Défense du Catholicisme

07 février 2007





Neuf responsables religieux de Lyon, dont le cardinal Barbarin, rappelent dans une déclaration commune que "le mariage est l'union d'un homme et d'une femme".

La question se pose aujourd'hui de savoir si la loi peut autoriser le mariage de deux personnes du même sexe. Il ne s'agit pas là d'un simple débat de société, mais d'un choix majeur, sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Ce n'est pas un cadeau à faire aux générations futures.

Il y a déjà assez de souffrances occasionnées par la fragilité des liens familiaux, sans parler des maladies qui touchent nos proches et des deuils. Cette fragilisation est pour beaucoup dans la difficulté que rencontrent les adultes pour aider les jeunes à construire leur vie. Comment ceux-ci seront-ils capables d'acquérir une formation solide, d'affronter leur avenir avec confiance, d'honorer les obligations d'une profession et de construire dans l'équilibre leur propre famille, si l'on relativise l'institution du mariage ? Il est capital de ne pas brouiller ce repère fondateur de l'humanité.

Une institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée. Elle se situe bien au delà des différences religieuses ou des clivages idéologiques. À l'heure où tant d'enseignants constatent la difficulté croissante des jeunes issus de familles éclatées à suivre correctement leur scolarité, peut-on vraiment songer à un tel bouleversement dont les conséquences pourraient être dévastatrices ? L'expérience montre ce qu'il nous en coûte aujourd'hui d'avoir laissé saccager la nature. N'allons pas maintenant déstructurer l'humanité, qui est le cœur de toute la création !

Il y a mensonge à prétendre qu'il est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère. Les récits fondateurs de l'humanité sont bâtis sur la différence et la complémentarité de l'homme et de la femme. Les croyants en voient l'attestation dans les récits de la création que leur transmet la Parole de Dieu : « Au commencement, Dieu créa l'homme et la femme ». Ils sont appelés à s'unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos sociétés. N'oublions pas qu'il est fragile !

Lyon, le 6 février 2007

Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon
Monsieur Azzedine Gaci, Président du Conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes
Père Athanase Iskos, Prêtre de l'Église orthodoxe grecque
Monsieur Kamel Kabtane, Recteur de la Mosquée de Lyon
Révérend Chris Martin, Ministre de l'Église anglicane
Pasteur Jean-Frédéric Patrzynski, de l'Église luthérienne
Monsieur Richard Wertenschlag, Grand Rabbin de Lyon et de la région Rhône-Alpes
Pasteur John Wilson, de l'Église évangélique baptiste
Monseigneur Norvan Zakarian, Évêque de l'Église arménienne apostolique
Source : Diocèse de Lyon



Un repère fondateur

Comment ne pas saluer la déclaration que viennent de rendre publique neuf responsables religieux de Lyon pour rappeler que "le mariage est l'union d'un homme et d'une femme" et "qu'une institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée" ? Il n'est pas douteux que le moment choisi pour faire entendre la conviction commune de ces hommes de foi correspond au débat politique où la question du mariage entre personnes du même sexe et de l'adoption d'enfants par des couples homosexuels est posée dans plusieurs programmes électoraux. Celui de Ségolène Royal prévoit de "garantir l'égalité des droits pour les couples de même sexe" (87e proposition parmi les cent présentées par la candidate socialiste).
C'est d'ailleurs cette interférence directe dans la campagne présidentielle qui a provoqué le refus de l'Eglise réformée de France lyonnaise de s'associer à la rédaction de ce texte.
Les explications du responsable réformé, Guillaume de Clermont, étonnent pour le moins car, si son Eglise n'est pas encore parvenue au terme de sa réflexion sur le sujet, il paraît difficile, pour qui se réclame de la Bible, d'éluder un enseignement on ne peut plus clair.
Quant à l'argument consistant à prétendre qu'une telle question est "trop importante pour être prise en otage dans le débat pré-électoral", il est pour le moins spécieux. On ne voit pas pourquoi les communautés religieuses n'énonceraient pas leurs convictions sur des sujets aussi centraux pour l'avenir de la société, et en quoi le débat "dans le respect des règles démocratiques" serait brimé. Un tel débat ne saurait se développer dans le brouillard des opinions douteuses et encore moins sous le diktat des idéologies du moment.
Quand il s'agit de mettre en cause des principes immémoriaux de l'humanité et de promouvoir des réformes qui pourraient être dévastatrices pour le tissu social et la construction des nouvelles générations, il est impératif que se fassent entendre les grandes sagesses héritières des "récits fondateurs" de la culture humaine. Il y aurait violence à empêcher des responsables religieux de parler en leur interdisant l'espace public de discussion. Loin d'y être inopportuns, ils y sont au contraire les bienvenus en raison même de leur apport à la délibération des citoyens.
Un certain climat, marqué par le terrorisme intellectuel, s'oppose à cette libre expression. Qu'il soit imprégné de scientisme laïciste ou de conformisme sectaire, il est préjudiciable autant à l'échange des arguments rationnels qu'à la poursuite du bien commun. C'est pourquoi, encore une fois, il est réconfortant qu'à Lyon, quasiment tous les responsables religieux aient exercé leur droit fondamental à énoncer leur conviction.

Gérard Leclerc

Source : France Catholique n°3059 daté du 16 février 2007



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