France Fille aînée de l'Eglise


"La France tombera très bas. Plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil […]. Il n'y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu et criera vers Lui, et c'est la Sainte Vierge qui viendra la sauver. La France retrouvera alors sa vocation de Fille aînée de l'Eglise, elle sera le lieu de la plus grande effusion de l'Esprit Saint, et elle enverra à nouveau des missionnaires dans le monde entier."
Marthe Robin en 1936, cité in "France réveille-toi", p.178 (éd. L'Icône de Marie).


Textes fondateurs - Appels des Papes - Prières


Grégoire IX
Léon XIII
St Pie X
Pie XI
Pie XII
St Jean-Paul II



Grégoire IX


"Ainsi, Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif, le royaume de France est le royaume de Dieu ; les ennemis de la France sont les ennemis du Christ.
De même qu'autrefois la tribu de Juda reçut d'en-haut une bénédiction toute spéciale parmi les autres fils du patriarche Jacob ; de même le Royaume de France est au-dessus de tous les autres peuples, couronné par Dieu lui-même de prérogatives extraordinaires.
La tribu de Juda était la figure anticipée du royaume de France.

Grégoire IX, Lettre à Saint Louis.
Cité par saint Pie X, discours pour la béatification de Jeanne d'Arc, 13 décembre 1908.




Léon XIII


"Souvent nous disons en nous-mêmes : non, le Bon Dieu n'abandonnera pas un peuple qui ne se lasse pas de donner au monde de si éclatants témoignages de sa fidélité à son Eglise, de son amour filial au vicaire du céleste Rédempteur.
Voilà pourquoi il importe, très chers enfants, pour le bien de votre patrie, comme pour celui de la religion, que vous continuiez à hardiment professer votre foi et votre union avec ce saint apostolique ; foi et union qui ont valu jadis à la France le titre glorieux de fille aînée de l'Eglise. Et ce titre glorieux, vous ne le perdrez jamais, pourvu que vous vous efforciez toujours de disposer des trésors de la Grâce, dont le Seigneur vous comble, en faveur de la Justice et de la Vérité."

Léon XIII, discours aux pèlerins français, 2 mai 1879.


"La très noble nation française, par les grandes choses qu'elle a accomplies dans la paix et dans la guerre, s'est acquis envers l'Eglise catholique des mérites et des titres à une reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s'éteindra pas. Embrassant de bonne heure le christianisme à la suite de son roi Clovis, elle eut l'honneur d'être appelée fille aînée de l'Eglise, témoignage et récompense tout ensemble de sa foi et de sa piété. Souvent, dès ces temps reculés, vénérables frères, vos ancêtres, dans de grandes et salutaires entreprises, ont paru comme les aides de la Divine Providence elle-même. Mais ils ont surtout signalé leur vertu en défendant par toute la terre le nom catholique, en propageant la foi chrétienne parmi les nations barbares, en délivrant et protégeant les saints lieux de Palestine, au point de rendre à bon droit proverbial ce mot des vieux temps : Gesta Dei per Francos. Aussi leur est-il arrivé, grâce à leur fidèle dévouement à l'Eglise catholique, d'entrer comme en partage de ses gloires et de fonder des œuvres publiques et privées où se manifeste un admirable génie de religion, de bienfaisance, de magnanimité.
Les pontifes romains, nos prédécesseurs, se sont plus à louer ces vertus de vos pères, et, en récompense de leurs mérites, à relever le nom français par de fréquents éloges. Très honorables sont pour votre nation les témoignages que lui ont rendus Innocent III et Grégoire IX, ces lumières éclatantes de l'Eglise ; le premier, dans une lettre adressée à l'archevêque de Reims, disait : Nous avons pour le royaume de France une amitié particulière ; parce que, plus que tous les royaumes de la terre, il a été de tous temps attentif et dévoué au Siège apostolique et à nous. Le second, dans une épître à Louis, affirmait que, dans le royaume de France, dont aucun malheur n'a pu ébranler le dévouement à Dieu et à l'Eglise, jamais n'a péri la liberté ecclésiastique, jamais la foi chrétienne n'a perdu sa vigueur. Pour conserver ces biens, les rois et les peuples de ce pays n'ont même pas hésité à verser leur sang et s'exposer aux derniers périls. Et comme Dieu, père des peuples, rend dès ce monde aux nations la récompense de leurs vertus et de leurs belles actions, ainsi a-t-Il largement départi aux Français la prospérité, l'honneur des armes, les arts de la paix, un nom glorieux, un empire puissant. Si la France, parfois oublieuse de ses traditions et de sa mission, a conçu envers l'Eglise des sentiments hostiles, cependant, par un grand bienfait de Dieu elle ne s'est pas égarée ni longtemps ni tout entière. Et plût à Dieu, qu'elle eût échappé saine et sauve aux calamités enfantées, pour le malheur de la religion et de l'Etat, en des temps voisins des nôtres ! […]
C'est pourquoi la charité paternelle dont nous entourons toutes les nations, de même qu'elle nous a poussé naguère à exhorter, par des lettres que nous leur avons adressées, les évêques d'Irlande, d'Espagne et d'Italie, à rappeler à leurs peuples à leur devoir ; ainsi à l'heure présente, nous sommes déterminé, mû par le même sentiment, à dire à la France notre pensée et à lui ouvrir notre cœur. […]
Il est facile d'éloigner ces causes de ruine en observant les préceptes de la religion catholique dans la constitution et dans le gouvernement, soit de la famille, soit de l'Etat ; car ils sont admirablement propres au maintien de l'ordre public et à la conservation des sociétés…"

Léon XIII, extrait de l'Encyclique "Nobilissima Gallorum gens", 8 février 1884.


"A mesure qu'elle (la France) progressait dans la foi chrétienne, on la voyait monter graduellement à cette grandeur morale qu'elle atteignit, comme puissance politique et militaire. C'est qu'à la générosité naturelle de son cœur, la charité chrétienne était venue ajouter une abondante source de nouvelles énergies ; c'est que son activité merveilleuse avait rencontré, tout à la fois comme aiguillon, lumière directive et garantie de constance, cette foi chrétienne qui, par la main de la France, traça dans les annales du genre humain des pages si glorieuses. Et, encore aujourd'hui, sa foi ne continue-t-elle pas d'ajouter aux gloires passées de nouvelles gloires ? On la voit, inépuisable de génie et de ressources, multiplier sur son propre sol les œuvres de charité ; on l'admire partant pour les pays lointains où, par son or, par les labeurs de ses missionnaires, au prix même de leur sang, elle propage d'un même coup le renom de la France et les bienfaits de la religion catholique. Renoncer à de telles gloires, aucun Français, quelles que soient par ailleurs ses convictions, ne l'oserait ; ce serait renier la patrie…"

Léon XIII, extrait de l'Encyclique "Inter innumeras sollicitudines" (Au milieu des sollicitudes), 16 février 1892.


"C'est un noble dessein que celui dont vous avez pris l'initiative, de convier la France entière à célébrer solennellement cette année, après quatorze siècles, l'anniversaire du baptême de Clovis, roi des Francs-Saliens. Aussi nous accueillons avec une particulière satisfaction le désir que vous nous avez exprimé de nous associer à cette sainte et patriotique entreprise, en accordant à votre pays, que nous aimons, la faveur unique d'un jubilé national. On peut dire, en effet, que ce baptême du royaume des Francs et, assurément, les conséquences historiques de cet événement mémorable, ont été de la plus haute importance, non seulement pour ce peuple nouveau qui naissait à la foi du Christ, mais pour la chrétienté elle-même, puisque cette noble nation devait mériter, par sa fidélité et ses éminents bienfaits, d'être appelée la fille aînée de l'Eglise. […]
Mais, afin que de telles solennités apportent à votre très noble nation ces fruits de salut que nous lui souhaitons vivement, il est absolument nécessaire qu'elle comprenne et apprécie le bienfait dont elle célèbre le souvenir, c'est-à-dire sa régénération dans le Christ, sa naissance à la foi. Un tel bienfait, incomparable en lui-même comme principe de vie et de fécondité dans l'ordre de la Grâce, est mémorable aussi, nul ne peut le méconnaître, par les résultats précieux de grandeur morale, de prospérité civile, d'entreprises glorieuses qui toujours en découlèrent pour la France ; on en retrouve le témoignage dans les temps mêmes où la nation vit surgir pour la religion des jours d'adversité et de deuil. Car, si elle céda parfois à de déplorables entraînements, toujours, après avoir souffert, elle sut réagir contre le mal et puiser dans sa foi de nouvelles énergies pour se relever de ses épreuves et reprendre la mission apostolique qui lui a été confiée par la Providence. […]
Oui, […] nous prions le Dieu tout-puissant et miséricordieux, dans toute la véhémence de notre tendresse paternelle, qu'il donne à la France d'être une nation sainte, immuablement fidèle à son génie, à ses chrétiennes destinées ; que la foi de ses aïeux – une foi pleine, active, militante – grandisse dans ce noble peuple ; qu'elle reconquière les masses qui s'agitent aujourd'hui dans les ténèbres de l'incrédulité et qui, déçues, découragées par mille erreurs, s'affaissent dans l'ombre de la mort. Levez-vous et le Christ vous illuminera.
Que tous les fils de la patrie française, de plus en plus dociles à écouter nos conseils, s'unissent dans la vérité, dans la justice, dans le respect mutuel et dans la charité fraternelle, comme les enfants d'un même père ; […] et que le cri de la loi salique s'échappe de leur poitrine, plus puissant que jamais : Vive le Christ qui aime les Francs !"

Léon XIII, extrait d'une Lettre au cardinal Langénieux, archevêque de Reims, le 6 janvier 1896.




Saint Pie X


"Vous direz aux français qu'ils fassent trésor des testaments de saint Remy, de Charlemagne et de saint Louis, ces testaments qui se résument dans les mots si souvent répétés par l'héroïne d'Orléans : "Vive le Christ qui est Roi des Francs !"
A ce titre seulement, la France est grande parmi les nations ; à cette clause, Dieu la protégera et la fera libre et glorieuse ; à cette condition, on pourra lui appliquer ce qui, dans les Livres Saints, est dit d'Israël : que personne ne s'est rencontré qui insultât ce peuple, sinon quand il s'est éloigné de Dieu.
Ce n'est pas un rêve, mais une réalité ; je n'ai pas seulement l'espérance, j'ai la certitude du plein triomphe."

Saint Pie X, à Mgr Touchet, évêque d'Orléans, lors de la lecture du décret de béatification de Jeanne d'Arc, 13 décembre 1908.


"Un jour viendra, et nous espérons qu'il n'est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d'une lumière céleste et entendra une voix qui lui répètera : "Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ?" Et sur la réponse : "Qui es-tu Seigneur ?", la voix répliquera : "Je suis Jésus que tu persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon, parce que dans ton obstination, tu te ruines toi-même." Et elle, tremblante et étonnée, dira : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?" Et lui : "Lève-toi, lave tes souillures qui t'ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l'Eglise, nation prédestinée, vase d'élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre."

Saint Pie X, extrait de l'allocution prononcée lors de l'imposition de la barrette aux cardinaux de Cabrières, Dillot, Dubillard et Amette, le 29 novembre 1911.
In Marquis de la Franquerie, La Mission divine de la France.




Pie XI


Les pontifes romains nos prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l'Eglise. […]
Il est certain, selon un ancien adage, que le Royaume de France a été appelé le Royaume de Marie, et cela à juste titre.
Car depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui de France passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont célébré Marie et ont contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Marie de Dieu. A Paris, dans la très célèbre université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII° siècle, la Vierge a été proclamée conçue sans péché.
[…] La Vierge-Mère en personne, trésorière de toutes grâces de Dieu, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.
Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge. Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple druidique, de poser les fondements de l'église Notre-Dame, qu'acheva son fils Childebert. Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie reine de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l'office de la Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement d'un vœu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. Enfin, Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque année. […]
C'est pourquoi, […] nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie, mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité."

Pie XI, extrait de la Lettre apostolique proclamant Notre-Dame de l'Assomption patronne principale de la France, Rome, 2 mars 1922.
In Marquis de la Franquerie, La Vierge Marie dans l'Histoire de France.




Pie XII


A la France d'aujourd'hui, qui l'interroge, la France d'autrefois va répondre en donnant à cette hérédité son vrai nom : la vocation. Car, mes frères, les peuples, comme les individus, ont leur vocation providentielle ; comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurément stériles, selon qu'ils sont dociles ou rebelles à leur vocation.
Fouillant de son regard d'aigle le mystère de l'histoire universelle et de ses déconcertantes vicissitudes, le grand évêque de Meaux écrivait (Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, 3° partie, chap. 8) : Souvenez-vous que ce long enchaînement des causes particulières, qui font et qui défont les empires, dépend des ordres secrets de la Providence. Dieu tient du plus haut des cieux les rênes de tous les royaumes ; Il a tous les cœurs en sa main, tantôt Il retient les passions, tantôt Il leur lâche la bride, et par là Il remue tout le genre humain. […] C'est ainsi que Dieu règne sur tous les peuples. Ne parlons plus de hasard ni de fortune ; ou parlons-en seulement comme d'un nom dont nous couvrons notre ignorance. […] Une lumière resplendissante ne cesse de répandre sa clarté sur toute l'histoire de votre peuple ; cette lumière qui, même aux heures les plus obscures, n'a jamais connu de déclin, jamais subi d'éclipse, c'est toute la suite ininterrompue de saints et de héros qui, de la terre de France, sont montés vers le ciel. […]
Saint Rémi, qui versa l'eau du baptême sur la tête de Clovis ; saint Martin, moine, évêque, apôtre de la Gaule ; saint Césaire d'Arles ; ceux-là et tant d'autres, se profilent avec un relief saisissant sur l'horizon de l'histoire, dans cette période initiale qui, pour troublée qu'elle fut, portait cependant en son sein tout l'avenir de la France. Et sous leur action, l'évangile du Christ commence et poursuit, à travers tout le territoire des Gaules, sa marche conquérante, au cours d'une longue et héroïque lutte contre l'esprit d'incrédulité et d'hérésie, contre les défiances et les tracasseries de puissances terrestres, cupides et jalouses. De ces siècles d'effort courageux et patient devait sortir enfin la France catholique, cette Gallia sacra, qui va de Louis, le saint roi, à Benoît-Joseph Labre, le saint mendiant ; de Bernard de Clairvaux à François de Sales, à l'humble curé d'Ars ; de Geneviève, la bergère de Nanterre, à Bernadette, l'angélique pastourelle de Lourdes ; de Jeanne d'Arc, la vierge guerrière, la sainte de la patrie, à Thérèse de l'Enfant-Jésus, la vierge du cloître, la sainte de la "petite voie".
La vocation, la mission religieuse de la France ! mes frères, mais cette chaire même ne lui rend-elle pas témoignage ? Cette chaire qui évoque le souvenir des plus illustres maîtres, orateurs, théologiens, moralistes, apôtres, dont la parole, depuis des siècles, franchissant les limites de cette nef, prêche la lumineuse doctrine de vérité, la sainte morale de l'Evangile, l'amour de Dieu pour le monde, les repentirs et les résolutions nécessaires, les luttes à soutenir, les conquêtes à entreprendre, les grandes espérances de salut et de régénération.
Avec toute l'audace d'un homme qui sent la gravité de la situation, avec l'amour sans lequel il n'y a pas de véritable apostolat, avec la claire connaissance des réalités présentes, condition indispensable de toute rénovation, comme je crierais d'ici à tous les fils et les filles de France : "Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation ! Jamais l'heure n'a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure plus belle pour y répondre. Ne laissez pas passer l'heure, ne laissez pas s'étioler des dons que Dieu a adaptés à la mission qu'Il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelques autre idéal trompeur inconsistant ou moins noble et moins digne de vous !"
Mais pour cela, je vous répète, écoutez la voix qui vous crie : Priez, Orate Fratres ! Sinon, vous ne feriez qu'œuvre humaine, et, à l'heure présente, en face des forces adverses, l'œuvre purement humaine est vouée à la stérilité, c'est-à-dire à la défaite ; ce serait la faillite de votre vocation. […]
Aussi, tandis que je considère cet état de choses et la tâche gigantesque qui, de ce chef, incombe à la génération présente, je crois entendre ces prières vénérables murmurer avec une pressante tendresse l'exhortation à l'amour ; et moi-même, avec le sentiment de la plus fraternelle affection, je vous la redis, à vous qui croyez à la vocation de la France : Mes frères, aimez ! Amate Fratres ! […]
Dans un instant, quand, debout à l'autel, j'élèverai vers Dieu la patène avec l'hostie sainte et immaculée pour l'offrir au Père éternel, je lui présenterai en même temps la France catholique, avec l'ardente prière que consciente de sa noble mission et fidèle à sa vocation, unie au Christ dans le sacrifice, elle lui soit unie encore dans son œuvre d'universelle rédemption."

Cardinal Pacelli (futur Pie XII), 13 juillet 1937, extrait du discours prononcé à Notre-Dame de Paris.


"Il n'est pas rare qu'aux instants les plus critiques, ainsi qu'un coup de vent rompt les nuages et laisse voir l'étoile qui guidera le navigateur au port, le Seigneur envoie l'inspiration surnaturelle qui doit faire d'une âme le salut de son peuple. Levez donc les yeux, fils bien-aimés, dignes représentants d'une nation qui se glorifie du titre de fille aînée de l'Eglise, et regardez les grands exemples qui vous ont précédés. […] Vénérez les saints. […] Tombez à genoux devant le Dieu qui vous attend au tabernacle, renouvelez votre profession de foi, promettez-lui de nouveau votre fidélité la plus parfaite, et soyez sûrs que ce faisant vous répondrez à votre vocation d'hommes, de chrétiens, de Français. […]
Et s'il peut sembler un moment que triomphent l'iniquité, le mensonge et la corruption, il vous suffira de faire silence quelques instants et de lever les yeux au ciel, pour imaginer les légions de Jeanne d'Arc qui reviennent, bannières déployées, pour sauver la patrie et sauver la foi."

Pie XII, extrait du radio-message du 25 juin 1956.




Saint Jean-Paul II


"Oui, l'Eglise doit au peuple de France, qui a beaucoup reçu et aussi beaucoup donné, quelques-unes de ses plus belles pages : des grands ordres religieux, tels Cîteaux et les chartreux, aux cathédrales ou à l'épopée missionnaire commencée au siècle dernier. La générosité de ses œuvres et de sa pensée lui a valu l'amitié de nombre de peuples, et parmi les plus pauvres. Puisse la France continuer à y trouver ses raisons d'être !"

St Jean-Paul II, 28 mai 1980, avant sa venue en France.


"Aujourd'hui dans la capitale de l'histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté : fille aînée de l'Eglise.
Et j'aimerais, en reprenant ce titre, adorer avec vous le mystère admirable de la Providence. Je voudrais rendre hommage au Dieu vivant qui, agissant à travers les peuples, écrit l'histoire du Salut dans le cœur de l'homme.
Cette histoire est aussi vieille que l'homme. Elle remonte même à sa "préhistoire", elle remonte au commencement. Quand le Christ a dit aux apôtres : "Allez, enseignez toutes les nations…", il a déjà confirmé la durée de l'histoire du Salut et, en même temps, Il a annoncé cette étape particulière, la dernière étape.
Cette histoire particulière est cachée au plus intime de l'homme, elle est mystérieuse et pourtant réelle aussi dans sa réalité humaine, elle est revêtue, d'une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. Un très grand chapitre de cette histoire a été inscrit dans l'histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il est difficile de les nommer tous, mais j'évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie : Jeanne d'Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld, et tous les autres; Ils sont tellement présents dans la vie de toute l'Eglise, tellement influents par la lumière et la puissance de l'Esprit-Saint !
Ils vous diraient tous mieux que moi que l'histoire du Salut a commencé avec l'histoire de l'homme, que l'histoire du Salut connaît toujours un nouveau commencement, qu'elle commence en tout homme venant en ce monde. De toute façon, l'histoire du Salut entre dans l'histoire des peuples, des nations, des patries, des continents.
L'histoire du Salut commence en Dieu. C'est précisément ce que le Christ a révélé et a déclaré jusqu'à la fin lorsqu'il a dit : "Allez […], enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit". […]
Le Christ, à la fin, dit encore ceci : "Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20) ; cela signifie donc aussi : aujourd'hui, en 1980, pour toute notre époque.
Le problème de l'absence du Christ n'existe pas. Le problème de son éloignement de l'homme n'existe pas. Le silence de Dieu à l'égard des inquiétudes du cœur et du sort de l'homme n'existe pas.
Il n'y a qu'un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n'existe qu'un problème, celui de notre fidélité à l'alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d'une vraie culture, c'est-à-dire de la croissance de l'homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la sagesse éternelle ?
Pardonnez-moi cette question. Je l'ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l'ai posée par sollicitude pour l'Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l'homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père, fils et Esprit."

St Jean-Paul II, 1° juin 1980, extrait de l'homélie prononcée au Bourget.




A consulter :
La France – Textes fondateurs du roi David à Jean-Paul II
Paris, Editions F-X de Guibert, 1996
Association pour le XV° centenaire de la France (496-1996)
B.P. 10414
75814 Paris Cedex 17



(*) : L'expression "Fille aînée de l'Eglise", employée par Jean-Paul II lors de son voyage en France mérite une précision : la France n'est pas la première nation à avoir été baptisée, mais l'Arménie - qui mériterait donc ce qualificatif de "Fille aînée de l'Eglise".

Frère Maximilien-Marie rappelle fort utilement les précisions suivantes sur son blog :
- C’est en l’an 301 que le Roi d’Arménie Tiridate IV et tout son peuple embrassent la foi chrétienne à la suite de la prédication de Saint Grégoire l’Illuminateur. Le premier Etat qui devint officiellement chrétien, est le Royaume d’Arménie.
- Esuite, entre 320 et 340, c’est l’Ethiopie (en ce temps-là on parlait plutôt d’Abyssinie) qui se convertit grâce à l’apostolat de Saint Frumence : le Roi Ezana fit du christianisme la religion d’Etat de son royaume.
- Ce n’est qu’ensuite, en 380, que l’édit de Théodose 1er le Grand fit du christianisme la religion officielle de l’Empire Romain.
- Le baptême de Clovis et la conversion de son peuple n’arrivent enfin qu’en quatrième position : en 496 selon la date couramment admise.




  Notre exposition sur la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus