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Onzième Jour Le voyage de noces Deux jeunes gens qui devaient bientôt se marier parlaient ensemble de leur voyage de noces. Très pieuse, la jeune fille demanda à son fiancé que Lourdes soit dans l’itinéraire, elle tenait à faire bénir son union par la Vierge Immaculée. Le jeune homme objecta bien que de l’Est de la France, Lourdes n’était guère le chemin du nord de l’Italie dont la visite des beaux lacs était le but de l’odyssée, mais, aimable il s’inclina au désir de celle qu’il redoutait par-dessus tout de contrister. « Oh ! que je suis heureuse dit celle-ci, je porterai là-bas ma couronne d’épousée, ce sera comme ma permanence au cher sanctuaire de Marie ! » Le soir du mariage, heureux et fiers, les deux époux étaient dans un express qui devait les conduire à Lyon. « Amie, dit le jeune homme, je pense bien que vous renoncez à Lourdes. Il faut maintenant être raisonnable, nous perdons quatre jours en faisant ce crochet, cela me semble inutile. – Oh ! lui répondit sa jeune femme, mais j’y tiens, puis… ma couronne que j’ai là… j’ai presque promis à la Sainte Vierge. – Bah ! repartit le mari, vous êtes un peu scrupuleuse, n’ayez pas d’idées étroites, on prie la Sainte Vierge partout, votre couronne, nous l’enverrons pas la poste et ce sera bien. Je vous déclare simplement que ce voyage m’ennuie ; allons, vous ne voulez pas m’ennuyer dès le début, cédez-moi… je vous cèderai beaucoup pour d’autres circonstances ! »Et la jeune femme céda. En arrivant à Lyon, le jeune homme fut pris d’une indisposition subite qui l’obligea à se mettre au lit. Ce ne sera rien, pensait-il, un jour de repos, un jour de retard, une petite avanie. Mais le lendemain son état empirait. Le médecin appelé prescrit quatre jours de repos. « Et après, ajoutait-il, je vous permettrai de retourner rapidement chez vous pour qu’on vous soigne énergiquement. » Désolation du malade, tristesse de sa jeune femme. Tous deux, en tête à tête morne, gardaient un silence plein de pensées : « quatre jours, murmura le malade… - Quatre jours, répondit la jeune femme ». Et, après un moment d’hésitation : « Dites donc, cher ami, Notre-Dame de Lourdes !... – J’y pensais ! » dit presque tout bas le malade en rougissant. Alors sa femme à genoux, la main dans la main, tous deux font vœu d’aller à Lourdes de suite. Et le surlendemain, au grand étonnement du docteur qui ne comprenait rien, tous deux, frais et dispos, allaient à la sainte Vierge, comprenant alors qu’un tel voyage épargne du temps. Résolution. – Nous attacher en ceux que nous aimons, à l’âme, au reflet de Dieu. Pratique du jour Une seule chose nous est nécessaire en ce monde, c’est de nous sauver. Demandons cette grâce insigne à Jésus-Christ par l’intercession de la très sainte Vierge, pour laquelle il est ici-bas et il conserve encore au ciel une tendresse si profonde. Et forts de cet amour qui l’empêchera de rien refuser, « demandons notre salut sans hésiter, assurés, si nous le faisons avec la persévérance qu’il faut, que tout nous sera possible (1). Quand nos mauvaises habitudes auraient jeté dans nos âmes de plus profondes racines que les arbres ne font sur la terre, nous leur pouvons dire : Déracine-toi. Quand nous serions plus mobiles et plus inconstants que des flots, nous dirons à un arbre : Va te planter là ; et à notre esprit : Fixe-toi là ; et il y trouvera du fond. Quand notre orgueil s’élèverait à l’égal des plus hautes montagnes, nous leur pourrions ordonner de se jeter dans la mer et de s’y abîmer, tellement qu’on ne voie plus aucune marque de leur première hauteur. Osons donc tout pour de tels miracles, puisque ce sont ceux que nous savons très certainement que Dieu veut que nous entreprenions. Osons tout ; et pour petite que soit notre foi, ne craignons rien : car il n’en faut qu’un petit grain, gros comme du sénevé, pour tout entreprendre. La grandeur n’y fait rien, dit le Sauveur, je ne demande que la sincérité : car s’il faut que le petit grain croisse, Dieu qui l’a donné le fera croître. Agissez donc avec peu, et il vous sera donné beaucoup : et ce grain de sénevé, cette foi naissante deviendra une grande plante, et les oiseaux du ciel se reposeront dessus (2). Les plus sublimes vertus n’y viendront pas seulement, mais y feront leur demeure. » (1) : Bossuet, Médit. Sur l’Evang., XXIe jour. (2) : Mat. XIII, 31, 32. Prière O Jésus, Fils aimant entre tous les fils, nous ne voulons vous demander aujourd’hui qu’une grâce : faites que nous aimions dignement notre Mère. Apprenez-nous à la chérir comme sa grandeur, sa perfection et surtout son immense amour pour nous le méritent ; car vous seul vous pouvez nous l’apprendre. Dites-nous donc de quelle affection vous l’entouriez à Nazareth et avec quelle confiance, mêlée de tendres respects, vous alliez à elle ; nous voulons que notre amour pour elle reflète le vôtre. Ne sommes-nous pas ses enfants ? Ne nous l’avez-vous pas donnée pour Mère ? Et où donc pourrions-nous trouver un amour plus pur, plus suave et plus profond que dans votre Cœur, foyer des tendresses les plus chastes et les plus ardentes ? Attisez donc l’amour filial en nous, épurez-l’y, faites-l’y croître, et, quelque orage qui se déchaîne un jour sur nos cœurs, ne permettez jamais qu’il y faiblisse ou qu’il y tombe. Ainsi soit-il. |