UN MOIS AVEC MARIE VINGT-NEUVIÈME JOUR Le Grand Miracle Le 13 octobre 1917 étant arrivé, la pluie tombe à verse, sans décourager les pèlerins et les curieux, qui affluent de toutes parts. La foule atteint plus de 70.000 personnes. « Il faut fermer les parapluies », crie Lucie. Tout le monde obéit à cette petite fille de dix ans, et, trempés jusqu'aux os, transis de froid dans ce bas-fond de la Cova-da-Iria transformé en immense bourbier, l'on récite le chapelet, chantant des cantiques entre les dizaines, sous la pluie qui tombe toujours. A midi précis, Lucie tressaille et s'écrie : « Un éclair ! » Et regardant vers le Ciel : « La voici, la voici ! » - « Regarde bien ma fille. Prends garde de ne pas te tromper », lui dit sa mère, qui se demande, non sans inquiétude, comment s'achèvera toute cette affaire. Saisie par l'extase, Lucie ne l'entend plus. Son visage devient de plus en plus beau ; il prend une teinte rose, ses lèvres s'amincissent. François et Jacinta aperçoivent aussi la Dame à l'endroit ordinaire. « Qui êtes-vous, Madame, et que voulez-vous de moi », interroge Lucie. - « Je suis Notre-Dame du Rosaire et je veux en ce lieu une chapelle en mon honneur », répond la Vision. Pour la sixième fois elle recommande la récitation quotidienne du chapelet et, revenant au point central de son message : « Il faut que les hommes se corrigent, qu'ils demandent pardon de leurs péchés. » Et l'air plus triste, d'une voix suppliante elle ajoute : « Qu'ils n'offensent plus Notre-Seigneur qui est déjà trop offensé ! » Ces paroles frappent fortement l'esprit des petits Voyants. Ils garderont tous les trois un profond souvenir de l'expression d'indicible douleur qui a paru sur le visage de la Vierge lorsqu'elle les prononçait. Comme pour en souligner l'importance et la gravité, « les puissances célestes sont alors ébranlées », les lois astronomiques renversées et l'immense foule est témoin d'un spectacle stupéfiant, unique, jamais vu... La pluie s'arrête, par une large déchirure des nuages, sur le ciel bleu le soleil apparaît, étrange, semblable à un disque d'argent mat, que l'on peut regarder sans en être ébloui. Une couronne brillante entoure le disque. Tous contemplent avec stupeur cette éclipse d'un nouveau genre. Soudain, le soleil tremble, se secoue avec des mouvements brusques et finalement il tourne sur lui-même comme une roue de feu, projetant dans toutes les directions des gerbes de lumière dont la couleur change plusieurs fois. Cela dure quatre minutes, après lesquelles la féerie recommence une seconde, une troisième fois, toujours plus variée, coloriée, prodigieuse. Tout à coup, ceux qui composent la multitude des spectateurs, sans aucune exception, ont la sensation que le soleil se détache du firmament. Ils le voient par bonds en zigzag, se précipiter sur eux, irradiant une chaleur de plus en plus intense. Un cri formidable jaillit de toutes les poitrines, des exclamations diverses se font entendre. « Miracle ! Miracle ! » crient les uns. « Je crois en Dieu ! » proclame un autre. « Je vous salue, Marie », disent certains. « Mon Dieu, miséricorde », implorent un grand nombre... Et bientôt, c'est ¬ce dernier appel qui domine. Puis, d'un seul mouvement, cette foule terrifiée et attendant la mort, tombe à genoux dans ce bourbier de terre glaise et, la voix entrecoupée de sanglots, récite le plus fervent acte de contrition. Cependant le soleil, s'arrêtant dans sa course vertigineuse, remonte à sa place en zigzaguant comme il est descendu, il reprend peu à peu son éclat normal, dans un ciel limpide. Alors la foule se relève et chante en chœur un vibrant Credo. Indescriptible est l'émotion générale. Un vieillard, jusque là incroyant, les larmes inondant son visage et les mains tendues vers le Ciel, s'écrie : « Vierge sainte !... Vierge bénie !... Vierge du Rosaire, sauvez-nous !... » De tous côtés se déroulent des scènes analogues. La foi et la pratique sincère de la religion se réveillent puissamment dans les âmes, et le relèvement national du Portugal s'ensuit sur toute la ligne. Ô France ! Ô Français ! voyez et comprenez !... Le Message de Fatima est parfaitement adapté aux besoins de notre siècle si troublé ; il nous apporte ce qui nous manque le plus. Accueillons-le avec une parfaite et généreuse bonne volonté. Jetons-nous dans les bras de notre céleste Mère qui s'ouvrent pour nous recevoir et nous conduire, repentants et transformés, à Celui qui, Seul, est le salut, la paix, le bonheur des individus et des nations, dans l'ordre recouvré et conservé. PRIÈRE Seigneur, nous vous offrons les mérites de Marie, votre Mère et notre Mère au pied de la Croix, pour apaiser votre divine Justice. Ô Marie, doux Refuge des pécheurs, priez pour nous. Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945. Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d. Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g. |
Communier à l'âme des Mystères du Saint Rosaire « Pour communier à l'âme des Mystères, il faut avoir un regard affectueux sur les dispositions de Notre Seigneur et de la très Sainte Vierge Marie. Oui, il nous faut jeter un regard sur leur intérieur et là, nous trouverons une vraie source de grâces et d'amour. Nous trouverons un bain, une fontaine de vie qui jaillit sans cesse. [...] Méditons le Rosaire, qui est la prière des humbles à la plus humble. Comme les enfants de Babylone chantaient les louanges de Dieu dans la fournaise, ainsi nous chantons les gloires de Marie dans la fournaise purificatrice et sanctificatrice dans chacun des Mystères du Rosaire. Chaque Mystère qui passe doit produire en nous un désir très intense de nous nourrir de cette grâce. La Sainte Vierge distribue ses grâces dans la mesure de nos désirs. Elle veut nous faire part de ses richesses, de ses dons, et de ses vertus, même sa vertu de foi qu'Elle garde au Ciel pour communier aux âmes. Elle a les dons du Saint-Esprit avec plénitude. Faisons-la bien notre Mère en tout et partout. Ah ! vivons-la à plein ! Aimons le chapelet, aimons à dire le Rosaire, et pénétrons-nous bien de tout ce qui est divin dans le Rosaire. Chaque Mystère est une réalité vivante au Coeur de Notre Seigneur. Demeurons dans ce Coeur si pur de Marie, Elle nous fera entrer dans la grâce de Notre Seigneur, et Elle nous unira à Lui. » Mère Marie de la Croix (1901-1999), Entretiens spirituels B 13b, in "Textes choisis 4. Avec Marie - Prier", Editions de la Morinaie, Saint Aignan sur Roë, 2010. |