Un reflet de Ta Face Quand tu montres à mes yeux un reflet de ta Face, O Principe divin, Eternel Existant, Tout autre souvenir de mon esprit s'efface, Et dans mon cœur lassé ton pur amour remplace Les amours d'ici-bas que dissipe le temps. Oubliant le passé, ses larmes et ses fanges, Plongeant tout l'avenir en son obscurité, Mon âme aime à mêler ses muettes louanges Aux cantiques sacrés que font monter les anges Vers le trône brillant de la Divinité. D'une vie incréée alors je me sens vivre, La paix du Ciel descend sur mes sens endormis, De lumière et d'amour tout mon être s'enivre, Et les chastes transports auxquels mon cœur se livre Ne trouvent plus d'obstacles en mon esprit soumis. Je me baigne ravie en la divine Essence, Comme aux flots transparents d'un océan sans fin; J'abîme mon néant dans la Toute-Puissance, Je prends dans l'Infini la très pure substance Dont mon âme a toujours une nouvelle faim. . . . . . . . Près de vous, ô clartés, délices ineffables, Les terrestres plaisirs ne sont que des douleurs. Je possède en Dieu seul tous les biens désirables; Souffrances et mépris me paraissent aimables Quand je bois au torrent des célestes douceurs. Louise-Marguerite Claret de la Touche, juin 1897 |