Les francs-maçons manifestent à Paris pour la laïcité. Occasion de rappeler les positions de l'Eglise sur la "Franc-Maçonnerie" et la "laïcité"... Ainsi que l'indique une dépêche de l'AFP, les francs-maçons manifestent ce samedi après-midi à Paris afin de marquer leur attachement à la laïcité dont ils se veulent les champions, à l'occasion du centenaire de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Cette manifestation est une initiative d'associations comme la Libre Pensée, dont la devise est "Ni dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la sociale !". Cette Fédération "regarde les religions comme les pires obstacles à l'émancipation de la pensée ; elle les juge erronées dans leurs principes et néfastes dans leur action." La majorité des neuf obédiences de la Maçonnerie française se sont associés à cette manifestation. Outre le Grand Orient de France, manifesteront également la Fédération française du Droit humain, la Grande loge féminine de France, la Grande loge féminine Memphis-Misraïm, la Loge nationale française et la Grande Loge mixte de France. Trois obédiences (Grande loge traditionnelle et symbolique Opéra, Grande Loge de France et Grande loge mixte universelle) s'abstiennent officiellement, soit par principe, soit en raison de la présence de partis politiques (le Parti des travailleurs et le Parti radical de gauche). Que dit l'Eglise ? Sur la Franc-Maçonnerie "Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion." Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, extrait de la Déclaration sur l'incompatibilité entre l'appartenance à l'Église et la franc-maçonnerie, 26 novembre 1983. Voir sur ce thème notre dossier complet : Enseignements Pontificaux sur la Franc-Maçonnerie. Sur la laïcité "Les communautés de croyants sont présentes dans toutes les sociétés, expression de la dimension religieuse de la personne humaine. Les croyants attendent donc légitimement de pouvoir participer au dialogue public. Malheureusement, on doit observer qu’il n’en est pas toujours ainsi. Nous sommes témoins, ces derniers temps, dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait mettre en péril le respect effectif de la liberté de religion. Si tout le monde s'accorde à respecter le sentiment religieux des individus, on ne peut pas en dire autant du "fait religieux", c'est-à-dire de la dimension sociale des religions, oubliant en cela les engagements pris dans le cadre de ce qui s'appelait alors la "Conférence sur la Coopération et la Sécurité en Europe". On invoque souvent le principe de la laïcité, en soi légitime, s'il est compris comme la distinction entre la communauté politique et les religions (cf. Gaudium et spes, n. 76). Mais distinction ne veut pas dire ignorance ! La laïcité n'est pas le laïcisme ! Elle n'est autre que le respect de toutes les croyances de la part de l'État, qui assure le libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants. Dans une société pluraliste, la laïcité est un lieu de communication entre les diverses traditions spirituelles et la nation. Les relations Église-État peuvent et doivent donner lieu, au contraire, à un dialogue respectueux, porteur d’expériences et de valeurs fécondes pour l'avenir d'une nation. Un sain dialogue entre l'État et les Églises – qui ne sont pas des concurrents mais des partenaires – peut sans aucun doute favoriser le développement intégral de la personne humaine et l'harmonie de la société." Jean-Paul II, extrait du discours au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 12 janvier 2004. "Nous sommes passés d'une culture chrétienne à un laïcisme agressif et par moments intolérant"... Le "laïcisme commence à se transformer en une idéologie qui s'impose par le biais de la politique et ne concède pas d'espace public à la vision catholique et chrétienne, laquelle risque ainsi de devenir quelque chose de purement privé." Joseph Ratzinger, novembre 2004. "Reconnaître la dimension religieuse des personnes et des composantes de la société française, c’est vouloir associer cette dimension aux autres dimensions de la vie nationale, pour qu’elle apporte son dynamisme propre à l’édification sociale et que les religions n’aient pas tendance à se réfugier dans un sectarisme qui pourrait représenter un danger pour l’État lui-même. La société doit pouvoir admettre que des personnes, dans le respect d’autrui et des lois de la République, puissent faire état de leur appartenance religieuse. Dans le cas contraire, on court toujours le risque d’un repliement identitaire et sectaire, et de la montée de l’intolérance, qui ne peuvent qu’entraver la convivialité et la concorde au sein de la Nation." Jean-Paul II, extrait de la lettre à Mgr Ricard, 11 février 2005. A lire sur ce sujet : "Quand les catholiques étaient hors la loi", de Jean Sevillia (Perrin, 2005) Liens utiles Lettre de Jean-Paul II à Mgr Jean-Pierre Ricard Laïcité ou Laïcisme ? 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