Ecce Mater Tua Le céleste concert des sphères infinies Est moins harmonieux que le bruit de son nom ; Et quand il a vibré sur les harpes bénies, Le firmament s'emplit d'un immense frisson. Une armée en bataille est moins terrible qu'elle, Et la fleur virginale a de moins doux parfums ; Son front laisse oublier, sans regrets importuns, L'éclat mystérieux de la lune nouvelle. C'est le dernier refuge et le secours constant ; Trône de la sagesse et miroir de prudence, Elle est l'espoir de ceux qui n'ont plus d'espérance. Cause de notre joie, à son aspect charmant L'étoile de la mer, l'arc-en-ciel des tempêtes Pâlissent comme une ombre au souffle du matin ; Et l'aurore naissante a de moins belles fêtes, Et moins blanc est le lis qui croît dans le ravin. Son voile est plus léger qu'un nuage qui passe ; Son manteau parsemé des astres de la nuit Retombe chastement, et ses plis ont la grâce D'un flottant crépuscule où le jour déjà luit. Nul ne pourrait comprendre et nul ne saurait dire Tant de puissance unie avec tant de douceur ; Le héros est moins grand, moins savant le docteur, Moins précieux le sang de la jeune martyre ! C'était l'Eve promise à la nouvelle loi ; Judith eut moins de force, Esther eut moins de charmes, Rachel inconsolable a pleuré moins de larmes, Et le cœur de ta mère a moins d'amour pour toi ! René F. Saint-Maur In "Le Messager du Cœur de Jésus", Août 1898 |