Les dérapages d'Astrapi et Tralalire, revues pour la jeunesse du groupe Bayard. Qu'a-t-on pu lire dans ces revues du groupe Bayard Presse ? - Décembre 2005 : le magasine Tralalire, revue pour les tout-petits (2-5 ans), publie un imagier de la famille. Il y est expliqué qu'il y a "mille et une façons d'être famille", y compris celle "des familles où les enfants sont élevés par deux femmes et par deux hommes". - Janvier 2006 : le magasine Astrapi, revue destinée aux 7-11 ans, publie un article sur l'évolution de la femme durant le XX° siècle. On y découvre la pauvre "Josette", née en 1918, soumise à "l'autorité tyrannique de son mari", qui ne dispose pas de "tous ces moyens contraceptifs qui permettent aux couples de choisir le moment où ils vont avoir un enfant"... Ce qui n'est pas le cas de "Mamie Christiane", née en 1944, puis d'"Agnès" aujourd'hui, libérées grâce à des femmes telles que Simone Veil ou Brigitte Bardot, et des associations comme le MLF et "Ni putes ni soumises"... - Janvier 2006 : le magazine Phosphore, revue destinée aux adolescents, propose un article sur la "customisation", c'est-à-dire la personnalisation de ses vêtements ou d'objet du quotidien. Le premier exemple donné est celui d'un jeune satanique... La réaction d'Elisabeth Montfort, présidente de l'association Femina Europa Deux dossiers sur les femmes et la famille viennent de paraître dans des périodiques pour jeunes enfants, spécialité historique du groupe. Les derniers numéros d’Astrapi (7-11 ans) et de Tralalire (2-5 ans) soulèvent des questions et provoquent notre étonnement. Astrapi ouvre son numéro 631 du 1er janvier 2006 par un dossier sur l’histoire des droits des femmes depuis 100 ans. Zoé et Léon enquêtent en se rendant près de leur arrière-grand-mère, Mémé Josette, de leur grand-mère, Mamie Christiane et de leur mère, Agnès. "Mais Zoé, pourquoi, Mémé, Mamie et Maman manifestent-elles ?" interroge Léon. Si Mémé Josette, née en 1918, appartient à la génération qui a pu enfin déposer son bulletin de vote dans l’urne, elle est surtout présentée comme une victime ayant subi l’autorité tyrannique de son mari qui commandait tout. De surcroît, la pauvre n’avait pas accès à "tous ces moyens contraceptifs qui permettent aux couples de choisir le moment où ils vont avoir un enfant !" Vive les femmes ! On le devine, la grande victoire de Mamie Christiane, née en 1944, sera d’avoir le droit de prendre la pilule "un enfant si je veux, quand je veux" ! Les femmes ont enfin accès aux études supérieures mais les hommes sont toujours présentés comme d’affreux tyrans qui continuent de tout commander et de ne rien faire à la maison. Même si depuis l’époque de Mémé Josette les choses ont bien changé, Agnès, née en 1969, doit, elle, mener de front sa vie professionnelle (elle est pompier) et sa vie familiale ; la conciliation des deux n’est pas toujours facile ! Et les hommes ? Ils ont fait des progrès, nous rassure Astrapi ; mais attention, "en 20 ans, le temps qu’ils consacrent au ménage, n’a augmenté que d’une minute par semaine et par an". Pour illustrer cette histoire, Astrapi présente aux enfants des figures symboliques de femmes : Simone Veil, Martine Keller, Brigitte Bardot, Claudie Haigneré ainsi que des associations comme le MLF ou "Ni putes ni soumises". Ne pouvait-on attendre d’autres modèles de la part du groupe Bayard ? Si cette histoire fait ressortir de vrais progrès de la condition des femmes, elle donne à nos enfants une image très négative des relations entre les hommes et les femmes, forcément conflictuelles, relent amer de combats féministes dépassés qui présentent les hommes comme des oppresseurs et les femmes comme de pauvres victimes. En dénonçant de réels abus, cette histoire présente la famille comme une réalité oppressive, obstacle à l’épanouissement personnel. C’est oublier que la famille est d’abord une communauté construite sur un engagement réciproque et libre de deux personnes qui s’aiment ! De plus, la maternité est vécue ici comme une contrainte et seul un vrai travail en dehors de la maison peut enfin permettre à la femme d’être heureuse. Quand Agnès sortira victorieuse de son dernier combat - obtenir des postes importants pour les femmes - vivrons-nous enfin dans "le monde idéal" que nous décrit Astrapi ? La mère au foyer, la simple commerçante, artisan ou encore la femme ayant choisi de ne travailler qu’à temps partiel ne peuvent-elles être heureuses ? La joie du don, de la gratuité, de l’écoute, être de vrais acteurs de la cohésion sociale entre les générations. bonheurs simples et quotidiens pour tant de femmes ne semblent avoir aucun prix aux yeux des journalistes de la presse catholique Bayard (le groupe appartient à la congrégation des assomptionnistes). Confusion des genres Avec ce numéro d’Astrapi est offert un mini roman, "Lulu, drôle de fille", véritable apologie de la théorie du gender dont s’inspirent les mouvements féministes radicaux. La maîtresse aidée de Lulu va démontrer à toute la classe que finalement il n’y a pas de différence entre les filles et les garçons, "tout est question de culture. Il vaut mieux que chacun fasse ce qui lui plaît, même si cela ne correspond pas encore aux habitudes de son pays ou de sa famille". Comme nous aurions aimé lire des mots inspirant le respect profond de l’identité de chacun ! Comme nous aurions voulu voir évoquées la complémentarité et la co-responsabilité de l’homme et de la femme au sein du couple, d’abord, puis dans la famille, ensuite et enfin dans la société tout entière ! Toutes les formes d’union se valent-elles ? Ce choix éditorial de Bayard Jeunesse fait suite à "L’imagier de la famille" paru dans le numéro de décembre de la revue Tralalire destinée à la petite enfance. Vingt petites vignettes très colorées présentent toutes sortes de familles: nombreuses, peu nombreuses, familles où sont accueillis des enfants adoptés, familles monoparentales, familles "qui ressemblent à leur chien" (sic) et même des familles "où les enfants sont élevés par deux femmes ou deux hommes". Ces modes de vie commune existent, nous ne le nions pas, mais nous refusons qu’ils soient présentés à nos enfants sur le même plan que la famille nucléaire composée du père, de la mère et des enfants. En niant à l’enfant en bas âge un modèle de structure familiale fondé sur le mariage entre un homme et une femme, il n’a plus les repères dont il a besoin pour construire son identité. La famille, cellule fondatrice de notre société, est mise à mal par une homopropagande de plus en plus envahissante. Cet imagier, écrit et illustré par Todd Parr (édition originale publiée en anglais en 2003 sous le titre "The Family Book"), est une référence dans les familles LGBT (familles lesbiennes, gays, bi et transexuelles). Il n’est donc pas étonnant que cette petite histoire soit recommandée par de nombreux sites Internet du lobby homosexuel. Sur le site de "l’alternative au projet de mariage" (www.unmarried.org), les livres de Todd Parr sont présentés comme "la Bible de notre famille". Il est bien expliqué sur ce site que "les parents qui veulent enseigner l’acceptation du rôle interchangeable des hommes et des femmes et des différentes orientations sexuelles se sentent souvent marginalisés" et trouvent un soutien dans les ouvres de Todd Parr. On trouve également Todd Parr sur les sites www.pinkbooks.com, et http://theothermother.typepad.com. L’homme est donc une référence dans les milieux homosexuels militants qui veulent à tout prix faire accepter leurs modes d’union, au risque de déstructurer les enfants. Il est vraiment incompréhensible de trouver chez Bayard Jeunesse de tels auteurs et très regrettable que ces deux revues ne soient pas à la hauteur de ce que les parents sont en droit d’attendre d’une telle maison d’édition. Elisabeth Montfort, ancien député européen, présidente de l'association Femina Europa article repris sur novopress.info L'argumentation de Bruno Frappat, président du Directoire du groupe Bayard J’ai reçu, en tant que président du Directoire du groupe Bayard, sur ma messagerie personnelle, des remarques, des critiques, des demandes d’explication, parfois des mises en demeure, à propos du numéro de décembre du mensuel Tralalire, édité par Bayard pour les enfants de deux à cinq ans. La très grande majorité de ces messages sont rédigés exactement dans les mêmes termes ce qui suggère qu’il s’agit d’une campagne organisée par certaines personnes ou organisations. La preuve m’en a même été apportée par le fait que certains correspondants m’ont adressé, par erreur, le message en forme de circulaire les incitant à… m’envoyer un message. Cela suggère aussi que, peut-être, parmi les personnes qui ont réagi, et dont la bonne foi n’est pas en cause, il en est qui n’auront pas eu directement en mains le numéro incriminé et qui a donné lieu à leurs protestations. Nous sommes donc tout à fait disposés, pour que l’information de chacune et de chacun soit complète, à adresser gratuitement au domicile de ceux qui le souhaiteraient, un exemplaire du numéro en question de Tralalire. Cela permettra à chacun de ceux qui n’ont pas encore pu le faire de juger en pleine connaissance de cause, et de manière loyale, soit pour confirmer les reproches qui nous sont faits, soit pour les atténuer. Et de prendre connaissance du reste du numéro, notamment des évocations, dans la « Comptine câline », des « anges » qui veillent sur chaque enfant dans son sommeil ou de la gratitude exprimée, dans l’image qui clôt ce numéro, au « bébé de la crèche »… Il ne nous semble nullement justifié de présenter « L’imagier de la famille », ainsi que le font la plupart de nos correspondants, comme une « apologie de l’homoparentalité ». L’imagier en question, qui est, au total, une apologie joyeuse de la famille dans la variété des situations humaines de notre temps, comporte vingt-cinq images. Le débat porte sur une seule de ces images (un quart de page sur les cinquante-deux pages du numéro), celle dans laquelle il est en effet indiqué : « Il y a des familles où les enfants sont élevés par deux femmes ou par deux hommes ». L’ « apologie » aurait consisté à évoquer, comme le font les vrais militants de l’homoparentalité, « deux papas » ou « deux mamans ». Le débat sur les réactions à cet imagier (ou plutôt, je le redis, à une image de cet imagier) nous inspire quatre réflexions : 1/ Comment un journal pour enfants, édité par une maison de presse catholique, mais s’adressant à des enfants de tous milieux, de toutes origines, de toutes cultures, et vivant des situations extrêmement variées, peut-il rendre compte des valeurs qui, en effet, nous semblent aussi fondamentales qu’à nos correspondants, sans gommer pour autant la variété des situations vécues ? C’est, j’en témoigne en leur nom, un souci de chaque instant pour nos équipes que celui de maintenir le cap sur les valeurs solides sans se couper d’une partie du public. Le souci du lecteur-enfant peut passer ainsi, outre l’affirmation des valeurs, par le soin mis à ne pas culpabiliser ceux qui vivent des situations ne correspondant pas à ces valeurs ou, tout simplement, à des « normes ». Tout simplement parce qu’ils ne sont pas responsables de ces situations. S’il paraît excessif d’évaluer, comme le font les associations militantes, à « cent mille » le nombre des « familles » homosexuelles en France et à « deux cent mille » le nombre des enfants vivant dans ces « familles », on peut s’appuyer sur les statistiques de l’Institut national d’études démographiques (INED) pour estimer à vingt mille le nombre de ces « familles » et, sans doute, à quarante mille le nombre d’enfants concernés par ces situations. 2/ Deuxième réflexion : quand il y a trouble dans le public de nos magazines, notamment chez les parents, il faut tenir compte de ce trouble dès lors qu’il s’exprime de bonne foi, ce que nous croyons volontiers pour la plupart de ceux qui ont réagi et que nous remercions de l’avoir fait. Il peut y avoir malentendu, excès d’interprétation, alarme excessive, mais les questions doivent être entendues puisqu’elles nous sont posées. Nous ne devons pas nous considérer comme au-dessus de toute critique, de tout reproche. Notre attention aux situations que peuvent vivre certains enfants (ou qu’ils peuvent être amenés à connaître, indirectement) nous aura probablement empêchés de mesurer correctement, au moment de la préparation de ce numéro, l’impact de la publication de cette image, en résonance avec les débats qui ont lieu dans le monde des adultes sur la question de l’ « homoparentalité ». Nous en donnons volontiers acte aux personnes qui se seront senties heurtées par cette présentation. 3/ Troisième réflexion, sur la vocation de nos titres. Nous ne nous fixons pas pour objectif d’évacuer les questions difficiles que se posent les enfants, et cela dès leur plus jeune âge, soit par rapport à ce qu’ils vivent eux-mêmes, soit par rapport à ce qu’ils savent de la vie d’autres enfants. Nous souhaitons, en l’occurrence, favoriser le dialogue entre enfants et parents, y compris sur les questions délicates, sur les situations limites et sur celles qui sont liées à des formes de différences. Pour prendre d’autres exemples, et attester notre différence avec d’autres formes de presse pour la jeunesse, les publications de Bayard n’hésitent pas à aborder des sujets comme celui de la trisomie (cf le numéro de « Belles Histoires » sur « Un frère pas comme les autres »), l’adoption (dans de nombreux récits), ou même la mort subite du nourrisson (cf « Un petit frère pour toujours »). 4/ La dernière réflexion porte sur des remarques qui nous sont faites, à partir de cette seule image, sur la nature même des publications, en général, du groupe Bayard (soixante-quinze journaux et magazines, rien qu’en France). Ceux qui nous font l’amitié de lire régulièrement plusieurs de nos titres savent bien que, sur la question de l’homoparentalité, tant dans « Pèlerin » que dans « La Croix », chaque fois que l’actualité a mis la question sur la scène du débat public nous avons exprimé des positions sans aucune ambiguïté. Tout ce que la presse compte de publications « politiquement correctes » nous l’a assez reproché ! Je me permets à ce sujet de renvoyer à la série d’éditoriaux et de chroniques que j’ai moi-même rédigés lors du débat ayant abouti à l’instauration du « pacs ». Quant aux publications de Bayard-jeunesse, elles témoignent avec constance d’une vision de la famille dont on ne saurait contester le bien-fondé et qui, dans certains cercles, nous vaut fréquemment d’être attaqués comme « véhiculant » une conception « classique », « traditionnelle », voire « ringarde » de la cellule familiale. Ce fut le cas, l’an dernier, dans un colloque où furent vivement attaquées les représentations de la famille sous-tendant des œuvres et des héros comme « La famille Choupignon », « Tom Tom et Nana » ou « Petit Ours Brun ». Au total, je remercie, au nom de Bayard, toutes les personnes qui ont réagi. Je pense leur avoir fourni dans la présente note un état loyal et transparent de nos réflexions. En tout cas, je les assure que nos équipes ont clairement conscience de leurs responsabilités et que cet épisode nous aura permis d’approfondir notre réflexion collective au service de nos lecteurs… de tous âges. Bruno Frappat, président du Directoire du groupe Bayard, 9 janvier 2006 article repris du site Trésor de la Foi Deux remarques, en forme de conclusion... - "Un vrai disciple du Christ ne peut pas vivre dans l'ambiguïté. Il faut choisir entre la vérité et la tranquillité. Ce n'est pas commode. Dans un monde de mensonge, choisir la vérité, c'est aller à contre-courant. La tranquillité de l'ambiguïté est la tentation de beaucoup de chrétiens : interpréter les dogmes, louvoyer avec les commandements, rabaisser les exigences, adapter le Christ au monde... Un jour on se rend compte qu'on n'est plus chrétien, mais esclave du monde. Jésus nous dit : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera (Jn 8, 31-32)." P. J.M. Salaverri (Homélie du vendredi 4° semaine du T.O., Kephas, Le Sarment, Fayard, 1999) - "Comme le Maître, les apôtres ont reconnu l'autorité civile légitime… Mais en même temps ils n’ont pas craint de s'opposer au pouvoir public qui s'opposait lui-même à la sainte volonté de Dieu : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Ac 5,29). Cette voie, d'innombrables martyrs et fidèles l'ont suivie en tous temps et en tous lieux." Concile Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse, 11 Liens utiles Liberté Politique.com : le site de la Fondation de Service Politique Chrétiens dans la Cité : Lettre d'information bimensuelle indépendante Retour au dossier Défense du Catholicisme |