Poésies d'inspiration chrétienne



Le sourire de Dieu

J'entends dire, ô mon Dieu, que vous êtes sévère,
Qu'on ne peut qu'en tremblant prononcer votre Nom,
Que dans votre justice, et dans votre colère,
Vous jugez, vous frappez, sans pitié ni pardon…

Oh ! qu'il en soit ainsi pour ceux qui vous blasphèment
Ou qui dans leur orgueil s'élèvent contre vous,
Je le comprends, Seigneur !… Mais, pour ceux qui vous aiment,
Ne vous montrez-vous pas le Père le plus doux ?

Vous en avez toujours l'ineffable sourire,
Sourire qui dissipe et chasse nos frayeurs,
Sourire qui nous charme et vers Vous nous attire,
Sourire qui pénètre et qui ravit nos cœurs.

Ce sourire, ô mon Dieu, m'apparaît dès l'aurore,
Lorsque je vous salue à mon premier réveil ;
Il me suit tout le jour, et je le vois encore
Quand je m'endors le soir, et jusqu'en mon sommeil.

Ce sourire, ô mon Dieu, je le vois quand je lutte
Pour défendre ma foi qu'on voudrait étouffer…
Contre tous les efforts auxquels je suis en butte,
C'est lui qui m'encourage et me fait triompher.

Ce sourire, ô mon Dieu, je le vois quand le monde
M'appelle à partager ses fêtes, ses plaisirs,
Et d'une telle paix, il m'enivre, il m'inonde
Que vers Vous seul alors se portent mes désirs.

Si j'ai parfois, hélas !… un instant de faiblesse…
Si je m'égare un jour, si je tombe en chemin,
Avec votre sourire, avec votre tendresse,
Vous vous penchez vers moi, vous me tendez la main.

Quand je souffre, ô mon Dieu, quand j'ai l'âme blessée
Par quelqu'un de ces traits qui font saigner le cœur,
Ce doux sourire encor, revient à ma pensée
Et moi-même aussitôt, je vous souris, Seigneur !…

Maintenant, ô mon Dieu, qui donc pourrait se plaindre
De ne trouver en Vous que d'amères rigueurs ?
Qui pourrait se troubler, et qui pourrait vous craindre,
Quand nous sommes ainsi comblés de vos faveurs ?

Qui pourrait dire encor que vous êtes sévère,
Qu'on ne peut, qu'en tremblant, prononcer votre Nom,
Que dans votre justice et dans votre colère,
Vous jugez, vous frappez, sans pitié ni pardon ?

Pour moi, je vois partout l'ineffable sourire
Qui tombe constamment de vos lèvres, Seigneur !
C'est par lui que je vis, par lui que je respire,
Par lui que j'ai trouvé le souverain bonheur.

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Sourire de mon Dieu, si, même dans ce monde,
Tu me montres déjà tant d'éclat, de beauté,
Si tu mets en mon âme une paix si profonde,
Que seras-tu là-haut, durant l'Eternité ?…

L. Chevojon,
Curé de Notre-Dame des Victoires


(Image pieuse du XIXe siècle)



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