La Croix Avec un grand oubli des choses du passé Dont je ne connais rien, j'ai repris mon calvaire Simplement, humblement, et n'ai pu que me taire En regardant Jésus là-haut toujours dressé. Lorsque le soir descend sur les monts, harassé, Je me prends à songer au fond d'un sanctuaire, Hoquetant de chagrin avec un vieux rosaire, Compagnon de souffrance entre mes doigts pressé. Le vent d'hiver soufflant par les fentes du porche Eteint la lampe d'or en rafale et m'écorche Les pieds nus de sa dent agrippante de froid. Puis, je m'en vais, plus vieux, courbant plus fort la tête Vers le dernier Sommet où, battu des tempêtes, Pantelant et mourant, le Maître étreint Sa croix. Christian de Miomandre Passion, 1949 |