Le cœur des Saints Ecce quam bonum !… Ps 132 Un jour au chemin de la vie J'arrêtai mon pas incertain, Regardant la route suivie Et l'horizon déjà lointain. Je dis : Sans souci de ma voie Puis-je marcher encor longtemps, Quand Dieu permet que j'entrevoie L'obstacle où l'on heurte à vingt ans ? Pauvre enfant, qui tremble et qui doute, Rien qu'à pressentir les ravins, Puis-je faire autrement la route Que porté dans les bras divins ?… * * * Or, en entrant au monastère, Je me disais : Dorénavant Je n'aurai plus d'ami que Dieu sur cette terre, Et plus d'autre douceur que cette paix austère, Fleur pâle qu'on effeuille à l'ombre d'un couvent !… Enfant, car j'ignorais encore Que dans ce parterre abrité Les fleurs du ciel viennent éclore Au soleil de la charité ; Que leur calice s'y colore De rose, de pourpre et d'azur ; Et que ces fleurs du monastère, Pour éclore dans le mystère, Sous leur éclat plus doux n'ont qu'un parfum plus pur. Enfant, car j'ignorais qu'au plus amer breuvage Dieu sait toujours mêler bien des gouttes de miel Et que le cœur des saints est le plus bel ouvrage De Celui qui d'un mot fit la voûte du ciel… Joseph Boubée, S.J. (1872-1940) In "Le Messager du Cœur de Jésus", Septembre 1900 |