La Fête-Dieu doit son origine à une religieuse belge, Sainte Julienne Cornillon (1192-1258), dont le confesseur devint le pape Urbain IV qui l’institua officiellement en 1264, puis l’étendit à l’Eglise universelle. En 1318, Jean XXII ordonna de compléter la fête par une procession solennelle où le très Saint Sacrement serait porté en triomphe. A Rome, c’est seulement à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V, que l’on commença à célébrer la fête par une procession de Saint-Jean du Latran à Sainte-Marie Majeure. A noter que l'actuelle via Merulana ne fut praticable qu'à partir de 1575, date de la fin des travaux voulus par Grégoire XIII. La tradition s’est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l’usage est tombé dans l’oubli. C’est le Pape Jean-Paul II qui reprit la tradition de cette procession au coeur de Rome, dès sa première année de pontificat, en 1979. La date du jeudi après l’octave de la Pentecôte, qui avait été confirmée par le pape Clément V en 1314, a été maintenue par le Vatican, mais certaines conférences épiscopales ont reporté la célébration au dimanche suivant, pour des "raisons pastorales" : c'est le cas dans de nombreux diocèses italiens, ainsi que de la Belgique, des cantons Suisses catholiques, certaines parties de l'Allemagne, l'Autriche, la Pologne, l'Espagne, le Portugal... et la France (depuis le concordat de 1801), où ce jeudi n'est pas férié. Au Portugal, le jour chômé de la Fête-Dieu avait été supprimé en 2012 (à compter de 2013), mais le pays est revenu sur sa décision en 2015. |
Ce jeudi 26 mai 2016, le Pape François s’est rendu comme chaque année à la Basilique Saint-Jean-de-Latran où il a célébré la Messe à l’occasion de la solennité du Corps et du Sang du Christ. Il a présidé la procession traditionnelle le long de la longue avenue Merulana jusqu’à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, où il a donné sa bénédiction eucharistique. « Prenez le pain, rendez grâce, et rompez-le ». Dans son homélie, le Pape a commenté le récit de la Dernière Cène par saint Paul (1Co 11, 24.25). Jésus commande à ses disciples de « répéter le geste » par lequel il a institué le mémorial de sa Pâque. Aujourd’hui, comme l’a fait le Christ pour nous et en mémoire de ce sacrifice, le Pape a demandé aux fidèles « de se donner », « de se rompre pour les autres ». Comme les disciples lors de la multiplication des pains (Lc 9, 13), il faut faire passer « dans nos pauvres mains » le pain rompu des mains de Jésus pour donner, avec lui, à manger à la foule. Le Pape évoque ces saints et saintes - célèbres ou anonymes - qui se sont rompus eux-mêmes pour donner à manger à leurs frères, mais aussi ces pères et ces mères qui en coupant du pain sur la table du foyer, « ont rompu leur cœur pour faire grandir leurs enfants ». Il parle également de ces chrétiens, « citoyens responsables » qui ont rompu leur propre vie « pour défendre la dignité de tous ». « Où trouvent-ils la force pour faire tout cela ? Justement dans l’Eucharistie », répond le Pape François, « dans la puissance d’amour du Seigneur ressuscité ». Le pain rompu est, dit-il, une icône, le signe de reconnaissance du Christ et des chrétiens. Depuis le commencement, l’Eucharistie est « le centre et la forme de la vie de l’Eglise » assure le Pape. A l’issue de la célébration eucharistique, les fidèles ont pris part à la procession traditionnelle, derrière l’ostensoir contenant le Saint-Sacrement, placé sur un véhicule pourvu d’un dais. Le cortège précédé des membres des confréries et du clergé romain s'est dirigé vers la Basilique Sainte-Marie-Majeure. A la fin de son homélie, le Pape avait souhaité que le geste posé en prenant part à la procession eucharistique réponde au mandat de Jésus. Que ce soit « un geste pour faire mémoire de Lui ; un geste pour donner à manger à la foule d’aujourd’hui ; un geste pour rompre notre foi et notre vie comme signe de l’amour du Christ pour cette ville et pour le monde entier ». Comme les années précédentes, le Saint-Père a renoncé à suivre ce long trajet qui dure plus d’une heure pour se rendre en voiture jusqu'à la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Ses prédécesseurs, Jean-Paul II et de Benoît XVI accompagnaient le cortège à genoux sur un prie-Dieu derrière le Saint-Sacrement. Source : Radio Vatican (MD). Texte intégral de l'homélie traduite en français sur notre blog. |
« Les saints que Dieu nous donne sont nos maîtres à penser et nos maîtres à vivre. Oh ! combien pénétré du sens de Dieu, du sens de son action transcendante, incommensurable aux efforts humains, était celui qui écrivit cette magnifique prière, qui sonne comme un écho des épîtres de saint Paul : « Tu ne m'ôteras pas, mon Dieu, ce qu'une fois Tu m'as donné en ton Fils unique, Jésus-Christ. En Lui, Tu m'as donné tout ce que je désire. C'est pourquoi je me réjouirai de ce que Tu ne tarderas plus, si moi, j'attends. » Puis, comme s'interrompant lui-même, le Saint s'écrie : « Pourquoi tardes-tu ? Pourquoi diffères-tu ? Vu que tu peux dès ce moment aimer Dieu en ton coeur ? » Et il conclut par ces lignes d'un enthousiasme débordant : « A moi sont les cieux et à moi est la terre, et à moi sont les peuples ; les justes sont à moi et à moi les pécheurs ; les anges sont à moi et la Mère de Dieu est à moi et toutes les choses sont à moi, et Dieu même est à moi et pour moi, parce que le Christ est à moi et tout entier pour moi. Que demandes-tu et que cherches-tu donc, mon âme ? A toi est tout ceci et tout ceci est pour toi. » (1) » 1. St Jean de la Croix, Prière de l'âme enamourée (extrait), in "Oeuvres complètes", Trad. P. Cyprien de la Nativité, Desclée de Brouwer, 1949, p. 1301. R.P. Lucien-Marie de Saint-Joseph O.C.D. (1906-1981), La communion dans l'attente (La Tunique blanche), La Vigne du Carmel, Aux Editions du Seuil, Paris, 1951. |
L'Ave Verum fut composée au XIVe siècle à Reichenau, et son auteur est resté anonyme. Le motet de Mozart fut composé le 17 juin 1791 pour la fête du Corps du Christ. Ave verum corpus natum de Maria Virgine Vere passum, immolatum in cruce pro homine, Cuius latus perforatum fluxit aqua et sanguine, Esto nobis praegustatum in mortis examine. [O Iesu dulcis, O Iesu pie, O Iesu, fili Mariae.] Pour la troisième ligne, Mozart utilise un texte légèrement différent : Cuius latus perforatum unda fluxit et sanguine Je vous salue, vrai corps né de la Vierge Marie, Qui avez vraiment souffert et avez été immolé sur la croix pour l'homme, Vous dont le côté transpercé a laissé couler du sang et de l'eau. Puissions nous vous recevoir dans l'heure de la mort. [O doux, O bon, O Jésus fils de Marie. Ainsi soit-il.] |