"Le pape ne veut pas bouleverser la structure actuelle du Rosaire, qui, on le sait, contemple les Mystères joyeux, pour ainsi dire, les mystères de l'origine, de l'Annonciation, de la Visitation de Marie, de la Nativité du Christ, Mystères de joie, même si les deux derniers, la Présentation de Jésus au Temple et le Recouvrement de Jésus au Temple font déjà allusion à la Passion du Christ et au mystère de la Croix; les Mystères douloureux, qui se concentrent sur l'histoire de la Passion et de la mort de Jésus, et enfin, les Mystères glorieux, qui partent de la Résurrection et arrivent à la contemplation de la première créature dans la gloire du Ciel, Marie, couronnée Reine du ciel et de la terre, aux côtés de son Fils. Le pape, sans bouleverser ce cadre des Mystères traditionnels, ajoute cinq autres mystères, qu'il appelle Mystère de la Lumière. Pourquoi les appelle-t-il ainsi ? Parce que Jésus-Christ est La Lumière du monde, selon l'invocation de la veillée pascale, et dans sa vie publique, Jésus rayonne de la lumière de la Révélation pleine et définitive sur Dieu, sur l'homme, sur le cosmos, et sur les destins du monde. Quels sont ces nouveaux mystères de la Lumière ? Avant tout le Baptême de Jésus au Jourdain, durant lequel le Père, du Ciel dit : "Voici mon Fils, en qui j'ai mis ma complaisance" : c'est la révélation de la mission du Fils de Dieu. Puis la révélation de Jésus thaumaturge aux Noces de Cana et le miracle des Noces de Cana, et avec ce miracle (qui n'est pas seulement un miracle matériel, la transformation de l'eau en vin, mais le signe de la transfiguration et de la sanctification de toute la réalité créée et surtout de la personne humaine transfigurée par le Fils de Dieu) suscite la foi des disciples, la foi dans le vrai Dieu. Le troisième mystère est l'annonce du Règne de Dieu par des paraboles et des signes de salut. Par conséquent d'une certaine façon, la vie publique de Jésus est un Mystère en soi, la prédication même de Jésus. Le quatrième Mystère est la Transfiguration de Jésus, qui est traditionnellement située sur le Mont Thabor. Et enfin, le cinquième Mystère, c'est l'Institution de l'Eucharistie, comme don pascal de Jésus, et comme Sacrement qui rassemble et condense tous les Sacrements du salut donnés par le Christ à l'Eglise pour le salut de l'humanité. Dans ce document sur le Rosaire le pape redonne sa pleine valeur à cette prière, qui est une prière christologique, et comme nous le savons par expérience lorsque nous récitons le Saint Rosaire avec dévotion, elle dit cette parole : "Béni est le Fruit de ton sein, Jésus". Jésus unit la première partie et la seconde partie de l'Ave Maria. Et c'est justement entre la seconde et la première partie que le pape reconnaît la validité et la bonté d'une tradition de nombreux groupes de prière d'ajouter au nom de Jésus, qui est au centre, au cœur du Rosaire, Jésus qui a été annoncé, Jésus qui a été crucifié pour nous, Jésus qui est mort pour nous…, et donc, qualifier en quelques mots brefs le Mystère que l'on contemple, et que l'on médite. Et il veut aussi célébrer l'adoration trinitaire avec le Gloire au Père et par d'autres oraisons jaculatoires qui accompagnent habituellement la récitation du chapelet. Mais Jean-Paul II indique aussi deux intentions particulières, surtout pour cette année du Rosaire : la paix et la famille. Pour ce qui concerne la paix, le rosaire a toujours accompagné les moments tragiques et dramatiques de l'histoire de l'Eglise et de l'histoire de l'humanité avec une supplication fervente à Marie, appelée Reine de la Paix. En ce moment historique précis, le pape invite donc à implorer le don de la paix pour toute l'humanité, et surtout dans la terre de Jésus. Et puis la prière en famille, la prière pour les familles : le Rosaire est traditionnellement une prière des familles chrétiennes. Le pape veut relancer le Rosaire comme prière de la famille réunie dans la louange de Dieu, dans la prière d'intercession. Le Saint Père entend donc faire prier pour les familles, afin que la famille soit reconnue dans son projet intégral, d'amour indissoluble et fidèle, selon le projet de Dieu. Comme nous le savons, et comme il l'a expliqué lui-même, le Saint-Père aime beaucoup la prière du Rosaire et il a avoué, lui-même, il l'écrit dans cette Lettre, que le Rosaire est sa "prière préférée, prière merveilleuse dans sa simplicité et dans sa profondeur". C'est une prière qui l'a accompagné au cours des difficultés de sa vie, surtout comme archevêque de Cracovie, lorsqu'il montait au Mont Kalwaria (il l'a lui même rappelé au cours de son dernier voyage en Pologne), pour confier à la Vierge son combat pour la vérité, pour la liberté religieuse et pour la foi de son peuple. Il a alors ressenti le besoin, au début de sa 25e année de pontificat, d'offrir sa méditation sur le Rosaire, dans le sillage des souverains pontifes qui ont tellement recommandé cette prière. Une occasion, je dirais, "chronologique", est le 120e anniversaire d'un document de Léon XIII qui a écrit de nombreuses Lettres sur le Saint Rosaire. Ce 120e anniversaire tombe en 2003, et donc dans un certain sens, le pape prépare l'année 2003 qu'il a voulu appeler Année du Saint Rosaire, d'octobre 2002 à octobre 2003. La réflexion de Jean-Paul II rappelle les concepts déjà exprimés par les papes sur cette prière spécifique du second millénaire. Une prière mariale, mais qui a un cœur christologique, comme l'a dit Paul VI dans "Marialis Cultus" et comme le répète Jean-Paul II dans cette Lettre apostolique. Elle a un cœur christologique, parce qu'elle évoque dans un sens contemplatif les mystères de la vie, de la mission du Christ, enveloppés dans l'horizon de la mission de Marie, Mère du Christ, Mère de l'Eglise, principale coopératrice de l'Oeuvre de la rédemption, à l'aube du Christianisme. Le pape souligne la nature contemplative de cette prière, qui n'est pas en elle-même une prière liturgique, mais qui prépare à la prière liturgique et au caractère central du Christ dans la célébration liturgique: le centre du Rosaire c'est justement le Christ, et Marie accompagne et inspire notre prière, prie avec nous et nous conduit au Christ, Unique et Universel Sauveur." Source : site du Vatican, relayé par l'Agence Zenit.org. |