Défense du Catholicisme

29 mai 2007





Ce mardi 29 mai, TF1 diffuse un "documentaire" intitulé « Le tombeau retrouvé du Christ » : quelques mises au point utiles.

« L’Eglise n’a pas peur de la vérité historique ! », rappelle l’évêque de Gap, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, dans ce communiqué à propos d’un documentaire diffusé à la télévision française faisant état de fouilles - à propos desquelles des archéologues chevronnés prennent leurs distances -, et intitulé, sans tenir compte de leurs critiques : « Le tombeau retrouvé du Christ ».

Communiqué de Mgr di Falco

Ce 29 mai à 23h20, sur TF1, sera présenté un documentaire fiction intitulé « Le tombeau retrouvé du Christ ». Réalisé avec le cinéaste James Cameron, l’auteur du film à succès « Titanic », ce documentaire reprend sous la forme d’une fiction, le déroulement des recherches qui ont été récemment faites autour d’un tombeau par un réalisateur canadien, Simcha Jacobovici. A l’origine de son initiative, des rumeurs selon lesquelles ce tombeau, découvert en 1980, renfermerait en particulier une urne sur laquelle est inscrit « Jésus, fils de Joseph ». Le film est suivi d’un débat entre Simcha Jacobovici et Mgr di Falco. Voici quelques éléments de réflexion publiés sur le site internet du diocèse de Gap (http://www.diocesedegap.com) au sujet de cette découverte.

Il est tout d’abord intéressant de noter que l’intérêt du cinéaste pour ce tombeau coïncide avec le succès commercial de nombreux ouvrages à thème ésotérico-religieux, tels que le Da Vinci Code, alors que le tombeau était connu des archéologues depuis 27 ans. Ces derniers n’avaient apparemment pas jugé nécessaire d’approfondir la présence de l’urne funéraire d’un certain « Jésus, fils de Joseph », cette inscription n’étant pas rare à cet emplacement, à quelques kilomètres de Jérusalem.

La curiosité de Simcha Jacobovici a été suscitée par la présence, dans le même tombeau, d’autres urnes sur lesquelles des graffitis représentent les noms de Joseph, Marie, Marie-Madeleine, Jacques, Matthieu et Judas. La mention de ces prénoms, tous connus dans la Bible, fait ainsi dire au réalisateur qu’il s’agit du tombeau de la famille de Jésus : Jésus, « époux » de Marie-Madeleine, Judas, leur « fils », Jacques, le « frère »… Sur quoi se base-t-il ? La seule analyse ADN a permis de montrer que Jésus et Marie-Madeleine avaient un ADN différent. Simcha Jacobovici en conclut bien rapidement qu’ils sont mari et femme. Or, aucune analyse sur ce Judas, leur prétendu fils…

D'autant que cette conclusion repose sur une statistique douteuse : il y aurait une chance sur 600 pour une telle concordance de prénoms. Mais des archéologues se demandent quelles sources de données ont permis au réalisateur d'établir de telles statistiques puisqu’en Israël, le nombre de tombes non découvertes surpasse des millions de fois le nombre des tombes mises à jour. Par ailleurs, les prénoms de Jésus, Joseph et Marie-Madeleine étaient très fréquents à l'époque. Et même si ces statistiques s'avéraient justes, elles présupposent que Marie-Madeleine et Jésus sont mariés et que Judas est leur fils. Or, aucune indication n’est donnée en ce sens, ni dans la Tradition de l’Eglise, ni dans aucun évangile apocryphe.

D’ailleurs, concernant Marie-Madeleine, un problème survient sur celle qui est ainsi appelée, sans nuance, par le réalisateur. Pour tous les lecteurs du Da Vinci Code et d'autres récits du genre, ce nom de « Marie-Madeleine » fait tilt ; or, sur l'inscription retrouvée, on a le nom « Mariamne », qui pourrait se traduire, d'après les archéologues, « Marie, connue sous le nom de son maître ». Rien ne dit donc qu'il s'agit là de Marie-Madeleine des évangiles, d’autant plus que ce même nom condense la figure de trois femmes : Marie de Magdala, Marie sœur de Lazare et la femme de Béthanie. Autre curiosité, ces tombeaux contiennent des inscriptions en araméen, hébreu et grec ; il est étonnant que, dans une même famille, on ait ainsi des inscriptions de langues différentes.

Enfin, la localisation géographique pose question : si Jésus a été mis au tombeau à Jérusalem puisqu'il y a été crucifié, il n'y a aucune raison à ce que Joseph, père de Jésus, ait été lui aussi enterré (avant Jésus) à Jérusalem et non à Nazareth. De même, si Marie-Madeleine et son prétendu fils Judas ont vécu après la mort de Jésus, on peut supposer qu’ils seraient retournés à Nazareth ou du moins sur les bords du Lac, où ils auraient dû, selon la logique du réalisateur, être enterrés.

En conclusion, la découverte récente de la tombe du roi Hérode, par des archéologues qui ont travaillé dessus pendant une dizaine d’années, paraît plus sérieuse que celle d’un cinéaste et d’un réalisateur dont le premier est particulièrement connu pour ses fictions à succès commerciaux. En outre, l’évangile est passé au feu de la critique depuis 150 ans, et son interprétation dans l'Eglise, reste le meilleur portrait de Jésus qui soit recevable aujourd'hui, le plus crédible et le plus vraisemblable. Mais pour reprendre les propos du Pape Pie XII, qui donnait l’autorisation de faire des fouilles sous la basilique Saint-Pierre, où l’on craignait de ne pas retrouver les restes de saint Pierre, « l’Eglise n’a pas peur de la vérité ».

Mgr Jean-Michel di Falco Leandri
Evêque de Gap



Réflexion du P. Michel Remaud, directeur de l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature rabbinique, à Jérusalem

Quelqu’un le faisait remarquer un jour avec beaucoup de bon sens : si on trouve dans une lettre du quinzième siècle la formule : « Tu as le bonjour de Christophe », il ne s’agit pas forcément de Christophe Colomb. Tout le tapage fait autour de la tombe d’un certain Jésus enterré avec sa femme et son fils ne mériterait pas davantage d’attention si James Cameron n’avait décidé de profiter de l’aubaine pour en faire un film. Si on trouve dans le même tombeau les ossements d’un homme et d’une femme dont l’ADN montre qu’ils n’ont entre eux aucun lien sanguin et que l’homme s’appelle Jésus, la femme ne peut être que Marie-Madeleine. Élémentaire, mon cher Watson ! L’idée que l’Église aurait « caché des choses » est un truc qui marche à tous les coups et la recette, dans les deux sens du terme, est assurée (voir le succès du « Da Vinci code »). Il suffirait pourtant de réfléchir quelques minutes pour se dire que nous ignorerions 98 % de ce que nous savons sur Jésus si la communauté chrétienne n’avait rédigé, conservé et transmis les évangiles. Aujourd’hui, « la Science » viendrait brandir le bâton que « l’Église » aurait donné pour se faire battre en révélant l’existence de Jésus tout en nous cachant la vérité à son sujet.

En lisant la dernière dépêche de l’AFP sur le sujet, on se dit que la Science, justement, a encore du travail à faire pour éclairer les masses, même journalistiques. On y apprend que l’hypothèse « s’appuie sur la présence de plusieurs noms hébreux inscrits sur les cercueils du tombeau ». Voilà effectivement un scoop ! Si on avait trouvé des noms chinois sur des tombeaux juifs à Jérusalem, la découverte serait certainement passée inaperçue... On apprend aussi que « Pour les Eglises catholique et orthodoxe, la tombe du Christ se trouve sous l’église du Saint-Sépulcre (sic !) à Jérusalem, tandis que les protestants la situent plus au nord, hors des murs de la vieille ville. » Effectivement, un général anglais du XIXe siècle, du nom de Gordon, frappé par l’aspect d’une colline dont la forme rappelle vaguement celle d’un crâne, avait identifié ce site au « lieu du crâne » dont parle l’évangile. Cette localisation a connu un certain succès, en particulier chez les anglicans, et la « tombe de Gordon » est devenue le « Garden Tomb », la tombe du jardin. Aujourd’hui, le prospectus mis à la disposition des visiteurs se contente de dire que le site donne une bonne idée de ce que pouvait être le tombeau dans lequel Jésus avait été déposé. Le rédacteur de la dépêche n’a probablement pas vu les lieux, mais peu importe, puisque le lecteur n’ira pas vérifier et que le papier se vendra.

Morale de toute cette histoire : au vingt-et-unième siècle, il suffit d’invoquer « la Science » pour diffuser n’importe quoi, et l’appel à « la Raison » peut justifier toutes les formes de l’irrationnel. Pourquoi s’en priver, si ça rapporte ?

P. Michel Remaud

Source : Un Echo d'Israël.



Court mais intéressant clip vidéo de mise au point de LCI

A voir sur cette page, en cliquant sur le lien sous la photo du sarcophage, ou directement ici.

Le Docteur Amos Klöner, l'archéologue qui fit découvrir au réalisateur l'existence du tombeau, y tourne en ridicule les divagations prétentieuses de James Cameron : "Je n'accepte pas l'idée que Marie et Joseph, les parents de Jésus, aient eu une tombe à Jérusalem. C'était une famille pauvre, qui vivait à Nazareth !"
Ce seul argument semble bien à lui seul décisif, et il est donc inutile de polémiquer sur ce sujet.



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