Au fil des jours ... en 2021





Mercredi 15 septembre 2021

Notre-Dame des Douleurs

James Tissot, La mort de Jésus

James Tissot (1836-1902), La mort de Jésus



Notre-Dame des Douleurs

« La première chose qui nous frappe dans les douleurs de la sainte Vierge, c'est leur immensité, non dans le sens littéral, mais dans le sens que nous donnons ordinairement à ce mot, en l'appliquant à des choses créées. [...]

Elle voit sa nature humaine, et elle est la Mère, la Mère au-dessus de toutes les autres mères, aimant comme jamais mère n'aima, comme toutes les mères ensemble ne pourraient aimer si elles pouvaient unir leurs myriades d'amours dans le plus énergique et le plus indicible des actes. Il est son Fils, et quel Fils ! et de quelle merveilleuse manière ! Il est son trésor et son tout. Quelle source de misères aiguës, vives, mortelles, incomparables il y avait dans cette contemplation ! Et cependant il y avait encore bien plus que cela : il y avait la nature divine du Sauveur. [...]

Il est inutile de songer à donner un nom à une misère telle qui submergeait l'âme de Marie... Nul martyre ne fut jamais égal à celui-là, et l'on ne saurait lui comparer aucun nombre donné de martyres. C'est une somme de douleurs, que des unités matérielles, indéfiniment ajoutées ensemble et multipliées les unes par les autres, ne pourraient jamais former ; c'est une question de genre aussi bien que de degré, et les douleurs de Marie étaient d'un genre qui a seulement certaines affinités avec d'autres genres de douleurs, mais qui est simplement sans nom, si ce n'est celui que lui donnent les fidèles enfants de l'Eglise : les douleurs de Marie. »

R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie, Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862.

José de Ribera (1591-1652), Mater Dolorosa

José de Ribera (1591-1652), Mater Dolorosa
Museumslandschaft Hessen Kassel, Cassel, Allemagne

(Crédit photo)





Giovanni Battista Pergolesi : Stabat Mater (1736)
London Symphony Orchestra - Dir. Claudio Abbado (1985)
Margaret Marshall, soprano ; Lucia Valentini Terrani, contralto

(si la lecture vidéo est impossible, merci de cliquer ICI)

00:00 "Stabat Mater Dolorosa"
04:39 "Cujus animam gementem"
07:47 "O quam tristis et afflicta"
10:22 "Quae moerebat et dolebat"
13:12 "Quis est homo"—"Pro peccatis suae gentis..."
16:14 "Vidit suum dulcem natum"
19:48 "Eja mater fons amoris"
22:42 "Fac ut ardeat cor meum"
25:23 "Sancta mater, istud agas"
31:22 "Fac ut portem Christi mortem"
35:06 "Inflammatus et accensus"
37:57 "Quando corpus morietur" —"Amen..."

Stabat Mater dolorósa
Iuxta Crucem lacrimósa,
Dum pendébat Fílius.

Cuius ánimam geméntem,
Contristátam et doléntem
Pertransívit gládius.

O quam tristis et afflícta
Fuit illa benedícta
Mater Unigéniti !

Quæ mærébat et dolébat,
Pia Mater, dum vidébat
Nati poenas íncliti.

Quis est homo, qui non fleret,
Matrem Christi si vidéret
In tanto supplício ?

Quis non posset contristári,
Christi Matrem contemplári
Doléntem cum Fílio ?

Pro peccátis suæ gentis
Vidit Iesum in torméntis
Et flagéllis súbditum.

Vidit suum dulcem
Natum Moriéndo desolátum,
Dum emísit spíritum.

Eia, Mater, fons amóris,
Me sentíre vim dolóris
Fac, ut tecum lúgeam.

Fac, ut árdeat cor meum
In amándo Christum Deum,
Ut sibi compláceam.

Sancta Mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
Cordi meo válida.

Tui Nati vulneráti,
Tam dignáti pro me pati,
Poenas mecum dívide.

Fac me tecum pie flere,
Crucifíxo condolére,
Donec ego víxero.

Iuxta Crucem tecum stare
Et me tibi sociáre
In planctu desídero.

Virgo vírginum præclára.
Mihi iam non sis amára :
Fac me tecum plángere.

Fac, ut portem Christi mortem,
Passiónis fac consórtem
Et plagas recólere.

Fac me plagis vulnerári,
Fac me Cruce inebriári
Et cruóre Fílii.

Flammis ne urar succénsus,
Per te, Virgo, sim defénsus
In die iudícii.

Christe, cum sit hinc exíre.
Da per Matrem me veníre
Ad palmam victóriæ.

Quando corpus moriétur,
Fac, ut ánimæ donétur
Paradísi glória. Amen. Allelúia.
Debout, la Mère des douleurs,
Près de la croix était en larmes,
Quand son Fils pendait au bois.

Alors, son âme gémissante,
Toute triste et toute dolente,
Un glaive le transperça.

Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu !

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice ?

Qui pourrait dans l’indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils ?

Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.

Elle vit l’Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l’esprit.

Ô Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.

Fais que mon âme soit de feu
Dans l’amour du Seigneur mon Dieu :
Que je lui plaise avec toi.

Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.

Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.

Donne-moi de pleurer en toute vérité,
Comme toi près du crucifié,
Tant que je vivrai !

Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.

Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.

Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.

Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l’ivresse
Du sang versé par ton Fils.

Je crains les flammes éternelles ;
O Vierge, assure ma tutelle
A l’heure de la justice.

Ô Christ, à l’heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
À la palme des vainqueurs.

À l’heure où mon corps va mourir,
À mon âme, fais obtenir
La gloire du paradis. Amen. Alléluia.



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