« Seigneur, vous entrez aujourd'hui dans le repos divin et éternel qui vous était si bien dû après tant de travaux ; vous prenez possession de votre trône comme roi des rois, de votre tribunal comme juge des vivants et des morts ; dans le ciel vous êtes l'égal de Dieu, étant Dieu vous-même. Et, chose admirable ! dans cette haute position, vous n'oubliez point les hommes dont vous avez revêtu la nature. De peut que notre fragilité ne nous fasse perdre la place que votre amour nous a ménagée, vous vous constituez devant votre Père notre avocat, notre pontife, notre chef. Comme notre avocat, vous plaidez sans cesse notre cause par la voix de toutes vos plaies, par tous les battements de votre coeur (1) ; sans cesse vous vous présentez pour nous devant la face de Dieu (2). Lorsque la faiblesse nous a entraînés au péché, vous intervenez pour prendre notre défense ; de notre cause vous faites la vôtre, et vous prouvez par votre sang versé, qui parle mieux que celui d'Abel, que miséricorde doit nous être faite (3). Comme notre pontife, vous vous offrez sans cesse pour nous en sacrifice (4). Enfin, comme notre chef, vous nous attirez à vous : car il faut que les membres suivent le chef. Vous êtes notre précurseur (5), et le seriez-vous si nous ne devions pas vous suivre ? Vous êtes cet aigle mystérieux qui vole au-dessus de ses petits pour les exciter par son exemple à prendre leur essor vers le soleil (6). Seigneur, attirez-moi à vous par vos grâces, par vos charmes, vos beautés, vos perfections qui ravissent les anges. Oh ! qu'il me tarde de vous voir dans la splendeur de votre gloire et d'entrer dans ce beau ciel où l'on ne peut plus vous offenser, où l'on vous aime toujours ! » 1. Hebr. VII, 25. - 2. Hebr. IX, 24. - 3. I Joan. II, 1, 2. - 4. Hebr. VIII, 1 sq. & Hebr. IV, 14. - 5. Hebr. VI, 20. - 6. Deut. XXXII, 11. Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, L'Ascension), Paris, Victor Lecoffre, 1886. |