Défense du Catholicisme

8 décembre 2007





Nicolas Sarkozy s’attaque au Jour du Seigneur

En annonçant, dans son entretien télévisé du 29 novembre 2007, que « les salariés pourront travailler le dimanche sur la base du volontariat et seront payés le double ce jour-là », le président Nicolas Sarkozy a élargi dangereusement une brèche dans l’un des fondements de notre civilisation judéo-chétienne.

L’Église a toujours défendu le repos dominical, dont la mise en cause est une trahison d’un des piliers de l’enseignement de la Bible. Celle-ci serait une atteinte à Dieu lui-même, et aux hommes.

Citons tout d’abord le troisième commandement du Décalogue : « Tu respecteras le Jour du Seigneur », commun aux juifs et aux chrétiens (cf. Exode 20, 8-10). Traduction du Catéchisme de l'Église catholique (n. 2180) : « Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l'obligation de participer à la Messe.» Ce précepte signifie que les fidèles doivent s'abstenir de se livrer à des travaux ou à des activités qui empêchent le culte rendu à Dieu, la vie de famille, la pratique des œuvres de miséricorde et la détente convenable de l'esprit et du corps (cf. CEC, n. 2184-2187).

Mais la remise en cause du caractère sacré du dimanche n’est pas seulement une atteinte contre le Créateur. C’est aussi une atteinte contre le prochain :

Elle exposerait insidieusement les citoyens de notre pays — en particulier les plus exposés : les pauvres, les immigrés, les mères de famille et les jeunes — à enfreindre les Commandements de Dieu et de l'Église en promettant une récompense matérielle substantielle — le doublement du salaire journalier — ce qui aurait pour conséquence de les détourner de l'obligation que leur dicterait leur conscience.

Elle accentuerait aussi l'injustice sociale en s'attaquant à l'une des grandes conquêtes du mouvement ouvrier. Il s'agit d'un droit essentiel, l'un des plus anciens reconnu par la législation du travail. Elle fragiliserait la famille, fondement de la société — et donc les personnes qui la composent — déjà si éprouvée.

Enfin, elle remettrait en cause le droit à la liberté religieuse et de conscience (CEC, n. 2188), que le Parlement européen a lui-même précisément reconnu : « En adoptant une résolution commune des groupes PSE, PPE, UPE, GUE/NGL et Verts sur le travail du dimanche, le Parlement européen invite les Etats membres et les partenaires sociaux à reconnaître le caractère spécial du dimanche comme jour de repos et réaffirme le droit des travailleurs à un repos hebdomadaire » (Résolution du 12 décembre 1996).

Faire valoir la « laïcité » à l'encontre de ces observations est un argument qui ne tient pas. Au lendemain de la déclaration du président de la République, Benoît XVI promulguait l'encyclique Spe Salvi (nn. 16-23), dans laquelle il rappelle, à propos des concepts de « raison » et de « liberté », que la vraie laïcité est celle qui respecte les droits de la personne humaine dans toute sa dignité. Au contraire, le « laïcisme » est une doctrine qui, conjuguée au rationalisme et au libéralisme philosophique, livre les droits humains à l'arbitraire.
P.S.-G.

Source : Décryptage - Fondation de Service politique



02 novembre 2007 - Contre l’ouverture des magasins le dimanche : le droit au repos collectif

Le président Sarkozy y est favorable : l’ouverture des magasins le dimanche sera-t-elle pour demain ? Un projet de loi est en préparation sur le bureau du secrétaire d’État à la consommation, Luc Chatel ("La Tribune", du 4 octobre 2007). Pour les syndicats, une modification de la loi risque de banaliser le travail du dimanche, et donc d’étaler les salaires, sans augmenter le pouvoir d’achat. Le gouvernement, lui, souhaite libéraliser l’usage pour ne pas pénaliser les commerçants qui le souhaitent, quand certaines activités bénéficient de dérogations permanentes (hôtels, restaurants, hôpitaux, pharmacies de garde, musées)... Mais-a-t-on vraiment songé aux effets pervers d’une abrogation de la loi de 1906 ?

Car la question n’est pas seulement économique (produire plus, vendre plus, gagner plus), et les syndicats seraient bien inspirés — comme la CFTC — d’envisager la question sous un angle plus social, pour ne pas dire « sociétal » : le repos est un droit individuel que personne ne conteste, mais une société libre n’a-t-elle pas le droit de revendiquer la valeur du repos « collectif » ?

Pourtant, dans une société où tout se chiffre, il faut se rendre à l’évidence, et casser une idée reçue : le travail dominical n’est pas un facteur de prospérité. D’après différentes études il ressort que si ce projet aboutissait, le PIB ne croîtrait au mieux que de 0,2 % les deux premières années. Après, l’effet serait nul.

Sur les comptes d’exploitation des entreprises de distribution, une étude de la Fédération Procos, qui regroupe les enseignes du commerce spécialisé de plus de 200 chaînes (20.500 points de vente), montre qu’il faut une hausse de plus de 15 à 30 % du chiffre d’affaires pour couvrir les frais engagés (24 % en moyenne). Or l’augmentation constatée du chiffre d’affaires le dimanche varie de 10 à 20 % selon les enseignes.

L’ouverture le dimanche n’est intéressante que pour ceux qui l’obtiennent – ou la pratiquent – contre leurs concurrents ; si tous les commerces la pratiquent, l’avantage s’annule.

Aujourd’hui, plusieurs projets d’ouverture des centres villes le dimanche (hors zone très touristique) échouent parce qu’une majorité de commerçants refusent. Seuls les plus puissants, aux lourds budgets de communication, défendent l’ouverture dominicale pour accroître leurs parts de marché. On assiste donc à une escalade de dérogations (environ 180) qui créent des distorsions de clientèle, malsaines et injustes.

C’est ainsi qu’au nom de la liberté, on tue la liberté. Aux États-Unis, on appelle cela abus de position dominante : beau progrès !


Un vrai débat de société

Qu’en pensent les consommateurs ? Certains sondages révèlent que 55 à 70 % des Français désirent voir les magasins ouverts le dimanche, mais dans le même temps 75 % d’entre eux ne veulent pas travailler ce jour-là et défendent le repos hebdomadaire.

Nous sommes devant un vrai débat de société qu’il faut oser affronter.

Faudra-t-il rappeler la sagesse de certaines habitudes qui structurent la vie sociale d’une communauté qui sait vivre ensemble, c’est-à-dire travailler ensemble, et se reposer ensemble ? La perspective du travail dominical fait frémir quand on songe aux bouleversements humains que cela entrainerait.

Le repos requiert le calme, parfois le silence. Il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous, soit, mais que deviendraient les grasses matinées du dimanche matin dans le brouhaha d’une ville qui s’éveille un jour de semaine ? Comment envisager de se détendre — se relâcher, se libérer — dans les rues encombrées et les passants affairés d’une fourmilière qui ne s’arrête jamais ? C’est le repos collectif qui aère l’atmosphère, libère l’espace et apaise les tensions.

Ouvrant leurs magasins six jours sur sept, les couples de commerçants se plaignent déjà d’avoir peu de temps pour se voir : que deviendront tant de réunions familiales et de fêtes associatives, sportives, culturelles, etc., sans les absents, réquisitionnés, plus ou moins volontairement à leur travail ? Car l’injustice frappe les nouveaux salariés : si certains choisissent l’option du travail le dimanche à un moment ou un autre de leur existence professionnelle, en revanche, il n’y plus de liberté réelle pour les nouveaux salariés dont le contrat inclut cette option, par précaution.

Et qu’on y songe : l’ouverture des magasins devrait s’accompagner d’une ouverture de garderies, de transports en commun, de services de soins, semblable aux jours habituels, ces services permettant aux personnes concernées par le travail de s’y rendre effectivement sans « galérer ».

Le plaisir d’acheter ou de visiter des magasins comme des musées se fera au détriment d’autres occupations essentielles de l’existence humaine : rencontres, visites, bénévolat, temps en famille, activités culturelles, etc. Le repos collectif enrichit davantage une société qu’une hypothétique ouverture du travail le dimanche, qui contribuerait sûrement à abrutir et les individus, et la collectivité. Est-ce là le but recherché ?

Jean Choisy

Source : Fondation de Service politique



18 avril 2008 - Travail dominical : une proposition de loi

La proposition de loi sur l'ouverture des magasins le dimanche a été déposée jeudi matin à l'Assemblée nationale, par le député Richard Maillé UMP. « La législation actuelle a atteint ses limites » écrit Le Figaro du 18 avril. Le régime des exceptions crée des situations absurdes : « À Paris, sur les Champs-Élysées, un trottoir est classé zone touristique et l'autre non. Ou encore un opticien peut ouvrir le dimanche à condition de vendre aussi des lunettes de soleil. »

De plus en plus d’enseignes bravent les interdits pour bousculer le législateur, avec le soutien des salariés. Résultat immédiat : les syndicats portent plainte, et encaissent le montant des amendes. Les astreintes obtenues par FO s'élèveraient cette année à 2,5 millions d'euros : 600 000 euros pour Alinéa, 450 000 pour Ikea et 1,4 million d'euros pour Conforama.

La nouveauté du texte présenté par Richard Maillé est la création de zones d'attractivités commerciales. « Le principe du repos dominical doit rester la règle commune » assure le député, qui cherche à mettre de la cohérence dans les autorisations — en les élargissant, évidemment. Face à la remise en cause du repos dominical, le service société et culture du diocèse d’Angers vient de mettre en place un site internet qui permet de manifester son opposition au travail du dimanche.

Source : Décryptage - Fondation de Service politique



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