Le 29 mai dernier, un millier de chrétiens sont descendus dans les rues de New Delhi pour protester contre ce qui est perçu comme l’inaction des autorités fédérales face aux violences anti-chrétiennes commises ces derniers mois dans le pays. La manifestation était organisée par différents groupes catholiques et protestants, notamment le All India Catholic Union et le All India Christian Council.
Devant des manifestants qui portaient des pancartes où l’on pouvait lire : « La violence n’engendre pas la paix », « Laissez les chrétiens vivre et servir », « Les institutions chrétiennes contribuent à faire l’Inde », John Dayal, président du All India Catholic Council, a rappelé qu’au moins
80 attaques contre des chrétiens avaient été recensées
depuis le début de cette année. La plupart de ces actions ont eu lieu dans des Etats contrôlés par le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), au pouvoir au niveau fédéral de 2000 à 2004 et connu pour sa proximité avec les thèses des hindouistes, mais des attaques se sont aussi produites dans des Etats dirigés par le Parti du Congrès, aujourd’hui au pouvoir à New Delhi. « Il ne suffit pas » que le gouvernement fédéral se déclare pour l’ordre et le respect de la loi, si dans le même temps « il regarde en spectateur impassible les violences faites aux chrétiens », a déclaré le leader catholique.
Le Rév. Madhu Chandra, responsable au sein du All India Christian Council, a ajouté que la manifestation du 19 mai avait été décidée pour réagir face à l’inaction des autorités fédérales, auxquelles un mémorandum avait été remis cinq jours plus tôt. Ce texte, remis au Premier ministre Manmohan Singh et à la responsable du Parti du Congrès Sonia Gandhi, faisait part de « la profonde préoccupation » des chrétiens face à « la montée des violences ». Y étaient notamment mis en exergue les récentes attaques filmées de pasteurs protestants dans les Etats du Maharashtra et du Rajasthan (1).
Les attaques contre des pasteurs et des religieuses, contre leurs demeures et des églises étaient fréquentes, mais il est très grave de constater que
désormais les épouses et les enfants des pasteurs sont eux aussi pris à parti et subissent de graves violences, a déclaré le pasteur Madhu Chandra. Dans bien des cas, la police reste passive, et parfois elle est de mèche avec les assaillants, a-t-il ajouté.
Pour John Dayal, il est plus que temps que le Parti du Congrès réagisse et prenne ses responsabilités, lui qui a été porté au pouvoir par les voix « des dalits, des minorités et des pauvres, qui espéraient trouver là un parti qui les protègeraient ». Selon les chiffres communément admis, 60 % des 24 millions de dalits (les intouchables) en Inde sont de religion chrétienne.
Devant le millier de manifestants, la présidente de l’India Peace Organization, la musulmane Begum Fatima, a remarqué que, dans la très grande majorité des cas, lorsque des chrétiens sont attaqués, ils le sont au motif qu’ils convertissent au christianisme des pauvres et des aborigènes. « Si les dalits et les classes arriérées (backward classes) de religion hindoue ont le droit de se convertir au bouddhisme, à l’islam ou à la religion sikh, pourquoi ne pourraient-ils pas se convertir au christianisme ? », s’est-elle interrogée, en référence aux conversions « de masse » qui ont régulièrement lieu dans le pays.
Un leader dalit, Udit Raj, a pour sa part déclaré que les dalits et les minorités religieuses ne faisaient désormais plus confiance aux autorités fédérales pour les défendre. Il a souligné que le Maharashtra, où deux pasteurs ont été battus le 7 mai dernier, est dirigé par une coalition dominée par le Parti du Congrès.
(1) : Voir EDA 463
Sources :
Eglises d’Asie (EDA 464) &
Agence Zenit.org