Roses de Hongrie Sainte Elisabeth, 19 novembre. Un chacun de vous aime et prie A mains jointes, d'un cœur fervent, Sainte Elisabeth de Hongrie Qui fut un miracle vivant. Dieu, pour elle, un jour, fit des roses, Dieu fit des fleurs de paradis : On a jadis conté ces choses, Et moi, chrétiens, je les redis. * * * Elisabeth étant duchesse, Femme d'un baron de haut lieu, Ayant puissance, honneur, richesse, Aimait les pauvres du bon Dieu. De son manoir en la chaumière La sainte descendait souvent, Comme un doux rayon de lumière, Un rayon de soleil levant. Elle pansait, d'une main sûre, Les membres qu'un long mal meurtrit ; Elle répandait sans mesure L'or et la paix de Jésus-Christ. Un jour, où la brise d'automne Glaçait les pauvres jusqu'aux os, Et que sa plainte monotone Faisait peur aux petits oiseaux ; La sainte, seule, par la plaine S'en allait d'un pas diligent, Portant dans son manteau de laine Des fruits, du pain, des sous d'argent. Tout à coup, une voix résonne : C'est le fier baron, son époux ; Elisabeth pâlit, frissonne : « Dans ce manteau que portez-vous ? » « Dénouez ce manteau. » - « Je n'ose. » « - Je veux !… » D'une tremblante main Elisabeth l'ouvre : une rose S'en échappe et tombe au chemin. En odorantes avalanches Il en tombait, tombait, tombait, Des roses rouges et des blanches, Du grand manteau d'Elisabeth. Le baron cria : « Quel mystère ! Quel miracle Dieu fait pour nous !… » Et se courbant jusques à terre, Il cueillait des fleurs à genoux. Voilà mon histoire des roses : On me la dite et je la dis ; Doux miracle !… Héla, de ces choses, On n'en voit plus qu'en Paradis. Victor Delaporte, S.J. In "Le Messager du Cœur de Jésus", Novembre 1898 |