Nouvelle atteinte à la liberté de l’enseignement : le rectorat de Nantes a mis en demeure l’Université catholique de l’Ouest (UCO, dite “Catho d’Angers”, 11.500 étudiants) d’abandonner le nom d’université.
La lettre remonte à trois mois. Elle n’a été connue que le 25 juin et dans
Ouest France du 29 juin.
Pour justifier sa demande, le rectorat invoque une loi de 1880, affirmant que « les établissements d’enseignement supérieur privés ne peuvent en aucun cas prendre (sic) le nom d’université ». Faut-il rappeler que les universités ont été créées par l’Église. Les statuts de celle d’Angers ont été approuvés par le Saint-Siège en 1373 !
Derrière cette attaque, se cache la volonté des services de l’Éducation nationale d’étouffer définitivement l’enseignement supérieur libre. Alors que l’on parle d’autonomie des universités et que la France possède le système d’enseignement supérieur le plus étatisé et contrôlé d’Europe, la volonté de retirer les agréments dont dispose les universités libres depuis 1969 est largement partagée au sein des syndicats qui cogèrent l’enseignement national.
Il se pourrait que dans les tractations entre le gouvernement et les syndicats, les universités libres deviennent une monnaie d’échange, et fassent les frais de la réforme.
La France est l’un des pays du monde où la liberté de l’enseignement est, en pratique, la plus étouffée. Cette situation intolérable, l’opinion française s’y est peu à peu habituée depuis plus de cent ans.
« Non négociable. » Pourtant, Benoît XVI et l’Église ne cesse de nous rappeler que la liberté de l’éducation est pour un chrétien l’un des principes politiques « non négociables ». La liberté d’enseignement, au même titre que la liberté de la presse devrait être un des principes fondamentaux d’une juste démocratie.
Il est urgent que les chrétiens et les Français épris de liberté prennent conscience de cette situation paradoxale : en France ils ne sont pas libres d’éduquer leurs enfants où ils veulent et comme ils veulent. Comment accepter cette situation ? Dans un éditorial de
Famille Chrétienne à propos de la réforme de l’université, « Vaincre la peur de vivre » (FC du 7 juillet), Marie-Joëlle Guillaume appelle des jeunes aux tempéraments de chef, déterminés, intelligents, audacieux à se lever pour contrer ces « syndicalistes étudiants, vieux avant l’âge » et tous les barbons de l’éducation qui ne rêvent qu’à maintenir leurs petits privilèges et un système totalement obsolète de l’éducation qui ruine la France. Ces petits nantis feraient bien de se demander combien d’ingénieurs et d’universitaires de haut niveau l’Inde, par exemple, produit chaque année.
Les Français seront peut-être bientôt tous égaux comme ils le rêvent, mais ils seront plus vite qu’ils ne le croient la main d’œuvre des peuples qu’ils ont éveillés à la rationalité marchande.
Source : Fondation de Service Politique