Rayonnement du Coeur Miséricordieux de Jésus

Paroisse de Saint-Hippolyte du Fort


N°19 – Mai 2004


BILLET DU MOIS

La source coule sans jamais tarir ni même ralentir. L'homme n'a donc qu'à se baisser et il peut se désaltérer à volonté. Il lui faudra simplement se munir d'un récipient. S'il est paresseux ou négligent, il se contentera d'un verre. S'il est prévenant et courageux, il lui faudra un gros bidon.
Dieu déverse aujourd'hui comme hier des flots de grâces sur le monde, il n'a pas réduit son amour. Mais trouvera-t-il assez de courageux ouvriers pour y puiser ? Sauront-ils construire en eux des citernes suffisamment vastes et solides pour contenir ce flot d'amour, en vivre et le communiquer ?

Père Gilles Michel


LES AMIS DU CŒUR DE JÉSUS
Bienheureuse Marie du Divin Cœur (1863-1899)

Maria-Anna-Johanna-Franzisca-Theresia-Antonia-Huberta naît le 8 septembre 1863 à Münster, au sein de l'une des plus anciennes familles de l'aristocratie westphalienne. Fille du comte et de la comtesse Droste zu Vischering, elle a un frère jumeau, Max, et une sœur aînée, alors âgée de trois ans. Deux fils et quatre filles les rejoindront dans les années qui suivent. Son enfance s'écoule au château de Darfeld au sein de cette famille très pieuse. Elle écrit dans son Autobiographie : "Les premières images que je me rappelle avoir vues dans les chambres de mes parents et de mes frères et sœurs sont celles du Sacré-Cœur de Jésus et de la Sainte Vierge. Je me souviens aussi comme le mois du Sacré-Cœur était célébré dans notre chapelle lorsque j'étais encore toute petite. […] C'était toujours pour moi un jour de grande fête. […] Jamais je n'ai pu séparer la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus de celle du Saint-Sacrement, et jamais je ne serai capable d'expliquer comment et combien le Sacré-Cœur de Jésus a daigné me favoriser dans le Saint-Sacrement. Le Saint-Sacrement fut toujours pour moi un Ciel, et presque toujours je me représentais Notre-Seigneur dans l'attitude de cette image et le Cœur de Jésus dans la sainte Eucharistie comme un soleil rayonnant qui m'attirait à lui, m'illuminait et m'enflammait d'amour. Le plus souvent les grâces que j'ai reçues m'ont été accordées dans la sainte communion ou devant le Saint-Sacrement exposé, mais bien des fois en relation avec quelque fête ou image du Sacré-Cœur."

Les persécutions religieuses qui commencent en 1872 en Allemagne, consécutives au Culturkampf, provoquent un renouveau de foi parmi le peuple catholique, et la jeune Maria note à cette occasion : "Tous ces tristes événements augmentaient mon enthousiasme pour la sainte Eglise et ses ministres. Mgr l'évêque de Münster, qui avait une très grande dévotion au Cœur de Jésus, ordonna des prières publiques au Sacré-Cœur, et, avant d'aller en exil, il fit une consécration solennelle du diocèse au Cœur de Jésus dans la cathédrale de Münster."

Elle fait sa première communion le 25 avril 1875, et déjà aspire à la vie religieuse. De mai 1879 à juillet 1881, c'est dans un couvent du Tyrol autrichien tenu par les Filles du Sacré-Cœur de Mme Barat, à Riedenbourg, qu'elle achève son éducation, et que se confirme sa vocation. "Les deux ans et demi que je restai au pensionnat furent pour moi un temps de grâces… Je me trouvais dans la maison du Cœur de Jésus et ainsi tout le bien me venait de cette source. J'apprenais à dompter mon caractère, au moins je comprenais que l'amour du Cœur de Jésus sans l'esprit de sacrifice n'est qu'imagination…". A deux reprises, lors des prédications des 21 novembre 1880 et 25 mars 1881, elle se sent appelée à la vie religieuse. Encouragée en cette voie par le P. Melchior Hausherr S.J., elle s'en ouvre à ses parents le 5 août 1882. Ceux-ci se montrent heureux de son choix, mais son père, compte tenu de la santé fragile de sa fille, lui demande de patienter jusqu'à sa vingt et unième année. En 1884, la maladie vient retarder ce projet, mais le 20 juin, jour de la fête du Sacré-Cœur, elle entend pour la première fois alors qu'elle vient de communier une Voix intérieure qui lui deviendra familière : "Tu seras l'épouse de mon Cœur".

Le 21 novembre 1886, ne pouvant toujours pas entrer au couvent, elle transforme sa chambre en cellule religieuse, et partage son temps entre la prière, la lecture, le travail pour les pauvres et les églises, et la visite et le soin aux malades. Enfin, le 21 novembre 1888, elle est admise comme postulante au couvent de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur de Münster. Elle y prend l'habit le 10 janvier 1889 (le même jour que Thérèse de l'Enfant-Jésus à Lisieux), en même temps que le nom de Marie du Divin Cœur. En cette période de noviciat, le Seigneur l'enseigne et l'encourage sur le chemin de croix qui l'attend. Le 21 janvier 1891, elle prononce ses vœux solennels.

Appelée par la supérieure générale du Bon-Pasteur d'Angers au poste d'assistante au couvent de Lisbonne, elle quitte Münster le 24 janvier 1894. Elle fait étape à Paris, et se recueille à la basilique Montmartre, où elle est déjà venue à l'occasion de la bénédiction de la chapelle provisoire le 3 mars 1876. Après un court séjour à la maison-mère d'Angers, elle rejoint Perpignan, puis Barcelone et Manrèse, où elle fait pèlerinage sur les traces de saint Ignace. Elle arrive à Lisbonne le 24 février, où elle reçoit en même temps que la charge d'assistante celle de première maîtresse des pénitentes, rôle qu'elle avait déjà eu à tenir à Münster avant son départ. Elle y est remarquée pour sa gaieté, mais sa vie se poursuit entre sacrifices et souffrances, soutenue et guidée par les colloques divins dont elle est favorisée. Le 12 mai, une dépêche d'Angers lui apprend sa nomination à la tête de la communauté du Bon-Pasteur de Porto qu'elle rejoint aussitôt, et où elle entre le 16 du même mois.

Elle se dévoue sans compter pour cette nouvelle communauté, pourvoyant tant aux besoins spirituels que matériels. Elle développe si bien l'œuvre qu'en moins de deux ans, le nombre des pensionnaires double, passant de 78 à 157. Le Sacré-Cœur de Jésus fait, dès les premiers jours, l'objet de son apostolat. Elle écrit en janvier 1895 : "Depuis que nous avons établi la dévotion au Cœur de Jésus dans notre pauvre maison, nous sentons son esprit se répandre partout et des bénédictions spéciales, temporelles et spirituelles, descendre sur nous." En janvier 1896, les symptômes de la maladie qui doit la clouer au lit se font sentir. Après un court voyage à la maison-mère d'Angers, elle revient à Porto où, brisée par la fatigue et la douleur, elle doit s'aliter le 21 mai. Les médecins diagnostiquent une myélite. En 1897, un léger mieux lui permet de recevoir des visites, qui deviennent bientôt innombrables. Le Seigneur lui dit alors : "Sache, mon enfant, que de la charité de mon Cœur je veux faire descendre des torrents de grâces par ton cœur dans les cœurs des autres. C'est la raison pour laquelle on s'adressera à toi avec confiance ; ce ne sont pas tes qualités, mais c'est moi qui en suis la cause. Jamais quelqu'un qui se rencontrera avec toi ne s'éloignera sans que son âme soit, de quelque manière, consolée, soulagée ou sanctifiée, ou ait reçu quelque grâce, même le pécheur le plus endurci. S'il veut profiter de la grâce, il ne tient qu'à lui." Elle s'emploie autant qu'elle le peut à développer autour d'elle et en dehors du Bon-Pasteur le culte du Sacré-Cœur. En 1898, elle établit les plans d'une église qui lui sera consacrée, et qu'elle souhaite voir ouverte à la population du quartier. Enfin, répondant à la demande réitérée du Seigneur, elle écrit à deux reprises à Léon XIII (10 juin 1898 et 6 janvier 1899) afin que le genre humain tout entier soit consacré par lui au Sacré-Cœur. Enfin Léon XIII accède définitivement à sa demande le 25 mars, projetant la consécration solennelle du monde entier au Sacré-Cœur pour le 11 juin suivant. Le jeudi 8 juin à trois heures du soir, ayant terminé ainsi sa mission, Marie du Divin Cœur s'éteint dans d'ultimes souffrances, au moment même où commencent les premières vêpres de la fête du Sacré-Cœur.

Elle a été béatifiée par Paul VI le 1° novembre 1975.


MEDITATIONS
Le Saint Esprit – L'accueil de la Grâce

« Quand il viendra, lui, l'Esprit de Vérité,
il vous introduira dans la vérité toute entière. »
Jean 16, 13


Les apôtres se préparèrent à recevoir l'Esprit-Saint dans le recueillement et la prière persévérante.
Ecoute la voix de Dieu dans le recueillement, spécialement durant la méditation. Le recueillement attire les grâces de Dieu et multiplie les mérites. L'Esprit-Saint donne sans cesse à chacun de bonnes inspirations. Sois fidèle aux inspirations de Dieu, ne les gaspille pas. La grâce de Dieu fait tout, tu dois seulement correspondre aux grâces.
Toutes les âmes reçoivent les grâces de l'Esprit Saint. Et nous disons que le Saint-Esprit habite dans l'âme des justes. S'il en est ainsi, c'est dans l'âme de l'Immaculée qu'Il a la demeure la plus parfaite.
Toutes les grâces nécessaires à la sanctification sont venues par les mains de l'Immaculée, Médiatrice de toutes les grâces. Et qu'est-ce que la sanctification ? c'est recevoir de Dieu beaucoup de grâces, et l'idéal étant de correspondre à ces grâces. La Vierge Marie existe pour que soit mieux connu l'Esprit-Saint.
En honorant l'Immaculée, nous adorons d'une façon particulière le Saint-Esprit.
On peut affirmer que l'Immaculée est en un certain sens "l'incarnation" de l'Esprit-Saint. En Elle c'est l'Esprit-Saint que nous aimons, et par Elle, le Fils.
La volonté de l'Immaculée est étroitement unie à la volonté de l'Esprit-Saint. Il la possède complètement.
Il faut avoir recours souvent à la Mère de Dieu puisqu' Elle est la Mère de la vie surnaturelle, la Mère de la grâce de Dieu. Le Seigneur veut que nous recevions les grâces par Elle, et tout cela dépend du fait de s'approcher d'Elle.
Nous devons tout attendre de l'Immaculée. Ni la méditation, ni la résolution, ni nos projets, rien ne nous aidera, seulement la grâce de Dieu peut agir. Et c'est pourquoi nous devons implorer pour nous cette grâce de l'Immaculée.

Saint Maximilien Kolbe (1894-1941).


Longtemps je me suis demandé pourquoi le bon Dieu avait des préférences, pourquoi toutes les âmes ne recevaient pas un égal degré de grâces, je m’étonnais en le voyant prodiguer des faveurs extraordinaires aux saints qui l'avaient offensé, comme St Paul, St Augustin, et qu'il forçait pour ainsi dire à recevoir ses grâces, ou bien en lisant la vie de saints que Notre Seigneur s’est plu à caresser du berceau à la tombe, sans laisser sur leur passage aucun obstacle qui les empêchât de s'élever vers lui… Jésus a daigné m'instruire de ce mystère. Il a mis devant mes yeux le livre de la nature et j'ai compris que toutes les fleurs qu'il a créées sont belles... Il a voulu créer les grands saints qui peuvent être comparés aux lys et aux roses ; mais il en a créé aussi de plus petits et ceux-ci doivent se contenter d'être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards du bon Dieu lorsqu'il les abaisse à ses pieds. La perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu'il veut que nous soyons.

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus (1873-1897), MS A, 2 r°-v°, in Œuvres complètes, Le Seuil.


Une âme est d'autant plus dépendante de la grâce qu'elle aspire à une plus haute perfection, et le secours de Dieu lui est d'autant plus nécessaire à chaque moment que sans lui elle ne peut rien ; le monde, la nature, et le diable lui font de concert une guerre si forte et si continuelle que, sans ce secours actuel et cette humble et nécessaire dépendance, ils l'entraîneraient malgré elle ; cela paraît dur à la nature, mais la grâce s'y plaît et s'y repose.

Frère Laurent de La Résurrection (1614-1691), Maximes Spirituelles, in L'expérience de la Présence de Dieu, La Vigne du Carmel, Seuil, Paris, 1947.


« Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse. »
2 Co 12, 9


La grâce du Christ est le don gratuit que Dieu nous fait de sa vie infusée par l'Esprit Saint dans notre âme pour la guérir du péché et la sanctifier : C'est la grâce sanctifiante ou déifiante, reçue dans le Baptême. Elle est en nous la source de l'œuvre de sanctification. (1999)
La grâce sanctifiante est un don habituel, une disposition stable et surnaturelle perfectionnant l'âme même pour la rendre capable de vivre avec Dieu, d'agir par son amour. On distinguera la grâce habituelle, disposition permanente à vivre et à agir selon l'appel divin, et les grâces actuelles qui désignent les interventions divines soit à l'origine de la conversion soit au cours de l'œuvre de la sanctification. (2000)
La préparation de l'homme à l'accueil de la grâce est déjà une œuvre de la grâce. Celle-ci est nécessaire pour susciter et soutenir notre collaboration à la justification par la foi et à la sanctification par la charité. Dieu achève en nous ce qu'Il a commencé, « car Il commence en faisant en sorte, par son opération, que nous voulions : Il achève, en coopérant avec nos vouloirs déjà convertis. (S. Augustin, grat. 17) » (2001)

Certes nous travaillons nous aussi, mais nous ne faisons que travailler avec Dieu qui travaille. Car sa miséricorde nous a devancés pour que nous soyons guéris, car elle nous suit encore pour qu'une fois guéris, nous soyons vivifiés ; elle nous devance pour que nous soyons appelés, elle nous suit pour que nous soyons glorifiés ; elle nous devance pour que nous vivions selon la piété, elle nous suit pour que nous vivions à jamais avec Dieu, car sans Lui nous ne pouvons rien faire.
Saint Augustin, nat. et grat. 31.
La libre initiative de Dieu réclame la libre réponse de l'homme, car Dieu a créé l'homme à son image en lui conférant, avec la liberté, le pouvoir de Le connaître et de L'aimer. L'âme n'entre que librement dans la communion de l'amour. Dieu touche immédiatement et meut directement le cœur de l'homme. Il a placé en l'homme une aspiration à la vérité et au bien que Lui seul peut combler. (2002)
La grâce est d'abord et principalement le don de l'Esprit qui nous justifie et nous sanctifie. Mais la grâce comprend aussi les dons que l'Esprit nous accorde pour nous associer à son œuvre, pour nous rendre capables de collaborer au salut des autres et à la croissance du Corps du Christ, l'Eglise. Ce sont les grâces sacramentelles, dons propres aux différents sacrements. Ce sont en outre les grâces spéciales appelées aussi charismes suivant le terme grec employé par S. Paul, et qui signifie faveur, don gratuit, bienfait. (2003)

Catéchisme de l'Eglise Catholique, Mame / Plon, Paris, 1992.


La vie à laquelle Dieu nous élève est, par rapport à nous, comme par rapport à toute créature, surnaturelle, c'est-à-dire excédent les proportions et les forces, les droits et les exigences de notre nature. Ce n'est plus dès lors comme simples créatures humaines que nous devons être saints ; mais comme enfants de Dieu, par des actes inspirés et animés par la grâce. La grâce devient en nous le principe d'une vie divine. Qu'est-ce que vivre ? Pour nous, vivre, c'est se mouvoir soi-même en vertu d'un principe intérieur, source d'actions qui tendent à la perfection de notre être. Sur notre vie naturelle se greffe, pour ainsi dire, une autre vie dont la grâce est le principe ; la grâce devient en nous source d'actions et d'opérations qui sont surnaturelles et tendent vers une fin divine : connaître Dieu un jour, et jouir de lui, comme il se connaît et jouit de ses perfections.
Ce point est d'une importance capitale, et je désire que vous ne le perdiez jamais de vue. Dieu aurait pu se contenter d'accepter de nous l'hommage d'une religion naturelle ; celle-ci eût été la source d'une moralité humaine, naturelle, d'une union avec Dieu conforme à notre nature d'êtres raisonnables, fondée sur nos relations de créatures avec notre Créateur et nos relations avec nos semblables.
Mais Dieu n'a pas voulu se borner à cette religion naturelle. Nous avons tous rencontré des hommes qui ne sont pas baptisés, et qui pourtant sont droits, loyaux, intègres, équitables et justes, compatissants, mais ce ne peut être là qu'une honnêteté naturelle (*) ; sans la rejeter, (au contraire), Dieu ne s'en contente pas. Parce qu'il a décidé de nous faire participer à sa vie infinie, à sa béatitude propre, - ce qui est pour nous une fin surnaturelle, - parce qu'il nous a donné sa grâce, Dieu demande que notre union à lui soit une union, une sainteté surnaturelle, qui ait cette grâce pour principe.
En dehors de ce plan, il n'y a pour nous que perte éternelle. Dieu est maître de ses dons, et il a décrété, de toute éternité, que nous ne serions saints devant lui qu'en vivant, par la grâce, en enfants de Dieu.
O Père céleste, donnez-moi de sauvegarder en mon âme la grâce qui fait de moi votre enfant ! Préservez-moi de tout mal qui pourrait m'éloigner de vous !...
* : Il faut ajouter cependant que, à cause des tendances mauvaises qui résultent du péché originel, cette honnêteté purement naturelle est rarement parfaite.

Don Columba Marmion (1858-1923), Le Christ Vie de l'Ame, Abbaye de Maredsous, DDB, Bruges/Paris, 1929.


« Ce n'est pas en me disant : "Seigneur, Seigneur", qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : "Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? en ton nom que nous avons chassé les démons ? en ton nom que nous avons fait bien des miracles ?" Alors je leur dirai en face : "Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité" »
Mat 7, 21-23


L'homme doit donc se réjouir, non de la possession de ces grâces extraordinaires et de l'usage qu'il en fait, mais du fruit spirituel qu'il peut en retirer en servant Dieu avec une véritable charité, car c'est elle qui nous donne droit à la vie éternelle. Voilà pourquoi notre Sauveur reprit ses disciples qui revenaient tout joyeux d'avoir chassé les démons et leur dit : « Gardez-vous de vous réjouir de ce que les démons vous sont soumis, mais plutôt de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie (Luc 10, 20). » En bonne théologie cela veut dire : Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie. Par conséquent l'homme ne doit se réjouir que s'il est dans la voie qui conduit à cette vie, voie qui consiste à accomplir ses œuvres dans la charité de Dieu ; car de quoi sert ce qui n'est pas amour de Dieu ? quelle en est la valeur ? Or cet amour n'est pas parfait, s'il n'a pas assez de force et de sagesse pour purifier l'âme de toutes les joies qui viennent de la créature et pour ne se complaire que dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. C'est à cette condition que la volonté s'unit à Dieu par le moyen de ces biens surnaturels.

Saint Jean de la Croix (1542-1591), La Montée du Carmel, chap.XXIX, in Œuvres spirituelles, Seuil, Paris, 1947.

L'Esprit et l'Epouse disent : "Viens !" Que celui qui entend dise : "Viens !" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement.
Apocalypse 22, 17


Le règne de Dieu, c'est le Saint-Esprit emplissant complètement toute l'âme des créatures intelligentes. L'Esprit souffle où Il veut. On ne peut que L'appeler.
Il ne faut même pas penser d'une manière particulière à L'appeler sur soi, ou sur tels ou tels autres, ou même sur tous, mais L'appeler purement et simplement ; que penser à Lui soit un appel et un cri. Comme quand on est à la limite de la soif, qu'on est malade de soif, on ne se représente plus l'acte de boire par rapport à soi-même, ni même en général l'acte de boire. On se représente seulement l'eau, l'eau prise en elle-même, mais cette image de l'eau est comme un cri de tout l'être.

Simone Weil (1909-1943), Attente de Dieu, Paris, La Colombe, 1950.


Esprit-Saint, - pourrait dire le chrétien dans le recueillement de sa prière du soir, - Esprit de Dieu, Esprit de sagesse et de vérité, ma vie aussi est une parabole. Le Seigneur n'est plus là pour m'en dévoiler les secrets, comme il fit pour les Douze; je ne peux pas m'asseoir à ses pieds, et le presser de mes questions, et offrir à sa lumière, une à une, les zones enténébrées de mon esprit et de mon cœur ; du moins êtes-vous là, envoyé par Lui, en son Nom et pour tenir sa place.
Esprit de conseil, il y a tant de choses que je ne comprends pas, en moi et autour de moi, tant d'événements qui m'accablent, et aujourd'hui même j'ai tracé si mal ma route que je ne vois plus très bien où demain sera mon devoir.
Esprit de force, entendez gronder en moi ces tentations avilissantes, voyez ces flots tumultueux qui bientôt vont déborder de toutes parts et submerger ma fragile volonté. Je ne suis pas loin de la désespérance.
Esprit d'amour, moi qui avais tant rêvé d'aimer le Christ et mes frères à plein cœur, pourquoi suis-je aussi ingrat et égoïste ? Pourquoi les voix de la chair et du sang sont-elles si séduisantes que j'ai peur de ne plus savoir entendre votre voix ?
Esprit de science, faites que mes yeux découvrent avec lucidité le vrai visage du monde créé et sachent lire le nom des idoles.
Esprit d'intelligence, ouvrez en même temps mes yeux sur les insondables mystères du Père et du Fils, et apprenez-moi l'adoration.
Esprit de mon Dieu, permettez que je tienne, ce soir, conseil avec vous...
Et l'Esprit-Saint répondrait.

Ambroise-Marie Carré (1909-2004), Le Saint-Esprit, auteur de la Vie spirituelle, Paris, Le Cerf, Cahiers de la Vie spirituelle.


PRIÈRE
Liturgie de la Pentecôte

O Dieu, Vous avez en ce jour instruit les cœurs des fidèles en répandant en eux les lumières du Saint-Esprit ; donnez-nous, par le même Esprit, de goûter ce qui est bien, et de jouir sans cesse de ses consolations. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Venez, ô Esprit-Saint, et faites descendre du ciel un rayon de votre lumière.
Venez, père des pauvres ; venez, auteur des dons ; venez, lumière des cœurs.
Consolateur souverain, doux hôte de l'âme, suave rafraîchissement.
Repos dans le labeur, apaisement dans l'ardeur, consolation dans les larmes.
O Lumière bienheureuse, remplissez jusqu'au plus intime le cœur des fidèles.
Sans votre secours, il n'y a rien dans l'homme, rien qui soit exempt de faute.
Purifiez ce qui est souillé ; fécondez ce qui est aride ; guérissez ce qui est malade ;
Assouplissez nos raideurs ; réchauffez les cœurs froids ; corrigez nos écarts.
A tous les fidèles qui mettent en vous leur confiance, donnez les sept dons sacrés.
Donnez-leur le mérite de la vertu ; donnez-leur une fin bienheureuse ; donnez-leur l'éternelle joie.
Amen. Alléluia.


GROUPE PAROISSIAL DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS
Sainte et Heureuse Fête de Pentecôte !

Notre prochaine réunion est prévue le jeudi 3 juin 2004, à 20h30 à l'Espérance.
N'oubliez pas de consulter le panneau posé à l'entrée de l'église pour avoir confirmation de nos rendez-vous mensuels. Nous vous remercions de votre compréhension !
Pour toute question concernant le Groupe paroissial du Sacré-Cœur, ou les informations à faire paraître dans ce bulletin, contacter :

Père Gilles Michel : XX.XX.XX.XX.XX - Jean-Claude Prieto : 04.66.77.19.51



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