Quatorzième Jour Acceptons la souffrance Dès la première apparition de Notre-Dame, Lucie, François et Jacinta acceptent avec élan « toutes les souffrances que Dieu voudra bien leur envoyer ». Ces chers innocents se livrent à Jésus et à Marie afin de gravir, comme eux, leur Calvaire. Malgré leur jeune âge, ils prennent rang parmi la milice fidèle qui apporte au Sauveur et à sa sainte Mère, le concours de son généreux amour. Aussi de quel regard plein de tendresse, la Vierge les enveloppe-t-elle en leur disant : « Bientôt, vous aurez beaucoup à souffrir. Mais la grâce de Dieu vous aidera et vous donnera la force dont vous aurez besoin. » La puissance de la grâce promise fut remarquable en ces trois enfants qui comptaient : l'aînée, dix printemps, la plus petite : sept. C'est bien la même grâce divine qui fit jadis d'Agnès, de Pancrace, de Cécile et de tant d'autres des héros, des martyrs. C'est encore la même qui fera de nous des Elus, si nous le voulons. Jamais, sans le sacrifice, les hommes n'ont su produire quelque œuvre de beauté, et nous voudrions, sans la souffrance, parvenir à la sainteté ?... Non, elle sera plus ou moins notre compagne tout au long de notre pèlerinage terrestre comme elle fut celle du Sauveur. Jésus est « la Voie ». Marie l'a parcourue avec tout son dévouement maternel. Suivons-les, comme Eux « par la Croix nous parviendrons à la gloire. » « Per Crucem ad lucem ! » Aussi l'Évangile nous dit-il : « Recevez les croix non seulement avec patience, mais avec allégresse » (1). Et saint Jacques ajoute : « Recevez-les avec toute espèce de joie, c'est-à-dire avec la joie du pauvre qui reçoit d'immenses richesses, avec la joie de l'homme du peuple qui reçoit une couronne, avec la joie du laboureur qui recueille une riche moisson, avec la joie de l'homme de négoce qui fait un grand gain, la joie du général d'armée qui remporte une grande victoire. » Un simple païen avait compris qu' « en acceptant les peines de bonne grâce on les adoucit » (2). Saint Paul s'écriait : « Je surabonde de joie dans toutes mes tribulations » (3). Formés par la Vierge bénie, les petits Voyants de Fatima ont grandi en générosité, car « la douleur n'est pas seulement une lumière et une force, mais encore une assomption ». Devenus avides de souffrir, ils ne laissent passer aucune occasion de se mortifier. Il arrive bien quelquefois à Jacinta - la plus petite - de pleurer quand la corde devenue cilice lui fait un trop grand mal, mais dès que sa cousine lui propose de l'enlever elle proteste énergiquement : « Non !... il faut bien souffrir en réparation des péchés et pour la conversion des pécheurs. » A nous aussi, les larmes seront parfois permises ; la Vierge en a versé, et Dieu n'en sera pas surpris. Disons-lui alors au milieu de nos pleurs : « Oui, je pleure, mais j'aime. Je souffre mais je crois et je veux être fidèle à ma Foi jusqu'au bout. Je ne suis point écrasé mais à genoux. » Par notre vaillance dans l'acceptation de toutes les épreuves dont sera jalonnée notre vie, méritons la tendresse maternelle par laquelle notre Mère du Ciel récompensait à Fatima ses généreux petits Confidents. (1) : Gaudete et exultate, Matth V, 12. (2) : Fit levius patientia qui iquid corrigere est nefas (Horat.) (3) : IIe Cor. VII, 4. PRIÈRE Vierge Sainte, au milieu de vos jours glorieux, n'oubliez pas les tristesses de la terre. Jetez un regard de bonté sur ceux qui sont dans la souffrance, qui luttent contre les difficultés et qui ne cessent de tremper leurs lèvres aux amertumes de la vie. Ayez pitié de ceux qui s'aimaient et qui ont été séparés. Ayez pitié de l'isolement du cœur. Ayez pitié de la faiblesse de notre foi. Ayez pitié des objets de notre tendresse. Ayez pitié de ceux qui pleurent, de ceux qui prient, de ceux qui tremblent. Donnez à tous l’espérance et la paix. Ainsi soit-il. Reine des martyrs, priez pour nous. (Regina martyrum, ora pro nobis.) |