leur vie, en les envahissant avec une idéologie comportementale qui bouleverse leurs cultures.

Ce sont des attitudes morales qui humanisent l'expression sexuelle. Le préservatif, comme moyen de prévention dans la lutte contre le sida, n'est ni un principe de vie, ni une façon de personnaliser et d'humaniser la sexualité, ni même la seule finalité de la prévention. Quand une démarche d'éducation au sens de la responsabilité, au sens de la sexualité vécue dans le respect de soi et de l'autre et au sens de l'engagement et de la fidélité n'est pas présentée. L'excès de dérégulation financière nous conduit à une impasse. Que résultera-t-il d'un abandon des références morales de la sexualité ?

Tony Anatrella, psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale et consulteur du Conseil Pontifical pour la Santé ;

Michele Barbato, gynéco-obstétricien de Milan, président de l'Institut européen d'éducation familiale ;

Jokin de Irala, médecin épidémiologiste, docteur de l'université du Massachusetts, coauteur du livre "Avoiding Risk, Affirming Life", à paraître aux Etats-Unis, directeur adjoint du département de médecine préventive et de santé publique à l'université de Navarre, Espagne ; René Ecochard, professeur de médecine, épidémiologiste, chef de service de biostatistique du CHU de Lyon ;

Dany Sauvage, présidente de la Fédération africaine d'action familiale.

Source : Le Monde, 11 avril 2009



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