L'Exil Pourquoi, divin Enfant, dans un âge si tendre, Fuir devant un barbare et ses cruelles lois ? N'avez-vous pas assez d'anges pour vous défendre ? N'êtes-vous pas Celui qui tient le cœur des Rois ? Mais son regard profond, perçant la nuit des âges, Vous avait aperçus proscrits de l'avenir, Quittant le cœur navré, pour d'autres rivages, Le toit béni d'où l'on veut vous bannir. Il voyait que plus tard, à l'exemple du Maître, Vous n'auriez d'autre abri que le sol étranger Et pour les adoucir, il a voulu connaître Les angoisses sans nom du cœur de l'exilé. Non, Il ne voulut pas que, lassés du voyage, Vous asseyant brisés, défaillants de besoin, Vous puissiez dire un jour, sans force et sans courage, Jésus n'a pas été si loin. Jésus, Il a voulu, dans sa bonté divine, Ecarter le caillou qui pourrait vous blesser Et son pied s'est posé, pour émousser l'épine Partout où vous devez passer. Jésus, Il a voulu savourer l'amertume De ce pain de l'exil, qu'il vous faudra manger, Pain que rien n'adoucit, pain que rien ne parfume Pain qu'il faut presque mendier. Oh ! ne vous plaignez pas ! gardez l'âme joyeuse. A d'autres les soucis, les regrets et les pleurs. Qu'importe où vous dressiez la tente voyageuse Qui doit vous abriter dans ce lieu de douleurs. N'avez-vous pas Jésus pour patrie et pour guide, Jésus pour nourriture et Jésus pour abri, Jésus dans votre cœur, pour vous en combler le vide, Les anges pour vous servir d'amis. Suivez donc Jésus jusqu'au terme sublime Où l'on se sacrifie, pour Dieu, pour la Patrie. Les forfaits de nos jours appelaient des victimes, Et vous avez été choisis ! (Image pieuse du XIXe siècle) |