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Neuvième Jour L’Ave Maria et Notre-Dame de Folgoët En l’année 1350, florissait dans la Bretagne, en innocence, simplicité et sainteté de vie, un pauvre innocent, nommé Salann, issu de pauvres parents, d’un village auprès de Lesneven ; leurs noms sont restés inconnus. Son père et sa mère eurent le soin, dès son enfance, de l’envoyer à l’école, pour apprendre les premiers éléments de la science d’un vrai chrétien ; mais il ne put retenir d’autres paroles que les deux premiers mots de la Salutation angélique : Ave Maria. Son cœur fut si vivement entamé de cette seule pointe, dit un de ses panégyristes, que l’on a jugé depuis qu’il n’avait eu l’organe de la parole que pour proférer ces deux noms, qu’il répétait souvent. Ses parents étant décédés, il s’en allait par toute la contrée de Lesneven et aux environs, en cherchant l’aumône ; il disait toujours devant les portes ces mots : Ave Maria, auxquels il ajoutait en breton : « Salann a depré bara », qui signifient : « Salomon mangerait du pain », et les habitants lui en donnaient bien volontiers. Il se retirait au bord d’une fontaine, éloignée de la ville d’un quart de lieue, et trempait son pain dans l’eau ; il n’usait jamais d’autre nourriture ou breuvage que de ce pain trempé dans la fontaine. Son lit était de terre nue, avec une pierre qui lui servait d’oreiller, et cette terre était amassée sous un arbre tordu et peu élevé de terre, auprès de la fontaine. Etant tombé malade, il ne voulut pas, pour cela, changer de demeure, quoique les habitants des villages voisins lui offrissent leurs maisons. La Vierge, qui ne manque jamais à ceux qui lui sont fidèles, le consola par ses visites ; elle lui apparut, environnée d’une grande clarté et accompagnée d’une troupe d’anges. Le pauvre innocent resta extrêmement réjoui de cette grâce de la Dame du ciel. Sentant que le cours de sa vie se terminait, il fit encore résonner l’écho de sa voix, pour marquer que l’hiver de sa vie était passé. Mourant, il répétait ces mots tout d’or, qui méritent d’être gravés sur le diamant : Ave Maria. Il reçut une dernière visite de la Vierge très sainte, et, assisté des anges, il rendit son âme pure et innocente à Dieu. Son visage, qui, en sa vie, était tout terreux et défait par la pauvreté et l’austérité, parut beau et lumineux. Il fut trouvé mort non loin de ce ruisseau, près de ce tronc d’arbre qui avait été sa retraite durant les grandes chaleurs de l’été et l’âpreté de l’hiver. Il fut enterré par les simples paysans du voisinage, sans bruit, dans ce même lieu où il avait vécu. A quelque temps de là, on trouva un beau lys frais et odoriférant, miraculeusement poussé de son tombeau, portant écrit sur ses feuilles, en belles lettres d’or, ces mots : Ave Maria ! La fosse ouverte, le corps découvert, on reconnut que la royale fleur sortait par sa bouche. Le bruit de cet insigne miracle se répandit par tout le pays de la Bretagne ; il dura six semaines, en hiver, et le tombeau fleurdelisé attira d’immenses foules, tant d’ecclésiastiques que de gentilshommes et autres personnes de tous états, hommes et femmes ; tous ensemble, après délibération, conclurent que l’on bâtirait une belle église, en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, à l’endroit même où Dieu avait fait le miracle, ce qui fut approuvé par le prince Jean, comte de Montfort, frère du duc de Bretagne. La chapelle fut appelée, par les gens du pays, Notre-Dame de Folgoët. Les plus grandes faveurs spirituelles furent successivement accordées par les Souverains Pontifes ; Jules III concéda à cette église les mêmes indulgences et pardons qu’aux pèlerinages de Jérusalem, de Saint-Jacques et de Lorette. En 1888, la statue de Notre-Dame de Folgoët fut couronnée solennellement, au milieu d’une foule immense de fidèles accourus de tous côtés à ces fêtes splendides. Résolution. – Célébrer pieusement l’anniversaire de notre naissance, remerciant Dieu de ses grâces, nous humiliant de nos fautes. Pratique du jour « Apprenons de là à désirer Jésus-Christ (1), puisqu’il est infiniment désirable. Mais qui vous désire, ô Jésus !... Ces chastes désirs se trouvent rarement dans le monde ; et une marque bien évidente qu’on désire peu Jésus-Christ, c’est le repos que l’on sent dans la jouissance des biens de la terre. Lorsque la fortune vous rit, et que vous avez tout ensemble les richesses pour fournir aux plaisirs et la santé pour les goûter à votre aise ; en vérité, souhaitez-vous un autre paradis ? vous imaginez-vous un autre bonheur ? Si vous laissez parler votre cœur, il vous dira qu’il se trouve bien, et qu’il se contente d’une telle vie. Dans cette disposition, je ne crains pas de vous assurer que vous n’êtes pas chrétiens. Et si vous voulez mériter ce titre, savez-vous ce qu’il faut faire ? Il faut que vous croyiez que tout vous manque, lorsque le monde croit que tout vous abonde ; il faut que vous gémissiez parmi tout ce qui plaît à la nature, et que vous n’espériez jamais de repos que lorsque vous serez avec Jésus-Christ. (1) : Bossuet, Œuvres orat., t. III, p. 489. Prière Ô sainte, ô bonne Mère, vous qui avez tant aimé votre divin Fils, faites que je l’aime de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces, par-dessus tout ! L’amour de Jésus-Christ est le bien suprême, le bien des biens, celui dont on ne peut point se passer. Avec lui nul n’est pauvre, et personne n’est vraiment riche sans Lui. Qui l’a peut se passer de tout ici-bas ; et qui en manque sent toujours dans son cœur un vide immense, quoi qu’il y jette pour le remplir. Obtenez-nous donc cet amour, talent mystérieux, trésor caché, vraie perle de l’Evangile que le monde ignore, mais dont notre âme baptisée connaît le prix. Et vous, ô Jésus, accueillez favorablement la demande de votre virginale Mère. Accordez-nous votre amour. Oui, Vous, ô mon Maître, Vous encore, Vous seul et Vous pour toujours. Ainsi soit-il. |