Défense du Catholicisme

18 juin 2010





Déclaration des évêques grecs : "Dans les pays de tradition chrétienne multi-séculaire, l'exposition de symboles religieux ne devrait pas être interdite..."

Cette déclaration intervient alors que la fameuse affaire Lautsi, ou « l’affaire du crucifix », sur l’interdiction du crucifix dans les salles de classe en Italie, où doit être examinée par la Grande Chambre de la Cour Européenne, le 30 juin prochain, le recours présenté par l'Italie qui revendique le droit d'exposer le crucifix dans les lieux publics.


Rappel "historique" succinct :

27 juillet 2006 : Mme Soile Lautsi, ressortissante italienne, dépose devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme une requête contre l'Italie, contre "l'exposition de la croix dans une école publique".

03 juillet 2008 : Examen de la requête par l'EHCR.

03 novembre 2009 : La Cour Européenne des Droits de l'Homme (ECHR) juge dans un arrêt "Lautsi c. Italie" (requête no 30814/06) que la simple présence de crucifix dans les salles de classe italiennes est en soi contraire à la liberté de religion des enfants et au droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions.
« La Cour estime que l'exposition obligatoire d'un symbole d'une confession donnée dans l'exercice de la fonction publique relativement à des situations spécifiques relevant du contrôle gouvernemental, en particulier dans les salles de classe, restreint le droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions ainsi que le droit des enfants scolarisés de croire ou de ne pas croire. La Cour considère que cette mesure emporte violation de ces droits car les restrictions sont incompatibles avec le devoir incombant à l'Etat de respecter la neutralité dans l'exercice de la fonction publique, en particulier dans le domaine de l'éducation. »
Renvoi devant la Grande Chambre.

19 novembre 2009 : L'Autriche se prononce publiquement contre la sentence de novembre de l'EHCR, en accord avec les 10 Etats ayant demandé à intervenir comme tierce partie (voir la liste ci-dessous au 01 juin 2010).

03 décembre 2009 : La Pologne se prononce à son tour contre cette sentence.

28 janvier 2010 : Le Gouvernement Italien fait appel de cette décision.

Mars 2010 : Le European Center for Law and Justice (ECLJ) annonce son intention de se porter « tierce partie » dans cette affaire, afin de défendre une saine conception de la liberté religieuse. Cf. les détails sur Zenit.

29 avril 2010 : Le gouvernement italien soumet son memorandum à la Cour, expliquant que les juges de Strasbourg n'ont pas compétence pour imposer le sécularisme à un pays, et surtout à l'Italie, caractérisée par son identité et une pratique religieuse très majoritairement catholique.

12 mai 2010 : La Cour Européenne des Droits de l'Homme (ECHR) informe le Centre Européen pour la Loi et la Justice (ECLJ) qu'il est autorisé à intervenir comme « tierce partie » dans l'affaire « Lautsi vs Italia », mieux connu comme l'« affaire du crucifix ». Cf. les détails sur Zenit.

01 juin 2010 : La Cour Européenne des Droits de l'Homme (ECHR) transmet la liste des Etats admis en tant que « tierce partie » au Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ). Il s'agit de l'Arménie, de la Bulgarie, de Chypre, de la Grèce, de la Lituanie, de Malte, de la principauté de Monaco, de la République de Saint-Marin, de la Roumanie et de la Fédération russe. Cf. les détails sur France Catholique et sur Zenit.

11 juin 2010 : Déclaration des évêques de l'Eglise Catholique de Grèce (voir ci-dessous).

18 juin 2010 : Radio Vatican cite les propos des évêques de Bulgarie, de Grèce, d'Ecosse et d'Albanie. Cf. les détails de ces déclarations sur Zenit.


CONFERENCE EPISCOPALE DE L'EGLISE CATHOLIQUE DE GRECE

Prot. N. 4183 /10

DECLARATION

En vue du prochain examen par la Grande Chambre de la Cour Européenne des Droits de l'homme (30 juin 2010), de la requête de l'Italie relative à l'exposition de symboles religieux dans les écoles publiques, sous prétexte que leur présence porte atteinte à la liberté religieuse, la Conférence épiscopale de l'Eglise Catholique de Grèce déclare :

1- La condamnation de l' Italie par la Cour Européenne, pays historiquement et culturellement chrétien, de tradition Catholique, ayant comme capitale Rome, où se trouve le siège de l' Evêque de Rome et le centre de l'Eglise Catholique, est le début d'une série de procédures qui se dessinent à l'horizon et se réfèrent au refus de certains chefs politiques et de représentants des pays de la communauté européenne, de reconnaître à la Constitution européenne les racines chrétiennes du continent européen.

2- Une petite minorité ne doit pas empêcher l'écrasante majorité dans l'exercice de sa foi religieuse, selon les traditions de ce peuple. Inversement, il n'appartient pas à la majorité d'empêcher les minorités dans l'exercice de leur foi religieuse. Le respect mutuel des diverses traditions est nécessaire dans le bon fonctionnement d'une société pluri-culturelle. Cette mesure assurera la cohabitation pacifique de toutes les religions et condamnera toute forme de fondamentalisme religieux, source de beaucoup de fléaux à l'humanité.

3 - En conséquence, nous considérons que dans les pays de tradition chrétienne multi-séculaire, l'exposition de symboles religieux ne devrait pas être interdite, spécialement dans les lieux où se cultive l'auto-conscience des enfants et des jeunes. Le contraire constituerait une contradiction et une négation de l'héritage religieux et culturel d'un pays, où prennent source leurs racines et le fondement de leur avenir.

Donné à Athènes, le 11 Juin 2010.

Pour la Conférence Episcopale de l' Eglise Catholique de Grèce

Le président
+ Fragkiskos Papamanolis
Evêque de Syros, Santorin et Crète

Le secrétaire général
+ Nikolaos Printézis
Archevêque de Naxos - Tinos -Andros et Mykonos

La Grande Chambre tiendra une audience publique le 30 juin. La sentence finale sera diffusée publiée à la fin de l'année.

Source : Zenit



23 juin 2010 : Le cardinal Herranz demande le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le président émérite du Conseil Pontifical pour les textes législatifs est intervenu ce mercredi à une table ronde organisée à Rome sous les auspices de la Présidence du conseil des ministres du gouvernement italien qui a présenté un recours contre cette sentence à la Cour de Strasbourg.

Le « fondamentalisme laïciste », a expliqué le cardinal espagnol, « en s'éloignant du vrai concept de "laïcité", voudrait reléguer la foi chrétienne et le fait religieux en général à la seule sphère privée de la conscience personnelle, excluant tout signe, symbole ou manifestation extérieure de la foi dans les lieux publics et dans les institutions civiles (écoles, hôpitaux, etc.) ».

Le cardinal Herranz a passé en revue les motifs qui, derrière cette sentence, révèlent une erreur de vision quant au fait que l'exposition du crucifix dans les écoles constituerait une pression morale sur les élèves en formation, portant par conséquent atteinte à leur liberté d'adhérer à une religion différente de la religion chrétienne ou de n'adhérer à aucune religion.

« Cette sentence renvoie sans motif (car la simple exposition du crucifix n'a aucun caractère d'imposition ou discriminatoire) à la liberté religieuse des élèves non chrétiens, alors qu'elle ne respecte pas, vis-à-vis des élèves chrétiens des écoles italiennes et de l'autorité paternelle de leurs parents, l'Art. 18 de la "Déclaration Universelle des droits de l'homme" ».
« Cet article, en effet, garantit le droit à la liberté religieuse qui prévoit entre autre "la liberté de manifester, individuellement ou en commun, en public et en privé, sa propre religion" », a rappelé le cardinal Herranz.

« Une telle attitude de rejet de la religion en soi ferait de l'athéisme une sorte d'idéologie ou de religion d'Etat et, dans notre cas, du Conseil de l'Europe et de l'Union européenne », a-t-il ajouté.

Selon le cardinal, « l'expérience a montré que l'interdiction de tout signe religieux dans les écoles (comme ce fut le cas en France en 2004, avant l'actuel concept de "laïcité positive") ne favorisait pas l'intégration. Pour beaucoup de croyants et non chrétiens, étudier dans une salle où il y a un crucifix n'est pas gênant, par contre ils trouvent négatif que la religion soit interdite dans l'école au nom de la "laïcité" ».

Source : Zenit



27 juin 2010 : Evêques espagnols : un peuple sans symboles est un peuple sans défense

« Aller contre les symboles de valeurs qui façonnent l'histoire et la culture d'un peuple, c'est laisser celui-ci sans défense face à d'autres propositions culturelles, pas toujours positives, et aveugler les sources fondamentales de l'éthique et du droit qui se sont révélées fécondes en termes de reconnaissance, de promotion et de sauvegarde de la dignité humaine », souligne la commission permanente de la conférence épiscopale espagnole (CEE) dans un communiqué.

Le communiqué de la commission tombe à quelques jours de l'examen, le 30 juin prochain, par le tribunal européen des droits de l'homme du recours présenté par l'Italie et appuyé par d'autres pays sur le retrait du crucifix des salles de classe.

Les évêques de la commission y soulignent l'importance de l'exposition publique des symboles religieux dans les écoles pour pouvoir transmettre son identité et ses valeurs.
« Les sociétés de tradition chrétienne ne devraient pas s'opposer à l'exposition publique de leurs symboles religieux, en particulier dans les endroits où se fait l'éducation des enfants », souligne la déclaration.

« Dans le cas contraire, ces sociétés pourront difficilement arriver à transmettre aux générations futures l'identité et les valeurs qui leur appartiennent ».

« Elles deviendraient des sociétés contradictoires qui rejettent l'héritage spirituel et culturel dans lequel poussent leurs racines et ferment la voie de leur avenir », ajoute le texte.

La déclaration de la Commission permanente de la Conférence des évêques espagnols rejoint celle d'autres conférences épiscopales, personnalités et instances civiles et sociales de toute l'Europe qui ont élevé leurs voix pour défendre l'exposition publique du crucifix dans les salles de classe.

Les évêques espagnols soulignent l'importance de la question pour les convictions religieuses des peuples et pour les traditions culturelles de l'Europe.

« C'est grâce au christianisme justement que l'Europe a su affirmer l'autonomie des champs spirituel et temporel et s'ouvrir au principe de la liberté religieuse, en respectant tant les droits des croyants que ceux des non croyants », relèvent-ils, précisant que « c'est ce que l'on voit plus clairement de nos jours, quand d'autres religions se répandent parmi nous à l'abri de cette réalité ».

Pour les évêques espagnols, « la présence de symboles religieux chrétiens dans les domaines publics, en particulier la présence de la croix, reflète le sentiment religieux des chrétiens de toutes les confessions et ne veut exclure personne ».

« Au contraire, elle est expression d'une tradition à laquelle tous reconnaissent une grande valeur et un rôle canalisateur dans le dialogue entre les personnes de bonne volonté, et un soutien pour tous ceux qui souffrent, pour les personnes dans le besoin, sans distinction de foi, race ou nation ».

La déclaration rappelle aussi que « dans la culture et dans la tradition religieuse chrétienne, la croix représente le salut et la liberté de l'humanité ».

« De la croix naissent l'altruisme et la générosité plus dépurés, ainsi qu'une solidarité sincère offerte à tous, sans rien imposer à personne ».

« Le droit à la liberté religieuse existe et s'affirme de plus en plus dans les pays d'Europe, rappelle la commission. Dans certains d'entre eux, par acceptation spontanée ou selon la loi, d'autres symboles religieux sont permis ».

« Quant aux symboles, il existe en Europe une variété de lois et une évolution sociale et juridique positive qui doit être respectée dans le contexte d'un juste rapport entre les Etats et les Institutions européennes ».

Les évêques concluent leur déclaration en affirmant que « seule une Europe où la liberté religieuse de chacun et les traditions de chaque peuple sont respectées, peut aspirer à ce que des relations adéquates entre les religions et les peuples, en justice et liberté, s'y développent ».

Source : Zenit



Liens utiles

Cour Européenne des Droits de l'Homme (ECHR)

European Centre for Law and Justice (ECLJ)

Décryptage : Les crucifix italiens devant le gouvernement des juges

En Espagne aussi : le bannissement des crucifix dans les écoles européennes (Fondation de Service politique)

Zenit

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