Hymne Pascal Alleluia ! Chantons, chrétiens, cloches, oiseaux ! Un nouveau jour paraît comme un lis sur les eaux Et c'est un matin plein d'allégresse angélique ! La terre va lancer d'elle-même un cantique : Ecoutons, admirons, saluons, bénissons ! Chœurs du monde et des cieux montant à l'unissons Au lever du soleil sur les plaines en joie ! Tout le printemps terrestre est en fête et verdoie, Et le printemps des chœurs s'évanouit en lui Comme un iris humide et frais parmi les buis. Bonheur d'âme parmi le grand bonheur des choses ! O double renouveau ! Aube en apothéose ! L'espoir miraculeux de la vie à jamais Eclôt divinement dans l'herbe des sommets Et s'unit aux frissons perpétuels des sèves. Les rejetons noueux sont plus forts que les glaives Et l'Amour t'a vaincue, ô Mort, au bord des cieux ! Alleluia ! Chantons ! le nuage est joyeux, La vapeur virginale est comme une bannière, Le cri de l'alouette est rempli de lumière Et les saints carillons volent parmi les bois, Au milieu des bourgeons entr'ouverts, sur les toits, Et sur la haie en fleurs, l'eau de la mare pleine, La brune giroflée et la fraîche fontaine, Comme des drapeaux clairs emportés par le vent. A l'odeur des jasmins va se mêler l'encens, Et nous disperserons en des strophes pieuses Nos émerveillements dans les nefs glorieuses, Tandis que les coteaux que va dorer l'été Frémiront en l'honneur du pur Ressuscité ! Noël Nouet (1885-1969) Les Etoiles entre les feuilles, Bibliothèque du Temps présent, 1910. Prix de littérature spiritualiste en 1910. |