« Heureusement que la charité et le dévouement nous demeurent encore dans une élite de la société chrétienne, pour amoindrir les effets que produit sous nos yeux le luxe contemporain. Ah ! le ciel en soit béni ! la charité est vivante encore parmi nous, et elle défend la misère des injures d'un luxe égoïste et brutal. Mais, nous essayerions en vain de nous le dissimuler, ce luxe des vêtements, des habitations, des ameublements et des festins, qu'on croirait mieux d'un peuple païen vivant sous l'emprise de l'égoïsme, que d'un peuple chrétien élevé dans la loi d'amour, ce luxe a je ne sais quoi qui insulte l'humanité autant que l'Evangile, quelque chose d'inhumain. Ce luxe si brillant, si soyeux, si élégant, si poli, est comme le tigre : sous sa robe lustrée et chatoyante il porte des instincts féroces ; c'est un monstre qui mange le pain de ceux qui ont faim et boit les larmes de ceux qui pleurent. Aussi, partout, sur ce luxe qui se déploie aux regards des affamés, insolent et provocateur, mon oeil consterné croit voir des pleurs, pour ne pas dire du sang ; tant il y a de douleurs qui gémissent, de misères qui souffrent, et quelquefois de vies qui meurent de ces raffinements cruels !... » R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Sixième conférence : le luxe obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d. |