L'Eucharistie, Paradis de la Terre Un Chérubin dit un jour à mon âme : Si tu savais la gloire de mon ciel, Si tu voyais les purs rayons de flamme Que sur mon front projette l'Eternel !… Je répondis à l'Archange céleste : Toi qui vois Dieu plus brillant que le jour, D'un Dieu caché sur un autel modeste Sais-tu l'Amour ? L'Ange reprit : Sais-tu ma joie immense De contempler en face un Dieu si beau ?… Le ciel pour moi tous les jours recommence, Et tous les jours mon bonheur est nouveau… Je répondis : Sais-tu ce qu'est l'hostie, Toi dont le cœur ne s'est point égaré ? Près d'un Dieu bon, près de l'Eucharistie As-tu pleuré ? Le Chérubin voulut parler encore : Sais-tu, dit-il, mon aliment divin ? Aimer, servir le grand Dieu que j'adore, M'unir à lui : voilà mon seul festin… Je répondis au lumineux Archange : Tu te nourris de la divinité ; Mais l'humble pain que j'adore et je mange, L'as-tu goûté ? O Chérubin de la sainte patrie, Louons ensemble un Dieu si bon pour nous ; A toi le Ciel, à moi l'Eucharistie !… Notre partage à tous deux est bien doux. J'aspire un jour à voir aussi mon Père ; Mais ici-bas l'autel est tout mon bien ; Voilà mon sort… ton bonheur, je l'espère… J'aime le mien ! (Image pieuse du XIXe siècle) |