A M. Patrick Declerk, Votre article "Du Blasphème comme nécessité" paru dans la page "débat" du Monde du 25 novembre 2006 est d’une violence extrême à l’encontre des monothéismes et de ceux qui s’y réfèrent. C’est pourquoi, nous nous adressons à vous, Monsieur, et nous dénonçons votre malhonnêteté intellectuelle faite d’amalgames, de simplismes et de méconnaissances des monothéismes que vous condamnez en les injuriant. Nous vous mettons en garde en faisant appel à votre raison et non à vos sentiments personnels de ressentiment et de haine. Vous avez cité Nietzsche et Freud, mais vous auriez pu aussi citer Marx quand il mentionne la religion comme opium du peuple. N’avez vous pas remarqué que l’Église, tout au long du XXe siècle, n’a pas eu l’habitude d’endormir mais de réveiller les consciences politiques, économiques, sociales, religieuses, pour la dignité de l’homme, à la suite de celui dont vous raillez la crucifixion et la résurrection ? Quant à la prétendue "béquille métaphysique" que vous dénoncez comme palliatif à la faiblesse des hommes devant la mort, demandez-vous si la métaphysique n’est justement pas le gage de la liberté humaine comme ont pu le montrer Emmanuel Levinas ou Paul Ricoeur. Que serait une humanité sans transcendance ? Elle serait dominée par le règne de la technique comme l’a dénoncé Martin Heidegger. L’amalgame qui consiste à mettre en parallèle dans la même phrase les accords de Munich et la soi-disante " peste chrétienne " relève de mêmes procédés stylistiques qu’Hitler utilisait pour rendre les Juifs coupables de tous les maux. Relisez à toutes fins utiles l’encyclique de Pie XI condamnant le nazisme comme atteinte fondamentale au monothéisme. Enfin, en "détestant tous les monothéismes", vous attaquez ce que l’éthique porte de plus haut : le rapport à l’altérité. Cette altérité, intrinsèque aux monothéismes, porte l’impossibilité radicale qu’aucun être humain se prenne pour Dieu : Dieu seul est Dieu et c’est la garantie d’une véritable fraternité entre les hommes. Nous osons croire que le monothéisme auquel nous nous référons saura nous protéger de la pensée totalitaire que vous exprimez. Père Jean-Louis Balsa, vicaire épiscopal et directeur des études au Grand Séminaire de Nice Frère Edouard Divry, dominicain au couvent de Nice Lionel Flego, séminariste du diocèse de Nice Source : Fondation de service politique |