Pauvres petits Jésus ! L'Etoile brille en la nuit fraîche, Les Anges chantent « Gloria » ! Et le Christ, au fond d'une crèche, Vient renaître pour mon rachat. Un toit de chaume le protège ; L'âne et le bœuf soufflent dessus, Mais le seuil est sans porte ; il neige !… Comme il a froid !… Pauvre Jésus !… Et je pense (au chaud… dans ma chambre !) Aux petits gueux sans feu ni lieu, Qui, par ce noir vingt-cinq décembre, Sont nés ainsi que l'Enfant-Dieu : La neige tombe, impitoyable… Ils sont nus… au creux d'un talus… Sans l'âne et le bœuf… sans l'étable !… Comme ils ont froid !… Pauvres Jésus ! Aussi, quels trésors d'indulgence, Que de grâces n'auront-ils pas Tout au long de leur existence Comme à l'heure de leur trépas !… … Et, tout en les plaignant, j'envie Ceux-là qui, d'être ainsi venus, Seront, plus que moi, dans la vie Les petits frères de Jésus ! Théodore Botrel Revue "Le Noël" n°1437, janvier 1923 |