« Voyez avec quelle constance et quel courage, mais aussi avec quelle tendresse de coeur, saint Jean répond à l'appel de Notre-Seigneur. Il est le disciple de l'amour. Il nous a marqué par ses exemples et par ses écrits comment nous devons aimer Jésus. Notre amour doit être un amour fort, un amour tendre, un amour compatissant, et non pas un amour égoïste qui cherche les douceurs. En récompense de cet amour, Notre-Seigneur donne à saint Jean deux choses. Il lui donne sa mère et il lui donne son Coeur. C'est à lui qu'il confie sa mère. Il ne la confie pas à saint Pierre qui l'aime cependant plus que les autres, mais dans l'amour duquel apparaît plus le caractère de la force que celui de la tendresse. L'amour de saint Jean est tendre et cette tendresse le pousse jusqu'à la croix, parce que son amour est fort en même temps. [...] En deuxième lieu, pour honorer saint Jean d'une spéciale dévotion pour son Coeur, à la Cène il le fait reposer sur sa poitrine. Là il puise à longs traits les profondeurs des mystères divins, les secrets de l'Evangile. Au pied de la croix, il est le témoin de la blessure adorable de son Coeur, c'est lui qui raconte comment le soldat lui perça le côté et comme l'eau et le sang jaillirent de cette blessure. Il insiste sur ce fait : "Celui qui a vu ces choses en a été le témoin, il les atteste, et son témoignage est vrai." [...] Ce qui apparaît en saint Jean, c'est la vie contemplative. C'est saint Jean qui a été l'apôtre contemplatif, ce qui ne l'a pas empêché de fonder toutes les églises d'Asie. Nous devons avoir cet esprit de contemplation... Les saints qui ont été le plus jetés dans la vie active ont été les plus contemplatifs. Saint Vincent, qui a été un si grand apôtre, disait : "La messe c'est le plus grand acte de contemplation" ; aussi la disait-il tous les matins en grande solennité. [...] Que la Sainte Vierge, qui nous a été donnée pour mère par saint Jean, répande sur les prêtres et sur nous tous l'esprit de Jésus, l'esprit de saint Jean, l'esprit d'oraison. L'oraison est une montagne à gravir, nous avons un poids à soulever, le poids de notre propre faiblesse. Luttons, gravissons courageusement les pentes de la vie d'oraison. » Dom Gréa (1828-1917), extraits de l'Homélie pour la fête de saint Jean, in "La Vie Spirituelle", décembre 1948. |