« Pour entrer dans cette conversion, il faut tout d'abord voir que nous avons besoin d'une conversion. Nous pouvons bien sûr nous convertir en nous référant à la loi, à coups d'« examens de conscience ». Mais c'est davantage à coups d'« examens de confiance » - selon le merveilleux lapsus d'un enfant - que notre conversion gagnera en profondeur et en fécondité. En effet, le péché aveugle fatalement le pécheur qui vient de le commettre. C'est pourquoi seul l'Esprit Saint, qui est hors péché, permet d'en voir clairement la malice et la peine imposées au Bon Dieu. Cette prise de conscience de notre péché, première étape de la conversion, commence donc par un regard de confiance porté sur Notre-Seigneur crucifié. Saint Augustin s'étonne dans un sermon que le bon larron, pourtant brigand, ait mieux compris la Bible que les docteurs de la loi et ait reconnu si rapidement le Sauveur à travers la figure de Jésus. L'évêque d'Hippone lui prête cette réponse magnifique : « Non, je n'avais pas étudié les Ecritures, mais Jésus m'a regardé sur la croix et, dans son regard, j'ai tout compris ! » Pour nous convertir, pour préparer nos confessions, lieu par excellence du retournement, ne méprisons pas la loi, l'examen de conscience, mais portons longuement, comme le bon larron, notre regard sur le Crucifié afin de nous laisser aimer par lui. Il ne manquera pas d'envoyer l'Esprit qui jaillit de son côté ouvert, seul habilité à faire la vérité en matière de péché. Voir notre péché, oui, mais pour mieux nous en émouvoir ! On peut en effet reconnaître son péché de manière très distanciée, cela n'aura guère d'impact sur notre conversion. L'important est d'entrer en soi-même jusqu'à en avoir le coeur broyé, peiné d'avoir blessé Jésus. Seul le Coeur douloureux du Christ peut susciter en nous une telle brisure salutaire du coeur : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé. Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé » (Ps 50, 19, trad. liturgique). » P. Joël Guibert, Rendre amour pour amour - Une spiritualité du Coeur de Jésus (Deuxième Partie, chap.IV. La réparation), Pierre Téqui éditeur, Paris, 2015. |
Les amateurs pourront comparer l'interprétation de Claudio Abbado avec celle d'Otto Klemperer, très différente (plus ample, plus sonore), dirigeant l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, dans la version ci-dessous, enregistrée le 23 mai 1969 à Munich : |