« Il faut attendre Dieu et ne pas le prévenir, et nous devons appliquer à cela toute notre force ; il faut marcher à sa suite, et non pas le devancer... "C'est en vain, dit le prophète, que vous vous levez avant le jour" ; vous vous donnez d'inutiles mouvements dans les ténèbres (Ps 126,2) : Tenez-vous en repos, en attendant que le soleil paraisse et ramène la lumière, la chaleur et l'action... Au milieu de ce sommeil intérieur, et lorsque vous y penserez le moins, l'Epoux céleste viendra, vous introduira dans la salle du festin, et les délices qu'il vous fera goûter, dans ce misérable exil, vous feront comprendre et désirer celles qu'il vous prépare dans la céleste béatitude. Alors vous discernerez les mouvements de la grâce d'avec ceux que vous formez seul ; vous comprendrez, vous sentirez la vérité de ce que vous croyez maintenant, savoir, que 'personne ne peut aller à Jésus-Christ, s'il n'est attiré par son Père'... Voilà ce que Dieu fait, quand il le veut, ce que nous pouvons espérer, si nous sommes fidèles, et ce que nous ne devons ni prévenir par notre impatience, ni troubler par nos efforts. » P. de Lombez, Traité de la paix intérieure, Claude Herissant Fils, Paris, 1758 (2ème éd.) |
« Activité n'est pas précipitation. Cette qualité n'exclut point une sage lenteur : l'hémistiche tant cité de Boileau : 'Hâtez-vous lentement', n'implique dans les termes aucune contradiction. Commencer exactement l'action à son heure, s'y adonner tout entier avec un paisible abandon à la volonté et au secours de Dieu, comme si elle était la seule qu'on eût à faire, se ménager la disposition de toutes ses forces, en concentrant son âme dans le moment présent, voilà l'activité qu'on exige. [...] Mettons à chaque instant tout le temps qu'exige le parfait accomplissement de notre devoir, c'est-à-dire, l'obéissance exacte à la volonté de Dieu. Négliger l'occupation présente, c'est désobéir ; se préoccuper avant le temps, et par conséquent sans la grâce d'état, du devoir qui va suivre, c'est vouloir agir dans la Providence. Prudence de la chair, politique humaine, éloignement de Dieu ! » Le Guide de l’âme dans les voies de l’oraison ou Méthode de l’oraison mentale avec explications et développements… par un Religieux de la Société de Marie, Perisse frères, Lyon – Paris, 1858 (2ème édition 1860). |
« Guide-moi, douce lumière, dans les ténèbres qui m'enveloppent, Guide-moi encore. La nuit est sombre et je suis loin de ma demeure, Guide-moi encore. Garde mes pas ; je ne demande pas à voir l'horizon lointain ; un seul pas me suffit. Je ne fus pas toujours ainsi, et je ne t'ai pas toujours priée de me guider, j'aimais choisir et voir ma route, mais maintenant, Guide-moi encore. J'aimais l'éclat du jour et malgré mes craintes, l'orgueil dominait mon vouloir : ne te souviens pas d'années passées. Ta puissance m'a béni si longtemps ; elle continuera certes à me guider à travers landes et marais, à travers rocs et torrents, jusqu'à la fin de la nuit. Et avec le matin, je verrai sourire ces visages d'anges que j'aime depuis toujours, et qu'un temps je perdis. » Cardinal John Henry Newman (1801-1890), VVO 156-157, La colonne de nuée. |
