Pieusement La nuit d'hiver élève au ciel son pur calice. Et je lève mon cœur aussi, mon cœur nocturne, Seigneur, mon cœur ! vers ton pâle infini vide, Et néanmoins je sais que tout est taciturne Et qu'il n'existe rien dont ce cœur meurt, avide ; Et je te sais mensonge et mes lèvres te prient Et mes genoux ; je sais et tes grandes mains closes Et tes grands yeux fermés aux désespoirs qui crient, Et que c'est moi, qui seul, me rêve dans les choses ; Sois de pitié, Seigneur, pour ma toute démence. J'ai besoin de pleurer mon mal vers ton silence !... La nuit d'hiver élève au ciel son pur calice ! Emile Verhaeren (1855-1916), Les débâcles. |