La fête de la Sainte Famille : pour s'y retrouver un peu... Le culte de la sainte Famille se développa particulièrement au XVIIe siècle, sous la forme de pieuses associations ayant pour fin la sanctification des familles chrétiennes sur le modèle de celle du Verbe incarné. Cette dévotion, introduite au Canada par les Pères de la Compagnie de Jésus, ne tarda pas à s’y propager rapidement. Deux siècles plus tard, devant les manifestations croissantes de la piété des fidèles à l’égard du mystère de Nazareth, le Pape Léon XIII, par le Bref « Neminem fugit » du 14 juin 1892, établissait à Rome l’association de la Sainte Famille, dans le but d’unifier toutes les confréries instituées sous le même vocable. L’année suivante (1893), le même Souverain Pontife, dans son encyclique sur le mariage chrétien, voulut offrir aux familles catholiques un modèle à imiter et une céleste protection à qui elles devraient se confier ; il institua donc la fête de la sainte Famille de Nazareth, avec un appareil liturgique solennel d’hymnes et de lectures, et il la fixa au IIIe dimanche après l’Épiphanie. La réforme de Pie X en partie abrogea, en partie transféra à des dates fixes, toutes les solennités mobiles annexées au dimanche. En 1921, Benoît XV la fixa au dimanche dans l’octave de l’Épiphanie et l'étendit à l’Église universelle. La fête de la Sainte Famille empêche donc la célébration du « 1er dimanche après l’Épiphanie » ou « Dimanche dans l’Octave de l’Épiphanie » qui utilisait le même évangile mais comportait, conformément au temps liturgique en cours, la lecture d’un passage de St Paul aux Romains comme Épître. Aujourd’hui, au calendrier traditionnel, la messe du 1er dimanche après l’Épiphanie n’est plus dite qu’en semaine, les jours qui suivent la fête de la Sainte Famille. En France, la messe de la Sainte Famille n’est célébrée le dimanche que dans les églises qui ont plusieurs messes : en effet, la solennité de l’Épiphanie, qui n’est pas fériée, prime. Depuis le Concile Vatican II et dans la réforme du missel romain, cette fête a été avancée au premier dimanche après la fête de la Nativité. |
« Une famille pas comme les autres : un enfant sans père, un époux qui ne possède pas sa femme. Et pourtant la densité humaine de la vie en famille peut y être reconnue avec, en plus, un éclairage sur ce qui s'y cache en profondeur. Marie est fécondée par une parole reçue dans la foi, sans semence d'homme. Et Joseph apprend en rêve qu'il peut devenir époux et père en acceptant de n'y être pour rien. Ces récits heurtent notre logique. Il est bon qu'ils continuent de faire problème. Comment dire l'Esprit dans le langage des hommes charnels ? Nos relations avec l'Esprit de Dieu sont de l'ordre de la parole, non de la chair. Le Fils de Dieu ne peut pas naître parmi nous si l'homme prétend pouvoir l'engendrer. Ce n'est pas la rencontre charnelle d'un homme et d'une femme qui peut faire que leur enfant, Jésus, incarne et révèle Dieu parmi les hommes. Les Evangiles effacent donc le rôle de la chair pour souligner celui de la parole dans la génération humaine du Fils de Dieu. L'homme croit en sa puissance. Il est fier de son sexe. Voici un homme, Joseph, qui accepte d'être passif et de recevoir pour fils un enfant qui vient de l'Esprit. On dit que la femme est passive. En voici une, Marie, impuissante à concevoir seule un enfant, mais intensément active pour croire à la parole qui fait fructifier en elle le fruit de l'Esprit. Histoire unique, comme est unique celle de Jésus Fils de Dieu. Histoire éclairante pourtant, révélatrice de toute histoire d'hommes et de femmes qui deviennent pères et mères. Il ne suffit pas de faire un enfant pour qu'il soit enfant de l'amour. Le fruit de l'amour naît de la parole donnée et reçue qu'échangent les parents. Et les géniteurs ne deviennent père et mère qu'au terme d'un long détachement où chacun renonce à posséder l'autre. La famille est le lieu charnel où se mûrit l'expérience de relations qui dépassent les liens de la chair et du sang. Cela ne va pas sans conflits. Il est nécessaire qu'ils se disent, qu'ils s'éclatent, comme on dit, en éclats de langage, pour qu'ils soient dépassés, et que naissent, entre époux comme entre parents et enfants, des rapports fondés sur la confiance et la liberté de la parole donnée et tenue. » Jean Delorme, exégète, cité in Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006. |
« La famille de Jésus nous révèle que, pour être vrai et durable, l'amour entre les époux, et entre les parents et les enfants, doit être bâti sur la parole donnée, échangée, partagée, gardée. Le foyer de Marie et de Joseph nous dit que l'amour ne s'épuise pas dans le sexe, mais qu'il réside tout autant dans la parole donnée, reçue, gardée, et sans cesse approfondie en fidélité. Marie et Joseph se sont mariés en réponse à la Parole de Dieu. Il est dit à Joseph : "Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse... Il fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse" (Mt 1, 20 ; 24). Le foyer de Marie et de Joseph est bâti sur la Parole de Dieu. Jamais nous ne pourrons connaître et dire la tendresse qui a uni Marie et Joseph. Ce qui les a unis, c'est la Parole de Dieu reçue, gardée, partagée et devenue leur propre parole. [...] Les familles sont un des premiers champs de l'apostolat et parmi les premiers acteurs de la mission. La famille est la communauté où la Parole de Dieu commence à être transmise, accueillie et priée. Par là elle est une "petite Eglise", une Eglise domestique, ouverte sur la "grande Eglise". Telle est la raison pour laquelle nous devons promouvoir et soutenir les mouvements dont l'objectif est la promotion et le soutien de la qualité chrétienne des familles. L'attitude de l'Eglise catholique au sujet de l'unité, de la fidélité et de l'indissolubilité dans le mariage n'est pas d'abord disciplinaire. Elle a pour fondement la conviction que l'amour véritable réside dans la parole donnée, reçue et gardée. » Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006. |
« Dieu a voulu naître dans une famille humaine. Il a voulu avoir une mère et un père, comme nous. » Le Pape François a consacré le dernier Angélus de l'année à la famille, à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Nazareth, célébrée le dimanche qui suit Noël. Une famille que l’Évangile présente sur la « route douloureuse de l’exil, à la recherche d’un refuge en Egypte. » Les exilés, les réfugiés, autant de maux qui touchent encore les familles d’aujourd’hui. Joseph, Marie et Jésus « expérimentent la condition dramatique des réfugiés, marquée par la peur, l’incertitude, l’inconfort », a expliqué le Pape François. Une « triste » réalité dans laquelle aujourd’hui des millions de familles peuvent « malheureusement » se reconnaître, a complété le Saint-Père ; « presque tous les jours, les médias nous apprennent que des réfugiés fuient la faim, la guerre et d’autres graves dangers, à la recherche de sécurité et d’une vie digne pour soi et pour sa famille. » Une fois partis, ces réfugiés font face à une autre difficile réalité : ils ne rencontrent pas toujours un « vrai accueil », le respect, l’appréciation des valeurs qu’ils portent. « Leurs attentes, ajoute le Souverain Pontife, font face à des situations complexes et à des difficultés qui semblent parfois insurmontables ». Le Pape a donc invité les dizaines de milliers de personnes réunies place Saint-Pierre à penser « aux drames de ces migrants et réfugiés, victimes du refus et de l’exploitation, du travail d’esclave. » Jusqu'à l’intérieur même des familles Il est un autre type de victime, que François qualifie « d’exilé » à l’intérieur de la famille même : « les personnes âgées par exemple, sont parfois traitées comme une présence encombrante ». Comment se porte une famille ? Il suffit de voir « comment sont traités les enfants et les plus âgés », répond le Pape. Toutes ces difficultés, Jésus a voulu les expérimenter pour que personne ne se sente exclu de la proximité affectueuse de Dieu. « La fuite en Egypte à cause des menaces d’Hérode, a souligné le Pape François, nous montre que Dieu se trouve là où l’homme est en danger, là où il souffre, là où il fuit, là où il fait face au refus et à l’abandon. Mais il est aussi présent où l’homme rêve, où il espère rentrer dans sa patrie en toute liberté, où il peut choisir vie et dignité pour lui et sa famille. » Pour conclure, le Pape a tenu à encourager les familles, voulant leur faire prendre conscience de l’importance qu’elles ont dans l’Église et dans la société : « l’annonce de l’Évangile passe avant tout à travers les familles pour ensuite rejoindre les divers aspects de la vie quotidienne. » |
Prière à la Sainte Famille A l'issue de la prière de l'Angélus, et à l’occasion de la fête liturgique de la Sainte famille célébrée ce dimanche, le Pape a récité une prière destinée aux familles du monde entier, en invoquant notamment la Sainte famille pour que les familles soient des "petites Églises domestiques". Voici le texte de la prière du Pape : "Jésus, Marie et Joseph, en vous nous contemplons la splendeur de l’amour véritable, à vous nous nous adressons avec confiance. Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles des lieux de communion et des cénacles de prière, des écoles authentiques de l’Évangile et des petites Églises domestiques. Sainte Famille de Nazareth, que jamais plus dans les familles on fasse l’expérience de la violence, de la fermeture et de la division : que quiconque a été blessé ou scandalisé connaisse rapidement consolation et guérison. Sainte Famille de Nazareth, que le prochain Synode des Évêques puisse réveiller en tous la conscience du caractère sacré et inviolable de la famille, sa beauté dans le projet de Dieu. Jésus, Marie et Joseph écoutez-nous, exaucez notre prière." Pape François Source : Radio Vatican. |