Celui qui n'a jamais péché Les noirs cheveux flottants sur ses épaules nues, Les yeux hallucinés de terreur contenue, La lèvre convulsée et le sein frémissant D'épouvante, au milieu des rires des passants, Une femme… Et, haineuse, autour d'elle une meute Grondant, criant, hurlant, avec des voix d'émeute. Or, Christ était assis sur le sol et son doigt Dans le sable traçait de ces signes qu'on voit Sur les stèles, gravés par la main des ancêtres. La meute devant Lui s'arrête : " Ecoute, Maître, On a pris cette femme à l'heure où de son corps En folie, elle offrait sans pudeur ni remords A l'amant étranger la caresse adultère Volée à son époux… Dis, que devons-nous faire ? Moïse, par la Loi, nous dit de lapider De telles femmes, Toi, que vas-Tu décider ? " Jésus continuait à tracer sur le sable Des signes inconnus. " Que ton verbe l'accable ! Parle, Rabbi ! " Jésus lève ses yeux songeurs Et scrute les regards comme il scrute les cœurs. " Voici. Toi l'époux, vous les proches, vous les frères, Vous devez lapider cette femme adultère. Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché Lui jette la première pierre ! " Et Christ, penché, De son doigt, attentif aux courbes périssables, Se remit à tracer des signes sur le sable. Emile Birmann de Relles, revue Psyché n°407, 1930. |