Autour de la mort de Chantal Sébire, la question du respect de la vie.
09 mars - Lettre à Chantal Sébire
J'ai entendu parler de toi à la radio ; je t'ai vue avant-hier à la télévision. Ou plus exactement, Je t'ai aperçue ... en partie. Tu ne voulais rien montrer de ton visage atrocement défiguré. La maladie dont tu es atteinte est orpheline et incurable ; une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale, qui provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage dans "d'atroces souffrances". Tu te bats courageusement depuis des années, mais à 52 ans tu avoues :
"Aujourd'hui, je suis au bout du rouleau". Qui ne le serait en pareille situation ?
J'ai appris que tu as lancé un appel au secours pour
"qu'on t'accompagne dignement dans la mort". Tu as même, dit-on, adressé récemment un courrier au président de la République pour revendiquer ton droit à
"mourir dignement".
Ma chère Chantal, je m'appelle Lazare. Si je me permets de t'écrire, c'est qu'il y a bien des années, une maladie m'a conduit prématurément à la mort. J'étais alors entouré par les membres de ma famille, tout particulièrement par mes deux soeurs que j'aime tant : Marthe et Marie. Elles m'ont accompagné jusqu'au bout. Tu sais, je suis mort dignement.
Je crois savoir que tu étais professeur des écoles. Ah, les enfants, quel trésor ! J'imagine que tu avais à cœur de leur communiquer les plus hautes valeurs. Tu leur as certainement parlé du courage, de la persévérance, de la grandeur de la vie. Ta lutte dans la maladie est aujourd'hui une leçon qui dépasse tous tes enseignements. Vas-tu laisser le témoignage ultime d'une capitulation, d'une résignation, de l'option d'une destruction ? Et puis, tu as aussi tes propres enfants ; ils sont trois. Crois-tu qu'ils ne soient capables de regarder ton visage, si défiguré soit-il ? Ils ont encore grand besoin de toi.
Ma chère Chantal, j'étais mort et je suis vivant. Jésus m'a fait sortir du tombeau. Par la suite, j'ai revu son visage. Il était méconnaissable, tuméfié, défiguré. Ce Jésus a souffert plus que tu ne peux l'imaginer. Il est mort dans d'atroces souffrances ... mais il n'y avait en lui aucune capitulation, aucune résignation. Tout était amoureusement offert pour notre Rédemption.
Tu veux être accompagnée ; laisse Jésus se tenir près de toi. Il n'expliquera pas ta souffrance mais il la remplira de sa présence. Tu veux mourir dignement ; mais la mort digne est celle que nous accueillons et que nous offrons ; non point celle que nous choisissons par résignation ou capitulation.
Ma chère Chantal, aujourd'hui Jésus t'affirme :
" Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ". Réponds, Chantal... surtout réponds
OUI. Alors tu ne réclameras plus l'euthanasie mais, avec Lui et unie à Lui, tu offriras courageusement et amoureusement chaque jour de ta vie.
Pour Lazare, le Père Gilles MORIN Curé
5ème dimanche de Carême (année A)
Paroisse Notre-Dame de Nazareth (Paris XV)
Source :
Paroisse Notre-Dame de Nazareth - Billet de M. le Curé
16 mars - Euthanasie : le bras de fer
Cette fois, l’orchestration ne fait plus aucun doute. Le cas de Chantal Sébire, cette femme de 52 ans souffrant d’une tumeur maligne de la face et qui demande le suicide médicalement assisté, est l’objet d’un bras de fer emblématique.
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La plupart des membres du gouvernement se sont déclarés contre l'euthanasie."Je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales", a déclaré Rachida Dati, garde des Sceaux.
Le ministre de la santé Roselyne Bachelot a elle déclaré que
"ni le monde médical, ni les pouvoirs publics ne sauraient promouvoir l'euthanasie active".
Enfin, pour Christine Boutin :
"si l'on fait sauter le verrou de donner le droit de donner la mort, nous allons vers une société barbare".
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a rappelé dans un communiqué que
"la vie d'un être humain est inviolable, à chacune de ses étapes et en toutes situations. Un être humain ne peut jamais perdre sa dignité, quelles que soient ses conditions physiques ou psychiques", a-t-il ajouté. Il insiste également sur la
"nécessité de développer une culture palliative" et demande que des efforts de formation pour les professionnels du soin soient mis en place. Pour conclure, il rappelle que
"l'acceptation légale du meurtre volontaire d'un malade de la part des médecins et de la société ferait vaciller les principes fondamentaux de la coexistence civile".
19 mars - Chantal Sébire est morte.
Chantal Sébire, la femme de 52 ans qui souffrait d'une tumeur incurable et avait sollicité le droit de recourir à l'euthanasie, a été retrouvée morte chez elle mercredi près de Dijon, a annoncé le Ministère de l'Intérieur, confirmant une information du journal "Le Bien Public".
Prions avec ferveur pour le repos de son âme, et pour ses enfants dans la douleur.
20 mars - Mort de Chantal Sébire : l’Alliance pour les Droits de la Vie demande que la lumière soit faite.
L’Alliance pour les Droits de la Vie exprime sa tristesse et son profond malaise à l’annonce du décès de Chantal Sébire.
Comme des millions de Français, nous avons été saisis par l’emballement médiatique qui a précédé sa mort. Nous avons écouté avec attention et émotion les paroles de cette femme, durement éprouvée. Elle a témoigné ces dernières semaines d’un indéniable courage qui force le respect. Cependant, nous ne pouvons pas taire le profond malaise et le sentiment de gâchis que nous laisse cette fin de vie.
- Pourquoi Chantal Sébire a-t-elle refusé les soins palliatifs qu’on lui proposait tout en ayant visiblement une idée inexacte de leur réalité ?
- N’a-t-elle pas été, malgré elle, l’instrument d’une idéologie qui réclame, avec le suicide médicalement assisté, bien davantage que le traitement des exceptions ?
Banaliser l’idée du droit au suicide contredit les efforts que notre société réalise pour sauver et consoler les désespérés, soulager leurs douleurs et donner toute leur place aux personnes dépendantes sans les juger sur l’apparence.
« Avec cette déferlante médiatique, explique le docteur Xavier Mirabel cancérologue et président de l’Alliance pour les Droits de la Vie,
nous constatons que l’incompréhension et la peur se sont emparées de beaucoup de personnes que nous accompagnons et de leurs proches. On a fait croire que Chantal Sébire était contrainte à l’exil ou à la souffrance et qu’on la privait d’une mort ‘douce’. Il est essentiel de sortir de la confusion actuelle. »
L’Alliance pour les Droits de la Vie demande que toute la lumière soit faite sur le parcours soignant de Chantal Sébire, les raisons pour lesquelles les soins palliatifs ont été refusés ainsi que sur ce qui s’est réellement passé dans la journée d’hier, au moment même où son médecin traitant présentait le dossier médical à l’Elysée. Respecter la mémoire de Madame Sébire, dont la fin de vie a bouleversé la France, passe par la vérité.
Source :
Alliance pour les droits de la Vie
24 mars - Euthanasie : coup de grâce ?
Le mystère autour de la mort de Chantal Sébire et des révélations sur son parcours – n’ont pas empêché une nouvelle vague d’émotion de – cette fois-ci – faire craquer les digues : la loi Leonetti est désormais menacée.
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25 mars - La médiatisation de l'affaire Sébire
L'ex-époux de Chantal Sébire et père de Mathilde, leur fille de 12 ans, a adressé un communiqué à la presse pour défendre l'image de sa fille :
"je n'accepte pas que l’image de notre fille soit utilisée dans le cadre de cette campagne médiatique à l’occasion de laquelle la souffrance d’une femme a été instrumentalisée à des fins politiques".
Il demande aux journalistes de retirer les photos de Mathilde et indique qu'il a chargé un avocat
"d’engager toute poursuite à l’encontre de ceux qui feraient usage de l’image de ma fille et porteraient atteinte à sa vie privée et familiale ou qui utiliseraient sa douleur d’enfant, pour promouvoir l’idéologie d’associations militantes".
Par ailleurs, samedi soir, les enfants de Chantal Sébire ont demandé aux médias de respecter le deuil après la mort de leur mère dans une lettre lue par un journaliste, dans l'émission "
Revu et corrigé" :
"nous, les enfants de Madame Chantal Sébire, n'avons réalisé aucune déclaration depuis le décès de notre maman sous quelque forme que ce soit. Par conséquent, nous déclarons aujourd'hui que tout commentaire, article, information et reportage diffusés depuis le 19 mars 2008 au soir l'ont été sans notre accord." Ils ont demandé
"à l'ensemble des médias de (les) laisser faire (leur) deuil dans la paix, la dignité et l'intimité".
"Nous ne souhaitons pas nous exprimer davantage, nous ne souhaitons pas être dérangés, non plus" concluent-ils.
En effet, cette affaire a été fortement médiatisée et l'on a pu réaliser à cette occasion l'énorme pouvoir d'influence exercé par la télévision dans le débat sur
"l'exception d'euthanasie". Remarquons que les opposants à une évolution de la législation n'ont jamais pu faire valoir leur argument. Au contraire, la plupart des émissions diffusées étaient largement favorables au prétendu
"droit à mourir dans la dignité" et entretenaient la confusion entre
"indignité" humaine et dégradation physique ou entre
"l'aide à mourir" et le suicide assisté.
Plusieurs reportages consacrés à Chantal Sébire semblaient s'ingénier à forcer le jugement du public : des gros plans sur la main du médecin qui tenait la main décharnée de Chantal Sébire ou des commentaires sur la nécessité
"d'accompagner la malade par un geste d'amour" pour faire comprendre qu'il fallait lui donner la mort. Enfin, l'avocat de Chantal Sébire, Me Antonowicz, vice-président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) n'était jamais présenté comme un militant de la cause de l'euthanasie alors qu'il l'est.
Pour le journaliste Pierre-Yves Le Priol du quotidien La Croix
"c'est vers une forme subtile de manipulation que la machine télévisuelle se sera laissé entraîner, ces derniers jours".
© genethique.org
Source :
Genethique.orgLa Croix (Pierre-Yves Le Priol - Marine Lamoureux) 25/03/08 - Le Monde (Cécile Prieur) 22/03/08
02 avril - Promouvoir la dignité humaine
Dans son discours d'ouverture de l'Assemblée épiscopale de printemps, le
cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France est longuement revenu sur "l'affaire Sébire". Il a dénoncé une
"campagne (...) orchestrée (...) à partir du drame personnel d'une personne gravement malade pour faire passer dans l'opinion le sentiment qu'il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie",
"en réalité, il s'agirait d'un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : d'un permis de tuer" ;
"on a voulu capter l'émotion légitime pour la substituer à la réflexion ; on a fait monter les enchères émotionnelles ; on a instrumentalisé une situation douloureuse pour la cause".
Il a rappelé, au nom de tous, leur conviction
"que la société n'a pas vocation à organiser la mort, la mort de personne : ni celle de l'enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie" et appelé les fidèles laïcs ou consacrés qui le peuvent à accompagner les personnes malades ou âgées.
"La dignité humaine est vraiment à promouvoir, mais cette promotion ne peut pas passer par le déni de la valeur de chaque existence humaine quels que soient ses handicaps ! Une société pour la vie est une société qui aide ses membres à vivre jusqu'au bout de leur vie, qui ne les fait pas douter de la valeur de leur présence ici-bas", a-t-il conclu.
© genethique.org
Source :
Genethique.orgLa Croix 02/04/08 - Cef.fr 01/04/08 - Le Figaro (Sophie de Ravinel) 02/04/08 - Zenit 31/03/08