Mgr di Falco - Homélie de la nuit pascale (extraits)
Les commentaires entre crochets sont de la rédaction de ce site.

« … Un homme [seulement homme ? (1)] a fait à la mort un pied de nez. Avec lui, la mort n'a pas eu le dernier mot…
Ce week-end, plus d'un milliard cinq cent millions de chrétiens vont chanter le même Alléluia de la joie. L'Eglise continue à parler toujours plus haut et toujours plus fort de cet homme [même remarque que précédemment] Jésus, mort il y a 2000 ans, et ressuscité…
[…]
Cette sculpture ne nie en rien la croix. Assis sur cette chaise de souffrance le Christ est marqué par les blessures des clous qui ont transpercé ses pieds et ses mains. Aujourd'hui encore, il est écrasé par toutes les douleurs d'une humanité souffrante. Devant la violence de celle et ceux - certes minoritaires, mais actifs et virulents, qui crient au scandale - je m'interroge. Quel échec, pour nous, prédicateurs de la Parole de Dieu ! Qu'avons-nous dit, ou que n'avons-nous pas fait, pour que certains qui se proclament pour autant chrétiens, semblent être tellement fermés à la force de cette parole d'amour [et c'est vous, Monseigneur, qui allez bientôt parler de calomnie ? Juger ainsi ceux qui ne partagent pas votre point de vue sur cette sculpture, aller jusqu'à mettre en doute leur foi de chrétien, est-ce là la parole charitable d'un évêque envers ses frères en Christ ?] Souvent cachés sous le masque de l'anonymat, ils manient l'insulte, la calomnie, les menaces, ils mettent en cause la foi de leur évêque. Qu'ils sachent que leurs cris d'orfraie [parole d'amour et d'apaisement d'un évêque, habité lui-même par une grande paix…?] sont étouffés [pour qui ne veut pas les entendre] par les très nombreux messages reçus d'hommes et de femmes de tous les coins de France, d'Europe et bien au-delà, qui ont reconnu dans cette Pietà les souffrances qui les ont blessés, et que le Christ a portées avec eux.
Malgré la présentation parfois tendancieuse de certains médias qui aimeraient bien faire naître une polémique là où il n'y en a pas [en êtes-vous bien certain ? Si cette sculpture ne prêtait pas à polémique, personne n'en aurait parlé… Quand on pense que vous avez osé reprendre le pape Benoît XVI sur ses propos concernant le préservatif, lui reprochant de ne pas avoir dit… ce qu'il avait précisément affirmé, il y a là de quoi s'interroger sur le sens que vous attribuez au mot "polémique"…], jamais, jamais autant que cette année, pendant une Semaine Sainte, plusieurs centaines de personnes de tous âges, des familles entières, n'étaient venues dans la cathédrale pour ce face à face avec ce Christ offert aux bras ouverts pour les accueillir [ses bras ne sont pas grand ouverts, comme sur la Croix, où Il accueille toute l'humanité, mais à demi fermés… Il rappelle ici curieusement les représentations jansénistes du XVII° siècle…]. Qui peut prétendre connaître ce qui se passe dans le secret de leur cœur ? Des débats, dont le Christ est au centre, ont lieu ici même, entre les personnes venues voir cette œuvre. Cette après-midi, alors que j'étais de passage, un homme est venu me faire partager son émotion, les yeux pleins de larmes. Hier, un groupe de messieurs avait déserté pour un moment le café où ils ont l'habitude de se retrouver, pour venir voir la sculpture, et partager leurs réactions. Des jeunes, attristés par un reportage télévisé qui avait volontairement retenu les seuls témoignages négatifs de la part d'adultes d'un certain âge [pauvres paroissiens âgés, qui ne comprennent rien à "l'art" contemporain…], sont venus me dire leur tristesse, et leur désir de s'exprimer positivement. Ceux qui crient au scandale, les avez-vous entendu hurler devant le spectacle d'un enfant au ventre ballonné, mourrant de faim et de soif dans un ruisseau, la bouche couverte de mouches ? Moi pas [et comment auriez-vous pu les entendre ? Que savez-vous de leurs cris, de leur compassion, de leurs actes de charité envers l'humanité souffrante ?]. C'est pourtant le Christ qui meurt à leurs pieds. Les avez-vous entendus hurler leur colère devant les passeurs qui exploitent des centaines d'hommes et de femmes et d'enfants en leur faisant croire à une vie plus belle ? Moi pas ["Le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien" écrivait Saint Vincent de Paul)…]. C'est pourtant le Christ qui est exploité. Et puis, et puis comme le rappelle le livre de René Guitton, il y a "ces chrétiens qu'on assassine", au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, et jusqu'en Extrême-Orient. Parce qu'ils sont chrétiens, ils sont contraints au silence, et parfois assassinés par centaines. Des églises, des habitations sont saccagées, des cimetières sont profanés, à nos portes, des fatouah sont éditées, des chrétiens condamnés… La liste serait longue, s'il fallait nommer toutes les détresses humaines que le Christ porte sur ses épaules et qui se heurtent au silence coupable des néo-pharisiens [un jugement de plus envers ceux dont vous ignorez tout de "ce qui se passe dans le secret de leur cœur" comme vous le dites si bien…]. Le temps des chrétiens punaises de sacristies est révolu [quel vocabulaire charitable dans la bouche d'un évêque… (2)] Dès lors, sortons de nos tombeaux, quittons le cimetière de nos peurs en face de l'avenir, quittons le cimetière de nos morosités, de nos pessimismes. La vie est en avant de nous. Quittons le cimetière de nos désespoirs. Quittons nos habits de deuil, le Christ est dans la gloire. Quittons nos têtes de croque-mort, nous sommes les témoins de tous ces bourgeons qui éclatent en ce printemps. Quittons nos têtes de fossoyeurs, ayons enfin une tête de ressuscités. Quittons la crypte de nos égocentrismes où nous nous enfermons narcissiquement en marinant dans notre ego. Prenons le grand air de l'Esprit qui nous appelle à la rencontre de nos frères. Quittons les catacombes où sont empilées, visitées, toutes nos fautes passées, Dieu les a oubliées depuis longtemps [quelle utilité donnez-vous au Sacrement de Réconciliation ?].
Mais pour nous, où donc est ta victoire, Jésus ressuscité ? La victoire que Jésus a obtenue sur la mort, c'est par les armes de l'amour qu'elle a été gagnée. Il y a eu victoire sur la mort, parce qu'il y a eu victoire de l'amour. L'amour du Christ a été tellement grand, tellement fort, que la mort a trouvé son maître. Jésus est le ressuscité de l'amour. C'est le grain qui meurt qui donne la vie, et une vie plus abondante. C'est vrai qu'il est difficile de dire la joie de Pâques à ceux qui souffrent, et n'en finissent pas d'attendre leur délivrance. Nous serons des ressuscités dès ici-bas dans la mesure où notre amour sera semblable à celui de Jésus, un amour qui tend vers la gratuité, la générosité sans recul. Aimer les autres comme le Christ les aime, les aider à sortir de leur tombeau, c'est bien l'œuvre confiée à l'Eglise. Ouvrir tout ce qui enferme l'homme dans la peur, la haine, le péché. Le baptême nous conduit à la rencontre de toute mort, pour y susciter la vie. Celui qui aide quelqu'un dans sa misère ou dans sa solitude, ouvre un tombeau. Qu'il est bon de penser qu'en ces fêtes pascales, des milliers de cloches vont carillonner partout dans le monde pour célébrer la plus grande fête de l'année. Le gros bourdon de Notre-Dame va faire vibrer ses 13 tonnes. Toutes les cloches de par le monde vont s'en donner à cœur joie. Il faut dire que selon une légende du Moyen-âge, ces cloches reviennent de Rome, chargées d'œufs en chocolat, où elles sont allées ces cloches le Jeudi Saint pour rendre visite à Benoît XVI. Elles chantent la vie. Elles nous disent : chrétiens, nous ne sommes pas menacés de mort, nous sommes menacés de résurrection.

(1) : "Quelle est la plénitude de la foi ? De ne pas croire que le Christ est seulement homme, de ne pas croire non plus que le Christ est seulement Dieu, mais homme et Dieu. Telle est la plénitude de la foi, car la parole s'est faite chair et elle a habité parmi nous."
Saint Augustin

(2) : "La langue, au contraire, personne ne peut la dompter : c'est un fléau sans repos…
De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi…
Est-il quelqu'un de sage et d'expérimenté parmi vous ? Qu'il fasse voir par une bonne conduite des actes empreints de douceur et de sagesse.
… La sagesse d'en haut est tout d'abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie.
Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix."
Jacques 3, 8-18