Rayonnement du Coeur Miséricordieux de Jésus Paroisse de Saint-Hippolyte du Fort N°11 – Septembre 2003
Frères et Fils très chers, n'est-il pas normal que la joie nous habite, lorsque nos cœurs en contemplent ou en redécouvrent, dans la foi, les motifs fondamentaux qui sont simples : Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique ; par son Esprit, sa Présence ne cesse de nous envelopper de sa tendresse et de nous pénétrer de sa Vie ; et nous marchons vers la transfiguration bienheureuse de nos existences dans le sillage de la résurrection de Jésus. Oui, il serait bien étrange que cette Bonne Nouvelle, qui suscite l'alleluia de l'Eglise, ne nous donne pas un visage de sauvés. […] La joie naît toujours d'un certain regard sur l'homme et sur Dieu. « Si ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière. » Nous touchons ici la dimension originale et inaliénable de la personne humaine : sa vocation au bonheur passe toujours par les sentiers de la connaissance et de l'amour, de la contemplation et de l'action. […] Ce regard positif sur les personnes et sur les choses, fruit d'un esprit humain éclairé et fruit de l'Esprit Saint, trouve chez les chrétiens un lieu privilégié de ressourcement : la célébration du mystère pascal de Jésus. […] C'est pourquoi notre dernier mot, en cette Exhortation, est un appel pressant à la fidélité des baptisés à célébrer dans la joie l'Eucharistie dominicale. […] Que la participation y soit à la fois très digne et festive ! Paul VI, extraits de l'Exhortation apostolique "La joie chrétienne", 9 mai 1975.
Giovanni Bosco est né à Becchi Castelnuovo d'Asti, le 16 août 1815. Fils de paysans du Piémont (son père meurt en 1817), il passe son enfance dans son village natal, à douze kilomètres de Turin. Enfance très pieuse, marquée par un rêve qu'il fait à l'âge de neuf ans, au cours duquel Jésus et Marie lui apparaissent pour lui dévoiler sa mission future auprès des enfants défavorisés : il voit en ce rêve des enfants turbulents devenir sages, et des animaux féroces transformés miraculeusement en doux agneaux. En 1826, à l'occasion d'une grande mission donnée dans sa région, il rencontre le chapelain de Murialdo, Don Calosso, à qui il fait part de son désir : « Pourquoi voudrais-tu étudier ? – Pour devenir prêtre. – Pourquoi voudrais-tu être prêtre ? – Pour attirer les jeunes gens et les instruire de la religion ; ils ne sont pas mauvais, mais ils le deviennent parce que personne ne s'occupe d'eux. » Passent alors six années durant lesquelles il partage son temps entre travail et études, se faisant remarquer partout pour sa foi et son désir de bien faire. Le 30 octobre 1835, à l'âge de 20 ans, Jean Bosco entre au séminaire. Parmi ses résolutions figure celle de ne laisser passer aucun jour sans faire ou dire quelque chose à l'édification du prochain. Et le 5 juin 1841, dans la chapelle de l'Archevêché de Turin, Jean Bosco est ordonné prêtre. « La parole du prêtre, quelle qu'elle soit, doit partout et toujours avoir une saveur de vie éternelle. » Au mois de novembre suivant il rencontre Don Cafasso (1811-1860, canonisé en 1947) qui décide de sa vocation et deviendra son directeur spirituel. Entré à l'Institut ecclésiastique, il s'emploie alors à l'action charitable auprès des plus démunis. Accompagnant Don Cafasso dans ses visites auprès des prisonniers, il prend conscience des conséquences de la misère. L'exemple de son directeur spirituel, joint à celui de Don Cottolengo (1746-1842, canonisé en 1934) - fondateur des Filles de la Pitié et des Filles du Bon-Pasteur pour les femmes, et des ermites du Très-Saint-Rosaire et de la congrégation des prêtres de la Sainte-Trinité pour les hommes - amène Don Bosco à se consacrer à son tour aux plus pauvres. Il commence alors son apostolat auprès de la jeunesse turinoise, organisant des réunions dominicales mariant le travail, l'école et l'instruction religieuse : ce sont les débuts de l'Oratoire du dimanche. Beaucoup le prennent pour un fou, mais il devient rapidement très aimé de la jeunesse turinoise. Après bien des difficultés, il acquiert une maison dans la quartier de Valdocco, et y fonde son oratoire de Saint-François de Sales : œuvre ouverte à tous, où sont formés des apprentis, et donnés des cours du soir. Don Bosco s'y dépense sans compter. Rapidement, l'œuvre prend de l'importance, les locaux sont agrandis, puis multipliés, et c'est bientôt tout un quartier qui vit de la charité sur l'élan de son fondateur. « Dieu nous a envoyé, Dieu nous envoie, Dieu nous enverra des enfants. Oh ! combien d'enfants Dieu nous enverra, si nous correspondons à sa grâce ! Mettons-nous donc à l'œuvre, et ne reculons devant aucun sacrifice pour les sanctifier et les sauver. » En 1859, il y jette les bases de la Société Salésienne, véritablement fondée en 1864 et approuvée par Pie IX en 1869. Il crée aussi en 1872 l'Institut des filles de Marie-Auxiliatrice, avec l'aide de Marie-Dominique Mazzarello (1837-1881, canonisée le 24 juin 1951). En 1875, sous la conduite du Père Cagliero, les premiers missionnaires partent en Patagonie. De nombreux autres suivront, en direction de l'Amérique du Sud. En 1888, les Salésiens dirigeront 250 établissements, et les missions sont aujourd'hui dispersées dans le monde entier. Don Bosco se lie à cette époque d'amitié avec la famille royale italienne, en la personne de Victor-Emmanuel II, et avec les papes Pie IX et Léon XIII. On lui doit également la construction de plusieurs églises. Au début des années 1870, encouragé en cette voie par Père A. Maresca, barnabite, Pie IX décide que l'église qui doit être construite au Castro Pretorio de Rome sera dédiée au Sacré-Cœur. Dix ans plus tard, l'archevêque de Turin, le cardinal Alimonda, suggère à Léon XIII de confier cette entreprise à Don Bosco. L'architecte choisi est F. Vespignani, et l'œuvre Pie du Sacré-Cœur est établie en vue de rassembler l'argent nécessaire à la construction, qui exige des fonds énormes. Don Bosco s'emploie de toutes ses forces à la réussite de ce projet, se reposant toujours sur la Providence, malgré les difficultés sans nombre rencontrées au cours des travaux. Il se rend aussi en France en 1883 (Nice, Toulon, Marseille, Lyon, Paris…) pour recueillir l'argent nécessaire à l'achèvement des travaux. Ceux-ci terminés, il part une dernière fois à Rome pour l'inauguration de l'église, le 14 mai 1887. Il y célébrera une seule Messe (huit mois avant sa mort), le 16 mai, liturgie poignante, au terme de l'œuvre réalisée. Il fait également bâtir à Turin une basilique en l'honneur de Notre-Dame Auxiliatrice, consacrée en 1868 (miraculeusement préservée des bombardements de 1943), et l'église Saint-Jean l'Evangéliste, achevée en 1882. Don Bosco se trouve également à l'origine de la construction d'un autre Temple dédié au Sacré-Cœur de Jésus : celui de Tibidabo en Espagne. En 1886, il se rend dans ce pays pour demander le secours de ses frères espagnols pour l'achèvement de la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Rome. Au long du chemin, il entend une voix lui répéter "Tibi-dabo, tibi-dabo…". Le 5 mai, après quelques jours passés à Barcelone, et alors qu'il s'apprête à repartir en Italie, il va prier Notre-Dame de la Cité, Patronne de la ville. C'est alors que les propriétaires du terrain de Tibidabo le lui offrent, pour qu'y soit construit un ermitage dédié au Sacré-Cœur. Y voyant clairement le signe de la Providence, Don Bosco non seulement accepte l'offre, mais promet que ce sera un véritable Temple qui s'élèvera sur la colline. Une chapelle provisoire est construite, et le 28 décembre a lieu la cérémonie de la pose de la première pierre. Don Bosco n'en verra pas plus, puisqu'il meurt moins de deux ans plus tard, en 1888. Bâtie sur les plans de l'architecte Enrique Sagnier, l'église s'élèvera peu à peu, la crypte étant inaugurée en 1911 et la consécration solennelle effectuée par Gaétan Cicognani en 1961. Don Bosco meurt le 31 janvier 1888, épuisé par les travaux qu'il a menés de front pendant ces dernières années, et son cortège funèbre attire une foule immense. Il a été canonisé par Pie XI en 1934, le jour de Pâques. « Dites à mes enfants que je les attends tous au Paradis, et recommandez-leur toujours une grande dévotion à l'Eucharistie et à la Sainte Vierge. Ainsi, ils n'auront jamais rien à craindre. »
Si ton âme vit dans une atmosphère de prière, elle sera abondamment joyeuse, elle rayonnera la paix, elle possédera une grande douceur, une sérénité, une égalité réconfortante. Oh ! La précieuse paix, la douce sérénité d'une âme de prière. Abandonnée avec foi à l'amour de Dieu, son Père, convaincue que tout ce qu'il y a de bon vient de Lui, détachée de tout ce qui est sujet de trouble, d'elle même surtout, pénétrée par le sens profond des formules de la liturgie, elle entre insensiblement dans ce que l'apôtre appelle « le sens du Christ » ; de quelle paix jouit cette âme ! Dans quelle unité elle se trouve plongée ! Comme elle se sent plus forte, plus douce, meilleure ! Elle est imprégnée de joie, elle s'épanouit dans l'amour. Quelle source de joie aussi dans les actes de charité, de douceur, de miséricorde et surtout dans le grand acte d'amour de Dieu et de tes frères qu'est le pardon des offenses ! Communique aux autres le trop plein de ta propre joie et tu seras comme un fleuve de santé morale, tu pourras insuffler une nouvelle vigueur dans une âme lassée par le travail et la peine de chaque jour, tu pourras rajeunir une existence. Tous les saints considèrent comme un grand acte de charité de réconforter les âmes tristes, de consoler les affligés, d'apporter un rayon de soleil dans la misère. Aussi saint François d'Assise appelait il la mélancolie le mal de Babylone. Il ne convient pas au serviteur de Dieu de montrer de 1a tristesse et une face troublée, disait il. Et lui même chantait sans cesse l'excès de son amour en se répandant dans une effusion tout exultante d'allégresse. Ne rêvait il pas de demander à l'empereur une loi qui prescrirait à Noël d'abondantes distributions de vivres aux pauvres, aux oiseaux, aux bêtes domestiques afin de les associer à la joie de l'avènement du Christ ? Sainte Catherine de Sienne attribuait à la tristesse une origine diabolique. C'est le but du démon d'opprimer l'âme par l'ennui, la tristesse, le trouble, l'angoisse. Sainte Thérèse disait qu'elle ne craignait rien autant que la perte de la joie dans une âme. Oui, les saints se sont réjouis fortement, ils ont été oints de l'huile d'allégresse, confiants dans la force du Christ dont ils étaient revêtus. Dans leurs souffrances ils songèrent à la récompense, à la joie de leur Dieu dans laquelle ils seraient bientôt plongés. La pensée de leur joie triomphante, triomphe auquel tu seras associé dans peu de temps, est bien propre à te réjouir aussi. Réjouis toi toujours. Même quand ton âme, chargée de péchés est toute confuse, pénétrée de contrition, tu ne dois pas perdre toute joie, mais te réjouir dans la miséricorde de Dieu qui désire te libérer de tes liens, te retirer de la captivité ; sois assuré que ta tristesse se tournera en joie. La pénitence, la privation pour Dieu changent l'amertume en douceur. La tristesse selon Dieu qui prépare la réconciliation est bonne, les larmes de la contrition sont le prélude de la paix de l'âme. […] Cependant pour conserver la paix et la joie il faut tenir ferme à la règle intérieure qui est la conscience, et à la règle extérieure qui est la loi. Sinon, c'est l'anarchie, le désordre. Jamais le plaisir recherché pour lui même ne donne le bonheur. Que dire alors des fausses joies ? C'est en vain, mon frère, que tu cherches ton bonheur dans les faux plaisirs : ils sont, dit saint Augustin, des semences de douleurs et d'amertumes qui fatiguent à n'en pouvoir plus. […] Sache le reconnaître : l'état d'effervescence dans lequel nous vivons est meurtrier de la joie. La multiplication insensée des lieux de plaisir, les ravages causés par les vices ne prouvent ils pas qu'on ne trouve plus la joie dans la vie normale ? On se crée des joies artificielles, des dérivatifs au besoin inné de joie. Les plaisirs tranquilles sont méprisés ; on veut des jouissances plus raffinées pour oublier au moins pendant quelques heures, les tristesses de la vie réelle. Quitte, mon frère, quitte tous tes désirs pleins d'âpreté. Comprends toute la joie du dépouillement. Oh ! Sache te renoncer pour mettre de plus en plus Dieu au principe de toutes tes visées et tes aspirations et tu trouveras le repos pour ton âme. Si tu veux que ta conduite soit haute et belle il faut que ton monde intérieur soit baigné dans une atmosphère de sérénité et d'idéal. Conserve tes pensées toujours pures et élevées, écarte toute pensée vulgaire, garde tes désirs et tes sentiments au dessus du terre à terre, que ta volonté toujours nette et orientée vers le bien, le beau et le vrai maintienne fermement ton intérieur à ce niveau d'idéale beauté. Et cette élévation resplendira dans ta conduite tout entière. Certes, la terre restera toujours la vallée des larmes, le lieu du combat. La joie, même celle qui vient de l'amour de Dieu, n'y est jamais parfaite et sans mélange. D'ailleurs Jésus n'a pas condamné les larmes (1). Mais ne l'oublie pas, mon frère, la souffrance elle même n'est pas exempte de joie ; la joie de l'espérance peut demeurer au milieu des larmes et de la douleur. Sache supporter avec endurance les difficultés, et tu obtiendras la victoire dans la paix. Le détachement de ceux en qui règne sans conteste la charité qui fait posséder Dieu leur permet de vivre dans la joie au milieu de toutes les dérélictions, de toutes les épreuves. La souffrance devient une occasion d'aimer davantage. Le monde extérieur n'accable que celui qui n'a pas la vraie vie intérieure. Cependant il est nécessaire de lutter contre la tristesse ; celle ci s'insinue parfois traîtreusement dans le cœur et revêt tant de formes variées. Si tu t'y abandonnes, tu deviens incapable de supporter avec vaillance les difficultés de la vie. Sois convaincu que la tristesse est une mauvaise passion qu'il faut bannir coûte que coûte. La joie est nécessaire à la santé morale, elle est un facteur de vie, une exigence de la vie. Tâche de prévenir les pensées et les impressions tristes. Si parfois la colère, la crainte, la tristesse te surprennent à l'improviste, que le trouble ne dure guère ! Que la lumière du cœur t'oriente vers Dieu, détaché de toi même ! Dans la souffrance, prie l'Homme des douleurs qui a vaincu la mort et introduit la joie dans le monde par la croix. Ne seras tu pas heureux de Lui ressembler un peu et d'achever en ton âme ce qui manque à ses souffrances pour que sa rédemption te soit pleinement appliquée ? Aie recours à la mère de Jésus, la Vierge bénie, ta mère qui dans le froid et les ténèbres veille sur toi. Dans la nuit noire on croit difficilement que, hors des espaces obscurs, il puisse régner en ce moment une clarté radieuse. Et, cependant, il en est ainsi ; en pleine nuit, le soleil darde dans le ciel, là où tu ne vois rien, des rayons qui vivifient d'autres parties de la terre. Ainsi, pendant que ton âme se trouve dans la nuit obscure, d'autres âmes sont plongées dans un océan de lumière. Patience ; tu auras ton tour, tu ne seras pas toujours dans l'ombre ni le demi jour. Sache attendre et profiter de l'obscurité qui t'entoure pour purifier tes intentions, vivre dans l'espérance de la clarté et de la chaleur du jour, et te concentrer davantage en Dieu, source de la vraie lumière et de la vraie joie. […] Je le dis et le redis encore : Sers Dieu non dans la dépression, l'abattement, l'âpreté ou le scrupule ; mais dans la joie et l'épanouissement de l'âme (2). Si tu t'habitues à écouter toutes les voix joyeuses, à voir tout ce qui t'invite à la joie, tu ne tarderas pas à être joyeux du matin à ton réveil au soir à ton coucher. Alors tu auras trouvé l'atmosphère qui convient à ton âme, l'atmosphère sereine dans laquelle doit s'étendre toute ton existence. Heureux l'homme qui se complaît dans la vie intérieure, dans ce monde de pensées élevées, de sentiments généreux et nobles, de vouloirs énergiques ! Ces réalités transfigurent sa conduite, resplendissent dans sa vie courante. Heureux surtout l'homme qui se délecte dans les pensées de foi, trouve sa joie dans l'amour de son Dieu, du Christ, dans la charité, et conforme sa conduite à la loi de Dieu, aux préceptes de l'Eglise ! Oh ! Bienheureux est il s'il est prêt à sacrifier toute chose pour cet idéal qui dépasse infiniment tout autre idéal ! (1) : « Mieux vaut au cœur humain pleurer et se consoler que de cesser en ne pleurant pas, d'être un vrai cœur humain », dit saint Augustin. (Sermon 179). (2) : « Ce n'est pas bien faire que de faire le bien à contrecoeur. » (Saint Augustin, Confessions, L, I, c. 12.) Dom Idesbald Van Houtryve, o.s.b., "Dans l'Esprit du Christ" (Introduction à "La Vie dans la Paix"), Abbaye du Mont Cesar – Louvain, L'Edition Universelle, S.A., Bruxelles, 1939.
L'amour vrai est l'amour qui blesse et fait souffrir avant d'apporter la joie. Voilà bien pourquoi il nous faut prier, prier encore et demander d'avoir le courage d'aimer. Mère Teresa, Au coeur du monde, Ed. La Table Ronde.
Vous devez supporter tout avec joie pour l'amour de Dieu : les travaux, les douleurs, les tentations, les persécutions, les angoisses, les besoins, les infirmités, les injures, les médisances, les reproches, les humiliations, les affronts, les corrections, les mépris. C'est là ce qui exerce la vertu, ce qui éprouve le nouveau soldat de Jésus-Christ, ce qui forme la couronne céleste. Imitation de Jésus-Christ, L. III, chap. XXXVI. Au fidèle serviteur, persuadé de son inutilité, le Seigneur déclare tout à coup : « Bon serviteur, entre dans la Joie de ton Maître. » Il nous fait entrer dans sa Joie, parce que nous ne pouvons pas la faire entrer en nous : elle est trop vaste pour se limiter aux dimensions d'un cœur humain, pour se laisser mesurer à l'aune du sentir ou du comprendre. Ici encore, la joie émane d'une possession, mais on ne possède pas, on est possédé. On entre dans la Joie de Dieu jusqu'à y perdre pied, comme dans l'océan même de la Divinité. On est emporté par elle comme par une lame d'éternité. Fr. François de Sainte-Marie, o. c. d., De la Joie chrétienne, in "Ma joie terrestre où donc es-tu ?", Etudes Carmélitaines, DDB, 1947. - Frère Brebis de Dieu, prends ta plume, je vais te dicter quelque chose, dit François. - Je suis prêt, mon Père. - Tu vas écrire ce qu'est la joie parfaite. - Volontiers, mon Père ! - Eh bien ! je suppose qu'un courrier vienne nous annoncer que tous les docteurs de Paris sont entrés dans l'ordre : écris qu'il n'y aurait pas là de quoi nous donner la joie parfaite. Je suppose que ce même courrier nous apprenne que tous les évêques, archevêques et prélats du monde entier, ainsi que les rois de France et d'Angleterre, sont devenus frères mineurs, ce ne serait pas encore une raison d'avoir la joie parfaite. Je suppose que mes frères soient allés chez les infidèles et les aient tous convertis jusqu'au dernier... - Alors, mon Père ? - Même alors, frère Léon, ce ne serait pas encore, pour moi, la joie parfaite. Quand les frères mineurs, petite Brebis de Dieu, auraient le don des miracles, qu'ils redresseraient les contrefaits, rendraient la lumière aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vie à des morts de quatre jours ; quand ils parleraient toutes les langues des hommes et des anges, liraient dans les consciences et dans l'avenir, sauraient par coeur tout ce qui fut écrit du commencement du monde à nos jours, connaîtraient la vertu des simples, le cours des étoiles, la place des trésors enfouis dans la terre, les propriétés des oiseaux, des poissons, des arbres, des pierres et de toutes les créatures, mets toi dans la tête et écris sur ton papier, frère Léon, que ce ne serait pas encore la joie parfaite. - Pour l'amour de Dieu, mon Père, apprends moi donc, je t'en prie, en quoi consiste la joie parfaite. - Je vais te le dire. Suppose que, l'hiver, rentrant de Pérouse, j'arrive, par nuit noire, à la Portioncule. Les glaçons collent à ma tunique et mettent mes jambes en sang. Couvert de boue et de neige, mourant de faim et de froid, longtemps je frappe et j'appelle : « Qui est là ? demande le portier qui a fini par venir. C'est moi, le frère François. » Mais il ne reconnaît pas ma voix : « Va ton chemin, espèce de farceur ! répondit il. Ce n'est pas une heure pour venir plaisanter. » J'insiste, mais lui ne veut rien savoir : « Vas tu t'en aller, crie t il, espèce de malotru ? Nous sommes assez nombreux sans toi ; et il est inutile que tu te représentes ici ; les gens comme nous n'ont que faire d'un crétin de ton espèce. Va plutôt tenter ta chance chez les lépreux, à l'hospice des Croisiers, si le cœur t'en dit ! » De nouveau, je le prie de ne pas me laisser dehors par une nuit pareille, je le conjure de m'ouvrir. Il ouvre, en effet : « Attends, effronté, que je t'apprenne à vivre ! » Et saisissant un bâton noueux, il se précipite sur moi, m'attrape par le capuchon, me traîne dans la neige, me frappant et me blessant de tous les nœuds de son gourdin... Eh bien ! frère Léon, si je suis capable de supporter tout cela, pour l'amour de Dieu, non seulement avec patience, mais encore avec bonheur, convaincu que je ne mérite pas d'être autrement traité, alors, sache, retiens, note et écris sur ton papier, petite Brebis de Dieu, que j'ai enfin trouvé la joie parfaite. » St François d'Assise, La Joie parfaite, in O. Englebert, Vie de St François d'Assise, A. Michel, 1972.
Notre prochaine réunion est prévue le jeudi 2 octobre 2003, à 20h30 à l'Espérance. N'oubliez pas de consulter le panneau posé à l'entrée de l'église pour avoir confirmation de nos rendez-vous mensuels. Nous vous remercions de votre compréhension ! Pour toute question concernant le Groupe paroissial du Sacré-Cœur, ou les informations à faire paraître dans ce bulletin, contacter : Père Gilles Michel : XX.XX.XX.XX.XX - Jean-Claude Prieto : 04.66.77.19.51 Retour à la Page d'accueil |