Défense du Catholicisme

27 octobre 2007





“Zizi sexuel” : intrusion collectiviste

C’est l’événement parisien de la rentrée : la Cité des sciences et de l’industrie propose aux 9-14 ans son exposition « Le zizi sexuel » censée leur « expliquer l’amour et la sexualité ».

Vingt-deux mois de travail et un million deux cent mille euros ont été nécessaires pour concilier l’esprit un brin « provoc » du père de Titeuf et celui des huiles de l’Éducation nationale sollicitées pour valider l’entreprise. Zep, le dessinateur, et sa compagne Hélène Bruller, parolière, ont vendu un million cinq cent mille d’exemplaires de leur Guide du zizi sexuel paru en 2001 chez Glénat. Six ans plus tard, avec cent quatre-vingts croquis supplémentaires, c’est une exposition qui s’étale sur huit cents mètres carrés, prévue pour quatorze mois et trois millions de visiteurs à sept euros avant une tournée nationale, ou planétaire.

Que voient au juste de « la chose » ces enfants de tous âges que des parents ou des enseignants lancent dans ce bain ? Le thème sensible est abordé avec un mélange de science et d’humour. Aucune photo de nudité, mais des dessins et maquettes explicites sont censés créer un contexte onirique propre à ne pas choquer. Derrière l’aspect ludique des animations, les enfants en apprendront pourtant de bien bonnes : ils peuvent successivement serrer un « amouromètre » en forme de cœur pour mesurer leur affection, introduire leurs mains dans l’« essoreuse à langues » pour simuler un baiser à la française, admirer des « fresques coquines », utiliser « la machine à déclarations » puis le « pubertomatique » qui les projette dans la peau d’un adolescent, et même le « love-phone ». Cette dernière animation, qui donne des informations sur la masturbation et l’homosexualité, est interdite aux parents. Une exclusion justifiée par un souci « d’établir une barrière symbolique entre adultes et préados ». Ailleurs, le « rallye des spermatozoïdes » et de drôles de dessins de fœtus permettent de montrer jusqu’où tout cela peut mener… quand on arrête la contraception !

Désinhiber

L’objectif affirmé de désinhiber les enfants ne risque-t-il pas d’aller un peu loin ? Des parents ont déjà fait les frais de l’effronterie du héros de Zep : « Mon fils, six ans, est au CP. Il a découvert Titeuf à la télé. Résultat, il s’est déculotté dans la cour de récréation et a été convoqué chez la directrice ! » a raconté une enseignante. Une autre mère de famille a témoigné : « On a offert un album à ma fille aînée de 9 ans. On y voyait un couple nu qui faisait l’amour. Elle a été choquée. »

À la Cité des sciences, certains jeunes visiteurs se disent « dégoûtés », d’autres se taisent ou crânent. Curieusement, les auteurs du guide avouent qu’ils ne l’ont pas mis entre les mains de leurs propres enfants, dont l’aîné a onze ans… Pourtant, les experts décrètent unanimement que leur exposition « n’est en aucune façon déstabilisante même pour des enfants plus jeunes ou moins matures » que les 9-14 ans visés. Sa commissaire, Maud Bouy, affirme avoir effectué des « tests » sur des filles de 4e et de CM2 avant de choisir de montrer « des pénis surdimensionnés » pour éviter « la gêne devant une représentation réaliste ». Elle justifie aussi le parti pris de l’humour : sans lui, « ça les prendrait trop dans leur âme et dans leur cœur ». Comme si le sexe devait s’éloigner du cœur et ne pouvait passer que par la dérision. Pour mettre à l’aise et lutter contre la honte et l’opprobre parfois attachés à la relation sexuelle, la dimension ludique peut se comprendre. Le risque est d’en occulter la gravité, au sens noble.

Caution médicale

Certes, l’intention pédagogique de l’exposition, en pleine conformité avec la morale républicaine en vogue, est louable : la relation sexuelle nécessite « le consentement mutuel, la tolérance et la parité ». L’exposition met aussi en garde les enfants contre la pédophilie, l’inceste et les dangers de l’’Internet… et l’homophobie. Toute l’ambiguïté de l’entreprise se retrouve dans sa caution médicale, le docteur Emmanuelle Piet, médecin de PMI en Seine-Saint-Denis, qui est à la fois connue pour son engagement contre les violences faites aux femmes et pour le développement de l’avortement.

Dans l’espace interdit aux parents, c’est donc leur propre catéchisme que les pouvoirs publics délivrent sur la masturbation et l’homosexualité : « une attirance qui ne se décide pas mais qui s’impose à celui ou à celle qui le vit [et] qui doit être reconnue et acceptée par tous », explique Dorothée Vatinel de la Cité des Sciences. Ceux qui auraient une autre idée que l’État sur la bienfaisance de la masturbation et le caractère irrépressible de l’homosexualité n’ont qu’à bien se tenir, bien que l’exposition fasse la part belle à l’hétérosexualité (la société hésite à imposer aux enfants des représentations homosexuelles crues).

Pour légitimer leur débauche d’énergie pour « informer » les enfants sur la sexualité, les organisateurs soulignent que la plupart sont déjà désinformés par un discours médiatique la banalisant  : « À 11 ans, un enfant sur deux a déjà vu un film porno » rappelle Maud Bouy. La visite pourrait alors s’apparenter à un redresseur d’idées fausses.

Tout sur le zizi, rien sur l’amour vrai

Cependant, là où un accompagnement personnalisé par les parents était préconisé, c’est dans un bain collectiviste qu’on jette le troupeau des citoyens en herbe. Certains se demandent de quel droit on arrache les enfants à ce temps essentiel de l’innocence enfantine décrit par les psychanalystes. Entre 6 et 11 ans, cette « période de latence » est précieuse pour leur construction intellectuelle et affective. Elle devrait les protéger des préoccupations sexuelles qui mobilisent l’énergie des adolescents et des adultes. Le pédopsychiatre Sylvain Berdah déplore qu’elle ait « tendance à se réduire ou disparaître », à cause de l’excitation provoquée par l’univers culturel et médiatique, et estime le phénomène « étroitement dépendant du milieu familial ». L’âge des premières relations sexuelles est d’ailleurs plus précoce dans les milieux les plus défavorisés.

Les parents n’ont pas bonne presse pour les responsables de l’exposition, tantôt jugés incapables d’aborder ces sujets, tantôt suspectés d’« injonctions parentales moralisantes ». Jean-Yves Cariou, professeur de SVT, qui fait partie du comité scientifique de « Zizi sexuel » confirme l’intention de « désacraliser un peu ce qui tourne autour de la sexualité ».
Autre expert impliqué, Sylvie Octobre, du ministère de la Culture, estime qu’il faut montrer que « la sexualité n’a rien à voir avec la morale », un mot banni de l’exposition. Si rien n’est épargné aux enfants en matière d’érection, de préservatifs et de pilules, l’exposition « n’ouvre aucune perspective sur l’amour qui dure » note un adulte désenchanté sur le livre d’or.
Tout sur le zizi, rien sur l’amour vrai. Et si c’était là que résidait la supercherie ? Il suffirait d’un émoi amoureux pour « sortir » ou « faire l’amour ». Les enfants rêvent de pureté, d’engagement et de fidélité, mais la République n’y croit plus. Pour les parents qui savent que la sexualité a quelque chose de sacré, l’objection de conscience est de rigueur.

Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance pour les droits de la vie, chroniqueur à l'hebdomadaire France catholique.

Source : Fondation de service politique



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