Marie-Madeleine au pied de la Croix Les membres cloués sur la croix, Pâle, sanglant, le Roi des rois Entre deux malfaiteurs, au Calvaire, agonise : C'est ce Dieu que les Juifs moqueurs - Ils se croient du Maître vainqueurs - Viennent de flageller, en criant : « Prophétise ! » « O Christ ! dis-nous qui t'a frappé ? » … Le ciel livide s'est drapé De nuages obscurs ; la terre est endeuillée… Au pied de la croix, cependant, Marie est debout, regardant Mourir son Fils. Une autre femme agenouillée, Ses longs cheveux blonds dénoués, Baise les pieds divins cloués, Et les couvre de pleurs, tant est vive sa peine… Ah ! dans l'angoisse de ce jour, Comme il est fidèle l'amour, L'amour que sent grandir en elle Madeleine !… Pourtant, Dieu n'a plus l'air d'un Dieu Sur ce bois infâme, au milieu De scélérats publics. Dieu n'est plus que faiblesse Et que pitoyable douleur. Mais la foi reste ancrée au cœur De celle qui naguère était « la pécheresse ». Elle adore les pieds sacrés Par le sang du Juste empourprés ; Ces pieds qu'elle arrosa de senteurs précieuses, Le jour où Jésus lui fit don De l'inestimable pardon Qui la purifia de ses chutes honteuses. Et bien qu'elle ait le ferme espoir - Son unique soutien – de voir Jésus ressusciter, désolée, elle verse Des larmes – le sang de son cœur – Amères comme sa douleur Sur les pieds déchirés qu'un large clou transperce. Nous aussi, quand nous gémissons, Quand, accablés, nous faiblissons Devant la juste loi qu'est pour tous la souffrance, Demandons, sous le faix si lourd, De posséder, à notre tour, La foi de Madeleine et sa vive espérance Et son purifiant amour. "Célony-Lavande", U.N. (Union Noëliste) Revue "Le Noël" n°1449 |