« Autant que je le peux, je conseille aux âmes la pratique de la "main tendue", de la main tendue à Dieu pour recevoir. Ce n'est pas que je veuille exclure l'effort de la volonté personnelle, ou la continuité et la vigilance qui l'assurent. Mais je crois que tout en nous se fait par la main de Dieu et qu'Il est désireux qu'on le sache. Toute vertu, toute pureté, toute fidélité nous vient de Lui. Et peut-être la persévérance en nous de certaines racines d'impatience ou de spontanéité rapide n'est-elle permise de notre Dieu qu'afin que nous soyons réduits à nous replier vers Lui, et à Lui demander, humblement, filialement, ce qu'Il ne nous donne pas de conquérir... Je rappelle volontiers aux âmes contemplatives, avec la parole de Saint Paul : qui spiritu Dei aguntur ii sunt filii Dei ("ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu" Rm 8,14), la prière que nous adressons au Seigneur présent, un instant avant la communion : Fac me tuis semper inhaerere mandatis et a te numquam separari permittas ("Faites que je reste toujours attaché à vos commandements, et ne permettez pas que je sois jamais séparé de vous"). Nous sollicitons ainsi de Lui, non pas seulement de n'être pas séparés de Lui dans l'éternité, - mais encore la grâce de n'être jamais séparés de Lui, en aucun instant ni aucune oeuvre de la vie présente. Il n'y a rien au monde que Lui. Nous n'avons rien à regarder ici-bas que Lui. Ne nous laissons distraire ni divertir par quoi que ce soit au monde ; cela est possible. Dieu est esprit : Il est si souple, si pur, si fluide, qu'Il peut se répandre sur tous les instants de notre vie, comme un parfum ; pourquoi ne serions-nous pas sans cesse attentifs à Celui qui ne s'éloigne jamais ? »
Dom Paul Delatte (1848-1937 - continuateur de Dom Guéranger à Solesmes), extrait de Dom Delatte, Abbé de Solesmes, par Dom Augustin Savaton, abbé de Saint-Paul de Wisques, Editions d'Histoire et d'Art, Plon, 1954. |
« Je me sens enveloppée dans le mystère de la charité du Christ, et lorsque je regarde en arrière, je vois comme une divine poursuite sur mon âme ; oh ! que d'amour, je suis comme écrasée sous ce poids, alors je me tais et j'adore !... » Bienheureuse Elisabeth de la Trinité, Lettre au Chanoine Angles (1902), in Oeuvres complètes, Editions du Cerf, 1991. |