"Le mystère du Suaire de Turin sous l'œil des scientifiques", reportage de TF1 diffusé au journal de 13h00.
Relayant des dépêches de l'AP du 21 juin et de l'AFP du 22 juin, Claire Chazal présente
"une étude menée à la demande du magazine Science et Vie qui vient de paraître", et annonce :
« Les scientifiques (nous verrons plus bas de qui il s'agit)
estiment maintenant que ce morceau de lin n'est en fait pas un reste du linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ. »
Et le journaliste de TF1 commence son reportage ainsi :
« Le Saint Suaire n'est pas le linceul du Christ, c'est un faux fabriqué au Moyen Age. »
Et d'expliquer que c'est ce que les scientifiques avaient démontré il y a 17 ans, grâce à leurs expériences effectuées à l'aide du Carbone 14.
Or ces expériences au Carbone 14 ont été démontées tout aussi scientifiquement, la datation ainsi obtenue étant rejetée par un certain nombre de chercheurs croyants comme Raffard de Brienne, Upinski et beaucoup d'autres, mais aussi par des chercheurs incroyants (voir Cherpillod et Mouraviev,
Apologie pour le Suaire par deux scientifiques non croyants).
Sur la limite et l'inefficacité de ces expériences, consulter :
Le carbone 14 et le Suaire de Turin
Les limites de la datation par Carbone 14
Le linceul Sacré
Le journaliste poursuit en détaillant l'expérience réalisée par ces scientifiques (ne paraîtra que le nom de Jacques Evin, toujours fervent partisan de la datation au Carbone 14), qui ont obtenu l'image d'un négatif photographique par tamponnage d'un morceau de lin sur un moulage de plâtre, avec un mélange de poudre d'oxyde de fer et d'eau, de la gélatine étant utilisée comme liant. Et de préciser :
« Tous ces ingrédients sont cohérents d'après les experts avec l'hypothèse d'une fabrication moyenâgeuse. »
Mais qui sont donc ces scientifiques ?
Il s'agit du
Cercle Zététique, dont le nom a été soigneusement occulté par TF1, sans doute de peur de voir son reportage perdre toute crédibilité.
Ce "vrai-faux suaire zététique" a été réalisé sous l'égide du magazine Science & Vie, par Patrick Berger, président du Cercle Zététique, et Paul-Eric Blanrue, historien et fondateur de ce Cercle, le 21 juin 2005, au Museum d'Histoire Naturelle de Paris.
Le Cercle Zététique
"a pour mission principale de mener des investigations dans le domaine des fausses sciences, de l'étrange et du paranormal et de diffuser le résultat de ces enquêtes dans le grand public, par tous les moyens possibles. Ses membres font des conférences, participent à des débats publics, s'expriment dans des émissions télévisées, etc."
Quelle objectivité peut-on attendre de ses membres avec un tel postulat de départ ?
La photo du résultat de cette expérience, affichée victorieusement sur ce site, ferait sourire si elle n'était pas l'aboutissement d'une tentative aussi prétentieuse que vaine de restituer une image semblable à celle du Saint Suaire. Pour qui a eu le bonheur de contempler ce Suaire, ou ses reproductions, quelle pâle et pitoyable copie que celle de ce Cercle de "scientifiques" !
M. Blanrue a affirmé à propos de ce résultat obtenu (dépêche de l'AP du 21 juin) :
« Il est 100 % identique à l'original, c'est-à-dire que vous avez également l'effet trois dimensions, l'effet de relief. On a véritablement l'impression qu'il y a un corps qui a séjourné dans le lin. »
Je suggère à chacun d'effectuer cette comparaison.
Entre le résultat obtenu par cette expérience "scientifique", et l'original du Suaire de Turin, quelle ressemblance ?
Site de M. Blanrue -
Photo du Saint Suaire de Turin
Un élément parmi tant d'autres saute aux yeux : les plis du linge… Et comment y échapper, avec la courbure du tissu sur le visage ? Pour le reste, ces scientifiques peuvent-ils être à ce point aveugles ? Pitoyable orgueil humain, que même le ridicule ne semble pas atteindre…
Paul-Eric Blanrue, (auteur d'un ouvrage ayant pour titre "Miracle ou imposture ? L'histoire interdite du suaire de Turin", où il s'efforce de démontrer que les textes ont été trafiqués, les analyses truquées, etc.) tente d'asseoir sa théorie en répondant au journaliste de TF1 :
« Historiquement, on sait que le Suaire est une peinture. Au XIV° siècle, l'évêque de Poitiers dit que c'est un faux… Le pape Clément VII le dénonce comme un faux… » Et voilà la prudence de l'Eglise balayée d'un revers de main…
Ce Monsieur pourrait semblablement reléguer les apparitions mariales de Lourdes au rang des supercheries et des mensonges, puisque l'Eglise a refusé dans un premier temps toute crédibilité aux affirmations de sainte Bernadette ! Je suggère à ce Monsieur de se pencher prochainement sur cette question, je ne doute pas qu'il trouvera bien des hypothèses intéressantes pour prouver que ce sont des mirages et des voix qui ont trompé la jeune Sainte de Lourdes, sujette aux hallucinations et à l'affabulation…
Un faussaire de génie…
Sans entrer par trop dans le détail, en admettant que ce Suaire soit un faux du Moyen Age, il faudrait :
1. - que le faussaire ait délibérément soumis l'un de ses contemporains à tout le martyre de la Passion du Christ, dans le seul but d'impressionner cette toile avec son cadavre, puisque le corps qui a impressionné le Suaire porte toutes les marques de la Passion (flagellation, coups, marque du portement de la croix sur l'épaule, etc.)
2. - qu'il ait eu une parfaite connaissance des données physico-chimiques concernant notamment l'écoulement du sang, afin que la toile soit bien impressionnée avec les différents types de sang que l'on retrouve aujourd'hui sur le Suaire : sang artériel, veineux et mixte (qui ont coulé du vivant du supplicié) et sang de cadavre, qui s'est échappé du corps après la mort, notamment par la plaie du côté, en même temps que de l'eau.
3. - qu'il ait eu la géniale intuition du transpercement de la main dans le pli de flexion du poignet, ce qui était en total désaccord avec la tradition iconographique séculaire (ce transpercement au poignet est une exigence anatomique, démontrée par le Pr. Pierre Barbet, pour que le corps puisse être supporté sur la croix).
4. - qu'il ait connu le principe de rétractation du pouce par la suite de la lésion du nerf médian (ce qui était ignoré par la médecine de cette époque).
5. - que la blessure du côté devait apparaître au côté gauche et non au côté droit, l'inversion n'intervenant que lorsque l'on passe de l'image en négatif à l'image en positif.
6. - qu'il ait utilisé un drap ayant voyagé de Palestine jusqu'en Europe, puisque l'on trouve sur le Suaire des pollens provenant non seulement de Palestine, mais aussi d'Asie mineure, de France et d'Italie.
7. - qu'il ait eu une telle connaissance des traditions judaïques, qu'il ait pensé à placer sur les yeux du cadavre (l'une sur l'oeil droit, l'autre sur l'arcade sourcilière gauche) deux pièces de monnaie romaines, datant de Ponce Pilate (où se les serait-il procurées ?), détails qui n'ont été découverts que grâce à l'invention de la photographie tridimensionnelle.
Cette liste pourrait s'allonger encore de nombreux autres points.
Par ailleurs, s'il est exact qu'il n'y a jamais eu d'approbation officielle de l'Eglise catholique sur ce sujet, tous les papes depuis 1506 et Jules II n'ont cessé d'encourager sa vénération et les pèlerinages qui y sont attachés.
Paul VI, pour ne citer que lui, déclarait le 23 novembre 1973, à la télévision, lors de l'une des Ostensions du Suaire :
"Nous regardons..., avec l'admiration la plus profonde et la plus recueillie..., le Saint Suaire, cette extraordinaire relique... Le visage du Christ qui y est imprimé nous est apparu si vrai, si profond, si humain et divin, que nous l'avons admiré et vénéré comme aucune image ne nous avait permis de le faire... "
Sang ou colorant ?
Un dernier point, et non le moindre : quelle est la nature de l'image du Suaire ?
Les taches de sang ne posent pas de problème particulier, même aux partisans du faux : c'est bien de sang humain dont il s'agit. Mais comme l'indique D. Raffard de Brienne, dans son excellente étude "Le secret du Saint Suaire" (édition de Chiré, 1993) :
« Si l'on veut soutenir, contre toute vraisemblance, la thèse du faux, il faut supposer que les taches viennent de l'art d'un faussaire possédant les connaissances hématologiques et physiologies du XX° siècle finissant. Il faut aussi supposer que ce faussaire s'est complu à rechercher la difficulté puisqu'il aura peint les taches de sang avant de peindre la silhouette : la toile est en effet restée blanche sous les taches. »
A noter que ces taches sont entourées de cernes de sérum, et que les spécialistes y ont bien trouvé les principaux constituants des globules rouges : porphyrine, hémoglobine, albumine et bilirubine. Ce sang a été analysé, il est de type AB.
Pour ce qui est de la coloration du tissu, celui-ci ne porte aucune trace de peinture, de pigment ou de produit colorant. La coloration correspond à une oxydation de la cellulose des écailles superficielles des fibres de lin, une "roussissure" semblable à une brûlure, dont l'intensité varie de manière inversement proportionnelle à la distance du corps. C'est ce qui donne cet aspect de "négatif" à l'image.
Pour réagir
Liens utiles
SINDONE : Le Saint Suaire de Turin, site officiel
Le Linceul de Turin et l'association MNTV (Montre Nous Ton Visage), qui propose (entre autres activités) une exposition itinérante sur le Saint Suaire
La réponse de Pierre de Riedmatten à l'article du journal La Croix, suite à cette enquête du magazine Sciences et Vie (commentaire publié dans le n°32 de Juin 2005 de l'association MNTV)
Description du linceul de Turin, site très détaillé, et fort complet
Sindonologie, aspects historiques, techniques et scientifiques
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