« La première chose qui nous frappe dans les douleurs de la sainte Vierge, c'est leur immensité, non dans le sens littéral, mais dans le sens que nous donnons ordinairement à ce mot, en l'appliquant à des choses créées. [...] Elle voit sa nature humaine, et elle est la Mère, la Mère au-dessus de toutes les autres mères, aimant comme jamais mère n'aima, comme toutes les mères ensemble ne pourraient aimer si elles pouvaient unir leurs myriades d'amours dans le plus énergique et le plus indicible des actes. Il est son Fils, et quel Fils ! et de quelle merveilleuse manière ! Il est son trésor et son tout. Quelle source de misères aiguës, vives, mortelles, incomparables il y avait dans cette contemplation ! Et cependant il y avait encore bien plus que cela : il y avait la nature divine du Sauveur. [...] Il est inutile de songer à donner un nom à une misère telle qui submergeait l'âme de Marie... Nul martyre ne fut jamais égal à celui-là, et l'on ne saurait lui comparer aucun nombre donné de martyres. C'est une somme de douleurs, que des unités matérielles, indéfiniment ajoutées ensemble et multipliées les unes par les autres, ne pourraient jamais former ; c'est une question de genre aussi bien que de degré, et les douleurs de Marie étaient d'un genre qui a seulement certaines affinités avec d'autres genres de douleurs, mais qui est simplement sans nom, si ce n'est celui que lui donnent les fidèles enfants de l'Eglise : les douleurs de Marie. » R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie, Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862. |
00:00 "Stabat Mater Dolorosa" 04:39 "Cujus animam gementem" 07:47 "O quam tristis et afflicta" 10:22 "Quae moerebat et dolebat" 13:12 "Quis est homo"—"Pro peccatis suae gentis..." 16:14 "Vidit suum dulcem natum" 19:48 "Eja mater fons amoris" 22:42 "Fac ut ardeat cor meum" 25:23 "Sancta mater, istud agas" 31:22 "Fac ut portem Christi mortem" 35:06 "Inflammatus et accensus" 37:57 "Quando corpus morietur" —"Amen..." |
Stabat Mater dolorósa Iuxta Crucem lacrimósa, Dum pendébat Fílius. Cuius ánimam geméntem, Contristátam et doléntem Pertransívit gládius. O quam tristis et afflícta Fuit illa benedícta Mater Unigéniti ! Quæ mærébat et dolébat, Pia Mater, dum vidébat Nati poenas íncliti. Quis est homo, qui non fleret, Matrem Christi si vidéret In tanto supplício ? Quis non posset contristári, Christi Matrem contemplári Doléntem cum Fílio ? Pro peccátis suæ gentis Vidit Iesum in torméntis Et flagéllis súbditum. Vidit suum dulcem Natum Moriéndo desolátum, Dum emísit spíritum. Eia, Mater, fons amóris, Me sentíre vim dolóris Fac, ut tecum lúgeam. Fac, ut árdeat cor meum In amándo Christum Deum, Ut sibi compláceam. Sancta Mater, istud agas, Crucifixi fige plagas Cordi meo válida. Tui Nati vulneráti, Tam dignáti pro me pati, Poenas mecum dívide. Fac me tecum pie flere, Crucifíxo condolére, Donec ego víxero. Iuxta Crucem tecum stare Et me tibi sociáre In planctu desídero. Virgo vírginum præclára. Mihi iam non sis amára : Fac me tecum plángere. Fac, ut portem Christi mortem, Passiónis fac consórtem Et plagas recólere. Fac me plagis vulnerári, Fac me Cruce inebriári Et cruóre Fílii. Flammis ne urar succénsus, Per te, Virgo, sim defénsus In die iudícii. Christe, cum sit hinc exíre. Da per Matrem me veníre Ad palmam victóriæ. Quando corpus moriétur, Fac, ut ánimæ donétur Paradísi glória. Amen. Allelúia. |
Debout, la Mère des douleurs, Près de la croix était en larmes, Quand son Fils pendait au bois. Alors, son âme gémissante, Toute triste et toute dolente, Un glaive le transperça. Qu’elle était triste, anéantie, La femme entre toutes bénie, La Mère du Fils de Dieu ! Dans le chagrin qui la poignait, Cette tendre Mère pleurait Son Fils mourant sous ses yeux. Quel homme sans verser de pleurs Verrait la Mère du Seigneur Endurer si grand supplice ? Qui pourrait dans l’indifférence Contempler en cette souffrance La Mère auprès de son Fils ? Pour toutes les fautes humaines, Elle vit Jésus dans la peine Et sous les fouets meurtri. Elle vit l’Enfant bien-aimé Mourir tout seul, abandonné, Et soudain rendre l’esprit. Ô Mère, source de tendresse, Fais-moi sentir grande tristesse Pour que je pleure avec toi. Fais que mon âme soit de feu Dans l’amour du Seigneur mon Dieu : Que je lui plaise avec toi. Mère sainte, daigne imprimer Les plaies de Jésus crucifié En mon cœur très fortement. Pour moi, ton Fils voulut mourir, Aussi donne-moi de souffrir Une part de ses tourments. Donne-moi de pleurer en toute vérité, Comme toi près du crucifié, Tant que je vivrai ! Je désire auprès de la croix Me tenir, debout avec toi, Dans ta plainte et ta souffrance. Vierge des vierges, toute pure, Ne sois pas envers moi trop dure, Fais que je pleure avec toi. Du Christ fais-moi porter la mort, Revivre le douloureux sort Et les plaies, au fond de moi. Fais que ses propres plaies me blessent, Que la croix me donne l’ivresse Du sang versé par ton Fils. Je crains les flammes éternelles ; O Vierge, assure ma tutelle A l’heure de la justice. Ô Christ, à l’heure de partir, Puisse ta Mère me conduire À la palme des vainqueurs. À l’heure où mon corps va mourir, À mon âme, fais obtenir La gloire du paradis. Amen. Alléluia. |