« Le précepte de la charité résume toute la loi, surtout si elle s'étend au prochain comme à Dieu... Nous sommes envoyés non seulement pour aimer Dieu, mais aussi pour le faire aimer. Il ne nous suffit pas d'aimer Dieu, si notre prochain ne l'aime aussi ; et nous ne saurions aimer notre prochain comme nous-mêmes, si nous ne lui procurons le bien que nous sommes obligés de nous vouloir à nous-mêmes, c'est à savoir l'amour divin qui nous unit à Celui qui est notre souverain bien. Nous devons aimer notre prochain comme l'image de Dieu et l'objet de son amour, et faire en sorte que réciproquement les hommes aiment leur très aimable Créateur, et qu'ils s'entr'aiment les uns les autres d'une charité mutuelle pour l'amour de Dieu, qui les a tant aimés que de livrer son propre Fils à la mort pour eux. [...] Si nous avions une étincelle de ce feu sacré qui embrasait le Coeur de Jésus-Christ, demeurerions-nous les bras croisés, et délaisserions-nous ceux que nous pouvons assister ? Non, certes ; car la vraie charité ne saurait demeurer oisive, ni nous permettre de voir nos frères et nos amis dans le besoin sans leur manifester notre amour ; et pour l'ordinaire les actions extérieures rendent témoignage de l'état intérieur. Ceux qui ont la vraie charité au-dedans la font apparaître au-dehors. C'est le propre du feu d'éclairer et d'échauffer, et c'est aussi le propre de l'amour de se communiquer. Nous devons aimer Dieu aux dépens de nos bras et à la sueur de notre visage. Nous devons servir le prochain aux dépens de nos biens et de notre vie. » Saint Vincent de Paul, in Elévations, Prières et Pensées, Paris, J. de Gigord, 1919. |
« J'ai pensé plusieurs fois aux moyens d'acquérir et de conserver l'union avec Dieu et le prochain ; mais je n'en ai trouvé de meilleur et de plus efficace que celui de l'humilité ; car, quand un homme s'abaisse toujours au-dessous de tous les autres, quand il ne juge mal de personne, il est difficile qu'il soit mal avec personne. Les âmes qui sont humbles sont toujours contentes ; leur joie rejaillit jusque sur leur visage, et le Saint-Esprit, qui réside en elles, les comble de paix, en sorte que rien ne peut les troubler. Si on les calomnie, elles le souffrent ; si on les contredit, elles acquiescent ; si on les oublie, elles pensent que l'on a raison ; si on les surcharge d'occupations, elles travaillent volontiers ; et quelque difficile que soit une chose, dès qu'elle est commandée, elles s'y appliquent de bon coeur, se confiant en la vertu de la sainte obéissance. Les tentations qui leur arrivent, ne servent qu'à les affermir davantage dans l'humilité, et à les rendre victorieuses du démon de l'orgueil, qui ne nous donne jamais de trêve pendant cette vie, et qui attaque même les plus grands saints, tant qu'ils sont sur la terre. Hélas ! vouloir être estimé, qu'est-ce que cela, sinon vouloir être traité autrement que le Fils de Dieu ? Car pour qui a-t-il bien voulu passer dans l'esprit du peuple ? Pour un séditieux, pour un insensé, pour un pécheur ? Jusque-là même qu'il a bien voulu souffrir qu'un Barrabas, un brigand, un meurtrier, un très méchant homme lui fût préféré. Ô mon Sauveur, que votre sainte humilité confondra de pécheurs, comme moi misérable, au jour du jugement !... » Saint Vincent de Paul, in Elévations, Prières et Pensées, Paris, J. de Gigord, 1919. |
Acte d'amour « Ô Dieu de mon coeur, votre bonté infinie ne me permet pas de partager mes affections ! Oh, possédez, vous seul, mon coeur et ma liberté ! Comment pourrais-je souhaiter autre chose que vous ! Comment m'attacher à quelque chose hors de vous ! Serait-ce peut-être à moi-même ? Hélas ! vous me portez infiniment plus d'amour que je ne m'en porte ! Vous êtes infiniment plus désireux de mon bien et dans la puissance de m'en faire que moi-même, qui n'ai rien et n'espère rien que de vous ! Ô mon unique Bien ! Ô Bonté infinie ! Que n'ai-je autant d'amour pour vous aimer que tous les séraphins ensemble ! Hélas ! il est bien tard pour les imiter ! O antiqua bonitas, sero te amavi ! ("O beauté si ancienne, je t'ai aimée tardivement !") Mais du moins je vous offre, de toute l'étendue de mes affections, la charité de la très Sainte Reine des Anges et généralement de tous les bienheureux ! Ô mon Dieu, en face du ciel et de la terre, je vous donne mon coeur tel qu'il est ! j'adore par amour les secrets de votre paternelle Providence sur votre chétif serviteur ! Je déteste en votre présence et celle de toute la cour céleste tout ce qui me pourrait séparer de vous ! Ô souveraine Bonté, qui voulez être aimée des pécheurs, donnez-moi de l'amour pour vous et puis commandez ce que vous voudrez ! Da quod jubes et jube quod vis ("Seigneur, donnez ce que vous commandez, et commandez ce que vous voudrez" - Les deux citations latines sont empruntées aux "Confessions" de Saint Augustin). » Saint Vincent de Paul, in Elévations, Prières et Pensées, Paris, J. de Gigord, 1919. |
« Le zèle n'est pas bon, s'il n'est discret. » Saint Vincent de Paul, in Elévations, Prières et Pensées, Paris, J. de Gigord, 1919. |