Homélie de la Fête de la Très Sainte Trinité par Benoît XVI Deutéronome 4, 32-34.39-40 Romains 8, 14-17 Matthieu 28, 16-20 « … La solennité liturgique de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à contempler ce mystère, mais elle nous pousse aussi à nous engager à vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion trinitaire. Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus des familles, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par "irradiation", par la force de l’amour vécu. Ce n’est pas seulement l’Église qui est appelée à être image du Dieu unique en trois personnes, mais aussi la famille, fondée sur le mariage entre l’homme et la femme. Au commencement, en effet, "Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : 'Soyez féconds, et multipliez-vous'". Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. L’amour est ce qui fait de la personne humaine l’image authentique de la Trinité, image de Dieu... » Benoît XVI, 3 juin 2012. Texte intégral. |
Célébration présidée par le Cardinal Angelo Amato, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, à l’invitation de Monseigneur Marc Aillet, Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, et de Sœur Jacqueline Bordenave, Supérieure Générale des Servantes de Marie. |
« J’ai, pour ma part, longuement réfléchi en moi-même, en m’appliquant avec toute ma curiosité, et en envisageant la question sous toutes ses faces, pour chercher une image du si grand mystère de la Trinité ; et je n’ai pu découvrir à quelle réalité d’ici-bas l’on peut comparer la nature divine. Ai-je trouvé quelque ressemblance partielle ? Je sens qu’aussitôt la plus grande partie m’échappe, et l’exemple choisi me laisse en dessous de ce que j’en attendais. Comme d’autres l’ont fait, je me suis représenté une source, un ruisseau et un fleuve. Et j’ai cherché une analogie entre le Père et la source, entre le Fils et le ruisseau, entre l’Esprit-Saint et le fleuve. Voici, en effet, des choses qui ne sont pas divisées par le temps, ni séparées l’une de l’autre, puisqu’elles sont en relation de continuité ; et pourtant elles semblent se distinguer en quelque sorte par leurs trois propriétés. Mais j’ai craint d’abord de présenter par cet exemple je ne sais quel écoulement de la divinité, qui en exclurait la stabilité. J’ai craint aussi qu’on ne se représentât une personne unique, car la source, le ruisseau et le fleuve sont une seule et même chose qui revêt des formes diverses. J’ai songé alors au soleil, au rayon et à la lumière. Mais cette comparaison n’est pas non plus sans danger si l’on prend cet exemple du soleil et de ses propriétés, on risque d’imaginer je ne sais quelle composition dans la nature simple. On peut être tenté aussi d’attribuer toute la substance au Père, et de croire que les autres Personnes n’en sont que des accidents ; qu’ils sont des puissances qui existent en Dieu, mais qui ne subsistent pas par elles-mêmes. Car le rayon et la lumière ne sont pas d’autres soleils, mais des émanations du soleil. Enfin, cet exemple a le défaut de nous donner à penser que Dieu peut exister ou ne pas exister, ce qui est encore plus absurde que tout le reste. En somme, je ne trouve aucune image qui me donne pleine satisfaction pour illustrer le concept de la Trinité ; il faudrait que l’on ait assez de sagesse pour n’emprunter à l’exemple choisi que certains traits, et rejeter tout le reste. Aussi ais-je fini par me dire que le mieux était d’abandonner les images et les ombres qui sont trompeuses et qui demeurent très loin de la vérité. Je préfère m’attacher aux pensées les plus conformes à la piété, me contenter de peu de mots et prendre pour guide l’Esprit, de façon à garder jusqu’à la fin la lumière reçue de lui. Il est mon compagnon véritable, mon ami, et je traverse cette vie en persuadant aux autres, autant que je le puis, d’adorer le Père, le Fils et le Saint-Esprit, une seule Divinité et une seule Puissance, à qui sont toute gloire, tout honneur, tout pouvoir, dans les siècles des siècles. Amen. » St Grégoire de Nazianze, 5ème Discours théologique (31-33). P.G. 36, col. 169-172. Cf. Grégoire de Nazianze, Discours 27-31 (Discours théologiques), Emmanuel Vitte, 1942 et SC n° 250, Ed. du Cerf, 1978 (Traduction de Paul Gallay). NB : ce sont ces cinq discours sur la Trinité qui ont valu à St Grégoire le surnom de « Théologien » |
« Le géant sur les épaules duquel nous voulons nous jucher aujourd’hui est saint Grégoire de Nazianze, l’horizon que nous voulons scruter, avec lui, est la Trinité. Il est l’auteur de ce glorieux tableau qui montre le déploiement de la révélation de la Trinité dans l’histoire et la pédagogie de Dieu qui s’y révèle. L’Ancien Testament, écrit, proclame ouvertement l’existence du Père et se met à annoncer, de manière voilée, celle du Fils ; le Nouveau Testament proclame ouvertement le Fils et se met à révéler la divinité de l’Esprit Saint ; maintenant, dans l’Eglise, l’Esprit nous accorde distinctement sa manifestation et l’on confesse la gloire de la bienheureuse Trinité. Dieu a dosé sa manifestation, l’adaptant aux époques et à la capacité de réception des hommes. Cette triple répartition n’a rien à voir avec la thèse attribuée à Joachim de Flore, des trois époques distinctes : celle du Père, dans l’Ancien Testament, celle du Fils dans le Nouveau et celle de l’Esprit dans l’Eglise. La différentiation de saint Grégoire entre dans l’ordre de la manifestation, non de l’ « être » ou de l’ « agir » des Trois Personnes, lesquels sont présents et œuvrent ensemble tout le temps. Grégoire de Nazianze a apporté des clarifications au dogme de la Trinité et c’est à cela précisément qu’il doit son titre de « théologien » (ho Theologos) véhiculé par la tradition. Son mérite est d’avoir donné à l’orthodoxie trinitaire sa formulation parfaite, avec des phrases destinées à devenir patrimoine commun de la théologie. Ce que le symbole pseudo-athanasien « Quicumque », composé un siècle plus tard environ, doit à Grégoire de Nazianze, n’est pas des moindres. » P. Raniero Cantalamessa, ofmcap., prédicateur de la Maison pontificale, deuxième prédication de Carême, vendredi 16 mars 2012. |
« Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond : plus j'y cherche et plus je te trouve ; plus je trouve et plus je te cherche. Tu rassasies insatiablement notre âme car, dans ton abîme, tu rassasies l'âme de telle sorte qu'elle demeure indigente et affamée, parce qu'elle continue à souhaiter et à désirer te voir dans ta lumière (Ps 35,10), ô lumière, éternelle Trinité... J'ai goûté et j'ai vu avec la lumière de mon intelligence et dans ta lumière, éternelle Trinité, à la fois l'immensité de ton abîme et la beauté de ta créature. Alors, j'ai vu qu'en me revêtant de toi, je deviendrais ton image (Gn 1,27), parce que tu me donnes, Père éternel, quelque chose de ta puissance et de ta sagesse. Cette sagesse est l'attribut de ton Fils unique. Quant au Saint Esprit, qui procède de toi, Père, et de ton Fils, il m'a donné la volonté qui me rend capable d'aimer. Car toi, éternelle Trinité, tu es le Créateur, et moi la créature ; aussi ai-je connu, éclairée par toi, dans la nouvelle création que tu as faite de moi par le sang de ton Fils unique, que tu as été saisie d'amour pour la beauté de ta créature. » Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), Les Dialogues 167 (Trad. Bréviaire). |
La fête de la Sainte Trinité est une exhortation à vivre « les uns avec les autres » et à accueillir « la beauté de l'Evangile », en apprenant à « dire et concéder son pardon ». C'est ce qu'a affirmé le Pape François lors de la prière de l'Angélus ce dimanche 31 mai devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre. La fête de la Sainte Trinité, célébrée ce dimanche 31 mai, rappelle « le mystère de l’unique Dieu en trois personnes » : le Père, le Fils et le Saint Esprit. « La Trinité est la communion de Personnes divines qui sont les unes avec les autres, les unes pour les autres et les unes dans les autres ». Jésus a révélé « ce mystère d’amour du Dieu vivant ». Après sa résurrection, poursuit le Saint-Père, Jésus a appelé ses disciples à évangéliser les « gentils », à les baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit », et « ce commandement, Christ l’a confié de tout temps à l’Eglise qui a hérité des Apôtres le mandat missionnaire ». La solennité liturgique du jour fait comprendre le mystère magnifique d’où nous venons et vers lequel nous allons, il renouvelle la mission des chrétiens de vivre la communion, avec Dieu et entre eux, sur le modèle de la Trinité. « Nous sommes appelés, explique le Pape, à vivre non pas les uns sans les autres, au-dessus, ou contre les autres, mais les uns avec les autres, pour les autres et dans les autres. Voilà ce que signifie accueillir et témoigner ensemble de la beauté de l’Evangile ; vivre l’amour réciproque et envers tous, partageant les joies et les souffrances, apprenant à demander et concéder le pardon, valorisant les diverses charismes sous la houlette des pasteurs. En un mot, dit-il, il nous est confié le devoir d’édifier une communauté ecclésiale qui soit toujours plus une famille, capable de refléter la splendeur de la Trinité et d’évangéliser non pas seulement avec les paroles, mais par la force de l’amour de Dieu qui habite en nous. » La Trinité est aussi « la fin ultime » vers laquelle est orienté « notre pèlerinage terrestre ». Le chemin de la vie chrétienne tourne autour du mystère de la Trinité, et est accompli selon cet infini mystère. Ainsi, le Pape encourage les fidèles à tenir haut « le ton » de leur vie, en se rappelant pour quelle fin et pour quelle gloire ils existent, travaillent, luttent et souffrent et à quelle immense récompense ils sont appelés. Enfin, le Pape demande l’intercession de la Vierge Marie en ce dernier dimanche de mai, « elle qui, plus que toute autre créature, a connu, adoré et aimé le mystère de la Sainte Trinité », pour qu’elle aide l’Eglise, « mystère de communion » à être toujours plus une communauté hospitalière où chaque personne, en particulier la personne pauvre et marginalisée, puisse trouver un accueil et se sentir fille de Dieu, désirée et aimée. A plusieurs reprises, le Pape a invité les 50.000 fidèles réunis place Saint-Pierre à faire leur signe de croix pour se souvenir combien le mystère de la Trinité embrasse toute notre vie. Après l'Angélus, le Pape a évoqué la béatification du Père Louis Edouard Cestac à Bayonne ce dimanche. « Que son témoignage d'amour en vers Dieu et son prochain soit pour l'Eglise un nouveau stimulant pour vivre avec joie l'Evangile de la charité ». Source : Radio Vatican. Texte intégral traduit en français à venir sur Zenit.org. Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican. |
Ant. ad Introitum. Tob. 12, 6. Benedícta sit sancta Trínitas atque indivísa Unitas : confitébimur ei, quia fecit nobíscum misericórdiam suam. Bénie soit la sainte Trinité et son indivisible unité : glorifions-la, parce qu’elle a fait éclater sur nous sa miséricorde. Ps. 8, 2. Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra ! Seigneur notre Maître, que votre nom est admirable par toute la terre ! V/.Glória Patri. |