Je songe, pénétré d'un grandissant effroi, Que vous pourriez venir, ô mon Dieu, tout à l'heure : Hôte toujours prochain de qui notre demeure Sait si mal rendre digne et sa porte et son toit. Je songe qu'à l'instant vous pourriez me surprendre, Me nommer en disant : "Lève-toi, me voici ! La table est-elle prête et ton âme à m'attendre Mit-elle son unique et plus constant souci ?" Et je vois devant vous cette âme qui dérobe Un visage honteux et ses regards baissés, Tremblante de ne tendre à vos doigts offensés, - Ainsi qu'une pauvresse au creux noir de sa robe, Que des fruits sans éclat, par terre ramassés. André Lafon (1883-1915) La Maison Pauvre, Bibliothèque du Temps présent, 1911. Ouvrage honoré du Prix de littérature spiritualiste en mai 1911. |