I. Venez, vous qui pleurez : C'est le Dieu qui console ; Sa plus douce parole Est pour vous qui souffrez. Et vous, pécheurs, venez ; L'agneau mort au Calvaire N'est pas un Dieu sévère ; Il vous aime… Espérez ! II. Qu'il est doux le Seigneur Sur son trône de grâce ! Là, son amour efface L'éclat de sa grandeur. Qu'il est doux le Seigneur, Quand de l'âme docile Il se fait un asile, Et qu'il parle à son cœur ! III. L'autel a mon amour. Le temple a ma pensée ; Ma demeure est fixée Où Jésus tient sa cour. C'est là qu'est mon bonheur, C'est là qu'est mon asile. Adieu, monde fragile ! Jésus seul a mon cœur. IV. L'amour qui m'embrase Pour vous, bon Sauveur, De sa douce extase Enivre mon cœur. Amour délectable, Tu fais mon bonheur ! Combien est aimable Ta céleste ardeur ! V. Je sens sa présence, Le ciel est en moi ; Mon âme en silence, S'unit à son Roi. Chœurs sacrés des anges Qui formez sa cour, Offrez mes louanges A ce Dieu d'amour. |
VI. Cher objet de mes feux, pour toi seul je respire ; Augmente mes ardeurs, ô mon unique bien ! T'aimer, mourir d'amour, c'est tout ce que je désire Ce cœur qui t'est uni par le plus doux lien. VII. Nourri du pain sacré, je suis ton tabernacle ; Mon âme est ton palais, ton temple, ton autel ; Il n'est rien que j'envie au bonheur du cénacle ; Tu me donnes déjà quelque avant-goût du ciel. VIII. Le ciel, ô mon Jésus, c'est toi !… Chastes délices, Le monde ne saurait soupçonner vos douceurs : Il me plaint, ne voyant en moi que sacrifices ; Il ignore, grand Dieu, vos biens et vos faveurs ! IX. Vainement le monde s'apprête A troubler ma paix, mon bonheur ; Je laisse gronder la tempête, Je repose en ce divin Cœur. Oui, je brave, sous cette égide, Tous mes ennemis à la fois ; Et de souffrir je suis avide, Quand je vois mon Chef sur la Croix. X. Dans ses mains que l'amour captive, Je trouve un asile chéri ; Dans ses pieds sacrés, ma foi vive Me découvre un nouvel abri. Mais l'heureux centre auquel l'aspire, C'est son Cœur ouvert sur ce bois ; C'est là que doux est son empire ; Oui, le bonheur est dans la croix. XI. Mondains, vos honneurs, vos richesses, Ne sont point l'objet de mes vœux ; Gardez vos trompeuses promesses De plaisirs et de jours heureux. Le Cœur de Jésus est l'asile Que son amour offre à mon choix. J'y cache ma vertu fragile : Tout mon salut est dans la croix. XII. O seul ami que j'adore et contemple, Divin époux, ô Jésus mon espoir ! Ah ! près de toi, que ne puis-je, en ce temple, Couler mes jours jusqu'à leur dernier soir ! Si ton amour me ravit par ses charmes. Ah ! donne-moi de répondre à ses feux ; Je veux t'aimer dans les croix, dans les larmes, En attendant de te voir dans les cieux ! Marie Eustelle (1814-1842) In "Le Messager du Cœur de Jésus", Juillet 1870 |